Northanger Abbey
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Northanger Abbey

Jane Austen

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Northanger Abbey

Jane Austen

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Écrit en 1803, Catherine Morland (Northanger Abbey) est le premier roman de Jane Austen, mĂȘme s'il n'a Ă©tĂ© publiĂ© qu'en 1818, un an aprĂšs sa mort.La jeune et naĂŻve Catherine Morland est invitĂ©e par des voisins de ses parents Ă  passer quelques semaines Ă  Bath. LĂ , elle se lie d'amitiĂ© avec la jeune et inconstante Isabelle Thorpe et son frĂšre, le prĂ©somptuteux John qui se pose rapidement en prĂ©tendant de Catherine. Elle y rencontre Ă©galement Henry Tilney et sa charmante soeur ElĂ©onore. Catherine n'est pas insensible au charme de Henry. Aussi, quand le pĂšre d'Henry invite Catherine Ă  passer quelques jours dans sa maison, elle est au comble du bonheur. D'autant plus que Catherine, trĂšs imprĂ©gnĂ©e par ses lectures de romans gothiques alors trĂšs Ă  la mode, apprend que la demeure de M. Tilney est une ancienne abbaye: Northanger Abbey...

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Information

Year
2019
ISBN
9782322187348

X

X
Le soir, les Allen, les Thorpe et les Morland se retrouvĂšrent au thĂ©Ăątre ; Catherine et Isabelle se mirent l’une Ă  cĂŽtĂ© de l’autre : Isabelle allait donc enfin donner cours aux milles choses qu’elle avait collectionnĂ©es depuis la si lointaine rencontre prĂ©cĂ©dente.
– Oh, ciel ! ma bien-aimĂ©e Catherine, est-ce enfin vous ? fut sa question, tandis que Catherine entrait dans la loge et s’asseyait prĂšs d’elle. Maintenant, monsieur Morland (il Ă©tait son autre voisin), je ne vous dirai pas un mot de toute la soirĂ©e, je vous en avertis. Ma trĂšs douce Catherine, comment vous ĂȘtes-vous portĂ©e, tout ce temps ? mais je n’ai pas besoin de vous le demander, vous avez une mine charmante. Vous vous ĂȘtes coiffĂ©e dans un style plus divin que jamais ; malheureuse crĂ©ature, vous voulez donc captiver tout le monde ? Je vous assure que mon frĂšre est dĂ©jĂ  fĂ©ru de vous ; et, quant Ă  M. Tilney. – mais c’est une chose entendue. – mĂȘme votre modestie ne peut plus douter de son amour ; son retour Ă  Bath est assez Ă©loquent. Oh ! que ne donnerais-je pas pour le voir ! Je me sens d’une furieuse impatience. Ma mĂšre dit que c’est le jeune homme le plus dĂ©licieux qui soit au monde ; elle l’a vu ce matin, vous savez. Vous devez me le prĂ©senter. Est-il ici ? Regardez bien, pour l’amour du ciel ! Je vous assure, je ne vivrai pas tant que je ne l’aurai vu.
– Non, dit Catherine, il n’est pas ici. Jamais je ne parviens à le rencontrer.
– Oh, affreux ! ferai-je jamais sa connaissance ? Comment trouvez-vous ma robe ? Je ne la crois pas mal : les manches sont de mon invention. Que je vous dise, je suis infiniment dĂ©goĂ»tĂ©e de Bath ! Votre frĂšre et moi Ă©tions d’accord, ce matin, que, quoiqu’on y soit fort bien pour un sĂ©jour de quelques semaines, nous ne voudrions pas y vivre, quand on nous donnerait des millions. Nous reconnĂ»mes bientĂŽt que nos goĂ»ts Ă©taient exactement les mĂȘmes : nous prĂ©fĂ©rions tous deux le sĂ©jour de la campagne Ă  tout autre sĂ©jour ; nos opinions Ă©taient si exactement pareilles que c’en Ă©tait ridicule. Nous ne diffĂ©rions sur aucun point. Pour rien au monde, je n’aurais voulu que vous fussiez lĂ  ; vous ĂȘtes une si maligne chose que vous auriez fait, j’en suis sĂ»re, des remarques moqueuses.
– Non, vraiment, je n’en aurais pas fait.
– Oh, si ! vous en auriez fait. Je vous connais mieux que vous ne vous connaissez. Vous nous auriez dit que nous semblions nĂ©s l’un pour l’autre, ou quelque folie de cette espĂšce, ce qui m’aurait troublĂ©e au-delĂ  de toute expression ; mes joues seraient devenues rouges comme vos roses ; pour rien au monde, je n’aurais voulu que vous fussiez lĂ .
– Vraiment, vous ĂȘtes injuste ; je n’aurais pas fait de si inconvenante remarque ; et, d’ailleurs, je suis sĂ»re que je n’en aurais pas mĂȘme eu l’idĂ©e.
Isabelle sourit d’un air incrĂ©dule, et, le reste de la soirĂ©e, c’est Ă  James qu’elle parla.
Le lendemain matin, Catherine Ă©tait toujours dĂ©cidĂ©e Ă  faire ses grands efforts pour rencontrer Mlle Tilney ; et, jusqu’à l’heure habituelle d’aller Ă  la Pump-Room, elle vĂ©cut dans la crainte d’un contre-temps. Mais il n’y en eut pas ; nul visiteur ne vint retarder le dĂ©part ; et tous trois entrĂšrent Ă  la Pump-Room Ă  l’heure normale. M. Allen, aprĂšs avoir bu son verre d’eau, rejoignit quelques messieurs ; ils parlĂšrent de la politique du jour, comparĂšrent les informations de leurs journaux ; les dames circulaient, observant chaque figure nouvelle, chaque nouveau chapeau. La partie fĂ©minine de la famille Thorpe, attendue par James Morland, apparut dans la foule au bout d’un quart d’heure, et Catherine prit immĂ©diatement sa place coutumiĂšre au cĂŽtĂ© de son amie. James, qui maintenant Ă©tait toujours sur le qui-vive, se plaça symĂ©triquement, et, s’étant sĂ©parĂ©s du groupe, ils marchĂšrent ainsi, jusqu’à ce que Catherine commençùt Ă  mettre en doute les avantages de cette position qui, l’associant entiĂšrement Ă  son amie et Ă  son frĂšre, lui valait une part si faible de l’attention de l’un et de l’autre. Ils Ă©taient toujours engagĂ©s dans quelque discussion sentimentale ou quelque plaisante querelle ; mais ils ne parlaient pas, ils chuchotaient ou riaient, et, bien que son opinion fĂ»t frĂ©quemment invoquĂ©e par l’un ou par l’autre. Catherine eĂ»t Ă©tĂ© fort en peine de la leur faire connaĂźtre, faute d’avoir entendu un seul mot du litige. Enfin elle put quitter son amie : elle voulait absolument parler Ă  Mlle Tilney, qui entrait avec Mme Hughes et qu’elle rejoignit aussitĂŽt. Mlle Tilney l’accueillit gracieusement, lui rendit ses amabilitĂ©s, et elles continuĂšrent Ă  causer aussi longtemps que leurs groupes restĂšrent dans la salle : il est vraisemblable qu’elles ne firent aucune observation et n’employĂšrent aucune expression qui n’eussent Ă©tĂ© faite et employĂ©e des milliers de fois dĂ©jĂ , chaque saison, Ă  Bath ; pourtant, marquĂ©es de simplicitĂ©, de sincĂ©ritĂ© et de cordialitĂ© vraie, leurs paroles devaient ĂȘtre quelque chose d’assez peu commun.
– Comme votre frĂšre danse bien ! fut, vers la fin de cette causerie, l’ingĂ©nue exclamation qui surprit d’abord et amusa l’interlocutrice de Catherine.
– Henry ? rĂ©pondit-elle avec un sourire. Oui, il danse fort bien.
– Il a dĂ» s’étonner de m’entendre dire, l’autre jour, que j’étais engagĂ©e, alors qu’il me voyait assise. Mais rĂ©ellement j’étais engagĂ©e, depuis le matin, par M. Thorpe.
Mlle Tilney s’inclina.
– Vous ne pouvez croire, ajouta Catherine aprĂšs un moment de silence, combien je fus surprise de le revoir. Moi qui Ă©tais si sĂ»re qu’il Ă©tait parti.
– Quand Henry a eu le plaisir de vous rencontrer la premiĂšre fois, il n’était Ă  Bath que pour une couple de jours : il y Ă©tait venu pour nous louer un appartement.
– Je n’aurais jamais devinĂ© cela ; et, naturellement, ne le voyant nulle part, je le croyais parti. N’était ce pas une demoiselle Smith, la jeune personne qui dansait avec lui, lundi ?
– Oui, une connaissance de Mme Hughes.
– Elle paraissait trùs heureuse de danser. La trouvez-vous jolie ?
– Pas trùs jolie.
– Il ne vient jamais à la Pump-Room, n’est-ce pas ?
– Si, quelquefois ; mais il est sorti à cheval, ce matin, avec mon pùre.
Mme Hughes les rejoignit alors, et demanda Ă  Mlle Tilney si elle Ă©tait prĂȘte Ă  partir.
– J’espùre que j’aurai le plaisir de vous revoir bientît, dit Catherine. Serez-vous au cotillon demain ?
– Peut-ĂȘtre
 Oui, nous y serons certainement.
– J’en suis heureuse, nous y serons tous.
Elles se quittÚrent, Mlle Tilney avec quelques données sur les sentiments de son amie nouvelle et Catherine sans la moindre conscience de les lui avoir fournies.
Elle rentra trĂšs heureuse. La matinĂ©e avait rĂ©pondu Ă  tous ses espoirs ; la soirĂ©e du jour suivant Ă©tait maintenant l’objet de son attente. Quelle robe et quelle coiffure aurait-elle, devenait son principal souci. La toilette est toujours chose frivole, et, Ă  lui accorder trop de sollicitude, on fait souvent fausse route. Catherine le savait fort bien : sa grand’tante lui avait fait Ă  ce sujet une lecture, Ă  NoĂ«l dernier. Pourtant, une fois au lit, elle resta encore Ă©veillĂ©e dix minutes, Ă  dĂ©libĂ©rer sur la robe qu’elle mettrait : mousseline Ă  pois, ou mousseline brodĂ©e. Le manque de temps l’empĂȘcha d’en acheter une nouvelle. C’eĂ»t Ă©tĂ© une erreur, considĂ©rable quoique point rare, et contre laquelle une personne de l’autre sexe plutĂŽt qu’une personne de son sexe et un frĂšre plutĂŽt qu’une grand’tante eĂ»t pu la prĂ©venir : seul un homme peut savoir combien un homme est indiffĂ©rent aux charmes d’une robe neuve. Ce serait mortifier mainte et mainte dames que leur apprendre – mais entendraient-elles ? – combien peu le cƓur d’un homme est sensible Ă  ce qu’il y aura de coĂ»teux ou de neuf dans leur attirail, combien il est aveugle Ă  la texture d’un tissu, ce cƓur, et combien il est incapable d’opter Ă  bon escient entre le jaconas, la batiste, le nansouk et l’organdi, mĂȘme brodĂ© au tambour. Une femme est belle pour sa seule satisfaction. Nul homme ne l’en admirera plus, nulle femme ne l’en aimera mieux. Mais aucune de ces graves rĂ©flexions ne troublait Catherine.
Elle entra dans les rooms, le jeudi soir, avec des sentiments tout autres que ceux qu’elle y avait Ă©prouvĂ©s le lundi. Elle, qui alors avait Ă©tĂ© fort satisfaite d’ĂȘtre invitĂ©e par Thorpe, Ă©tait surtout maintenant soucieuse d’échapper Ă  sa vue, de peur qu’il l’invitĂąt de nouveau. Et, quoiqu’elle ne pĂ»t, n’osĂąt s’attendre Ă  voir, une troisiĂšme fois, M. Tilney l’inviter Ă  danser, ses vƓux, espoirs et plans ne tendaient Ă  rien autre. En ce moment critique, toute femme peut sentir pour mon hĂ©roĂŻne, car toute femme a connu ces agitations. Toutes ont Ă©tĂ© ou, du moins, ont cru ĂȘtre exposĂ©es Ă  la poursuite d’un insupportable fĂącheux ; toutes ont Ă©tĂ© anxieuses des attentions de quelqu’un Ă  qui elles dĂ©siraient plaire. DĂšs que les Thorpe furent lĂ , l’agonie commença : Catherine se dĂ©plaçait quand John Thorpe s’approchait, elle se dĂ©robait Ă  sa vue le plus possible et, s’il lui parlait, feignait de ne pas l’entendre. Le cotillon Ă©tait fini, on prĂ©ludait Ă  la contre-danse, et pas trace des Tilney.
– Ne vous effrayez pas, ma chĂšre Catherine, chuchota Isabelle : dĂ©cidĂ©ment je vais encore danser avec votre frĂšre. Je dĂ©clare que c’est inconvenant tout Ă  fait. Je lui ai dit qu’il devrait ĂȘtre honteux de lui, mais vous et John nous tiendrez compagnie. HĂątez-vous, chĂšre crĂ©ature, de nous rejoindre. John vient de sortir, mais rentrera dans l’instant.
Catherine n’eut ni le temps ni le dĂ©sir de rĂ©pondre. Ils s’éloignaient. John Thorpe Ă©tait encore Ă  l’horizon, et elle se considĂ©rait comme perdue. Pour ne pas paraĂźtre le voir ou l’attendre, elle gardait obstinĂ©ment les yeux sur son Ă©ventail. EspĂ©rer rencontrer les Tilney dans cette foule et avant le retour de John Thorpe Ă©tait folie, se disait-elle, et, comme elle prononçait ainsi sa propre condamnation, soudain elle s’entendit inviter par M. Tilney lui-mĂȘme. Les yeux brillants, elle se leva et, joyeuse, s’éloigna Ă  son bras. Échapper si opportunĂ©ment Ă  John Thorpe et ĂȘtre aussitĂŽt invitĂ©e Ă  danser par M. Tilney, comme s’il l’avait cherchĂ©e, – il ne semblait pas Ă  Catherine que la vie pĂ»t contenir fĂ©licitĂ© plus grande.
Mais à peine avaient-ils trouvé une place, que son attention fut appelée par John Thorpe, qui se tenait derriÚre elle :
– Quoi donc, quoi donc ! miss Morland, disait-il, qu’est-ce que cela signifie ? Je croyais que nous devions danser ensemble.
– Je m’étonne que vous l’ayez cru, vous ne m’aviez pas invitĂ©e.
– C’en est une bonne, par Jupiter ! Je vous ai invitĂ©e dĂšs mon arrivĂ©e, et j’allais justement vous inviter de nouveau, mais vous Ă©tiez partie. Un sacrĂ© tour que vous me jouez lĂ  ! Je suis venu pour danser avec vous, et je crois bien que vous Ă©tiez engagĂ©e envers moi depuis lundi. Oui, oui, je me souviens, je vous ai invitĂ©e pendant que vous attendiez votre manteau dans le vestibule. J’ai annoncĂ© Ă  tous mes amis que j’allais danser avec la plus jolie fille de Bath. S’ils vous voient avec un autre, ils me blagueront fameusement.
– Mais non, mais non, ils ne penseront jamais que je sois la personne que vous leur avez dĂ©crite ainsi.
– Par les cieux ! s’ils ne le pensent pas, je les jetterai hors d’ici Ă  grands coups de pied, comme des ganaches. Quel compagnon avez-lĂ  ? (Catherine satisfit sa curiositĂ©.) Tilney, rĂ©pĂ©ta-t-il, hum ! Je ne le connais pas. Bonne tournure, bien bĂąti. A-t-il besoin d’un cheval ? J’ai ici un ami, Sam Fletcher, qui en a un Ă  vendre. Une fameuse bĂȘte pour la route ; quarante guinĂ©es seulement. J’ai eu cinquante fois envie de l’acheter, car c’est une de mes maximes : quand vous rencontrez un bon cheval, achetez-le ; mais celui-lĂ  n’est pas ce qu’il me faut : il ne vaudrait rien pour galoper Ă  travers champs. Je donnerais de l’argent pour un bon hunter. J’en ai maintenant trois, les meilleurs qu’on ait jamais montĂ©s. Je ne les cĂ©derais pas pour huit cents guinĂ©es. Fletcher et moi avons l’intention de prendre une maison dans le Leicestershire, Ă  la saison prochaine. C’est bougrement inconfortable de vivre Ă  l’auberge.
Ce fut la derniĂšre sentence dont il put fatiguer Catherine, car un irrĂ©sistible flot de jupes l’emporta. M. Tilney se rapprocha.
– Ce monsieur, lui dit-il, aurait lassĂ© ma patience s’il Ă©tait restĂ© avec vous une demi-minute de plus. Nous avons fait un contrat d’amabilitĂ© rĂ©ciproque pour un soir, et l’amabilitĂ© de chacun de nous appartient Ă  l’autre tout ce temps-lĂ . Personne ne peut forcer l’attention de l’un sans attenter aux droits de l’autre. Je considĂšre la contredanse comme l’emblĂšme du mariage. LĂ  et lĂ , miss Morland, la fidĂ©litĂ© et l’affection sont les devoirs principaux ; et les gens qui ne sont disposĂ©s ni Ă  danser ni Ă  se marier n’ont rien Ă  faire avec les danseuses ou les femmes de leurs voisins.
– Ce sont lĂ  choses si diffĂ©rentes

– 
 que vous croyez qu’elles ne peuvent ĂȘtre comparĂ©es ?
– Je le crois. Les gens qui se marient ne peuvent jamais se sĂ©parer. Ceux qui dansent se tiennent en face l’un de l’autre dans une grande salle, pendant une demi-heure.
– Et telle est votre dĂ©finition du mariage et de la danse. Sous ce jour, certainement leur ressemblance n’est pas frappante : mais je veux bien les voir de votre point de vue. Vous en conviendrez : dans les deux cas, l’homme a la facultĂ© de choisir, la femme, seulement celle de refuser ; dans les deux cas, il y a entre l’homme et la femme un engagement formĂ© pour l’avantage de chacun ; une fois cet engagement conclu et jusqu’à sa dissolution, ils appartiennent exclusivement l’un Ă  l’autre : c’est le devoir de chacun de ne donner Ă  son partenaire nul motif de regretter n’avoir pas disposĂ© autrement de soi ; c’est l’intĂ©rĂȘt de chacun de ne pas s’attarder complaisamment aux perfections des Ă©trangers et de ne pas s’imaginer qu’avec eux la vie eĂ»t Ă©tĂ© plus belle. Me concĂ©dez-vous tout cela ?
– Oui, et tout cela est bel et bon : pourtant ce sont choses bien diffĂ©rentes. Je ne puis les voir sous le mĂȘme angle ni croire qu’elles comportent les mĂȘmes devoirs.
– À certain Ă©gard, il y a, en effet, une diffĂ©rence. Dans le mariage, l’homme est supposĂ© subvenir aux besoins de la femme, la femme rendre la maison agrĂ©able Ă  son mari. Il ravitaille et elle sourit. Dans la danse, ces obligations sont exactement inverses : Ă  lui, incombent les gracieusetĂ©s et les complaisances, tandis qu’elle fournit l’éventail et l’eau de lavande. C’était, j’imagine, la diffĂ©rence de devoirs qui vous paraissait rendre impossible une comparaison.
– Non, vraiment, je ne pensais pas à cela.
– Alors je n’y suis plus. Pourtant, une remarque encore. Cette disposition de votre esprit est plutĂŽt alarmante. Vous niez toute similitude dans les obligations ; ne puis-je pas de cela infĂ©re...

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