Recherche sociale, 7e édition
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Recherche sociale, 7e édition

De la problématique à la collecte des données

Isabelle Bourgeois

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Recherche sociale, 7e édition

De la problématique à la collecte des données

Isabelle Bourgeois

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Cette nouvelle édition de Recherche sociale s'inscrit dans une perspective pédagogique et contribue à la formation des chercheurs et chercheuses novices en présentant une approche procédurale à la fois rigoureuse et ouverte. Le présent ouvrage reflète l'évolution des méthodes de recherche en sciences humaines et sociales, tout en reposant sur les fondements établis dans les éditions précédentes.Les premiers chapitres de ce livre présentent les caractéristiques et théories principales de la recherche en sciences sociales. Les étapes de la recherche sociale – la problématisation, la conceptualisation de l'étude et la collecte de données – sont ensuite abordées en détail. La dernière partie de l'ouvrage est consacrée à l'exploration de certains enjeux importants qui doivent être considérés par toutes les personnes qui entreprennent des projets de recherche, qu'elles se trouvent en milieu universitaire ou organisationnel.L'ensemble des chapitres a été revu pour cette septième édition afin de tenir compte des développements méthodologiques et épistémologiques survenus au cours des dernières années ainsi que des mouvements sociaux qui ont motivé ces développements, dont la participation citoyenne, la décolonisation et le féminisme. Plusieurs chapitres ont été profondément transformés grâce aux contributions de nouveaux collaborateurs et de nouvelles collaboratrices. À cela s'ajoute également un chapitre inédit portant sur les enjeux contemporains de la recherche sociale et la publication de la recherche.Isabelle Bourgeois est professeure agrégée à la Faculté d'éducation de l'Université d'Ottawa. Ses travaux de recherche portent sur la mesure et le renforcement des capacités organisationnelles en évaluation. Elle est la rédactrice en chef de la Revue canadienne d'évaluation de programme et a reçu le prix Karl-Boudreault pour son leadership en évaluation de la Section de la capitale nationale (SCN) de la Société canadienne d'évaluation (SCÉ) en 2017.

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CHAPITRE 1 /

Qu’est-ce que la recherche sociale?

Isabelle Bourgeois
Cet ouvrage présente les multiples facettes de la recherche sociale actuelle et de son évolution dans un environnement dynamique. Il a été conçu comme ouvrage pédagogique et vise à décrire les notions fondamentales d’une démarche de recherche en sciences sociales, à présenter les instruments et méthodes de collecte et enfin, à explorer leurs modalités d’utilisation dans une démarche rigoureuse. Cette introduction énonce les concepts et les définitions qui permettent à la fois de donner une vue d’ensemble de la démarche de recherche et d’annoncer les chapitres qui suivent.

1/ La recherche scientifique en sciences sociales

En tant qu’êtres humains, nous cherchons toujours à mieux connaître et comprendre notre environnement physique et social. C’est grâce à nos sens et à nos interactions sociales que nous discernons ce qui nous entoure, que nous organisons et expliquons nos perceptions et que nous décrivons notre environnement dans un contexte plus global. Ces constatations ou observations nous permettent alors d’entreprendre une démarche vers l’atteinte d’objectifs personnels et collectifs. Plusieurs moyens sont à notre disposition pour mieux approfondir ces constatations, dont la recherche scientifique, qui fera l’objet de cet ouvrage. La recherche scientifique est une démarche intentionnelle et systématique d’acquisition des connaissances. Cette démarche est empirique, c’est-à-dire qu’elle vise la collecte d’informations, ou de données, qui seront ensuite analysées dans le but de répondre à une question factuelle. Ainsi, la recherche scientifique nous permet d’aller au-delà de nos sens ou de nos intuitions en systématisant nos observations. Les outils méthodologiques dont nous disposons rendent nos observations plus fiables et nous permettent de les généraliser à une population plus vaste, ou encore de les appliquer à d’autres cas.
En sciences sociales, la recherche scientifique s’intéresse plus particulièrement à l’expérience humaine, qu’elle soit individuelle ou collective. Elle nous permet de faire des observations systématiques sur des phénomènes humains, de comparer ces observations à des théories ou des modèles, et d’en tirer des conclusions. On peut, par exemple, s’intéresser aux interactions qui ont lieu dans un contexte particulier, ou chercher à mieux comprendre l’expérience vécue d’un phénomène. Ainsi, la recherche sociale vise généralement la collecte de données auprès des personnes et peut s’effectuer à l’aide de plusieurs méthodes et instruments. Ces méthodes et instruments se distinguent de ceux que l’on utilise en sciences naturelles et nous permettent d’étudier la complexité inhérente aux êtres humains et à leur comportement. Le choix d’une méthode ou d’un instrument de collecte dépend de divers facteurs, dont le domaine disciplinaire, le contexte du phénomène social d’intérêt et la question de recherche.
La recherche scientifique se distingue aussi d’autres utilisations du terme «recherche», qui désignent souvent des activités connexes. Pensons, par exemple, à la recherche d’informations dans un livre ou sur le Web. Ces activités visent aussi à combler certaines lacunes sur le plan de nos connaissances personnelles, mais ne constituent pas de la recherche scientifique, qui concerne l’acquisition de nouvelles connaissances collectives et sociétales.
Ainsi, la recherche scientifique, et plus particulièrement la recherche sociale, se différencie d’autres formes de savoirs, par exemple la philosophie, dont le but est plutôt d’expliquer le monde selon des préceptes et des règles. La recherche scientifique permet de faire avancer le savoir de différentes façons, selon l’approche méthodologique choisie. La recherche sociale peut établir une relation causale entre deux variables, c’est-à-dire qu’une variable est la cause d’un phénomène ou d’un résultat observable. Par exemple, on pourrait s’intéresser au lien causal qui existe entre la participation régulière à un club de devoirs et les résultats scolaires des élèves. Ce type d’étude viserait à établir qu’une telle participation peut être directement attribuable à une amélioration des résultats des élèves, toutes autres variables confondues. La recherche sociale peut aussi établir une corrélation entre deux ou plusieurs variables, c’est-à-dire l’existence d’une relation régulière et significative entre les variables, relativement à un phénomène précis. On pourrait, par exemple, mesurer la corrélation qui existe entre le statut socioéconomique familial et les résultats scolaires. Sans pouvoir affirmer que les résultats scolaires sont attribuables au statut socioéconomique familial, il serait tout de même possible d’établir un lien statistique entre ces deux éléments. Finalement, la recherche sociale permet de décrire les phénomènes sociaux ainsi que leur contexte, effets et composantes1. Par exemple, on s’intéresserait ici aux résultats scolaires des élèves dans une région donnée ou dans une école particulière, sans nécessairement tenter d’établir un lien entre les résultats scolaires et d’autres éléments. Il suffirait ici de présenter une description ou un aperçu des résultats selon certaines catégories.
Peu importe leur objectif précis, toutes les études doivent contribuer à l’avancement des connaissances. Pour ce faire, elles doivent s’inscrire parmi d’autres études successives ou complémentaires qui portent sur le phénomène social d’intérêt. Ce n’est qu’en examinant l’ensemble des résultats de plusieurs études portant sur un phénomène que nos connaissances peuvent avancer. La diffusion des résultats de recherche est donc une étape cruciale de la démarche, sur laquelle nous reviendrons à plusieurs reprises tout au long de cet ouvrage.

2/ Les fondements épistémologiques de la recherche sociale

La recherche, telle que nous l’entendons dans cet ouvrage, reflète les pratiques scientifiques dans l’ensemble des disciplines et des domaines des sciences sociales et humaines. Que l’on s’intéresse à l’éducation, l’administration publique, la sociologie, la psychologie, l’anthropologie ou d’autres disciplines, la démarche de recherche est semblable. Cependant, chacun des domaines des sciences sociales a évolué à sa manière; ainsi, certains domaines partagent des fondements et postulats de base quant à la nature de la connaissance et au rôle des chercheurs et chercheuses, tandis que d’autres ont des fondements épistémologiques différents. Il n’est pas rare, dans certaines disciplines, que l’on retrouve plus d’une perspective théorique.
Le chapitre 2 fournit une description détaillée des fondements de la connaissance en recherche sociale, en distinguant deux postulats sur lesquels repose le choix d’une démarche de recherche et de la méthodologie qui sera choisie pour réaliser la collecte de données. Brièvement, le positivisme s’inscrit dans les principes de la recherche en sciences naturelles, selon lesquels il est possible d’appréhender la réalité grâce à nos sens. Ce courant épistémologique privilégie les méthodes quantitatives, c’est-à-dire chiffrées, et vise surtout à généraliser les résultats de la recherche à l’ensemble d’une population, en établissant des relations causales ou des corrélations entre les variables d’intérêt. Pour ce faire, la démarche adoptée est hypothético-déductive, ce qui signifie qu’elle est fondée sur une question de recherche et des hypothèses, qui sont exprimées à l’aide d’un modèle. Ce modèle oriente ensuite la collecte et l’analyse de données, qui permettent de valider ou de réfuter les hypothèses de départ.
Les principes interprétativistes privilégient plutôt la cocréation des connaissances grâce aux échanges entre le personnel de recherche et les personnes touchées par le phénomène d’intérêt. Ainsi, les méthodes qualitatives servent à documenter et à comprendre l’expérience vécue par les personnes qui participent à la recherche. L’objectif de la recherche interprétativiste n’est pas de généraliser les résultats à une population, mais bien de comprendre un phénomène en profondeur et de transférer cette compréhension à des cas semblables. La démarche de recherche est plutôt inductive et est fondée sur une observation qui informe ensuite le développement d’un modèle qui pourra être validé plus tard.
Cette diversité épistémologique et méthodologique a l’avantage de permettre l’investigation d’un phénomène à partir de points de vue différents, et ainsi, de produire des connaissances complémentaires. Le phénomène du décrochage scolaire est un bon exemple de la diversité des points de vue qui peuvent contribuer à notre compréhension des facteurs, des causes et des expériences personnelles du décrochage. Ce phénomène a été étudié, entre autres, par l’entremise d’une analyse des politiques publiques et des regroupements régionaux qui se penchent sur cette question2. Cette étude met à profit un cadre théorique fondé sur l’approche cognitive et normative d’analyse des politiques et se sert d’analyse documentaire et d’observation participante pour recueillir les données. Le décrochage a aussi été exploré dans une perspective plus évaluative, qui portait plutôt sur l’efficacité d’un programme d’intervention qui vise à prévenir le décrochage dès le primaire3. Cette étude, fondée sur un devis expérimental, cherchait à recueillir des données au sujet des effets du programme chez les élèves qui y ont participé, grâce à plusieurs échelles psychométriques. Finalement, l’expérience vécue par les jeunes a été explorée en leur donnant directement la parole par l’entremise d’une étude de cas multiples à caractère biographique fondée sur des entrevues semi-dirigées4.
Pendant plusieurs décennies, ces points de vue étaient considérés comme incompatibles et la validité des études réalisées par un camp n’était pas reconnue par l’autre. Depuis ce temps, les attitudes ont évolué et aujourd’hui, on retrouve de plus en plus de méthodes mixtes, qui permettent de jumeler certains principes positivistes et interprétativistes afin de profiter de l’apport de chacune des épistémologies. Les chapitres de cet ouvrage aborderont donc ces principes de différentes manières, selon l’historique et les postulats de base des méthodes qui sont présentées au cours des pages qui suivent. La pluralité des points de vue et des méthodes utilisées est maintenant acceptée et reconnue comme élément constitutif d’appui à la connaissance et à la compréhension des phénomènes sociaux.

3/ La démarche de recherche sociale selon le modèle hypothético-déductif

La recherche sociale est fondée sur l’observation ou l’expérimentation, qui sont les moyens principaux par lesquels les phénomènes sont étudiés. Comme il existe plusieurs formes d’observation et d’expérimentation, les scientifiques respectent une démarche fondamentale, celle de la méthode scientifique. Bien que certains détails puissent varier en cours d’application, la méthode scientifique suit habituellement les étapes suivantes: 1) la détermination du problème ou de la question de recherche à partir des écrits ou d’observations, accompagnée d’une ou de plusieurs hypothèses et d’un cadre théorique; 2) l’élaboration d’une approche méthodologique et des instruments de collecte de données; 3) la collecte de données sur le terrain; 4) l’analyse et l’interprétation des résultats qui permettent ensuite un retour sur la question de recherche en validant ou en infirmant les hypothèses de départ.
La recherche sociale, selon le modèle hypothético-déductif, comporte généralement les mêmes étapes que la méthode scientifique. Ces étapes sont énumérées dans la section qui suit (tableau 1.1) et seront expliquées dans les chapitres suivants. Cet aperçu général des étapes du modèle hypothético-déductif respecte la séquence chronologique de la recherche qui se reflétera dans la structure générale du présent ouvrage. En corollaire, les étapes de la démarche inductive seront aussi présentées afin de faire ressortir les différences entre les deux modèles et de permettre de s’orienter dans un processus de recherche plus interprétatif.
Le tableau 1.1 résume ces étapes, ainsi que leurs composantes principales, selon le modèle hypothético-déductif. On y distingue les quatre étapes principales de la recherche ainsi que leurs composantes. Il s’inspire de la démarche présentée dans les éditions précédentes du volume, mais vise à la clarifier davantage à l’aide de termes plus actuels.
TABLEAU 1.1 / Les étapes principales de la recherche sociale
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3.1/ La problématisation

La première étape d’une étude, soit la problématisation, commence par l’exploration d’un sujet de recherche et de ses facettes. Le choix d’un sujet est influencé par un certain nombre de facteurs, tels que le domaine ou la discipline d’intérêt (par exemple, l’anthropologie n’aborderait pas le problème du décrochage scolaire de la même manière que l’éducation), les antécédents personnels et professionnels de la personne qui mène la recherche, l’environnement ou le contexte dans lequel la recherche aura lieu et l’avancement des travaux de recherche sur ce problème. La formulation de la problématique, qui est abordée au chapitre 3, cherche à cerner les connaissances manquantes ou incomplètes pour une meilleure compréhension du phénomène d’intérêt. La problématique s’appuie sur une recension des écrits, au cours de laquelle les études qui ont déjà été publiées sur le phénomène sont explorées et synthétisées afin d’y situer la question de recherche. Le chapitre 4 se penche sur cette étape de la recherche documentaire, qui doit être systématique et intentionnelle. La question de recherche, qui est présentée au terme de la problématique, est un élément essentiel de la démarche, pui...

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