La timidité est-elle un merveilleux défaut?
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La timidité est-elle un merveilleux défaut?

Daisy Ray, Editions Lis ma vie

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  1. 208 pages
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La timidité est-elle un merveilleux défaut?

Daisy Ray, Editions Lis ma vie

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La timidité condamne trop souvent à son goût Céline à l'inertie, elle mène un combat contre ce «handicap», quitte son poste de cadre bancaire, crée sa société et ouvre les Villages du Cœur, les villages de la première chance professionnelle. En 2026, le jour de ses 50 ans, son fils Gildas, un brillant scientifique, lui offre un cadeau unique et exceptionnel: l'acte de naissance de Célia, son clone non-timide. En observant le parcours de Célia, de son enfance à sa vie de femme active, Céline va pouvoir répondre à la question qu'elle s'est toujours posée: «Quelle serait ma vie si je n'avais pas été timide?»

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Information

Year
2016
ISBN
9782919779185
Edition
1

CHAPITRE IV

Et nous voilà en juin 2049, Célia termine son cycle universitaire comme elle l’a commencé, c’est-à-dire, brillamment. Elle ne quitte pas la région de ses études supérieures du jour au lendemain. Non, elle organise ou participe à une succession de fêtes d’au revoir ou d’adieux suivant les circonstances. Son paquetage est déjà prêt, la semaine de festivités terminée, elle s’envole pour être monitrice de plongée, sur un bateau perdu, au milieu de l’Océan Indien. Doppia Vita, en accord avec sa vie, quitte la métropole pour plonger tous les jours dans les eaux paisibles des Maldives.
Le déjeuner qui suit cette nouvelle prend une tournure particulière. Maman, âgée de 73 ans, accuse le coup de ce scoop. Célia n’a plus d’ordinateur depuis quelques semaines, c’est donc moi qui l’informe de tout cela. Célia, lui en avait bien touché deux mots, il y a quelques mois, en lui évoquant cette possibilité, mais elle n’était pas revenue sur ce sujet depuis.
Maman m’exprime son étonnement :
« Célia choisit les Maldives… Ça alors, je n’en reviens pas ! Pourtant, c’est la suite logique ; elle est passionnée par la plongée sous-marine depuis plusieurs années, sa décision est une évidence, pourtant je ressens une grande émotion. La création de mon clone n’est pas une histoire banale, mais je m’y suis attachée de manière surprenante. Célia a fait rapidement partie de ma vie. Bizarrement, je me suis habituée à mon cadeau d’anniversaire hors norme, comme si cela arrivait à chaque quinquagénaire !
Aujourd’hui, il y un début de réponse à la question de ma vie. T’en rends-tu compte ? Son choix correspond à une de mes hypothèses faites lorsque j’avais 23 ans. Si Célia partait au Mexique pour apporter toutes ses compétences à une œuvre caritative, sa vie serait différente de la mienne, mais ne se superposerait pas avec un de mes projets envisagés lorsque j’avais son âge. C’est véritablement perturbant, presque effrayant. C’est la première fois que j’ai envie d’en parler à Albin. De tout lui dire, de tout lui raconter depuis le 21 mars 2026, déjeuner par déjeuner, information par information, anecdote par anecdote…
– Non, Maman, cela n’est pas possible. Tu dois avaler la pilule et ta vie quotidienne reprendra son cours normal, sans que Papa apprenne le moindre détail sur l’existence de Célia. Tu dois te raisonner et accepter cela.
– Tu es dur avec ta pauvre mère ! Avant Célia, je n’avais jamais menti ou caché quoi que ce soit à Albin. Et voilà vingt-deux ans maintenant, mon propre fils m’offre une double vie et m’oblige de surcroît à la cacher à mon mari. Tu parles d’un cadeau la Doppia Vita Célia !
– Si tu imagines me convaincre que tu regrettes ce cadeau de vie, je ne te crois absolument pas !
– Certes, mais ce présent original produit deux sentiments contradictoires en moi. En effet, je suis bien consciente d’être au centre d’une expérience excitante, je sais qu’aucun autre mortel ne vivra cela. Voilà pour le côté séduisant et accaparant de l’histoire. Maintenant ce qui m’ennuie, c’est d’être tenue au secret scientifique, j’ai longtemps travaillé dans une banque et le secret bancaire ne m’a jamais dérangée, cela faisait partie intégrante de ma profession. Je m’étais fixée une ligne de conduite, celle de ne jamais divulguer le contenu d’un entretien. Sur ce point j’étais irréprochable ! Mais pour Célia, le mensonge par omission touche ma sphère privée. Cette situation est embarrassante pour moi, parce qu’avec ton père notre relation est basée sur la confiance.
– Je comprends, simplement c’est le prix à payer pour jouir de ce genre de progrès. La discrétion est un élément capital pour toute avancée technologique ou biotechnique. Souviens-toi de Dolly, la première brebis clonée naissait début juillet 1996, la presse en a informé le grand public fin février 1997, soit près de huit mois après la naissance de la brebis viable. Huit mois pour s’assurer et valider le succès de l’expérience.
Les scientifiques refusent d’être dérangés sans cesse par les médias avant qu’ils ne soient certains de leurs trouvailles. Ils ne pourraient pas s’expliquer de toute façon sur chaque échec. De plus, ce sont des hommes et des femmes de l’ombre, ils ont besoin d’être longtemps dans le noir avant de venir, sous la lumière des projecteurs, discourir sur le fruit de leur travail. C’est exactement ce qui s’est passé dans les années 2010, fin 2013, je pense, pour l’implantation d’un cœur artificiel sur un homme, une première mondiale. Aujourd’hui, cette pratique est devenue courante, mais les expérimentations se sont faites longtemps dans l’ombre.
Je suis aussi bien placé pour dire que tout scientifique est traumatisé par l’administration. Cette peur de ne pas pouvoir avancer à cause d’un refus administratif, souvent manifesté par un simple courrier adressé directement à la personne concernée. Cette réponse qui tient sur une feuille format A4 est fatalement injuste, face à la demande constituée d’un dossier généralement volumineux. La suspicion arrive rapidement, l’homme de science se pose évidemment la question de savoir si son dossier a au moins été lu ou juste parcouru. Dans le texte figurant sur cette simple lettre, il existe trois phrases types qui expriment selon le cas un refus définitif, une demande de suspension temporaire de ce genre d’expérience ou un décalage de la réponse, ce qui pour certains chercheurs est dramatique. Ce manque de justification laisse libre cours à l’imagination du réceptionnaire du courrier. Il soupçonne alors l’administration d’une incompétence certaine, parce qu’un refus est difficile à encaisser dès lors qu’il est non argumenté. C’est pour ces raisons que beaucoup de chercheurs prennent des risques incommensurables pour avancer. Ils n’établissent aucun dossier, leur recherche est déguisée et enfouie dans une étude au nom inapproprié, désignant une recherche légale. Ils s’octroient cette liberté, craignant un refus de l’administration. Ils n’ont pas envie de perdre du temps à se justifier, à réitérer leur demande, etc. C’est pourquoi, ils s’habituent au silence, à ne rien dévoiler de leurs recherches pour ne pas être "pris".
– Effectivement, il n’y a plus rien de simple. Cela dit, le monde de la recherche est abscons. Certains génies peuvent présenter un danger pour l’humanité, un semblant de recadrage est parfois nécessaire.
– L’équilibre m’apparaît comme laborieux à obtenir. Mais tout cela me conduit à la conclusion suivante : tu fais partie du monde scientifique à ton insu ! Et tu as, du fait de cette appartenance, une obligation de discrétion, très chère Maman ! »
Premier mardi d’août 2049, je viens chercher Maman pour aller à notre déjeuner, elle monte dans ma voiture tout affolée :
« Il faut que je te raconte ce qui vient de m’arriver !
– Bonjour Maman ! Je t’écoute.
– Oh excuse-moi, bonjour Gildas ! Tu vas comprendre pour quelle raison je suis perturbée.
– Je t’emmène dans un restaurant à une demi-heure d’ici. Ça tombe bien, nous avons donc tout le trajet pour parler.
– Il y a une heure, le téléphone a sonné, c’était Richard… il a encore croisé Célia avant qu’elle ne parte. Il était branché sur du dix mille volts. Je lui ai dit que je devais faire une course avant midi pour m’en débarrasser…
– Encore lui !
– Oui, je te l’ai dit dès le début, il ne lâche rien. J ’ai donc raccroché, j’ai saisi mon sac à main pour aller à la pharmacie, au coin de la rue, avant que tu ne viennes me chercher. J ’ai ouvert la porte pour sortir et je suis tombée nez à nez avec Richard !
– Tu ne l’avais jamais revu depuis son déménagement ?
– Non, jamais. Mais nous communiquons toujours par mail.
– Ça fait quoi de le revoir ?
– Ça fait un terrible choc ! Je lui ai dit que s’il voulait me tuer d’une crise cardiaque, il ne s’y prendrait pas autrement ! J’ai eu alors des pensées hybrides, tantôt dignes de Mary Poppins, tantôt à la sauce Harry Potter ! J’ai hésité entre : « C ’est supercalifragilisticadé-délicieux* de te revoir » ou « Mais que fait un Moldu** sur mon palier à cette heure-là ? » (*terme francisé cité dans le film Mary Poppins ** terme désignant une personne ne détenant pas de pouvoirs magiques et ignorant l’existence des sorciers dans Harry Potter). Projetée dans le monde virtuel de Mary ou de Harry, la présence de Richard m’a agacée au lieu de me réjouir. J’aurais dû être contente de le revoir au bout de tant d’années, mais je me suis posé mille questions sur sa présence. D’ailleurs, ses réactions étaient affolantes, il me dévisageait comme si…
– … comme s’il avait croisé ton clone, peut-être ? »
À cette remarque pertinente, Maman et moi éclatons de rire. Par cette interrogation, j’ai su calmer Maman immédiatement. Du coup, elle accepte mieux les réactions de son ami, et reprend :
« Ce qui me déplaît, c’est que sa visite n’était pas une visite de courtoisie, mais de pure curiosité. Je lui ai donc dit que je partais faire une course et qu’ensuite j ’allais manger avec toi comme tous les premiers mardis de chaque mois, que j’étais pressée, que je ne louperai pour rien au monde ce rendez-vous, tout simplement parce que tu es mon fils et que j’ai plaisir à partager un déjeuner avec toi, un point c’est tout ! Dès fois, qu’il trouve cela anormal… J’ai ajouté que s’il le voulait, nous pourrions déjeuner demain ensemble. Il a accepté et est reparti l’air presque déçu de me voir avec le visage d’une femme de 73 ans !
– Cela signifie que vous déjeunez demain midi ensemble ?
– Exactement ! Tu auras le compte-rendu dans quatre mardis. Ah, nous sommes arrivés.
– Oui, allons nous installer pour pouvoir aborder enfin notre sujet favori. »
Depuis quelques jours, Maman m’explique que Célia a récupéré sa connexion Internet ; elle a envoyé un message à Fred, pour lui annoncer son départ pour les Maldives. Deux jours avant de partir, Célia ignorait si elle accèderait à Internet, une fois arrivée au paradis. Miss clone mentionnait dans son mail qu’elle donnerait des nouvelles dès qu’elle le pourrait. Ses mots exprimaient toute une allégresse, Célia jubilait. Cette aventure est l’aboutissement des efforts fournis. Même si dans son courriel, elle reconnaissait avoir certaines facilités, elle soutenait que la régularité de son travail et l’assiduité dans la pratique de son sport favori lui permettaient aujourd’hui de concrétiser son rêve : vivre en plongeant. Enfin, elle citait et s’appuyait sur une phrase que j ’avais invoquée dans un précédent écrit : « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger » elle transformait cette réflexion pour exprimer son désir profond : « Je veux vivre pour plonger et vivre de la plongée ». Elle se moquait elle-même de cette phrase qui ne signifiait pas grand-chose en soi. Maman lui a répondu par sa phrase favorite : « Je ne sais pas si je plonge pour voyager ou si je voyage pour plonger ». Elle n’est pas certaine que Célia lira un jour cet adage personnel, puisque son envoi a été émis quelques jours après l’envol de Célia en direction des Maldives. Une fois assise à la table du restaurant, Maman exprime ses appréhensions :
« Nous voilà bien maintenant, quel médecin nous enverra des nouvelles ? Célia s’est évaporée, elle n’a pas d’ordinateur dans ses valises, que va-t-il se passer ?
– Aucune idée.
– Ah oui ! Pour pondre un clone, il n’y a pas de problèmes, mais pour gérer les informations de ma Doppia Vita, c’est plus compliqué ! Ce n’est pas très au point Monsieur le chercheur encouragé par de nombreux satisfecit !
– Dans ce genre d’expérimentation, il est impossible de maîtriser l’ensemble des paramètres. Il s’agit d’un humain avant tout, tu sais bien qu’un être humain reste imprévisible.
– C’est possible. Donc disons au revoir à notre Célia pour une durée inconnue…
– C’est un peu cela. »
Maman ne pensait pas si bien dire. Nous avons perdu la piste de Célia Di-Capria.
Au lieu de se passer le premier mardi du mois de septembre 2049, ce repas est avancé au dernier jeudi d’août, car je dois m’absenter pour trois semaines. Cela tombe bien, je suis pressé d’avoir le récit du déjeuner avec le docteur. Maman devine mon impatience, elle s’en amuse et prend son temps avant de débuter sa narration :
« Je suis donc allée déjeuner avec Richard, le mercredi suivant notre dernier repas ensemble. J ’étais détendue, probablement grâce à notre conversation de la veille. Richard et moi avons retrouvé notre complicité et j’ai joué à nouveau le rôle de confidente, le temps du déjeuner. Il m’a expliqué, plus précisément que par mails, ses problèmes de santé. Il a des soucis cardiaques.
– Le fait d’avoir changé de région ne l’a pas calmé ?
– Non, justement, je lui ai fait la même réflexion. Avant, il jonglait entre son travail quotidien et de nombreuses gardes. Aujourd’hui, il est débordé par ses loisirs. Je lui ai dit qu’il existe deux types de personnes : celles qui prennent le chemin du stress, celui qui descend et celles qui choisissent la montée qui mène au sommet de la sérénité. Lui est passé de l’état de stress par son travail à l’état de stress par ses loisirs !
– Est-il d’accord avec ce que tu lui as dit ?
– Oui, mais il n’a pas compris que trop c’est trop, quelles que soient ses occupations. Le problème, c’est qu’il devient dangereux pour ses amis plongeurs. Il a des soucis cardiaques qu’il feint d’ignorer.
– Ah quand même !
– Oui, alors je lui ai conseillé de faire sa crise cardiaque, assis confortablement sur son fauteuil devant son poste de télévision, plutôt qu’en plongée au milieu de ses amis… il a rigolé un peu jaune.
– Évidemment.
– Ensuite, nous avons refait le monde comme dans le bon vieux ...

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