Accompagner les victimes de violences sexuelles
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Accompagner les victimes de violences sexuelles

Manuel à l'usage des parents et des professionnels

CAVACS France

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Accompagner les victimes de violences sexuelles

Manuel à l'usage des parents et des professionnels

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Le sort des survivants.es de violences sexuelles souffre, en France, de l'insuffisance des moyens mis en oeuvre pour la prise en charge de ces personnes. Les séquelles d'un psychotraumatisme d'origine sexuelle sont considérables et touchent toute la personne, sa personnalité, son organisme. Le coût social est tout aussi conséquent. Ce fait est reconnu. Hélas l'offre d'accompagnement et de prise en charge n'est ni adaptée ni à la mesure d'un grand pays.Ce guide est directement inspiré des premiers parus au Canada en matière d'accompagnement des survivants.es de violences sexuelles.Il répond à une demande émanant tant du public que des professionnels eux-mêmes. Le guide présente des pistes de réflexion et des propositions de pratique fondées sur l'écoute sensible centrée sur la personne. Quand la survivante est au centre et qu'elle prend une part active à l'accompagnement.

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Information

Year
2019
ISBN
9782900229101

IV. Lignes directrices pour la pratique sensible

A. Introduction
Il y a des différences parmi les survivantes. Chez certaines, l’abus sexuel dans l’enfance a peu d’effets négatifs apparents. Elles ont appris à gérer les effets à long terme d’une manière telle que leur vie quotidienne s’en trouve peu affectée. C’est ce qui fait dire à certains spécialistes que « l’inceste ne fait pas tellement de victimes ». Cependant, chez certaines survivantes, les effets négatifs de l’abus se font sentir dans tous les aspects de leur vie.
Il faut avoir à l’esprit que si les manifestations d’un psychotraumatisme à base sexuelle paraissent inexistantes, il n’en demeure pas moins que le noyau traumatique agit à bas bruit. Il est souvent facile de regarder ailleurs quand des troubles physique atypiques ne son pas associés à des traumas sexuels anciens.
De même, les survivantes de violences sexuelles subies dans l’enfance se trouvent aussi à différents stades du processus de guérison. Certaines ne se souviennent même pas de l’abus ; d’autres savent qu’elles ont été abusées mais ont évité d’y penser ou d’y attacher de l’importance ; enfin, il y a celles qui commencent un véritable processus de guérison ou qui ont déjà fait un bout de chemin dans cette voie.
Certaines victimes cultivent l’art du déni, parfois de manière féroce. C’est une façon de marquer des limites à des décisions prises longtemps avant et qu’il ne faut pas toucher.
Les survivantes ne se font pas toutes la même idée de la relation entre leur santé physique et psychologique et l’abus subi dans l’enfance. Certaines croient que leur santé physique et leurs réactions au suivi sont intimement liées à leur état psychologique. D’autres n’ont pas fait ce genre de liens. Toutes les femmes qui ont entamé leur processus de guérison ont évoqué des liens étroits entre leur santé physique et l’abus passé. Nombre d’entre elles ont décrit leurs interactions avec les praticiens à différents moments de leur vie, soit avant de s’être souvenu de l’abus passé, avant qu’elles aient commencé à voir des liens entre leur santé et l’abus, durant et après cette période de prise de conscience.
Ainsi, le praticien peut être appelé à travailler avec des survivantes dont les situations de sauvegarde face à l’abus passé varient grandement.
Nous autres survivantes ne voyons pas les liens entre notre santé et l’abus. J’ai vécu des années sans savoir à quel point l’abus que j’ai subi affectait mon corps, ma vie, mes émotions, tout. En regardant en arrière, je crois que si mes thérapeutes et médecins successifs l'avaient su, cela aurait pu changer des choses. Ce n'est pas seulement une question d'évolution dans la thérapie. Cela dépend de la sensibilisation du thérapeute à ces questions.
Les lignes directrices présentées sous les rubriques autres que Faire face à une cliente bouleversée et Dévoilement de l’abus sexuel dans l’enfance permettent d’assurer une approche respectueuse de tout client.e, qu’il.elle ait subi ou non un abus sexuel. Les lignes directrices présentées sous ces rubriques ont spécifiquement trait à l’intervention auprès des survivantes d’abus sexuel dans l’enfance.
Les quelques suggestions présentées dans ces lignes directrices ne sont en rien exhaustives. Elles sont un outil de pratique et de réflexion.
Les lecteurs peuvent donc fort bien créer des façons originales de les appliquer dans leur pratique quotidienne. Et, pourquoi pas, nous faire un retour collaboratif.
Le guide retrace un parcours d’observation empirique de la dynamique et des effets à long terme de l’abus sexuel dans l’enfance. Ajoutons que la collaboration de chacun à l’élaboration d’une banque de données relatives à ces questions devient d’une grande nécessité.
B. Préparation à la première rencontre
1. Le droit de choisir son praticien
La cliente peut, sur la base d’informations pertinentes, choisir librement les praticiens avec lesquels elle va travailler. Elle a aussi le droit de demander d’être orientée vers un autre praticien ou établissement si elle ne se sent pas à l’aise dans le contexte où elle se trouve. Il se peut que ces conditions soient difficiles, voire impossibles à satisfaire dans certains cas ; néanmoins, on encourage les praticiens à trouver des moyens d’appliquer ce principe de libre choix. Cela est plutôt facile en zone urbaine, moins dans les zones rurales.
Comme on l’a signalé dans la section sur les effets à long terme de l’abus sexuel dans l’enfance, de nombreuses survivantes ne se sentent pas à l’aise avec les intervenants de sexe masculin. Il est important que les praticiens de sexe masculin soient conscients que l’inconfort de leurs clientes peut découler de ses expériences passées. Les cliniciens de sexe masculin parviennent souvent à établir une bonne relation thérapeutique avec leurs clientes. Cependant, il arrive parfois que l’inconfort de la survivante soit trop important et qu’il ne puisse être surmonté. Que doit alors faire le praticien ? Nous suggérons que chaque praticien fasse preuve de sensibilité et soit disposé à orienter la cliente vers un autre praticien si elle le souhaite.
2. Aider la préparation du processus de suivi
On peut aider la cliente à mieux comprendre le processus de suivi – thérapeutique ou accompagnement – dans lequel elle va s’engager en lui remettant par écrit, un aperçu de ce qui adviendra.
La particularité française de ne donner des indications de suivi que dans le cercle étroit des institutions, des affinités électives pour ceux qui travaillent en libéral – appartenance à une école de psychothérapie, par exemple, est si étendue que l’on finit par priver les victimes d’une véritable liberté de choix. (Voir les 9 principes essentiels à une pratique sensible)
C. Évaluation initiale
On suggère cette marche à suivre lors de l’anamnèse et de l’entretien initial. L’anamnèse consiste à recueillir les renseignements fournis par le.la client.e interrogé.e sur son histoire, les souvenirs et les circonstances qui ont précédé sa première demande d’aide. Au sein du CAVACS-FRANCE nous avons mis en place une fiche de suivi dont le contenu peut être partagé avec la cliente. Cette fiche de suivi est accompagnée d’un « Carnet de Bord » qui peut contenir toutes indications qui interviennent durant le suivi. En général nous établissons un contrat de six semaines au terme duquel on fait le point avec la cliente pour aménager, améliorer, insister sur certains aspects du suivi selon ses dires, ses réactions et suggestions.
Rédigez le document initial de suivi de l’accompagnement en évitant une rédaction trop complexe. Le plus souvent des mots clefs suffisent à éveiller la mémoire des rencontres et leur contenu.
Je propose à Florence une séance d’imagothérapie. Je la sens très mal à
l’aise. Timidement, elle me demande si sa maman peut y assister. Je lui
réponds que c’est bien évidement qu’elle pourra être présente, voire y participer
Veillez à ce que les clientes sachent qu’elles peuvent être, en tout temps, accompagnées durant le processus.
– Tenez cette information à disposition de manière visible, dans votre salle de travail par exemple et indiquez-la aussi sur tous les supports d’information que vous distribuez ou sur votre site internet.
– Mettez toujours l’accent sur cette option verbalement au risque de vous répéter.
– Indiquez à l’avance à la cliente en quoi consistent les évaluations subjective et objective avant de commencer. Idem pour l’anamnèse. Personnellement j’ai supprimé les séances d’anamnèse et je demande à la personne de rédiger une biographie de la manière la plus spontanée possible. Il en résulte toujours des documents autobiographiques très complets, certes subjectifs mais porteurs d’un sens profond au moment des premières rencontres.
– Demandez un consentement verbal pour chaque segment de l’évaluation.
– Prévoyez suffisamment de temps pour répondre aux questions durant l’anamnèse. Bon nombre de survivantes ont perdu contact avec leur corps et leurs affects, elles peuvent avoir besoin de plus de temps pour décrire leurs symptômes et leur malaise émotionnel. Il est fréquent que nous ayons à faire un travail progressif d’approche sensorielle et émotionnelle dès les premiers temps du suivi.
À partir d’une anamnèse établissez avec la cliente une Ligne de vie sur laquelle seront reportées toutes les grandes étapes de sa vie, celles qui lui paraissent significatives. Vous verrez par la suite que certains « blancs » sont hautement significatifs. C’est un des signes premiers d’un encouragement à la collaboration et un premier pas dans la prise d’autonomie. Cette ligne de vie s’enrichit à mesure de la progression du suivi et d’une meilleure approche des sens et des émotions.
Recherchez un équilibre entre proposer des descripteurs des symptômes : « Diriez-vous que votre douleur est vive ou sourde, constante ou pulsatile ? » L’usage de la métaphore pour faire sentir la subtilité personnelle d’une émotion ou d’un affect est tout aussi importante. « Si vous aviez à comparer cet affect à partir de vos cinq sens, que diriez-vous ? Si c’est une couleur, quelle couleur ? Si c’est une saveur, quelle saveur, etc. » Ce travail de reconnaissance sensitive produit des images, des pensées, des souvenirs qui mettent en relation l’affect et les contenus oubliés de la mémoire. La reconnaissance de cette œuvre intérieure encourage la survivante à identifier donc à « s’approprier » ses symptômes. (Le CAVACS-France a mis en ligne des enregistrements pilotes de ces exercices. Sur demande)
Si la cliente semble mal à l’aise ou éprouve de la difficulté — quand vient le temps de répondre aux questions de l’un des volets de l’évaluation subjective — il pourrait être judicieux de passer à un autre volet de l’évaluation et de revenir, ultérieurement, aux questions précédentes sans insister et sans laisser planer des doutes.
La question des rythmes de vie est importante, respecter les rythmes propres de la personne constitue une marque de respect. Au praticien de s’y adapter chaque fois que possible. Demandez à votre cliente à quelle heure préfère-t-elle vous rencontrer avant de fixer les futurs rendez-vous. Une survivante qui dort mal pourrait préférer prendre rendez-vous à une heure qui lui permettra de tirer le meilleur profit des entretiens.
Si vous suivez cette façon de faire, il se pourrait que l’évaluation initiale prenne plus de temps que prévu. Toutefois, ce long premier rendez-vous pourrait aider à instaurer plus rapidement une bonne relation, la confiance et un sentiment de sécurité, d’où, à terme, un gain de temps et une meilleure approche. Le lien ou alliance entre le praticien et sa cliente est à double sens. Il est aussi le présage d’une meilleure alliance chez la cliente entre la conscience qu’elle a de la réalité et sa réalité profonde.
Après une blessure lors d'une compétition, j'ai dû faire plusieurs
séances chez une chiropraticienne. Elle me connaissait depuis longtemps et
je savais qu'elle avait été formée à l'accueil de personnes victimes de violences
sexuelles.
À chaque séance qui durait environ une heure elle me montrait ce
qu'elle allait faire. Elle s'aidait de vidéos et de schémas. Pour chaque
étape elle me demandait si "on pouvait commencer". Si elle sentait un malaise
elle me demandait si tout allait bien, qu'on pouvait attendre un peu.
Sentir que la praticienne attend et soutient ma participation me rassure.
Je sais que je peux me dévoiler, pleurer si ça me submerge. Même s'il
y a des parties de mon corps que je ne supporte pas qu'on touche. Au
moins je sais ce q...

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