Histoire populaire du Québec, tome 5
eBook - ePub

Histoire populaire du Québec, tome 5

1960 à 1970

  1. 460 pages
  2. English
  3. ePUB (mobile friendly)
  4. Available on iOS & Android
eBook - ePub

Histoire populaire du Québec, tome 5

1960 à 1970

About this book

La chanson, la poésie et la montée du syndicalisme ont pavé la voie à la Révolutiontranquille. La mort du premier ministre Maurice Duplessis, contrairement à une certaine croyance populaire, n'y change pas grand-chose. Un million de jeunes n'avaient pas attendu la réforme scolaire pour se faire instruire. Des parents, eux-mêmes avides d'instruction, y avaient veillé avec l'aide des communautés religieuses. En 1960, de toute façon, le moment de la revanche des cerveaux était arrivé.L'élection des libéraux dirigés par Jean Lesage, en juin 1960, donne officiellement le signal de départ, mais on ne saura jamais s'ils furent portés par une vague ou s'ils l'ont créée.Le nouveau premier ministre a du panache, mais c'est un traditionaliste. Il a fort à faire pour contrôler ses plus fringants ministres. Quels sont ses rapports avec ses vedettes et tout particulièrement avec René Lévesque? Celui-ci a connu son chemin de Damas avec la grève des réalisateurs de Radio-Canada en 1958-1959, tissant alors des liens solides avec le monde syndical et celui des artistes.Lesage avait des réticences face à la nationalisation de l'électricité, à la création d'un ministère de l'Éducation, à l'établissement d'une caisse de dépôt et placement. Dans chaque cas, que s'est-il passé exactement? Il est par contre à son meilleur au moment des négociations fédérales-provinciales qui se succéderont à un rythme effréné.Juin 1966. À la surprise générale, mais à la grande joie de plusieurs, l'Union nationaledéjoue les libéraux et reprend le pouvoir. Est-ce le signe d'un essoufflement? La tenue de l'Exposition universelle de 1967 et la visite du général de Gaulle provoquent plutôt une accélération. La montée du mouvement indépendantiste débouche sur la formation du Parti québécois, tandis que les institutions se laïcisent et que le féminisme s'affirme avec vigueur.Les échanges avec la France s'intensifient et influencent grandement le parcours politique, économique, scientifique et culturel des Québécois qui se coupent par ailleurs du Canada français.Pour plusieurs, la Révolution tranquille, c'était hier. Toujours attentif aux événements, Jacques Lacoursière relève un défi jugé bien difficile. Qu'on soit d'accord ou pas avec lui, on ne s'ennuie pas. Avec son style habituel, sa narration vivante, son sens de l'anecdote, son souci du détail, son respect des acteurs, il permettra aux moins jeunes un moment de nostalgie et aux plus jeunes la découverte de cette fameuse Révolution tranquille qui touche un sommet dans la décennie 1960-1970.

Frequently asked questions

Yes, you can cancel anytime from the Subscription tab in your account settings on the Perlego website. Your subscription will stay active until the end of your current billing period. Learn how to cancel your subscription.
No, books cannot be downloaded as external files, such as PDFs, for use outside of Perlego. However, you can download books within the Perlego app for offline reading on mobile or tablet. Learn more here.
Perlego offers two plans: Essential and Complete
  • Essential is ideal for learners and professionals who enjoy exploring a wide range of subjects. Access the Essential Library with 800,000+ trusted titles and best-sellers across business, personal growth, and the humanities. Includes unlimited reading time and Standard Read Aloud voice.
  • Complete: Perfect for advanced learners and researchers needing full, unrestricted access. Unlock 1.4M+ books across hundreds of subjects, including academic and specialized titles. The Complete Plan also includes advanced features like Premium Read Aloud and Research Assistant.
Both plans are available with monthly, semester, or annual billing cycles.
We are an online textbook subscription service, where you can get access to an entire online library for less than the price of a single book per month. With over 1 million books across 1000+ topics, we’ve got you covered! Learn more here.
Look out for the read-aloud symbol on your next book to see if you can listen to it. The read-aloud tool reads text aloud for you, highlighting the text as it is being read. You can pause it, speed it up and slow it down. Learn more here.
Yes! You can use the Perlego app on both iOS or Android devices to read anytime, anywhere — even offline. Perfect for commutes or when you’re on the go.
Please note we cannot support devices running on iOS 13 and Android 7 or earlier. Learn more about using the app.
Yes, you can access Histoire populaire du Québec, tome 5 by Jacques Lacoursière in PDF and/or ePUB format, as well as other popular books in Architecture & History of Architecture. We have over one million books available in our catalogue for you to explore.

Chapitre 1

L’état saffirme

CHAPITRE 01.tif

Les cent jours de Paul Sauvé

Le 10 septembre 1959, ont lieu à Trois-Rivières les funérailles de Maurice Duplessis qui était premier ministre de la province de Québec depuis 1944. Sa succession ne semble pas poser trop de problème. Paul Sauvé apparaît à plusieurs comme le « continuateur » de l’œuvre de celui que l’on avait surnommé « le Cheuf » ! Le lendemain du décès, il avait déclaré : « Il faut continuer son œuvre. » Le jour même des funérailles, Antonio Barrette, le ministre du Travail, avait suggéré à Sauvé de tenir un caucus pour choisir un nouveau chef. Sauvé avait d’abord refusé, affirmant qu’il y aurait des gens « qui ne manqueront pas de dire que je suis un ambitieux, que j’attendais sa succession ». Mais le choix se fait quand même ce jour-là et, le 11, Paul Sauvé devient le 21e premier ministre de la province de Québec. À un journaliste qui lui demande s’il allait continuer l’œuvre de son prédécesseur, il répond, selon le quotidien La Presse du 12 septembre : « Aucun premier ministre ne peut changer le but à atteindre : les droits de la Province. Mais les moyens pour y arriver peuvent changer. » Dans ses Propos et confidences, Paul Gérin-Lajoie commentera ainsi : « Le Parti avait changé de chef, mais il n’avait pas changé de machine. »
On a accolé au nom de Sauvé l’adverbe « désormais ». Dans sa thèse de maîtrise en sciences politiques, Denise Bombardier écrit : « Il faut noter cependant que Paul Sauvé, contrairement à ce que l’on croit, n’a jamais commencé un discours avec l’expression “désormais”. Il n’a jamais insisté sur ce terme de manière à en faire sa marque de commerce. Ce sont les journalistes qui ont collé l’étiquette. » Qu’importe ! On sent qu’un vent de changements commence à souffler sur le Québec. Dans Le Devoir, le journaliste Pierre Laporte écrit : « L’atmosphère est complètement changée à Québec. »
Dès le 13 septembre, Roger Mathieu, le président de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada, offre la collaboration de sa formation syndicale au nouveau premier ministre. « Faute d’une législation ouvrière convenable et grâce à l’action de la police et des représailles que les patrons peuvent employer impunément, le droit d’association syndicale est couramment violé et constamment battu en brèche dans le Québec. […] Maintenant qu’un nouveau premier ministre a succédé à celui qui est parti si vite, j’exprime le vœu de n’avoir à l’avenir qu’à vous féliciter de la collaboration qui s’établira entre le nouveau gouvernement et la CTCC. »
Sous Duplessis, les fonctionnaires ne possédaient presque aucun droit. Ils pouvaient être remerciés selon la volonté du « Cheuf ». Sauvé décide d’améliorer leur sort. À la fin du mois de septembre, il signe un décret qui leur accorde une augmentation de salaire de l’ordre de sept millions de dollars. « Dorénavant, déclare-t-il, ils seront payés suivant leur valeur et leur compétence. »
Le 5 novembre suivant, Sauvé promet d’améliorer les lois ouvrières. Sept jours plus tard, la Fédération des travailleurs du Québec demande, dans le mémoire qu’elle présente au gouvernement, que les fonctionnaires provinciaux aient le droit de se syndiquer et de pouvoir faire la grève, si besoin est. Cette demande n’aura pas de suite immédiate. Le 20 novembre, Antonio Barrette, le ministre du Travail, présente un projet de loi concernant les relations ouvrières. La Commission des relations ouvrières voit sa composition modifiée : à l’avenir, les ouvriers et les patrons auront droit à trois représentants chacun. De plus, un employé renvoyé pour activités syndicales pourra retrouver ses fonctions avec une pleine indemnité. Une amende est prévue pour les employeurs qui refusent de négocier avec une association ouvrière reconnue pour représenter les employés. Comme le fait remarquer l’historien Jacques Rouillard : « Les centrales approuvent les principes de ces amendements, mais plaident pour une refonte complète de la loi selon les recommandations du Conseil supérieur du travail. » La nouvelle loi entrera en vigueur le 18 décembre suivant.
La session s’était ouverte le 19 novembre. Une vingtaine de projets de lois seront présentés, dont un qui autorisait « le lieutenant-gouverneur en conseil à conclure avec le gouvernement du Canada et celui de toute autre province canadienne ainsi qu’avec la cité de Montréal, toute personne ou corps public ou privé intéressé une entente pour favoriser la tenue de l’Exposition universelle à Montréal et pour permettre au gouvernement de la province d’y prendre part ». À cette époque, le maire de Montréal était Sarto Fournier.

Les subventions aux universités

Sauvé veut régler la question des subventions aux universités. La Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, des lettres et des sciences, créée en 1949 et coprésidée par Vincent Massey et le dominicain Georges-Henri Lévesque, avait recommandé au gouvernement fédéral de financer les universités, vu que la Commission considérait que l’instruction donnée à ce niveau était du domaine de la culture et qu’en conséquence elle relevait des gouvernements fédéral et provinciaux. Le gouvernement de Duplessis avait refusé aux universités québécoises le droit d’accepter l’argent d’Ottawa. Le 25 octobre 1951, Louis-S. Saint-Laurent, premier ministre libéral du Canada, avait écrit à Duplessis : « Le mode de calcul des subventions que le gouvernement a proposé au Parlement et que le Parlement a approuvé permet de distribuer dans chaque province une somme égale au chiffre estimatif officiel de la population, multiplié par cinquante cents. Il prévoit en outre que cette somme sera répartie, dans la province, entre les institutions d’enseignement supérieur reconnues par les autorités provinciales, au prorata du nombre d’étudiants inscrits dans ces institutions aux cours universitaires. […] Toute décision des autorités provinciales modifiant la situation qui existe de fait et qui relève de leur compétence exclusive, par exemple la reconnaissance de nouvelles institutions ou la décision prise au moyen d’une loi provinciale de ne plus reconnaître une institution existante, devra être pleinement respectée dans la répartition future des subventions fédérales. »
Duplessis répond à Saint-Laurent, le 17 novembre suivant. C’est une fin de non-recevoir ! « Nous ne mettons pas en doute la bonne foi du gouvernement fédéral et en particulier le désir que vous exprimez de respecter l’autonomie de la province en matières éducationnelles, lui écrit-il, mais nous sommes intimement convaincus que ce projet constitue une dangereuse usurpation de pouvoirs, par le fédéral, dans un domaine fondamental, exclusivement réservé aux provinces. À notre avis, les problèmes financiers universitaires ne peuvent se régler par des empiétements même dorés. […] En toute franchise et amicalement, il nous semble incontestable qu’un empiétement dans le domaine de l’enseignement universitaire, et qui se prolonge dans le champ de l’enseignement secondaire, est un acheminement certain vers une intrusion fatale dans le domaine de l’enseignement élémentaire. »
Alors que le gouvernement fédéral met en fiducie les montants qui auraient dû être versés aux universités québécoises, celui du Québec se doit d’augmenter les subventions pour compenser le manque à gagner. À la mort de Duplessis, le montant ainsi réservé était de l’ordre de sept millions de dollars. Le 15 octobre 1959, Sauvé, qui participe à la conférence fédérale-provinciale sur la fiscalité, déclare vouloir régler le plus rapidement possible cette question des subventions. Alors que, sous Duplessis, des dirigeants d’universités reprochaient au gouvernement son attitude un peu arbitraire dans l’octroi des subventions, Sauvé annonce, le 26 octobre, qu’à l’avenir « les demandes des universités seront examinées de façon objective par le Conseil des ministres ». (La Presse, même jour).
Le 20 novembre 1959, soit le lendemain de l’ouverture de la quatrième session de la 25e Législature, le premier ministre Sauvé dépose un projet de loi concernant les universités. Les deux attendus du projet en précisent les objectifs : « Attendu que les investissements immobiliers faits pour la construction, l’expansion et l’aménagement des universités servent à la diffusion de leur enseignement pendant de nombreuses années et qu’il est juste d’en répartir le coût sur un laps de temps raisonnable au moyen d’emprunts à longs termes ; attendu que le gouvernement désire collaborer avec les universités pour leur faciliter de tels emprunts à des conditions avantageuses… » À cet effet, le lieutenant-gouverneur en conseil est autorisé « à garantir le remboursement de tout emprunt obligatoire que les universités peuvent contracter pour les fins de construction, d’expansion et d’aménagement de leurs immeubles ; à garantir le paiement de l’intérêt sur un tel emprunt ; à prendre à son compte, en totalité ou en partie, toute échéance de principal ou d’intérêt sur un tel emprunt, ainsi garanti ou non ; à faire avec toute université les ententes et conventions qu’il jugera convenables pour ces fins ».
Le 9 décembre, John Diefenbaker, premier ministre progressiste-conservateur du Canada depuis 1957, fait part à Sauvé du projet de son gouvernement de remplacer, si tel est le souhait d’une province, les subventions directes aux universités par une augmentation d’un pour cent, soit de 9 à 10 pour cent du montant de l’impôt fédéral sur les revenus des sociétés qui est versé aux provinces. « Si 1 pour cent du produit de l’impôt sur le revenu des sociétés dans la province, ajoute-t-il, n’atteint pas le montant que représente la subvention de $ 1,50 par tête, le gouvernement fédéral paiera au gouvernement de la province, au profit des universités, le montant de cet écart. » Si une entente intervient, elle sera valide jusqu’au 31 mars 1962. À la Chambre des communes, le lendemain, Diefenbaker ne parle pas des 26 millions de dollars déposés à la Conférence nationale des universités canadiennes au nom des universités québécoises, ni des 14 millions que le Conseil des arts du Canada a entre les mains et qui sont destinés à venir en aide aux mêmes universités pour des projets de construction.
Au Québec, les groupements nationalistes dénoncent à nouveau l’intrusion du pouvoir central dans un champ de compétence provinciale, celui de l’éducation. François-Albert Angers, le président de la Ligue d’action nationale, considère la proposition de Diefenbaker comme inacceptable. Il faut, selon lui, la déductibilité sans condition, « sans créer de précédent sur le droit du fédéral de dicter une politique aux provinces en matière d’enseignement ». Jean-Marie Nadeau, le président de la Commission politique du Parti libéral provincial, est du même avis. Il déclare, le 12 décembre : « En somme, le gouvernement permet aux provinces de percevoir plus d’impôts, mais il leur dit, en même temps, à quelles fins ils devront être affectés. Autant dire que c’est le gouvernement fédéral qui décidera quelles subventions recevront les universités, par le truchement des provinces. Il n’y a qu’une façon de régler le problème. C’est que le fédéral abandonne complètement le domaine des subventions à l’enseignement. Il faudra ensuite une conférence interprovinciale pour établir, entre provinces, une politique nationale à ce sujet » (La Presse, 12 décembre).
Deux jours plus tard, Sauvé fait part à son homologue fédéral que son gouvernement aurait l’intention...

Table of contents

  1. Préface
  2. Introduction, La culture, point de départ ?
  3. Chapitre 1, L’état s’affirme
  4. Chapitre 2, Des changements à la douzaine
  5. Chapitre 3, La montée de l’impatience
  6. Chapitre 4, Un gouvernement fédéral minoritaire
  7. Chapitre 5, L’autre révolution tranquille : les Autochtones et le Québec
  8. Chapitre 6, La Révolution tranquille et l’immigration
  9. Chapitre 7, Un Québec en devenir
  10. Chapitre 8, Le « problème Lévesque » et… la solution Lévesque
  11. Chapitre 9, Les positions se précisent : Québec-Ottawa
  12. Chapitre 10, Institutions d’enseignement et question linguistique : deux mondes en ébullition
  13. Chapitre 11, Le monde du travail en ébullition
  14. Chapitre 12, Le Québec se laïcise
  15. Chapitre 13, L’escalade de la violence
  16. Chapitre 14, Le Québec en pièces détachées. Fusions et confusions
  17. Conclusion : une histoire à suivre
  18. Un retour aux sources