François-Xavier Garneau
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François-Xavier Garneau

Poète, historien et patriote

Patrice Groulx

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François-Xavier Garneau

Poète, historien et patriote

Patrice Groulx

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Rien ne prédestinait François-Xavier Garneau à devenir l'« historien national » des Canadiens français. Né en 1809 dans une famille modeste du faubourg Saint-Jean, à Québec, il devient notaire, puis greffier de la Ville. Homme de plume, Garneau se fait remarquer en publiant les premiers poèmes d'inspiration romantique au pays dans un journal nationaliste, Le Canadien. Passionné par la défense des droits collectifs, secrétaire du représentant du Bas-Canada à Londres, Denis-Benjamin Viger, ami d'Étienne Parent et de Louis-Joseph Papineau, il fonde une science historique empreinte de modernité en publiant une ambitieuse Histoire du Canada à partir de 1845. Travailleur acharné et indépendant des partis politiques, du pouvoir colonial et du clergé, Garneau a adapté sa grande œuvre en manuel scolaire et l'a corrigée à plusieurs reprises jusqu'à son décès en 1866.Si chaque décennie apporte de nouvelles analyses sur l'influence de l'historien, il en existe peu sur ses interactions avec son milieu. Dans cette biographie, Patrice Groulx révèle les multiples facettes de Garneau. L'homme public est animé par des aspirations sociales, littéraires, savantes et politiques, évoluant dans une ville en continuel mouvement. L'homme intime est en proie à des doutes persistants sur le rôle de l'érudit dans une société dominée, sacrifiant ses ressources financières et sa santé chancelante pour servir la mémoire nationale, discrètement entouré par sa conjointe Esther Bilodeau, leurs enfants, leurs familles et leurs amis.Patrice Groulx livre un portrait nuancé et complet d'un des personnages les plus connus de l'histoire québécoise, celui qu'on considère comme le fondateur de la science historique. Il analyse les éditions de l' Histoire du Canada et la réception décevante de l'œuvre. Il met en scène l'homme, son temps et sa société, et le libère des mythes qui l'entouraient.

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Information

Year
2020
ISBN
9782764646205
chapitre 1
L’enfant du faubourg Saint-Jean (1809-1825)
Devant la maisonnette du faubourg Saint-Jean, à Québec, les voisins s’attroupent. On vient aux nouvelles, car on entend les plaintes de Gertrude Garnault, qui va accoucher de son premier-né. La sage-femme, des parentes, des voisines entrent et sortent du logis. Le jeune père, François-Xavier, attend dehors, nerveux. Encore un cri, puis le silence, et soudain, le vagissement attendu.
Le poupon est chétif, on le baptise donc le jour même. Accompagné par la marraine et le parrain, Marguerite Grenier et Charles Gingras, le père se précipite avec le petit ballot dans la rue Saint-Jean en direction de la cathédrale. Ils passent la muraille par la porte étroite, remarquent à peine les uniformes rouges des factionnaires. Essoufflés, ils entrent dans le presbytère de l’église Notre-Dame. Le vicaire Tabeau accomplit les rites séance tenante. Le garçon reçoit le prénom de son père, comme le veut l’usage pour les aînés. Le prêtre consigne le baptême dans le registre, où il écrit Garneau plutôt que Garnault, comme il est de coutume dans cette famille. Sur le coup, personne ne relève l’erreur1.
Des racines rurales
Qui sont les parents du bébé ? Le père est né en 1781 à Saint-Augustin-de-Desmaures, village situé au bord du fleuve à une vingtaine de kilomètres en amont de la capitale. La mère est née la même année et s’appelle Amiot. François-Xavier et Gertrude se sont mariés en 1808 et ont déménagé en ville parce que l’avenue de l’agriculture est fermée pour eux : la terre du père de Garnault est allée en héritage au fils aîné.
Sans instruction ni métier, Garnault vit d’emplois précaires. Au baptême de son fils, il se déclare journalier. Pour améliorer son sort, il se taille d’abord une petite place parmi les charretiers du quartier et logiquement, au début de son mariage, s’installe près d’un lot où les cultivateurs de Sainte-Foy et de Saint-Augustin viennent offrir leurs produits. Il s’agit du futur marché Berthelot, un emplacement occupé aujourd’hui par le parc du même nom. Garnault se fait aussi parfois cabaretier et logeur. En 1813, il tente sa chance dans le négoce, affrète une goélette pour descendre le fleuve mais perd son bateau dans un naufrage. Recevant la ruine de son père comme une gifle, le fils se souviendra toute sa vie du responsable de ce désastre, « un vieil ivrogne nommé Lelièvre, qui s’était donné pour pilote2 », et détestera les mauvais guides. Entre-temps, Garnault se remet à l’ouvrage. En 1816, sa maisonnée compte un jeune homme de quatorze ans, Étienne Gély, peut-être son assistant3. Ses finances s’améliorent, puisqu’il se déclare propriétaire de son habitation et d’un cheval en 1821.
La courageuse Gertrude se charge des nombreuses corvées d’une maisonnée. Elle prépare les aliments, confectionne les vêtements, veille au ménage, à l’hygiène et à l’éducation des enfants, qui en retour l’aident à surveiller les poules et les vaches4. La petite tribu s’accroît rapidement. Marie-Louise naît en 1811, suivie par David-Bénoni (1813), Eugène (mort-né en 1815), Catherine-Émélie (1816), Honoré (1820), Édouard (né et décédé en 1822) et un dernier enfant mort-né en 1824. Trois décès en bas âge pour huit naissances, c’est un bilan normal pour l’époque.
Presque chaque bâtiment du faubourg est prolongé par une basse-cour et un petit jardin potager. On se croit d’autant plus au village que les maisonnettes sont construites en suivant la tradition : un seul niveau, des murs en pièces de bois équarri, mesurant entre 15 et 25 pieds de côté et tout au plus onze pieds de haut, un toit à deux versants, une porte et deux fenêtres sur le devant, deux fenêtres à l’arrière5. Le plafond de la grande pièce est à sept ou huit pieds du plancher. À mesure que les enfants grandissent, les parents les envoient dormir dans les combles. À l’arrière, un appentis abrite le cheval, la charrette à deux roues et les autres animaux. Le mobilier se réduit à une table, des chaises, des bahuts, un poêle à bois. On s’éclaire à la chandelle ou à la lampe à huile. Le poêle ronfle sans arrêt pour la cuisson et le chauffage. On s’approvisionne en eau à la source qui jaillit au bout de la bien nommée rue de Claire-Fontaine. En l’absence d’égouts, on jette les ordures dans un coin de l’arrière-cour.
Le voisinage est composé d’artisans et de commerçants, couvreurs, tonneliers, menuisiers, cordiers, boulangers, bouchers. En 1815, la population du secteur atteint 3 000 âmes. La grande majorité est francophone6. Entre eux, les enfants du pays s’identifient comme des Canadiens. Les autres, les Anglais du quartier, se groupent dans des îlots entourant le cimetière protestant St. Matthew. Quelques-uns vivent chez les Garnault. C’est le cas du charpentier Burroughs et du maçon Woods, en 1827, auxquels s’ajoute James Carveny en 18307. À leur contact, le jeune François-Xavier apprend quelques mots d’anglais.
Québec est la capitale politique, militaire et religieuse de la colonie, un grand port de mer et le goulot du réseau fluvial du Saint-Laurent. Elle bourdonne d’activité à partir du mois de mai, lorsque la rade, l’embouchure de la rivière Saint-Charles et les anses qui échancrent la falaise s’encombrent de navires et de grands radeaux de bois provenant de l’arrière-pays. Hiver comme été, dans les chantiers navals, on entend le grincement des scies, les coups de mailloche, les chansons, les cris et les jurons des charpentiers et des calfats.
Tout petit, François – ainsi qu’on le désigne en famille – parcourt les rues pentues du faubourg, sur le versant nord du cap aux Diamants. À l’occasion, le père Garnault l’assoit à son côté dans la charrette et l’emmène livrer des cageots ou des sacs. Gertrude rappelle à son mari de ne pas jurer devant le petit… Les sabots de leur cheval frappent mollement la terre battue. Ils vont parfois vers Sainte-Foy, entre les champs cultivés et les pâturages, sur les fameuses plaines d’Abraham où, dit-on, « nos gens » ont subi la défaite aux mains des Anglais. Vers Québec, rue Saint-Jean, ils observent les belles maisons de pierre, puis dépassent le mur de l’Hôtel-Dieu. Ils débouchent sur une place occupée par la coupole du marché public et encadrée par la cathédrale, le Séminaire et l’ancien Collège des Jésuites. Ils continuent vers l’ancien palais épiscopal, où siège le Parlement. Quelques mètres plus loin, ils rejoignent la place d’Armes, cernée par la cathédrale anglicane, le palais de justice et le château Saint-Louis. L’espace est aéré par des jardins privés, des places publiques et quelques petits cimetières.
Du rempart qui couronne le cap, on admire un panorama royal : la rade, l’île d’Orléans enserrée par les deux bras du fleuve et la pointe de Lévis, ses maisons blanches et ses chantiers navals. Très loin se dessine la ligne sombre des Appalaches. Sur la gauche, à l’embouchure de la Saint-Charles, on voit d’autres navires en chantier, des entrepôts, le pont Dorchester qui mène à la Canardière, aux champs de Beauport, à la côte de Beaupré et au mont ...

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