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Le plus grand Canadien de tous les temps
Il ne faut jamais avoir peur ni honte de chĂ©rir ses rĂȘves. On ne peut pas tous les rĂ©aliser, on ne peut pas rĂ©ussir Ă tous les coups ; mais sans vision un peuple est vouĂ© Ă disparaĂźtre. Les peuples privĂ©s de rĂȘves, dâespoirs et dâaspirations sont condamnĂ©s Ă mener des vies ternes et dĂ©pourvues de sens.
Tommy Douglas, cité dans Dream No Little Dreams : A Biography of the Douglas Government of Saskatchewan, 1944-1961, de A. W. Johnson
Un soir dâhiver, aprĂšs quâil fut rentrĂ© tard de lâAssemblĂ©e lĂ©gislative de la Saskatchewan Ă Regina, le premier ministre Tommy Douglas et sa fille Shirley sortirent promener le chien. PĂšre et fille adoraient ces promenades de fin de soirĂ©e sous le ciel pur des Prairies. Douglas demandait Ă Shirley comment se passaient ses journĂ©es Ă lâĂ©cole et il lui racontait comment se passaient les siennes Ă lâAssemblĂ©e, tout en lui pointant les diffĂ©rentes constellations. Il adorait les Ă©toiles et la nature, quoique son travail le confinĂąt Ă lâintĂ©rieur presque toute la journĂ©e. Tandis que la neige crissait sous leurs bottes, le pĂšre dit Ă sa fille : « Quelle nuit merveilleuse. Regarde la Lune. Un jour, ma petite Shirley, tu iras sur la Lune. » Cette scĂšne se dĂ©roulait dans les annĂ©es cinquante, et lâidĂ©e que des hommes iraient sur la Lune pouvait alors sembler farfelue, mais Douglas insista : « Ta gĂ©nĂ©ration marchera sur la Lune. Quelques-uns sây rendront dâabord pour prĂ©parer les choses, puis les gens pourront y faire des voyages. »
VoilĂ ce quâĂ©tait Tommy Douglas â un visionnaire. Mais la plupart des initiatives quâil mit en Ćuvre Ă partir de 1942 en tant que chef de la Co-operative Commonwealth Federation (CCF) de la Saskatchewan, puis comme premier ministre de cette province durant dix-sept annĂ©es (de 1944 Ă Â 1961, il dirigea le premier gouvernement socialiste en AmĂ©rique du Nord), et ensuite comme chef fondateur du Nouveau Parti dĂ©mocratique (NPD) en 1961, et enfin comme pĂšre de lâassurance maladie universelle au Canada, ne furent pas associĂ©es Ă lâexploration de lâespace. Elles Ă©taient liĂ©es Ă ce que le Canada pouvait devenir si les Canadiens travaillaient de concert et sâils se souciaient du bien-ĂȘtre de leur prochain. Dans le Canada oĂč il avait grandi, lâassurance maladie universelle, la charte des droits et libertĂ©s, les lois assurant la protection des droits des travailleurs, et dâautres facettes de notre sociĂ©tĂ© que nous tenons aujourdâhui pour acquises, nâexistaient que dans les rĂȘves et lâimagination. Douglas contribua Ă la rĂ©alisation de plusieurs de ces initiatives, en faisant la preuve que les gens ordinaires peuvent rĂ©ussir quand ils sâunissent pour accomplir des changements positifs.
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En 2004, Thomas Clement Douglas fut Ă©lu « le plus grand Canadien de tous les temps » dans le cadre dâune compĂ©tition tĂ©lĂ©visĂ©e organisĂ©e par la CBC. Ce concours de popularitĂ© ne reposait sur aucun critĂšre prĂ©cis ; Douglas y Ă©tait en lice non seulement en compagnie dâautres politiciens, tel Pierre Elliott Trudeau, mais aussi avec des joueurs de hockey comme Wayne Gretzky. Que les auditeurs du Canada lui aient accordĂ© ce titre en dit long sur ce quâils chĂ©rissent Ă propos de leur pays et de la contribution quâils reconnaissent Ă Tommy Douglas. GrĂące Ă une victoire aussi surprenante que dĂ©cisive, il fut Ă©lu premier ministre de la Saskatchewan, province quâil rĂ©inventa de fond en comble. Plus tard, lorsque son influence sâexerça Ă lâĂ©chelle nationale, le caractĂšre humaniste et les retombĂ©es concrĂštes des innovations dont il sâĂ©tait fait le dĂ©fenseur transformĂšrent en profondeur toute la sociĂ©tĂ© canadienne.
Comme beaucoup de mes concitoyens, jâai profitĂ© de lâinfluence de Douglas avant mĂȘme de savoir qui il Ă©tait, par lâentremise de notre systĂšme de soins de santĂ©. Dans ma jeunesse, son legs le plus connu Ă©tait dĂ©jĂ solidement implantĂ© et constituait alors lâun des Ă©lĂ©ments caractĂ©ristiques du Canada. Enfant, je savais que je voulais devenir Ă©crivain, mais dâautres activitĂ©s mâattiraient aussi. Jâaspirais Ă une profession qui me permettrait dâĂȘtre en contact avec les gens et de gagner ma vie sans avoir Ă ĂȘtre dans les affaires. Dans mon Canada natal et bien-aimĂ©, la mĂ©decine Ă©tait le choix parfait pour moi. Je pouvais me mettre au service des gens, quâils soient riches ou pauvres (aucun patient nâayant Ă se prĂ©occuper dâavoir les moyens nĂ©cessaires pour se faire soigner) ; je toucherais mes honoraires sans avoir Ă tendre des factures, et câest ainsi que je me suis inscrit Ă la facultĂ© de mĂ©decine.
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Homme de petite taille, sans fortune ni relations, Douglas influençait les gens avec ses mots et ses idĂ©es, quâil communiquait avec un mĂ©lange de compassion et de sens pratique bien Ă lui. Autour dâune table avec des collĂšgues, il Ă©coutait plus quâil ne parlait ; il faisait intĂ©rieurement la synthĂšse de tout ce quâil entendait. CâĂ©tait un orateur charismatique â les gens conduisaient des heures Ă travers les Prairies pour lâentendre parler. Sur scĂšne, Douglas captait facilement lâattention de toute la salle. Il commençait toujours ses discours avec une histoire ou une plaisanterie empreinte dâautodĂ©rision. Il gagnait ainsi lâauditoire avant de transmettre son message. Quand il touchait le cĆur de son propos, Douglas savait se montrer Ă la fois radical, sensible et humain.
Ses paroles cherchaient Ă communiquer une forme bien prĂ©cise de magie : le pouvoir irrĂ©sistible qui Ă©mane des rĂȘves rĂ©alisables. Il croyait que si ses concitoyens et lui-mĂȘme Ă©taient capables dâimaginer une sociĂ©tĂ© meilleure, sâils se vouaient Ă cet idĂ©al et travaillaient dans ce but, alors cet idĂ©al deviendrait rĂ©alitĂ©. Le caractĂšre concret des rĂȘves constituait pour lui une donnĂ©e cruciale ; Douglas Ă©tait peu portĂ© vers les thĂ©ories abstraites. Il voulait que les gens puissent travailler dans la dignitĂ© et quâils obtiennent des salaires corrects, quâils aient accĂšs Ă des services sociaux humains, comme les soins de santĂ© et lâassistance sociale, et quâils puissent vivre dans une sociĂ©tĂ© libre et Ă©galitaire oĂč chacun a la possibilitĂ© de se rĂ©aliser.
Lâenthousiasme contagieux de Douglas faisait naĂźtre de hautes aspirations chez ceux qui le cĂŽtoyaient. Il ne voulait pas que les gens le suivent aveuglĂ©ment ; il souhaitait leur transmettre des idĂ©es. Il prĂ©conisait la participation de tous Ă la dĂ©finition de ce quâils croyaient bon pour eux-mĂȘmes et leurs concitoyens. Une sociĂ©tĂ©, soutenait-il, ne peut progresser que si les gens travaillent pour ce en quoi ils croient. Alors quâelle Ă©tait adolescente, Shirley Douglas demanda Ă son pĂšre comment il rĂ©agirait si, plus tard, elle dĂ©cidait de ne pas voter pour lui. Il rĂ©pondit : « Eh bien, câest une trĂšs bonne chose que les gens dĂ©cident pour qui ils veulent voter, on ne devrait pas voter pour quelquâun simplement parce quâil est de la famille. »
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Douglas donna lâun de ses derniers grands discours Ă la convention du NPD de 1983. Ses partisans se trouvaient devant des choix difficiles. Douglas Ă©tait ĂągĂ© de soixante-dix-neuf ans et il Ă©tait affaibli par le cancer, mais son visage et son humour rayonnaient comme jamais. Le NPD venait de perdre les Ă©lections provinciales de la Saskatchewan aux mains des progressistes-conservateurs et peinait Ă faire des gains sur la scĂšne fĂ©dĂ©rale. Aux dĂ©lĂ©guĂ©s qui Ă©taient divisĂ©s, il concĂ©da que la situation Ă©tait ardue ; il leur rappela que les choses avaient Ă©tĂ© souvent difficiles dans le passĂ© et quâelles le seraient encore Ă lâavenir. Il souligna que plusieurs des idĂ©es du NPD â lâassurance maladie, un rĂ©gime de pension convenable â avaient Ă©tĂ© adoptĂ©es par des partis adverses. MĂȘme si cette cooptation prouvait la valeur de ces idĂ©es, Douglas reconnaissait quâelle avait ses inconvĂ©nients ; les autres partis politiques diluaient souvent le contenu des programmes quâils adoptaient et laissaient ainsi le NPD avec une plateforme amputĂ©e. Le plus important nâĂ©tait pas quâils remportent la prochaine Ă©lection, leur dit Douglas, mais quâils continuent Ă faire avancer leurs idĂ©aux durant les cinquante prochaines annĂ©es et quâils contribuent ainsi Ă lâĂ©dification dâune sociĂ©tĂ© productive, paisible et fraternelle.
Plusieurs dĂ©lĂ©guĂ©s pleuraient sans retenue, sachant que câĂ©tait sans doute la derniĂšre fois quâils lâentendaient prononcer un discours. Quand il eut fini de parler, la foule se leva et lâovationna. AprĂšs cinq minutes dâapplaudissements dĂ©chaĂźnĂ©s, Douglas se rassit, mais la foule nâarrĂȘta pas, au contraire, le vacarme sâamplifiait. Il finit par grimper sur une table pour leur demander de se calmer, mais cela ne fit quâaugmenter le brouhaha et les acclamations. Lâeffusion de joie, de gratitude et dâadmiration se prolongea durant vingt-trois minutes. Ceux qui se trouvaient lĂ savaient que Douglas avait vĂ©cu selon ses convictions. Tous lâadmiraient pour cela ; et câĂ©tait pour cela mĂȘme quâil Ă©tait un grand Canadien dans lâesprit de bien des gens.
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Un chrétien pragmatique (1904-1924)
Je me dĂ©brouillais assez bien avec les bĂ©quilles, mais câĂ©tait trĂšs difficile une fois lâhiver arrivĂ©. Un garçon polonais et un garçon ukrainien sont venus frapper Ă ma porte avec un traĂźneau et ils ont dit Ă ma mĂšre quâils me transporteraient tous les jours entre la maison et lâĂ©cole. CâĂ©tait aux alentours de 1914. Ces garçons parlaient un anglais approximatif, ils Ă©taient de ceux que certaines personnes appelaient des mĂ©tĂšques, des Ă©trangers, des bohunks, et voilĂ quâils sâĂ©taient manifestĂ©s, ils sâĂ©taient intĂ©ressĂ©s Ă un autre fils dâimmigrant. Sans eux, je nâaurais tout simplement pas pu me rendre Ă lâĂ©cole.
Tommy Douglas, en 1958, Ă propos
de son enfance Ă Winnipeg
La ville de Falkirk, en Ăcosse, Ă©tait une agglomĂ©ration industrielle poussiĂ©reuse situĂ©e Ă proximitĂ© de districts oĂč lâon faisait lâexploitation du charbon. Un bon nombre dâhommes Ă©taient employĂ©s dans les hauts fourneaux, les aciĂ©ries et les forges des environs. Câest Ă cet endroit que Thomas Clement Douglas vit le jour, le 20 octobre 1904. Son pĂšre, Tom Douglas, Ă©tait mouleur de fer pour la Carron Iron Works. Ă lâĂ©poque, lâĂcosse Ă©tait une importante rĂ©gion manufacturiĂšre. Elle produisait prĂšs de la moitiĂ© de lâacier en Grande-Bretagne ; ses produits finis incluaient des navires, des locomotives et des articles mĂ©nagers. Le grand-pĂšre de Tommy Douglas, qui sâappelait aussi Thomas Douglas, possĂ©dait deux petites maisons en pierre. Il habitait dans lâune dâelles avec les membres de sa famille, et le pĂšre et la mĂšre de Douglas vivaient dans lâautre.
Le souvenir le plus ancien de Tommy, câest celui de son grand-pĂšre paternel rĂ©citant des poĂšmes de Robert Burns Ă cĂŽtĂ© de lâĂątre dans la maison en pierre. CâĂ©tait une famille religieuse, mais aucunement rigide. Anne, la mĂšre de Tommy, Ă©tait baptiste et son pĂšre avait Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans lâĂglise presbytĂ©rienne. Ils recevaient souvent des visiteurs et nâhĂ©sitaient pas Ă rouler le tapis pour faire place aux lectures de poĂ©sie et aux danses Highland Scottische. Tommy se souvint dâun mariage dans la maison de son grand-pĂšre, oĂč le pasteur avait eu lâhonneur de boire le premier verre de whisky. Telles Ă©taient les maniĂšres dans la maisonnĂ©e Douglas â pieuses, mais sans austĂ©ritĂ©. Douglas dĂ©crivit son grand-pĂšre comme un homme entourĂ© dâun « tourbillon de paroles ». Il se rappela : « Mon grand-pĂšre avait huit garçons, et tous aimaient argumenter encore plus que lui-mĂȘme, de sorte que câĂ©tait un tintamarre continuel : politique, religion, philosophie, tous ces sujets Ă©taient finalement rĂ©solus avec une citation de Bobbie Burns. » Cependant, tous les dĂ©saccords ne pouvaient ĂȘtre rĂ©glĂ©s par la poĂ©sie : lorsque Tom Douglas dĂ©cida dâappuyer le Parti travailliste, son pĂšre dâallĂ©geance libĂ©rale fut si furieux quâil refusa de lui parler pendant plusieurs mois. Ce fut la naissance de Tommy qui rĂ©concilia les deux hommes. Quelques annĂ©es plus tard, le grand-pĂšre Thomas annonça Ă contrecĆur quâil sâĂ©tait converti lui aussi au Parti travailliste.
Le grand-pĂšre maternel de Tommy, Andrew Clement, faisait des livraisons en charrette dans les rues de Glasgow. Parfois, il laissait le garçon voyager avec lui. Andrew avait Ă©tĂ© alcoolique dans sa jeunesse, jusquâĂ ce quâil voie la lumiĂšre avec les Plymouth Brethren. Alors, il devint un homme tempĂ©rant et doux. Plus tard, il embrassa la confession baptiste. Dans lâĂcosse presbytĂ©rienne, les Plymouth Brethren et les baptistes Ă©taient vus comme des non-conformistes. Andrew Clement allait devenir aussi un loyal partisan du British Labour Party.
Du cĂŽtĂ© de son pĂšre, Tommy hĂ©rita dâune prĂ©occupation pour la cause des travailleurs et dâun amour pour le poĂšte Ă©cossais Robert Burns, dont il apprit la plupart des poĂšmes par cĆur. Sa famille maternelle lui transmit un scepticisme thĂ©ologique qui Ă©tait nĂ©anmoins enracinĂ© dans une foi profonde. Des deux cĂŽtĂ©s de la famille, il reçut lâart de penser librement, une curiositĂ© intellectuelle fondĂ©e sur la rigueur, ainsi que la volontĂ© de soutenir des opinions tranchĂ©es.
Tommy se fit un jour demander sâil Ă©tait nĂ© dans une famille pauvre, riche ou entre les deux. Il rĂ©pondit : « La pauvretĂ© et la richesse sont des termes relatifs », et il expliqua que, par rapport Ă la classe ouvriĂšre en Ăcosse, sa famille avait Ă©tĂ© Ă lâaise, mais que selon les standards de la classe moyenne, elle aurait pu ĂȘtre qualifiĂ©e de pauvre. Les hommes de la famille possĂ©daient les qualifications requises pour gagner leur vie, dans la mesure oĂč il y avait des emplois disponibles : « Si le travail se faisait rare, mĂȘme les meilleurs artisans pouvaient traverser des pĂ©riodes difficiles⊠[mais] comparativement aux travailleurs non qualifiĂ©s ou aux gens frappĂ©s par quelque infortune, nous nous en tirions pas si mal. » Son pĂšre partait travailler aux aurores : il se sentait tenu de donner Ă son employeur une pleine journĂ©e de labeur en Ă©change de son salaire. Ainsi, depuis lâenfance, Tommy apprĂ©henda le monde du point de vue des travailleurs. Pour mesurer le niveau de dĂ©veloppement Ă©conomique dâune sociĂ©tĂ©, il reviendrait toujours Ă cette question : une famille ouvriĂšre gagnait-elle assez dâargent pour mener une vie dĂ©cente ?
Alors que lâĂ©conomie manufacturiĂšre dâĂcosse dĂ©clinait, le Canada profitait dâune pĂ©riode dâexpansion. AttirĂ©s par la promesse de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, Tom Douglas et son frĂšre Willie partirent pour le Canada en 1911. Ils traversĂšrent lâocĂ©an en bateau et le pays en train, puis dĂ©barquĂšrent Ă Winnipeg. Ils sâinstallĂšrent dans une maison de chambres, rue Disraeli, et se mirent Ă travailler pour la Vulcan Iron Works. Au printemps, Tom fit venir sa femme, Anne, leur fils, Tommy, et leur fille, Nan. Une autre fille, Isobel, naquit peu aprĂšs. Ă cette Ă©poque, Winnipeg nâĂ©tait encore quâune ville frontiĂšre composĂ©e de rues boueuses et dâĂ©difices en construction. Point de chute pour de nombreux immigrants qui arrivaient au Canada, ce centre Ă©conomique et rĂ©gional comptait alors une population de 150 000 habitants. Winnipeg Ă©tait la ville la plus ethniquement diversifiĂ©e du pays ; les immigrants affluaient de partout en Europe pour y commencer une nouvelle vie.
Tom se rĂ©jouissait du visage multiculturel de Winnipeg. Dans la rue oĂč il habitait, il y avait des Allemands, des Ukrainiens, des Polonais, ainsi que deux autres familles Ă©cossaises. Le pĂšre de Tommy encouragea son fils, dĂšs son plus jeune Ăąge, Ă aimer la diversitĂ© ethnique canadienne. Naturellement, cette philosophie lui fut transmise par un vers de Robert Burns : « Un homme est un homme aprĂšs tout ». Tommy se souvint : « Il avait lâhabitude de me marteler cela quand jâĂ©tais petit : âTu joues avec le gamin Kravchenko. Câest merveilleux, voilĂ comment ça doit se passer. Ăvidemment, je ne peux comprendre la famille dâĂ cĂŽtĂ©, mais vous les enfants vous grandissez ensemble, vous travaillerez pour les mĂȘmes choses et vous bĂątirez un monde en commun.â »
Tom faisait pousser des oignons et des choux dans le jardin de la maison quâils louaient. Homme chaleureux et serviable, il partageait ses lĂ©gumes avec ses voisins et cherchait souvent d...