La terre
Est le lieu de vie des humains
Elle voit se lever tous les matins
Et descendre doucement tous les soirs
OĂč je mâendors submergĂ©e par ton regard ;
Tes yeux sont une merveille par son immense respect pour la terre,
Tes yeux mâapprennent lâespoir
Tes yeux donnent sens Ă lâamour et Ă la priĂšre
Tes yeux me suivront pour lâĂ©ternitĂ©âŠ
Il nây a rien de plus normal, pour le roi David, tu resplendis
Et la terre devient lâĂ©crin du joyeau de ta vie
Tes yeux ne tolÚrent que la vérité.
Mais quâest-ce que la terre ?
La terre est le complément opposé au ciel
Principe passif, associé au principe actif éternel
Lâaspect masculin Ă lâaspect fĂ©minin : la terre.
Ou lâobscuritĂ© Ă la lumiĂšre
Le yin95 et le yang : tamas96 la tendance descendante
Ă sattva,97 la tendance ascendante
La densité, la fixation et la condensation.
Lâhexagramme Kâouen, selon le Yi-King98, la perfection passive
Se mĂȘlant au principe actif, (kâein) vive.
Elle supporte, tandis que le ciel couvre
De mĂȘme que la femme pour son homme se dĂ©couvre
Ses vertus sont douceur, fermeté paisible et durable,
La hiĂ©rogamie99 nâa donc rien de condamnable.
Il faudrait ajouter lâhumilitĂ©, Ă©tymologiquement liĂ©e Ă lâhumus100 originel
Vers lequel elle incline et dont lâhomme fut modelĂ©.
Câest la crĂ©ation essentielle
Qui gouverne sur le reste de la pangée.
Le caractĂšre primitif tâou indique la production des ĂȘtres par la terre
La terre est une matrice universelle nourriciĂšre101
Depuis le chaos primordial, la materia prima séparée des eaux
Selon la GenÚse ramenée à la surface des flots
Par le sanglier vishnouïte, coagulé par les héros mythiques du shintÎ102
MatiĂšre dont le crĂ©ateur en Chine103 façonne lâhumain.
Elle est la vierge que pĂ©nĂštre la bĂȘche ou la charrue
Que lâon tient Ă deux mains
Et qui enfante de par la splendeur de son corps nu
La pluie et le sang, la féconde tour à tour, qui sont la semence des hommes et du ciel
La terre est la matrice essentielle
Qui veille également, aux richesses les sources, les minerais, les métaux.
La terre chinoise est un carré, dont les quatre angles sont ses quatre horizons :
Points cardinaux ou saisons.
Le monde chinois est fait de carrés emboßtés
Câest une vision qui se rĂ©fĂšre Ă lâespace logique, imaginĂ©.
âDieu que : âQue la terre produise des vĂ©gĂ©taux,
[Qui quelquefois flottaient sur lâeau104
Savoir des herbes renfermant une semence ; des arbres fruitiers
[Pour nourrir lâhomme et la femme crĂ©Ă©s]
Portant, selon leur espĂšce, un fruit
[Aussi symbole de vie]
Qui perpĂ©tue sa semence [comme un secretâŠ]âxiv
âLa terre donna naissance aux vĂ©gĂ©taux : aux herbes qui dĂ©veloppent leur semence
Selon leur espĂšce [et Ă chaque fois en toute Ă©vidence],
Et aux arbres, portant selon leur espĂšce, un fruit qui renferme sa semence.âxv
La terre câest avant tout la fonction maternelle : tellus mater
Et des entrailles de la terre sâĂ©lĂšvent des sons et des priĂšres,
Comme si les lutins protégeaient les métaux plus ou moins précieux en chantant
Ne serait-ce que les tintements des diamantsâŠ
La terre donne et reprend la vie
Se prosternant sur le sol Job sâĂ©crie :
âIl dit : âNu je suis sorti du sein de ma mĂšre, et nu jây105 rentreraiâxvi
Assimilant le giron maternel au domaine de la féminité.
Dans la religion vĂ©dique, elle est protectrice contre toutes forces dâanĂ©antissement
Selon les rites védiques des funérailles, des stances sont récitées⊠au moment
OĂč lâurne funĂ©raire est mise en terre :
âVa sous cette Terre, ta mĂšre
Aux vastes séjours, aux bonnes faveurs !
Douce comme laine Ă qui sut donner (bonheur),
Quâelle te garde du nĂ©ant !
Forme voĂ»te pour lui et ne lâĂ©crase en aucun temps
[Telle une caresse de la main]
Couvre-le dâun pan de ta robe
Comme une mĂšre protĂšge son fils, [pour que rien ne lui dĂ©robe]â106
Dans certaines tribues africaines, il est coutume de manger de la terre :
Le feu jaillit de la terre mangĂ©e, alors on dit : le ventre sâallume.
Dans la conception primaire et essentielle de la hiérogamie fondamentale ciel-terre
Les Dogons, renvoient lâimage dâune terre qui fume
Une terre, comme une femme Ă©tendue sur le dos, les pieds au sud, la tĂȘte au nord.
La terre en certaines saisons est peut-ĂȘtre un germe qui dort
Elle est un symbole de fécondité et de régénération
âElle enfante tous les ĂȘtres, les nourrit, puis en reçoit Ă nouveau le germe fĂ©condâ107
Elle, GaĂŻa enfanta mĂȘme le ciel
Ouranos ensuite la couvre pour donner naissance Ă tous les dieux ;
Et pour crĂ©er tout ce monde, il nâĂ©tait que deux
Les Dieux Olympiens, parfois si cruels
Lâamour et lâenfantement devinrent nĂ©cessaire
Ă la crĂ©ation de lâunivers.
Puis les hommes, les animaux acceptent ce feu.
La terre nâest autre que tout germe de vie, le nom de Grande-mĂšre lui fut donnĂ©e
La terre est sacrée.
Au moment oĂč nous touchons la terre, nous connaissons la lumiĂšre
Capables de nous aimer jusquâau bout...