La Comtesse de Charny - Tome III - (Les Mémoires d'un médecin)
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La Comtesse de Charny - Tome III - (Les Mémoires d'un médecin)

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La Comtesse de Charny - Tome III - (Les Mémoires d'un médecin)

About this book

Voici la fin du cycle «Les mémoires d'un médecin». Suite à la révolte du peuple du 6 octobre 1789, la famille royale est ramenée de force de Versailles à Paris et installée aux Tuileries. La reine Marie-Antoinette est de plus en plus injuste envers Andrée (la comtesse de Charny) parce qu'elle se rend compte que son mariage arrangé avec le comte (qu'elle aime passionnément), peut devenir un mariage d'amour. Quittant alors le service de la reine, Andrée découvre enfin la joie de connaître son fils Sébastien, fruit de son viol par Gilbert lequel avait enlevé cet enfant à sa naissance. Connaissant la place de Gilbert en tant que conseiller du roi, Sébastien a donc quitté Villers-Cotterêts, où il faisait ses études, pour Paris dans la crainte de ce qui pourrait arriver à son père et a effectué le trajet en compagnie d'Isidore de Charny, appelé par son frère (le comte de Charny) auprès de la reine, laissant en proie au désespoir sa maîtresse Catherine, fille du fermier Billot, ce héros de la prise de la Bastille (voir Ange Pitou) devenu député de Villers-Cotterêts. Le roi, plein d'espérance dans ses partisans qui ont émigrés, essaye de gagner du temps en ayant l'air de coopérer avec l'assemblée constituante tout en organisant sa fuite et celle de sa famille vers Montmédy. Mais une succession de fatalités fait échouer cette tentative à Varennes où Isidore de Charny meurt, laissant alors seuls la pauvre Catherine et leur fils. Ange Pitou, jeune capitaine de la garde nationale, qui aime depuis longtemps Catherine, les prendra tous les deux sous sa protection, Billot ne pouvant pardonner à sa fille d'avoir été déshonorée par un noble...

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Information

Chapitre 1 Ce que le roi avait dit; ce qu’avait dit la reine

Gilbert s’acquitta scrupuleusement de la double promesse faite à Mirabeau.
En rentrant dans Paris, il rencontra Camille Desmoulins, la gazette vivante, le journal incarné du temps.
Il lui annonça la maladie de Mirabeau, qu’il fit, avec intention, plus grave, non pas qu’elle ne pouvait devenir si Mirabeau faisait quelque nouvelle imprudence, mais qu’elle n’était en ce moment.
Puis il alla aux Tuileries, et annonça cette même maladie au roi.
Le roi se contenta de dire :
– Ah ! ah ! pauvre comte ! et a-t-il perdu l’appétit ?
– Oui, sire, répondit Gilbert.
– Alors, c’est grave, dit le roi.
Et il parla d’autre chose.
Gilbert, en sortant de chez le roi, entra chez la reine, et lui répéta la même chose qu’il avait dite au roi.
Le front hautain de la fille de Marie-Thérèse se plissa.
– Pourquoi, dit-elle, cette maladie ne l’a-t-elle point pris le matin du jour où il a fait son beau discours sur le drapeau tricolore ?
Puis, comme si elle se repentait d’avoir laissé échapper devant Gilbert l’expression de sa haine pour ce signe de la nationalité française :
– N’importe, dit-elle, ce serait bien malheureux pour la France et pour nous si cette indisposition faisait des progrès.
– Je croyais avoir eu l’honneur de dire à la reine, répéta Gilbert, que c’était plus qu’une indisposition, que c’était une maladie.
– Dont vous vous rendrez maître, docteur, dit la reine.
– J’y ferai mon possible, madame, mais je n’en réponds pas.
– Docteur, dit la reine, je compte sur vous, vous entendez bien ? pour me donner des nouvelles de M. de Mirabeau.
Et elle parla d’autre chose.
Le soir, à l’heure dite, Gilbert montait l’escalier du petit hôtel de Mirabeau.
Mirabeau l’attendait couché sur une chaise longue ; mais, comme on l’avait fait demeurer quelques instants au salon sous prétexte de prévenir le comte de sa présence, Gilbert jeta en entrant un regard autour de lui, et ses yeux s’arrêtèrent sur une écharpe de cachemire oubliée sur un fauteuil.
Mais, soit pour détourner l’attention de Gilbert, soit qu’il attachât une grande importance à la question qui devait suivre les premières paroles échangées entre lui et le docteur :
– Ah ! dit Mirabeau, c’est vous ! J’ai appris que vous aviez déjà tenu une partie de votre promesse. Paris sait que je suis malade, et le pauvre Teisch n’a pas, depuis deux heures, été dix minutes sans donner de mes nouvelles à mes amis, qui viennent voir si je vais mieux, et peut-être à mes ennemis, qui viennent voir si je vais plus mal. Voilà pour la première partie. Maintenant, avez-vous été aussi fidèle à la seconde ?
– Que voulez-vous dire ? demanda Gilbert en souriant.
– Vous le savez bien.
Gilbert haussa les épaules en signe de négation.
– Avez-vous été aux Tuileries ?
– Oui.
– Avez-vous vu le roi ?
– Oui.
– Avez-vous vu la reine ?
– Oui.
– Et vous leur avez annoncé qu’ils seraient bientôt débarrassés de moi ?
– Je leur ai annoncé que vous étiez malade du moins.
– Et qu’ont-ils dit ?
– Le roi a demandé si vous aviez perdu l’appétit.
– Et sur votre réponse affirmative ?
– Il vous a plaint très sincèrement.
– Bon roi ! le jour de sa mort, il dira à ses amis comme Léonidas : « Je soupe ce soir chez Pluton. » Mais la reine ?
– La reine vous a plaint et s’est informée de vous avec intérêt.
– En quels termes, docteur ? dit Mirabeau, qui attachait évidemment une grande valeur à la réponse qu’allait lui faire Gilbert.
– Mais en très bons termes, dit le docteur.
– Vous m’avez donné votre parole de me répéter textuellement ce qu’elle vous aurait dit.
– Oh ! je ne saurais me rappeler mot pour mot.
– Docteur, vous n’en avez pas oublié une syllabe.
– Je vous jure…
– Docteur, j’ai votre parole ; voulez-vous que je vous traite d’homme sans foi ?
– Vous êtes exigeant, comte.
– Voilà comme je suis.
– Vous voulez absolument que je vous répète les paroles de la reine ?
– Mot pour mot.
– Eh bien, elle a dit que cette maladie aurait dû vous prendre le matin du jour où vous avez défendu à la tribune le drapeau tricolore.
Gilbert voulait juger de l’influence que la reine avait sur Mirabeau.
Celui-ci bondit sur sa chaise longue comme s’il eût été mis en contact avec une pile de Volta.
– Ingratitude des rois ! murmura-t-il. Ce discours a suffi pour lui faire oublier la liste civile de vingt-quatre millions du roi, et son douaire de quatre millions, à elle ! Mais elle ne sait donc pas, cette femme, elle ignore donc, cette reine, qu’il s’agissait de reconquérir d’un seul coup ma popularité perdue pour elle ! mais elle ne se souvient donc plus que j’ai proposé l’ajournement de la réunion d’Avignon à la France pour soutenir les scrupules religieux du roi ! – faute ! Elle ne se souvient donc plus que, pendant ma présidence aux Jacobins, présidence de trois mois qui m’a pris dix ans de ma vie, j’ai défendu la loi de la garde nationale restreinte aux citoyens actifs ! – faute ! Elle ne se souvient donc plus que, dans la discussion à l’Assemblée du projet de loi sur le serment des prêtres, j’ai demandé qu’on restreignît le serment aux prêtres confesseurs ! – faute ! Oh ! ces fautes ! ces fautes ! je les ai bien payées ! continua Mirabeau, et, cependant, ce ne sont point ces fautes qui m’ont fait tomber ; car il y a des époques étranges, singulières, anormales, où l’on ne tombe point par les fautes que l’on commet. Un jour, pour eux encore, j’ai défendu une question de justice, d’humanité : on attaquait la fuite des tantes du roi ; on proposait une loi contre l’émigration : « Si vous faites une loi contre les émigrants, me suis-je écrié, je jure de n’y obéir jamais ! » Et le projet de loi a été rejeté à l’unanimité. Eh bien, ce que n’avaient pu faire mes échecs, mon triomphe l’a fait. On m’a appelé dictateur, on m’a lancé à la tribune par la voie de la colère, la pire des routes que puisse prendre un orateur ! Je triomphai une seconde fois, mais en attaquant les jacobins. Alors, les jacobins jurèrent ma mort, les niais ! Duport, Lameth, Barnave, ils ne voient pas qu’en me tuant ils donnent la dictature de leur tripot à Robespierre. Moi qu’ils eussent dû garder comme la prunelle de leurs yeux, ils m’ont écrasé sous leur stupide majorité ; ils ont fait couler sur mon front la sueur de sang ; ils m’ont fait boire le calice d’amertume jusqu’à la lie ; ils m’ont couronné d’épines, mis le roseau entre les mains, crucifié enfin ! Heureux d’avoir subi cette Passion, comme le Christ, pour une question d’humanité… Le drapeau tricolore ! ils ne voient donc pas que c’est le seul refuge ; que, s’ils voulaient venir légalement, publiquement s’asseoir à son ombre, cette ombre les sauverait encore peut-être ? Mais, la reine, elle ne veut pas être sauvée, elle veut être vengée ; elle ne goûte aucune idée raisonnable. Le moyen que je propose comme étant le seul efficace est celui qu’elle repousse le plus : être modéré, être juste, et, autant que possible, avoir toujours raison. J’ai voulu sauver deux choses à la fois, la royauté et la liberté : lutte ingrate, dans laquelle je combats seul, abandonné, contre quoi ? si c’était contre des hommes, ce ne serait rien ; contre des tigres, ce ne serait rien ; contre des lions, ce ne serait rien ; mais c’est contre un élément, contre la mer, contre le flot qui monte, contre la marée qui grandit ! Hier, j’en avais jusqu’à la cheville ; aujourd’hui, j’en ai jusqu’au genou ; demain, j’en aurai jusqu’à la ceinture ; après-demain, par-dessus la tête… Aussi, tenez, docteur, il faut que je sois franc avec vous. Le chagrin m’a pris d’abord, puis le dégoût. J’avais rêvé le rôle d’arbitre entre la Révolution et la monarchie. Je croyais prendre ascendant sur la reine comme homme, et, comme homme, un beau jour qu’elle se serait aventurée imprudemment dans le fleuve et aurait perdu pied, me jeter à l’eau et la sauver. Mais non ; on a voulu me compromettre, me dépopulariser, me perdre, m’annihiler, me rendre impuissant au mal comme au bien. Aussi, maintenant, ce que j’ai de mieux à faire, docteur, je vais vous le dire : c’est de mourir à temps ; c’est surtout de me coucher artistement comme l’athlète antique, c’est de tendre la gorge avec grâce ; c’est de rendre le dernier soupir convenablement.
Et Mirabeau se laissa retomber sur sa chaise longue, dont il mordit l’oreiller à pleines dents.
Gilbert savait ce qu’il voulait savoir, c’est-à-dire où étaient la vie et la mort de Mirabeau.
– Comte, demanda-t-il, que diriez-vous si demain le roi envoyait prendre de vos nouvelles ?
Le malade fit un mouvement des épaules qui voulait dire : « Cela me serait bien égal ! »
– Le roi… ou la reine, ajouta Gilbert.
– Hein ? fit Mirabeau en se redressant.
– Je dis le roi ou la reine, répéta Gilbert.
Mirabeau se souleva sur ses deux poings comme un lion accroupi, et essaya de lire jusqu’au fond du cœur de Gilbert.
– Elle ne le fera pas, dit-il.
– Mais enfin, si elle le faisait ?
– Vous croyez, dit Mirabeau, qu’elle descendrait jusque-là ?
– Je ne crois rien ; je suppose, je présume.
– Soit, dit Mirabeau, j’attendrai jusqu’à demain au soir.
– Que voulez-vous dire ?
– Prenez les mots dans le sens qu’ils ont, docteur, et ne voyez pas en eux autre chose que ce qu’ils veulent dire. J’attendrai jusqu’à demain au soir.
– Et demain au soir ?
– Eh bien, demain au soir, si elle a envoyé, docteur ; si par exemple, M. Weber est venu, vous avez raison, et c’est moi qui ai tort. Mais si, au contraire, il n’est pas venu, oh ! alors, c’est vous qui avez tort, docteur, et c’est moi qui ai raison.
– Soit, à demain au soir. Jusque-là, mon cher Démosthène, du calme, du repos, de la tranquillité.
– Je ne quitterai pas ma chaise longue.
– Et cette écharpe ?
Gilbert montra du doigt l’objet qui le premier avait frappé ses yeux en entrant dans la chambre.
Mirabeau sourit.
– Parole d’honneur ! dit-il.
– Bon ! dit Gilbert, tâchez de passer une nuit paisible, et je réponds de vous.
Et il sortit.
À la porte, Teisch l’attendait.
– Eh bien, mon brave Teisch, ton maître va mieux, dit le docteur.
Le vieux serviteur secoua tristement la tête.
– Comment, reprit Gilbert, tu doutes de ma parole ?
– Je doute de tout, monsieur le docteur, tant que son mauvais génie sera près de lui.
Et il poussa un soupir en laissant Gilbert dans l’étroit escalier.
À l’angle d’un des paliers, Gilbert vit comme une ombre voilée qui l’attendait.
Cette ombre, en l’apercevant, jeta un léger cri, et disparut derrière une porte entrouverte pour lui faciliter cette retraite qui ressemblait à une fuite.
– Quelle est cette femme ? demanda Gilbert.
– C’est elle, répondit Teisch.
– Qui, elle ?
– La femme qui ressemble à la reine.
Gilbert, pour la seconde fois, parut frappé de la même idée en entendant la même phrase ; il fit deux pas en avant comme s’il eût voulu poursuivre le fantôme ; mais il s’arrêta en murmurant :
– Impossible !
Et il continua son chemin, laissant le vieux domestique désespéré qu’u...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1 - Ce que le roi avait dit; ce qu’avait dit la reine
  3. Chapitre 2 - Vive Mirabeau !
  4. Chapitre 3 - Fuir ! Fuir ! Fuir !
  5. Chapitre 4 - Les funérailles
  6. Chapitre 5 - Le messager
  7. Chapitre 6 - La promesse
  8. Chapitre 7 - Double vue
  9. Chapitre 8 - La soirée du 20 juin
  10. Chapitre 9 - Le départ
  11. Chapitre 10 - Une question d’étiquette
  12. Chapitre 11 - La route
  13. Chapitre 12 - Fatalité
  14. Chapitre 13 - Fatalité
  15. Chapitre 14 - Fatalité
  16. Chapitre 15 - Jean-Baptiste Drouet
  17. Chapitre 16 - La tour de péage du pont de Varennes
  18. Chapitre 17 - La maison de M. Sausse
  19. Chapitre 18 - Le conseil du désespoir
  20. Chapitre 19 - Pauvre Catherine !
  21. Chapitre 20 - Charny
  22. Chapitre 21 - Un ennemi de plus
  23. Chapitre 22 - La haine d’un homme du peuple
  24. Chapitre 23 - M. de Bouillé
  25. Chapitre 24 - Le départ
  26. Chapitre 25 - La voie douloureuse
  27. Chapitre 26 - La voie douloureuse
  28. Chapitre 27 - La voie douloureuse
  29. Chapitre 28 - La voie douloureuse
  30. Chapitre 29 - La voie douloureuse
  31. Chapitre 30 - Le calvaire
  32. Chapitre 31 - Le calice
  33. Chapitre 32 - Le coup de lance
  34. Chapitre 33 - Date Lilia
  35. Chapitre 34 - Un peu d’ombre après le soleil
  36. Chapitre 35 - Les premiers républicains
  37. Chapitre 36 - L’entresol des Tuileries
  38. Chapitre 37 - La journée du 15 juillet
  39. Chapitre 38 - Où nous arrivons, enfin, à cette protestation que recopiait Mme Roland
  40. À propos de cette édition électronique
  41. Notes de bas de page