Roland Furieux - -Tome 1
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Roland Furieux - -Tome 1

Ludovico Ariosto

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Roland Furieux - -Tome 1

Ludovico Ariosto

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Orlando Furioso, ou Roland furieux est un poeme épique de quarante six chants, écrit par Ludovico Ariosto, dit en français l'Arioste, datant du début du XVIe siecle. L'action, extremement complexe et qui passe en revue tous les registres du tragique au burlesque, se déroule sur fond de lutte entre Chrétiens et Sarrasins. Roland devenu fou de n'etre pas aimé par la belle Angélique, les armées chrétiennes risquent, par l'absence de leur champion, de perdre la France, mais la raison perdue par Roland est retrouvée sur la Lune par Astolphe et rendue a son propriétaire, lui permettant ainsi de reprendre sa place parmi les chrétiens. Parallelement, une autre histoire nous raconte les amours de Roger, champion du camp sarrasin et de la guerriere chrétienne Bradamante. Ces deux trames sont entrelacées a l'épopée de la guerre entre Charlemagne et Agramant roi d'Afrique, au siege de Paris par les Maures puis a la défaite finale de ces derniers.

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Information

Publisher
Booklassic
ISBN
9789635258857

Chant XVIII

ARGUMENT. – Griffon recouvre l’honneur que lui avait enlevé Martan, et ce dernier est puni par Norandin. – Sansonnet et Astolphe rencontrent Marphise, et tous les trois vont à Damas pour assister à un tournoi donné en l’honneur de Griffon. Marphise reconnaît comme étant la sienne l’armure destinée à être donnée en prix au vainqueur, et la réclame. Cette réclamation trouble la fête, mais le calme ne tarde pas à renaître. L’armure est donnée d’un commun accord à Marphise, et les trois guerriers partent pour la France. – Rodomont, ayant été avisé que Doralice lui a été enlevée par Mandricard, sort de Paris pour se venger sur le ravisseur. – Les Maures cèdent à la valeur de Renaud, qui tue Dardinel. Cloridan et Médor transportent le cadavre de leur maître.
Magnanime seigneur, c’est avec raison que j’ai toujours applaudi et que j’applaudis encore à vos belles actions, bien que, par mon style grossier, dur et mal venu, je doive déflorer une grande partie de votre gloire. Mais une vertu me séduit en vous plus que toutes les autres, et c’est à celle-là surtout que j’applaudis du cœur et de la langue : c’est que si chacun trouve auprès de vous un accès facile, il n’y trouve pas cependant une trop facile créance.
Souvent je vous ai vu, prenant la défense d’un accusé absent, alléguer en sa faveur mainte excuse, ou du moins réserver votre jugement, afin qu’une fois présent il pût expliquer lui-même ses raisons, pendant que votre autre oreille était fermée à ses accusateurs. Et toujours, avant de condamner les gens, vous avez voulu les voir en face et entendre leur défense, aimant mieux différer pendant des jours, des mois, des années, que de juger d’après les accusations d’autrui.
Si Norandin avait pensé de même, il n’aurait pas agi envers Griffon comme il le fit. C’est pourquoi un éternel honneur vous attend, tandis que sa renommée est plus noire que la poix. À cause de lui, ses sujets reçurent la mort, car Griffon en dix coups de taille, et en dix coups de pointe qu’il porta dans sa fureur et sa rage de vengeance, en coucha trente auprès du char.
Les autres s’enfuient, où la terreur les chasse, de çà, de là, dans les champs et dans les chemins. Un grand nombre courent vers la ville où ils essaient d’entrer, et tombent les uns sur les autres devant la porte trop étroite. Griffon ne leur adresse ni paroles ni menaces, mais, dépouillant toute pitié, il promène son glaive dans la foule désarmée, et tire de l’insulte qu’on lui a faite une grande vengeance.
Ceux qui arrivèrent les premiers à la porte, grâce à leur promptitude à prendre la fuite, plus préoccupés de leur salut que de leurs amis, levèrent en toute hâte le pont. Le reste de la foule, la pâleur au front et les larmes aux yeux, fuyait sans tourner la tête. Dans toute la ville, ce ne fut qu’un cri, qu’un tumulte, qu’une rumeur immense.
Griffon en saisit deux des plus robustes parmi ceux qui, pour leur malheur, ont vu le pont se lever devant eux ; il fait jaillir la cervelle de l’un d’eux dans les champs, en lui brisant la tête contre une pierre ; il prend l’autre par la poitrine, et le lance au milieu de la ville, par-dessus les murs. Un frisson glacial parcourt les os des paisibles bourgeois, quand ils voient cet homme leur tomber du ciel.
Beaucoup craignent que le terrible Griffon ne saute lui-même par-dessus les remparts. Il n’y aurait pas eu plus de confusion, si le soudan eût livré l’assaut à Damas. Le bruit des armes, les gens qui courent affolés, le cri des muezzins poussé du haut des minarets, le son des tambours et des trompettes, produit un vacarme assourdissant et dont le ciel paraît retentir.
Mais je veux remettre à une autre fois le récit de ce qui advint ensuite. Il me convient, pour le moment, de suivre le bon roi Charles allant en toute hâte au-devant de Rodomont qui massacre ses sujets. Je vous ai dit que le roi était accompagné du grand Danois, de Naymes, d’Olivier, d’Avin, d’Avolio, d’Othon et de Bérenger.
La cuirasse d’écailles dont le Maure cruel avait la poitrine couverte, eut à soutenir à la fois le choc de huit lances, choc que la force de huit guerriers semblables rendait terrible. De même que le navire se redresse, lorsque le pilote fait déployer les voiles au souffle naissant du vent d’ouest, ainsi Rodomont se relève sous des coups qui auraient terrassé une montagne.
Guy, Régnier, Richard, Salamon, le traître Ganelon, le fidèle Turpin, Angiolier, Angelin, Huguet, Ivon, Marc et Mathieu de la plaine Saint-Michel, et les huit autres dont j’ai fait mention plus haut, entourent le cruel Sarrasin. À eux se sont joints Ariman et Odoard d’Angleterre, entrés auparavant dans la ville.
Les hautes murailles d’une forteresse solidement assise sur un rocher des Alpes ne sont pas plus ébranlées, quand le vent du Nord ou du Sud entraîne du haut de la montagne les frênes et les sapins déracinés, que ne le fut l’orgueilleux Sarrasin, au cœur plein de dédain et altéré de sang. De même que le tonnerre suit de près la foudre, sa vengeance impitoyable suit de près sa colère.
Il frappe à la tête celui qui est le plus près de lui : c’est le malheureux Huguet de Dordogne. Il le jette à terre, la tête fendue jusqu’aux dents, bien que le casque soit de bonne trempe. Au même moment il reçoit sur tout le corps une multitude de coups ; mais ils ne lui font pas plus d’effet qu’une aiguille sur une enclume, tellement sont dures les écailles de dragon qui forment sa cuirasse.
Les remparts et la ville sont tout à fait abandonnés, car Charles a fait prévenir tous ses gens de se rendre sur la place où l’on a plus besoin d’eux. La foule, qui reconnaît que la fuite lui servirait à peu de chose, accourt, par toutes les rues, sur la place. La présence du roi ranime tellement les cœurs, que chacun reprend courage et saisit une arme.
Lorsque, pour servir aux jeux de la populace, on a renfermé un taureau indompté dans la cage d’une vieille lionne habituée à ce genre de combat, les lionceaux, effrayés par les mugissements de l’animal hautain, et par ses grandes cornes qu’ils n’ont jamais vues, se tiennent tout tremblants dans un coin.
Mais aussitôt que leur mère s’est lancée furieuse sur la bête, et lui a planté ses dents féroces dans l’oreille, avides, eux aussi, de plonger leurs mâchoires dans le sang, ils lui viennent ardemment en aide. L’un mord le taureau à l’échine, l’autre au flanc. Ainsi font tous ces gens contre le païen. Des toits et des fenêtres, pleut sur lui une nuée de flèches et de traits.
La presse des cavaliers et des gens à pied est si grande, qu’à peine la place peut les contenir. La foule qui débouche par chaque rue, croît de minute en minute, aussi épaisse qu’un essaim d’abeilles. Quand bien même elle aurait été réunie en un seul groupe, nue et désarmée, et plus facile à tailler que des raves et des choux, Rodomont n’aurait pu la détruire en vingt jours.
Le païen ne sait comment en venir à bout. C’est à peine si dix mille morts et plus, dont le sang rougit la terre, ont diminué la foule dont le flot grossit sans cesse. Il comprend enfin que, s’il ne s’en va pas pendant qu’il est encore plein de vigueur et sans blessure, un moment viendra où il voudra en vain s’en aller.
Il roule des regards terribles, et voit que de tous côtés le passage lui est fermé. Mais il saura vite s’en ouvrir un sur les cadavres d’une infinité de gens. Il fait vibrer son épée tranchante, et se précipite, impitoyable et furieux, sur la troupe des Anglais qu’entraînent Odoard et Ariman.
Celui qui a vu le taureau harcelé tout un jour par les chiens, et agacé par la foule qui se presse autour de lui, rompre ses liens et s’élancer sur la place au milieu de la population qui fuit, enlevant avec ses cornes tantôt l’un, tantôt l’autre, pourra s’imaginer combien terrible devait être le cruel Africain, quand il se précipita en avant.
Il perce de part en part quinze ou vingt des assaillants ; il abat autant de têtes ; à chaque coup il renverse un homme : on dirait qu’il taille ou qu’il élague des ceps de vigne ou des branches de saule. Le féroce païen, tout couvert de sang, laissant sur son passage des montagnes de têtes, de bras, d’épaules, de jambes coupés, opère enfin sa retraite.
Il parcourt d’un coup d’œil toute la place, sans qu’on puisse voir la moindre peur sur son visage. Cependant, il cherche par où il pourra s’ouvrir un chemin plus sûr. Il prend enfin le parti de gagner la Seine, à l’endroit où elle sort des murs de la ville. Les hommes d’armes et la populace rendue audacieuse, le serrent, l’étreignent, et ne le laissent point se retirer en paix.
Comme le lion généreux, chassé à travers les forêts de la Numidie ou de la Libye, donne encore en fuyant des preuves de son courage, et rentre lentement sous bois l’œil plein de menaces, ainsi Rodomont, sans donner aucun signe de peur, au milieu d’une forêt de lances, d’épées et de flèches, se retire vers le fleuve, à pas lents et comptés.
À trois ou quatre reprises, la colère le saisit tellement, que, déjà hors des atteintes de la foule, il revient d’un bond au milieu d’elle, y teint de nouveau son épée dans le sang, et extermine encore une centaine et plus de ses ennemis. Mais enfin la raison l’emporte sur la colère. Il craint de lasser Dieu lui-même. Du haut de la rive, il se jette à l’eau et échappe à l’immense péril.
Il fendait l’eau, tout armé, comme s’il avait été revêtu de liège. Afrique, tu n’as point produit son pareil, bien que tu te vantes d’avoir donné le jour à Antée et à Annibal. Arrivé sur l’autre bord, il éprouve un vif déplaisir de voir s’élever encore derrière lui cette cité qu’il a traversée d’un bout à l’autre, sans pouvoir la brûler et la détruire tout entière.
L’orgueil et la haine le rongent si fort, qu’il est sur le point de retourner sur ses pas ; il gémit et soupire du plus profond de son cœur ; il ne voudrait pas s’éloigner avant de l’avoir rasée et brûlée. Mais, pendant qu’il donne un libre cours à sa fureur, il voit venir le long du fleuve quelqu’un qui apaise sa haine et calme sa colère. Je vous dirai dans un moment qui c’était. Mais, auparavant, j’ai à vous parler d’autre chose.
J’ai à vous parler de l’altière Discorde, à qui l’ange Michel avait ordonné d’exciter de fiers conflits et d’ardentes luttes entre les plus redoutables guerriers d’Agramant. Le même soir, elle avait quitté les moines, laissant la Fraude chargée d’entretenir parmi eux le feu de la guerre jusqu’à son retour.
Elle pensa qu’elle acquerrait encore plus de force, si elle emmenait l’Orgueil avec elle. Comme elle habitait la même demeure que lui, elle n’eut pas à le chercher longtemps. L’Orgueil la suivit, mais après avoir laissé son vicaire dans le cloître. Pensant n’être absent que quelques jours, il laissa l’Hypocrisie pour tenir sa place.
L’implacable Discorde se mit en chemin accompagnée de l’Orgueil. Elle rencontra la Jalousie sombre et préoccupée, qui suivait la même route pour se rendre au camp des Sarrasins. Avec elle, allait un petit nain que la belle Doralice envoyait vers le roi de Sarze pour lui donner de ses nouvelles.
Au moment où elle était tombée entre les mains de Mandricard, – je vous ai raconté où et comment, – elle avait envoyé secrètement le nain en porter la nouvelle au roi. Elle espérait qu’il ne l’apprendrait pas en vain, et qu’on le verrait accomplir mille prouesses pour l’arracher des mains de son brutal ravisseur, et en tirer une cruelle vengeance.
La Jalousie avait rencontré ce nain, et après avoir appris le motif de son voyage, elle s’était mise à le suivre, estimant qu’elle aurait son profit dans l’affaire. La Discorde fut charmée de sa rencontre avec la Jalousie, mais elle le fut encore davantage, quand elle sut dans quelle intention elle venait. Elle comprit qu’elle pourrait l’aider beaucoup dans ce qu’elle voulait faire.
Elle se dit que l’occasion est belle pour faire de Rodomont et du fils d’Agrican deux ennemis mortels. Elle trouvera d’autres motifs pour brouiller les autres chefs sarrasins ; celui-ci est excellent pour diviser les deux guerriers en question. Elle s’en vient avec le nain à l’endroit où le bras du fier païen avait failli détruire Paris, et tous ensemble ils arrivent sur le bord, juste au moment où le cruel sort du fleuve.
Dès que Rodomont a reconnu le messager ordinaire de sa dame, il sent sa colère s’éteindre ; son front se rassérène, et le courage seul brûle dans son âme. Il s’attend à tout autre chose qu’à apprendre qu’on a fait outrage à Doralice. Il va à la rencontre du nain, et, joyeux, lui dit : « Que devient notre dame ? Où t’envoie-t-elle ? »
Le nain répond : « La dame n’est plus tienne ni mienne, car elle est l’esclave d’un autre. Hier, nous avons rencontré sur notre route un chevalier qui nous l’a enlevée de force, et l’a emmenée avec lui. » À cette nouvelle, la Jalousie se glisse dans le cœur de Rodomont, froide comme un aspic, et l’enlace tout entier. Le nain continue, et lui raconte comment un seul chevalier lui a pris sa dame, après avoir occis ses serviteurs.
La Discorde prend alors un morceau d’acier et un caillou ; elle les frappe légèrement l’un contre l’autre, l’Orgueil place au-dessus une amorce, et en un instant, le feu s’y attache. L’âme du Sarrasin en est tellement embrasée qu’elle en est envahie. Il soupire, il frémit ; sa face horrible menace le ciel et les éléments.
Lorsque la tigresse, après être redescendue dans son antre, et avoir en vain cherché partout, comprend enfin qu’on lui a enlevé ses chers petits, elle s’enflamme d’une telle colère, d’une telle rage, elle éclate d’une fureur telle, qu’elle franchit sans y prendre garde les monts et les fleuves. La nuit, la tempête, la longueur du chemin parcouru, rien ne peut apaiser la haine qui la pousse sur les traces du ravisseur.
Tel, dans sa fureur, est le Sarrasin ; il se tourne vers le nain et dit : « Maintenant, suis-moi. » Et sans s’inquiéter d’un destrier ou d’un char, sans plus rien dire à son compagnon, il part. Il va, plus prompt que le lézard qui traverse la route sous un ciel ardent. Il n’a point de destrier, mais il prendra de force le premier qu’il rencontrera, n’importe à qui il appartienne.
La Discorde, qui devine cette pensée, regarde en riant l’Orgueil, et lui dit qu’elle lui destine un destrier qui amènera d’autres contestations, d’autres rixes. En attendant, elle éloigne tous les coursiers, excepté celui qu’elle veut lui faire tomber sous la main et qu’elle croit déjà avoir trouvé. Mais laissons-la, et retournons vers Charles.
Après la retraite du Sarrasin, Charles fait éteindre partout le dangereux incendie, et remet tous ses gens en ordre. Il en laisse une portion dans chaque endroit faible. Il lance le reste à la poursuite des Sarrasins, pour activer leur déroute et gagner la bataille. Il fait opérer une sortie générale par toutes les portes, depuis Saint-Germain jusqu’à Saint-Victor.
Il recommande aux diverses sections de s’attendre les unes les autres à la porte Saint-Marcel, devant laquelle s’étendait une vaste plaine, et de s’y rassembler en un seul corps d’armée. Là, excitant chacun à faire des Sarrasins une boucherie telle qu’on s’en souvienne toujours, il fait placer les étendards à leur rang, et donne aux troupes le signal du combat.
Cependant le roi Agramant, qui s’est remis en selle malgré la foule des chrétiens qui l’entourent, livre à l’amant d’Isabelle une périlleuse et fière bataille. Lurcanio échange force coups avec le roi Sobrin ; Renaud a devant lui tout un escadron ; avec un courage extraordinaire et un bonheur non moindre, il l’aborde, l’ouvre, le culbute et le détruit.
La bataille en est arrivée à ce point, lorsque l’empereur vient assaillir l’arrière-garde où Marsile avait réuni autour de sa bannière la fleur des guerriers d’Espagne. Son infanterie au centre et sa cavalerie aux deux ailes, le roi Charles pousse au combat son vaillant peuple, avec un tel fracas de tambours et de trompettes, qu’il semble que tout l’univers en retentisse.
Les escadrons sarrasins commençaient à fléchir, et ils étaient sur le point de faire volte-face, au risque d’être tous massacrés, rompus et dispersés sans espoir de pouvoir jamais se rallier, lorsque parurent le roi Grandonio et Falsiron, qui s’étaient déjà trouvés en de plus grands périls, et suivis de Balugant, du féroce Serpentin, et de Ferragus qui les encourageait de sa grande voix :
« Ah ! – disait-il, – vaillants hommes, compagnons, frères, tenez ferme dans vos positions. Les ennemis s’épuiseront en efforts inutiles si nous ne manquons pas à notre devoir. Songez à la gloire éclatante, à l’immense butin que la fortune vous réserve aujourd’hui si vous êtes vainqueurs. Songez, en revanche, à la honte, aux dangers suprêmes qui nous attendent si nous sommes vaincus. »
Tout en parlant, il avait saisi une énorme lance ; il fond avec elle sur Bérenger qui combat contre Largalife, et lui rompt le casque sur la tête. Il le jette à terre, et de son épée terrible, renverse encore huit autres chevaliers. À chaque coup qu’il porte, il fait choir un cavalier au moins.
D’un autre côté, Renaud avait occis tant de païens que je ne saurais les compter. Devant lui, rien ne pouvait résister et vous auriez vu chacun lui céder la place. Zerbin et Lurcain ne montrent pas moins d’ardeur ; ils se conduisent de façon qu’on parle d’eux à jamais. Le premier, d’un coup de pointe, tue Balastro, le second fend le casque de Finadur.
Balastro avait sous ses ordres les guerriers d’Alzerbe que peu de temps auparavant conduisait Tardoque ; l’autre commandait les escadrons de Zamore, de Saffi et de Maroc. N’y a-t-il donc parmi les Africains aucun chevalier qui sache frapper de la lance ou de l’estoc, pourra-t-on me dire ? Les uns après les autres, je n’oublierai aucun de ceux qui sont dignes de gloire.
Il ne faut pas qu’on oublie le roi de Zumara, le noble Dardinel, fils d’Almonte. De sa lance, il jette à terre Hubert de Mirford, Claude du Bois, Élie et Dauphin du Mont. Avec son épée, il renverse Anselme de Stafford, Raimond de Londres et Pinamont, et ils étaient cependant redoutables. Les deux premiers sont étourdis, le troisième est blessé, les quatre autres tombent morts.
Mais, malgré toute la valeur qu’il déploie, il ne peut faire tenir ses gens assez longtemps pour arrêter l’élan des nôtres, inférieurs en nombre, mais plus vaillants, mieux armés et plus aguerris. Les Maures de Zumara, de Setta, de Maroc et de Canara prennent la fuite.
Ceux d’Alzerbe fuient encore plus vite, et le noble jeune homme s’efforce de les arrêter. Par ses prières, par ses reproches, il cherche à leur remettre le courage au ...

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