Luxure et ivrognerie
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Luxure et ivrognerie

La vie nocturne à Québec au XIXe siècle

Les Services historiques Six-Associés

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Luxure et ivrognerie

La vie nocturne à Québec au XIXe siècle

Les Services historiques Six-Associés

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Le temps d'une promenade, retournez en 1870 pour découvrir la faune agitée qui animait les nuits de Québec. Arpentez les sites oubliés des maisons closes et des tavernes et les hauts lieux des mondanités bourgeoises. Voyagez de la haute société au petit peuple des faubourgs et abreuvez-vous de détails croustillants sur les moeurs de l'époque. Une façon ludique de découvrir Québec entre adultes consentants!Facile d'utilisation et abondamment illustré, ce guide donne au lecteur des indications précises sur leparcours à suivre. Celui-ci peut s'effectuer d'un seul coup (environ 90 à 120 minutes, incluant marche et lecture) ou par sections, selon l'agenda du visiteur!Les Services historiques Six-Associés se consacrent depuis 2000 à la communication et àl'animation historiques: www.sixassocies.com

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Information

Year
2013
ISBN
9782896647729

 

FERMETURE DES PORTES DE LA VILLE

Ce que vous venez de traverser, c’est une porte qui fait partie de tout un système de remparts de pierre. Vous savez que Québec n’est pas une cité comme les autres : c’est une ville fortifiée. Pour contrôler les allées et venues et assurer la sécurité des habitants, on doit maintenir une présence à toutes les ouvertures. En temps de paix — comme en ce moment, en 1870 —, tout le monde peut circuler librement à l’heure qui lui plaît. Mais, lorsque les militaires sentent une menace planer sur Québec, on ferme les cinq portes de la ville pour la nuit. C’est ce qui s’est passé dans les années 1865-1867 lorsque les Fénians ont franchi la frontière pour tenter d’envahir le Canada. Ce groupe d’Irlandais américains qui militait pour l’indépendance de l’Irlande avait mis la ville de Québec en état d’alerte pendant quelque temps !
Porte Saint-Louis, vers 1870.
Autrefois, la fermeture des portes à la tombée de la nuit était un problème pour les habitants des faubourgs Saint-Roch et Saint-Jean, car elle les empêchait d’avoir accès rapidement à du secours pendant la nuit. La plupart des médecins et des prêtres habitent en effet à l’intérieur des fortifications et c’est également là qu’on garde l’équipement contre les incendies.
Les habitants des faubourgs ont donc commencé dès 1799 à faire des pétitions auprès des autorités pour qu’on maintienne ouvertes les portes Saint-Jean et du Palais. Ils ont fini par obtenir ce qu’ils voulaient après quarante ans de pétitions ! En 1839, on a repoussé l’heure de la fermeture des portes à 23 h pour les voitures et à minuit pour les piétons. Dès l’année suivante, on a décidé de laisser le libre passage aux piétons. En 1870, cela fait donc déjà trente ans que les gens peuvent circuler librement à pied, à toute heure du jour ou de la nuit. La séparation entre voitures et piétons est facilitée à certaines portes de la ville par des passages réservés à chacun. Ce n’est pas le cas de la porte Saint-Louis où vous vous trouvez, mais on retrouve ces passages à la nouvelle porte Saint-Jean, terminée en 1867. Depuis quelques années, certains habitants de Québec remettent cependant en question l’utilité même des fortifications de la ville : les marchands et les commerçants aimeraient qu’on les démolisse, purement et simplement. Ils prétextent que les remparts entravent la circulation et le commerce, donc que cela nuit aux affaires.
Porte Saint-Jean, vers 1870.
Quartier Vieux-Québec — Angle des rues D’Auteuil et Saint-Jean, vers 1870.
On voit à l’avant-plan à droite le haut d’un lampadaire de rue.

ÉCLAIRAGE DES RUES DE QUÉBEC

Si les déplacements sont maintenant facilités par un accès libre aux portes, il faut cependant admettre que leurs abords, remplis de coins sombres, ont longtemps été reconnus comme des repaires de bandits et d’ivrognes. Il a donc fallu rendre la ville plus sécuritaire en instaurant un système d’éclairage : cela s’est fait progressivement. En 1802, les autorités civiles ont fait passer un règlement obligeant les tenanciers d’hôtels, d’auberges et de tavernes à garder à leur porte une lampe allumée du crépuscule jusqu’à minuit. Puis, en 1818, la Chambre d’assemblée a adopté une loi pour créer un corps du guet et de l’éclairage qui avait pour tâche d’installer et d’allumer des flambeaux dans les principales places et artères de la ville au début de la nuit. Le manque de lumière n’est toutefois pas le seul danger : le fossé qui borde les remparts cause aussi parfois des accidents. C’est d’ailleurs ce qui a poussé en 1831 les autorités militaires à installer des lanternes près des portes des fortifications : deux soldats ivres seraient tombés dans le fossé une nuit de l’année précédente, se blessant et embarrassant la garnison.
Depuis 1849, les rues de Québec sont dotées d’éclairage au gaz de charbon. Les lampadaires s’allument au début du couvre-feu, offrant une lumière blanche et claire, plus nette que l’ancien éclairage à l’huile. Cet excellent éclairage a permis de diminuer l’agitation nocturne et de rendre les rues beaucoup plus sécuritaires, puisque la lumière donne aux criminels le sentiment d’être davantage surveillés. Même si les voies publiques sont maintenant bien éclairées, il est quand même fortement conseillé de sortir avec une lanterne. Sans lumière, une personne de qualité risque d’être prise pour un individu aux intentions louches.
Si en 1870 les rues de Québec sont plus sûres qu’auparavant, il y a encore des secteurs où, à la tombée de la nuit, on risque de voir surgir des vagabonds, des ivrognes, des bandits et des prostituées. La prochaine station vous permettra de découvrir des quartiers malheureusement réputés pour leurs maisons malfamées.
 
incise
En été : empruntez l’escalier de la porte Saint-Louis pour atteindre la promenade des remparts.
 
En hiver : retournez sur vos pas sous la porte Saint-Louis jusqu’à l’avenue Honoré-Mercier. Tournez à droite et arrêtez-vous près de la fontaine de Tourny.
 
 

Nous ne le voyons pas très bien lorsqu’il fait nuit, mais en 1870 il est possible en plein jour d’apercevoir le quartier Saint-Jean-Baptiste à partir des remparts. À la fin de la journée de travail, dès la tombée de la nuit, le quartier s’anime alors que les nombreux cabarets et bordels ouvrent leurs portes.
Quartier Saint-Jean-Baptiste vers 1870 : à l’avant-plan, l’église et l’école Saint-Jean-Baptiste, au second plan, le quartier Saint-Roch et la rivière Saint-Charles.
En 1870, les maisons closes sont situées surtout à l’extérieur des murs de la ville, dans les quartiers ouvriers de Saint-Roch et Saint-Jean-Baptiste. On ne connaît pas leurs adresses exactes car, depuis la nouvelle réglementation de 1866, elles ne sont plus autorisées à être visibles de la rue, contrairement à plusieurs villes de France où les lupanars sont identifiés par une lanterne rouge placée dans leurs fenêtres durant la nuit. Dans le quartier Saint-Roch, on trouve des bordels principalement sur les rues de la Reine, Saint-Joseph, Sainte-Marguerite et Octave, tandis que ceux du quartier Saint-Jean-Baptiste sont concentrés sur les rues D’Aiguillon, Richelieu, Saint-Olivier, Sainte-Geneviève et Richmond. Heureusement, il n’y a presque plus de maisons closes dans les quartiers bourgeois, ce qui est une bonne chose car la prostitution nuit à la tranquillité des familles respectables et à la réputation des commerces honnêtes.
Dans les années 1850, des pétitions circulaient pour se plaindre du trop grand nombre de maisons malfamées… car force est d’admettre que le bruit et l’agitation autour de ces établissements ont tendance à troubler la paix du voisinage. Certaines personnes demandaient même l’interdiction pure et simple des bordels. Il faut dire qu’on en trouve beaucoup à Québec. Pendant un débat au conseil de ville en 1865, le conseiller Langlois a estimé qu’il y avait au moins 600 maisons de débauche dans les quartiers populaires de la ville.
DÉSORDRE ET TAPAGE SUR LA RUE DU ROI
Au début de 1850, Baptiste Lavoie et son épouse tiennent une maison très mouvementée située sur la rue du Roi, dans la paroisse Saint-Roch de Québec. Par un beau samedi soir du début du printemps, une douzaine d’hommes et de femmes, rassemblés dans cette maison, ont passé la nuit à boire, chanter, crier et se battre jusque vers quatre heures du matin, empêchant les voisins de dormir. Excédés, des citoyens ont officiellement porté plainte devant la Cour des sessions de la paix, dénonçant les gens de mauvaise vie qui la fréquentent. On ne sait pas exactement comment l’affaire s’est terminée, mais les tenanciers ont apparemment évité la prison.
Devant les plaintes de plus en plus...

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