(12) abécédaires
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(12) abécédaires

Herménégilde Chiasson

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  1. 312 pages
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(12) abécédaires

Herménégilde Chiasson

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Dans «(12) abécédaires», Herménégilde Chiasson développe une pensée riche et originale, une lettre à la fois. Sur un mode fragmenté, il revisite des thèmes comme l'Acadie, la langue, la culture, l'identité, l'art, la psychanalyse, la spiritualité, le rapport à l'autre et au territoire – et bien d'autres encore. Au fil de ses exporations, Chiasson pose autant de questions qu'il apporte de réponses: il est un défricheur qui ne recule devant aucun territoire et il se tient à distance des vérités toutes faites. S'il aspire à l'universalité, le penseur se fait aussi polémiste et provoque le débat sur des sujets qui dérangent, comme l'acculturation ou le repli identitaire.Les douze abécédaires qui composent ce livre ont été lus en public au fil de diverses rencontres; ils sont ici rassemblés et publiés pour la première fois.

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Information

Year
2017
ISBN
9782894239957

Abécédaire « Atlantic Canada Facing the Future »

International Council for Canadian Studies, Halifax, 22 août 2006
A comme Atlantique
La première lettre devrait en fait être A comme Alphabet, puisque c’est ce mode que j’ai choisi pour vous donner une vue forcément parcellaire et impressionniste de cette conférence ayant pour titre : Other Headings: Atlantic Canada Facing the Future. Évidemment, ce titre fait allusion à la prospective, une science qui en art n’a pas donné de résultats très probants, puisque la culture – entendue ici au sens de « arts et culture » – est une activité destinée à nous surprendre et donc, de par sa nature, imprévisible. Pour ajouter à la complication, on m’a accordé une grande marge de manœuvre quant au sujet et au style à adopter pour ce propos. J’ai opté pour une œuvre orientée davantage vers l’intuition que vers l’autorité ordinairement associée à la science. Une position plus proche de l’expérience que de l’étude.
Chaque fois qu’on me donne carte blanche, je me retrouve devant un dilemme, face à une myriade de possibilités, et je n’arrive jamais à me contenir, à me positionner clairement. Ma pensée se met alors à fuir et à déborder de tous bords tous côtés. Pour pallier une telle situation, qui risque de donner lieu à une cacophonie, je propose un système à la fois amusant et stimulant, soit celui de l’alphabet. J’ai toujours été fasciné par le classement des mots, mais aussi par la particularité moléculaire des lettres, qui permettent de créer des mots et de mettre en œuvre une entreprise de communication avec laquelle les écrivains sont familiers puisque l’alphabet constitue la matière première de l’écriture. C’est donc à titre d’écrivain que je m’adresse à vous aujourd’hui et non à titre de lieutenant-gouverneur ou quelque autre fonction qu’il m’a été donné d’occuper, qui cependant ne peuvent faire autrement que de colorer et de modifier mon propos.
Donc A comme Atlantique, puisque c’est le thème de la conférence, mais cela aurait tout aussi bien pu être Acadie ou Avenir ou Art, des sujets qui reviendront au cours des prochaines minutes. Il est très difficile, de mon point de vue du moins, de saisir les orientations globales en art et en culture dans les provinces atlantiques, pour la simple raison que la loi des deux solitudes qui s’applique à l’ensemble du Canada est tout aussi présente ici. Je pourrais donc vous parler de la culture québécoise beaucoup mieux que de celle de la Nouvelle-Écosse et même de ma propre province, le Nouveau-Brunswick. Bien sûr, il y a la barrière de la langue mais aussi celle de la provenance, de l’histoire ou de la région que nous habitons. Entre St. John’s et Moncton, par exemple, il y a peu de liens, et entre l’Acadie et Terre-Neuve, même si le paysage, la réalité économique ou le mode de vie semblent offrir de grandes similitudes, il y a peu d’échanges et donc peu de moyens de comparaison ou de reconnaissance de ces similitudes. Je crois, en ce sens, qu’au lieu de se jumeler à des villes en France ou en Louisiane, il serait avantageux, dans l’avenir, de faire des opérations similaires entre les villes de notre région.
L’avenir est source d’angoisse en Acadie et je me demande si les provinces de l’Atlantique n’ont pas emboîté le pas dans cette crainte. Nous faisons souvent référence au passé, à notre volonté de donner suite au présent, que nous concevons comme une sorte de résignation. L’avenir demeure quelque chose de flou qui nécessiterait un investissement massif de volonté et d’optimisme, éléments difficiles à trouver sur le marché et dont la déficience nous donne une sorte de flegme, un stoïcisme, une manière de zen inconscient nous permettant de faire face à la vie avec le courage des mineurs qui retournent sous terre après un éboulement ou des pêcheurs qui reprennent la mer après une tempête dévastatrice. Évidemment, il y a une grandeur d’âme dans cette conquête vitale toujours à recommencer, qui nous donne cette joie de vivre que sous-tend une mélancolie qui n’est jamais loin. Nous savons tous que les grands comiques sont souvent des gens marqués par de grandes tragédies. Rire pour ne pas pleurer.
Alors oui, l’avenir. L’avenir qui se manifeste dans l’Attente, un autre mot en A, qu’on trouve dans nombre de productions artistiques contemporaines, dont En attendant Godot est peut-être l’archétype. L’avenir nous fait-il défaut? En ce sens que nous hésitons à en parler autrement qu’en termes scientifiques : si la tendance se maintient, pour reprendre un slogan cher aux soirées électorales. On peut alimenter un ordinateur avec les données d’un sondage et prévoir des résultats plus ou moins probants à plus ou moins long terme, mais l’incertitude domine toujours, car le facteur humain demeure inconstant et manifeste une volonté persistante d’échapper à la robotisation dans un combat où l’imprévisible, aussi angoissant qu’il puisse être, fait figure de salut. En fait, ce dont il faudrait tenir compte appartient sans doute au monde des idées, à son évolution et à son incidence sur le mode de vie. Ainsi, la fuite vers l’Ouest constitue de nos jours une autre source d’angoisse, car les provinces de l’Atlantique se dépeuplent à vue d’œil; même si ce mouvement paraît faire partie de notre destin, il semble avoir donné lieu plus près de nous à une perception plus alarmiste et, pour certains, à un exil irréparable. Ce qui demeure sans doute le plus déplorable tient peut-être à l’impossibilité de se donner un défi, de se créer, de créer collectivement un défi qui nous motiverait à orienter notre avenir au lieu de vivre au gré du vent et des marées.
B as in Bilingual
Acadians are probably the only truly bilingual group in this country – for you would have to go far and wide to find an Acadian who does not speak English. Acadians did not have to sign up to be in an immersion class. Acadians were in the immersion process from the minute we entered school. Of course, if you were completely French, you would have to wait until grade three before you started spelling and reading in English. In the village where I was born – Saint-Simon, on the Acadian Peninsula – everyone spoke only French. English was a total abstraction for most of us. Remember that these were the days before television, so even though we listened to English radio from Charlottetown, we were much closer to CHNC, broadcasting in French from New Carlisle in the Gaspé area. French prevailed everywhere, although in my family the idea was that if you were to get anywhere in life, you had to speak English, which was seen as the language of success and opportunity.
What did such an attitude do to our mindset? For some, English is an effective language while French remains an affective one – marking the passage from “e” to “a”. I am sure that there is a nice semiotic paper waiting to be written on the passage from the scream of “e” to the more relaxed “aaaahhh-men” of deliverance.
Even though this topic is interesting, it is not where I want to go with the subject of the coexistence of French and English cultures. I want to talk about the presence, mainly in the Moncton area, of a dialect – some say a language – known as chiac and which brings to mind the coexistence of our two official languages. In Moncton, people don’t remember when or how they learned English. It is just one of those situations, you are surrounded by English, you just happen to walk into it and there you are, bilingual. Chiac is a unique phenomenon and I sometimes see it as the last bastion of resistance between French and English. Its rules are complex and it is mainly recognizable by the fact that it alters the French language to make it more compatible with English without completely giving in. Take the expression: “Lui, il m’a weirded out.” The sentence starts as regular French but then moves to a verb, “weirded” – which doesn’t exist even in English – made of an adjective transformed into a verb and then conjugated in French and, since we’re in an intermediate mode, the finale might as well be in English. So “weirded out.” But chiac is even more complex than that and it is evolving all the time. It reminds me of a makeshift communications strategy, acting as camouflage for those who are castigated as “les assimilés” – the assimilated ones.
For a long time, chiac was a ghetto phenomenon, but nowadays it is seen as a true Acadian identity; as novelist France Daigle once said, it has now become “legal.” Daigle herself has gained a new notoriety by shifting from her first formal books to novels where chiac is becoming increasingly present. Yet, chiac is still a local phenomenon and if you write to friends in Madagascar and let them know that you’ve been “weirdé out,” they might have a hard time understanding what you are telling them.
Is language a strategy of identity or a tool of communication? The monks, and later on the church people, acquired a great deal of power by being able to converse and write in Latin, which by then was a dead language.
So is French destined to be a dead language, in the sense that to be understood we have to write it in a totally different way than the one we use to speak?
This is causing a great deal of stress and creating a malaise for chiac, which, while it had been subdued for a long time, is now coming out with a vengeance. Kids in the schoolyard are learning to conform and those who don’t are probably treated as nerds, who cater to the idea of standard language as an expectation of their future power.
C comme Conversations
L’oralité a toujours été centrale à l’imaginaire des habitants des provinces de l’Atlantique. L’artiste Mary Pratt parle en fait de la propension que nous avons à raconter, ce qui expliquerait qu’à la campagne, il faut parfois attendre la fin d’une conversation entre deux automobilistes qui se sont reconnus et qui ont décidé d’arrêter pour « veiller » au beau milieu de la route.
En 1995, à titre de premier conservateur de l’Exposition d’art atlantique Marion McCain, j’ai parcouru les quatre provinces de la région à la recherche d’œuvres pour cette importante manifestation culturelle. J’ai alors été frappé par le sens pratique des artistes de Terre-Neuve, que je mettrais en perspective avec le sens de l’expérimentation si présent dans les œuvres des artistes acadiens ou encore du réalisme que l’on trouve chez des artistes alliant tradition et modernité pour créer des amalgames répondant à ce que je définirais comme les deux grandes tendances de l’art de l’Atlantique. La première correspondrait à une propension à créer des anecdotes, des histoires où la poésie prend le pas sur la raison qu’exige souvent l’appréciation des œuvres contemporaines. Quant à la seconde dimension, celle de l’énigme, elle me semble plus proche d’un discours de haute voltige et d’une volonté de s’inscrire dans l’histoire de l’art, avec la connaissance et l’inquiétude intellectuelles latentes qu’une telle attitude fait souvent surgir.
Ce parallèle peut également s’appliquer à d’autres formes d’art. Je trouve souvent étrange le fait que l’Acadie semble avoir emboîté le pas à la seconde dimension et produit des œuvres qui rompent radicalement avec la tradition si fragile, celle qui nous a donné les tapis hookés et les animaux en plywood découpé. Le simple fait de le mentionner porte à rire, mais c’est ce rire que nous devrions endosser pour donner libre cours à une culture authentique.
Dans un autre ordre d’idées et en changeant de médium, je pense au Cape Breton Symphony, qui réunissait un ensemble de violoneux jouant ensemble, souvent à l’unisson, des pièces de folklore et qui produisait un son unique et inoubliable. Bien sûr, nous sommes loin de l’orchestre symphonique avec sa panoplie d’instruments, mais il y avait là quelque chose d’authentique et d’original sur lequel nous pourrions construire une singularité. Après tout, les cultures ne se sont-elles pas constituées en magnifiant et en endossant leurs particularités populaires? Je pense par exemple à des œuvres majeures comme celles d’Alistair MacLeod et Alex Colville, elles aussi fondées sur une relation populaire au sens où elles sont immédiatement accessibles de par leur sujet et leur style, tout en demeurant extrêmement complexes par le travail, la recherche et leur envergure humanitaire. À la lueur de ces exemples, il me semble nécessaire de rallier les deux dimensions, de la tradition et de la modernité, si nous souhaitons établir un dialogue, une conversation entre passé et avenir, ce qui constitue l’une de nos forces majeures. Pour que cette stratégie fonctionne, il est important de ne pas sombrer dans l’une ou l’autre de ces dimensions mais de les garder en équilibre. L’idée consiste toujours à maintenir l’ambiguïté, cette contradiction que nous assumons dans une grande sérénité et avec un sens de la conversation, et qui fait de nous des porte-parole où l’humour et la gouaille – une particularité présente dans des œuvres comme celles d’Antonine Maillet – ont fait de beaucoup d’entre nous des communicateurs nés, pour ainsi dire.
D as in Dream
“To sleep, perchance to dream,” Shakespeare once wrote. Dreaming is an opportunity given to all of us at various times in our lives, and we have to seize the moment and realize that dreams are a very important part of our existence. The First Nations people, in their wisdom, believed that life was a dream and that dreams were more important than any other aspect of life. From a clinical point of view, it has been demonstrated that an individual who does not dream will, sooner or later, present symptoms that reveal emotional trouble. Experiments have been conducted where a person was awakened at the moment when he or she was about to enter REM sleep, during which dreams happen. These people developed mental disorders.
For all the polls and studies that have been conducted, very few – none to my knowledge – have involved inquiring into what people are dreaming about, to see if there were any similarities or correlations, to create something close to a map of our collective unconscious. I am fascinated by this concept, which relates to a more Jungian approach to psychology. Jung believed that the unconscious contains the history of humanity, deeply coded in every human being. In that respect, we have to understand that as we have inhabited this space for only four hundred years, our knowledge of it is much more an empiric than a visceral one. That is not the same with First Nations people who have been here, in some cases, for fifteen thousand years or more. Still, our imagination shares a space common to all of us, a space to which we are linked by a sense of experience that gives us a common ground for the future. The sea is probably that link and the sea is the source of all life. It is both comforting and challenging. We probably have more songs, legends and stories about the sea than on any other topic – including the forest, which has traditionally been the other aspect of our habitat and livelihood.
When reflecting on the future, I have always believed that societies as well as individuals live on dreams and ideas translated into visions – whether it is electoral programs or, on a more personal level, the creation of new endeavours –, which lead to an inspired leadership or simply help us to plan ahead. Sometimes, when I travel to regions which people seem to be abandoning, I ask myself this question: whether they have the drive to share a new dream, to borrow one or whether they will simply discard their own and adopt another where they will conform and obey instead of creating their own unique challenge.
Some people are willing to explain away this situation, arguing that it has always been like this, that we are somehow obeying a divine order which has condemned us to wander. We are the wandering Jews of this country. But why us? Why have we not been able to establish a workable dream here and why have we been so complacent in our resignation? If societies live on dreams and ideas, then artists and intellectuals have a huge responsibility in the production of this essential basic material, for they are the ones able to articulate and communicate these messages.
Instead of fostering an intellectual or artistic position that might align us with a universal approach, we have often retired to the past for comfort but also to repeat a crystallized notion of culture and indulge in it. Looking in from the outside, we are seen as simple and plain folk for whom the world has never changed.
As one of my friends once said, “If Canadians are a quiet, unassuming people, then living in New Brunswick, because of the population, its constitution, is like living in the most Canadian of all provinces.”
But then another dilemma surfaces: Should we change people if we know they are happy as they are? And yet, what is happiness? The word itself alludes to a situation that everyone seeks yet, at the same time has never been able to recognize, except once it has past. People don’t rave about their present happiness and we don’t plan to be happy even though that is what we wish the most. No. Happiness is truly a nostalgic concept, a sort of dreamlike regression, like childhood, where everything is distorted, for better or worse.
E comme Écritures
L’écriture est une dimension importante de la nouvelle vision que s’est donnée l’Acadie contemporaine. En toute modestie, je dois dire que je fais partie de ce groupe d’écrivains qui, dans les années soixante-dix, ont commencé à générer une vision moderne qui tranchait radicalement sur celle, folklorique, que nous avions connue jusque-là. Il n’y a pas eu chez les anglophones de mouvement aussi radical car le phénomène de la rupture qui, selon moi, demeure toujours la meilleure définition de l’époque moderne, ne semble pas avoir eu là une influence aussi marquée. Mais il faut voir aussi que la volonté de faire table rase est un trait de culture qui nous relie à la tradition française, qui nous a donné, au siècle dernier, tant de -ismes et d’écoles correspondantes; de la même manière, pour parler d’un autre genre de rupture, que les Français ont coupé la tête de leur roi alors que les Anglais, avec le temps, en ont tranquillement fait une figure protocolaire.
En Acadie, à ses débuts, ce mouvement de rupture radical semble être le produit des poètes et, plus tard, de quelques dramaturges, mais il ne s’est pas traduit par une aventure romancière d’importance ou la création d’essais destinés à mettre en circulation de nouvelles idées ou à en éprouver d’anciennes. La production littéraire, d’abord à forte connotation politique, semble maintenant se déplacer vers un narcissisme qui s’affirme surtout comme une résistance au cours normal des choses, car si la poésie, en raison de son urgence, est toujours la première parole d’un renouveau, les œuvres qui suivent, comme le disait Nicole Brossard, doivent traduire une volonté de résoudre les idées d’abord évoquées dans le poème sous forme d’énoncés intuitifs. Que s’est-il donc passé et pourquoi notre littérature est-elle restée obscure, même à elle-même? Sans doute en raison de la présence et de l’affirmation d’une autre rupture, d’ordre social. D’une discontinuité entre la société acadienne et la nouvelle élite qu’elle a créée, qui ne s’entendent pas toujours sur l’orientation à donner à cette nouvelle pensée qui cherche à fusionner la tradition avec un schéma plus sophistiqué et dont la diffusion serait de plus grande envergure.
Il y a quelques semaines, j’assistais, à Fredericton, à la soirée d’ouverture de Notable Acts, un festival de nouvelles œuvres dramatiques anglophones, où j’ai pu mesurer la distance qui sépare les propos et les attitudes des deux groupes face à la dramaturgie. Chez les Acadiens, le Festival à haute voix, qui s’est lui aussi donné pour mission de faire découvrir de nouvelles œuvres, propose des pièces dont le propos est fondamentalement moderne : son travail souvent confus sur la forme vise à ramener le propos vers ce que l’on pourrait appeler les mythologies personnelles de nature plutôt complaisante. L’idée étant de choquer le bo...

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