Ange Pitou - Tome II - (Les Mémoires d'un médecin)
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Ange Pitou - Tome II - (Les Mémoires d'un médecin)

About this book

Suite du cycle «Les mémoires d'un médecin». Gilbert, l'élève de Jean-Jacques Rousseau et l'ami de Balsamo, que l'on croyait mort (voir «Joseph Balsamo») revient en France après un séjour en Amérique où il a mis au service de la liberté ses talents de philosophe et de médecin. À peine arrivé au Havre,il se fait arrêter alors que dans le même temps, on vole un coffret lui appartenant et qu'il avait confié au fermier Billot de Villers-Cotterêts. Celui-ci part alors pour Paris afin de le prévenir de ce vol. Il est accompagné d'Ange Pitou, un jeune garçon de dix-huit ans, amoureux de Catherine, la fille du fermier, qui elle-même aime Isidore de Charny, un jeune noble. Ils arrivent à Paris le 13 juillet 1789 dans un climat troublé, et apprennent par Sébastien, le fils du docteur, que Gilbert est emprisonné à la Bastille. N'écoutant alors que son coeur, Billot fait preuve d'ingéniosité et de bravoure et, suivi d'Ange Pitou, aidé du peuple de Paris, il réussit l'impossible: prendre la Bastille et libérer le docteur Gilbert....

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Information

Chapitre 1 Le plastron

Le lendemain se leva ; brillant et pur comme la veille, un soleil éblouissant dorait les marbres et le sable de Versailles.
Les oiseaux groupés par milliers sur les premiers arbres du parc saluaient de leurs cris assourdissants le nouveau jour de chaleur et de gaieté promis à leurs amours.
La reine était levée à cinq heures. Elle fit prier le roi de passer chez elle aussitôt qu’on l’aurait réveillé.
Louis XVI, un peu fatigué par la réception d’une députation de l’Assemblée qui était venue la veille, et à laquelle il avait été forcé de répondre – c’était le commencement des discours –, Louis XVI avait dormi un peu plus tard pour réparer sa fatigue et pour qu’il ne fût pas dit qu’en lui la nature perdrait quelque chose.
Aussi, à peine l’eut-on habillé, que la prière de la reine lui parvint comme il passait l’épée ; il fronça légèrement le sourcil.
– Quoi ! dit-il, la reine est déjà levée ?
– Oh ! depuis longtemps, Sire.
– Est-elle malade encore ?
– Non, Sire.
– Et que me veut la reine de si bon matin ?
– Sa Majesté ne l’a pas dit.
Le roi prit un premier déjeuner, qui se composait d’un bouillon avec un peu de vin, et passa chez Marie-Antoinette.
Il trouva la reine tout habillée, comme pour la cérémonie. Belle, pâle, imposante, elle accueillit son mari avec ce froid sourire qui brillait comme un soleil d’hiver sur les joues de la reine, alors que, dans les grandes réceptions de la cour, il fallait jeter un rayon à la foule.
Ce regard et ce sourire, le roi n’en comprit pas la tristesse. Il se préoccupait déjà d’une chose, à savoir de la résistance probable qu’allait faire Marie-Antoinette au projet arrêté la veille.
– Encore quelque nouveau caprice, pensait-il.
Voilà pourquoi il fronçait le sourcil.
La reine ne manqua point de fortifier en lui par les premiers mots qu’elle fit entendre, cette opinion.
– Sire, dit-elle, depuis hier, j’ai bien réfléchi.
– Allons, nous y voilà, s’écria le roi.
– Renvoyez, je vous prie, tout ce qui n’est pas de l’intimité.
Le roi, maugréant, donna ordre à ses officiers de s’éloigner.
Une seule des femmes de la reine demeura près de Leurs Majestés : c’était madame Campan.
Alors, la reine, appuyant ses deux belles mains sur le bras du roi :
– Pourquoi êtes-vous déjà tout habillé ? dit-elle ; c’est mal.
– Comment, mal ! Pourquoi ?
– Ne vous avais-je point fait demander de ne vous point habiller avant de passer ici ? Je vous vois la veste et l’épée. J’espérais que vous seriez venu en robe de chambre.
Le roi la regarda tout surpris.
Cette fantaisie de la reine éveillait en lui une foule d’idées étranges, dont la nouveauté même rendait l’invraisemblance encore plus forte.
Son premier mouvement fut la défiance et l’inquiétude.
– Qu’avez-vous ? dit-il à la reine. Prétendez-vous retarder ou empêcher ce dont nous sommes convenus hier ensemble ?
– Nullement, Sire.
– Je vous en prie, n’est-ce pas, plus de raillerie sur un sujet de cette gravité. Je dois, je veux aller à Paris ; je ne puis plus m’en dispenser. Ma maison est commandée ; les personnes qui m’accompagneront sont dès hier soir désignées.
– Sire, je ne prétends rien, mais…
– Songez, dit le roi en s’animant par degrés pour se donner du courage, songez que déjà la nouvelle de mon voyage à Paris a dû parvenir aux Parisiens, qu’ils se sont préparés, qu’ils m’attendent ; que les sentiments très favorables que selon la prédiction de Gilbert ce voyage a jetés dans les esprits, peuvent se changer en une hostilité désastreuse. Songez enfin…
– Mais, Sire, je ne vous conteste pas ce que vous me faites l’honneur de me dire ; je me suis hier résignée, résignée je suis aujourd’hui.
– Alors, madame, pourquoi ces préambules ?
– Je n’en fais pas.
– Pardon ; pourquoi ces questions sur mon habillement, sur mes projets ?
– Sur l’habillement, à la bonne heure, reprit la reine, en essayant encore de ce sourire qui, à force de s’évanouir, devenait de plus en plus funèbre.
– Que voulez-vous de mon habillement ?
– Je voudrais, Sire, que vous quittassiez votre habit.
– Ne vous paraît-il pas séant ? C’est un habit de soie d’une couleur violette. Les Parisiens sont accoutumés à me voir ainsi vêtu ; ils aimaient chez moi cette couleur, sur laquelle, d’ailleurs, un cordon bleu fait bien. Vous me l’avez dit vous-même assez souvent.
– Je n’ai, Sire, aucune objection à faire contre la nuance de votre habit.
– Alors ?
– C’est contre la doublure.
– Vraiment, vous m’intriguez avec cet éternel sourire… la doublure… quelle plaisanterie !…
– Je ne plaisante plus, hélas !
– Bon, voilà que vous palpez ma veste, à présent ; vous déplaît-elle aussi ? Taffetas blanc et argent, garniture que vous m’avez brodée vous-même, une de mes vestes favorites.
– Je n’ai rien non plus contre la veste.
– Que vous êtes singulière ! c’est le jabot, c’est la chemise de batiste brodée qui vous offusquent ? Eh ! ne dois-je pas faire toilette pour aller voir ma bonne ville de Paris ?
Un amer sourire plissa les lèvres de la reine ; sa lèvre inférieure surtout, celle qu’on lui reprochait tant, à l’Autrichienne, s’épaissit et s’avança comme si elle se fût gonflée de tous les poisons de la colère et de la haine.
– Non, dit-elle, je ne vous reproche pas votre belle toilette, Sire, c’est toujours la doublure, toujours, toujours.
– La doublure… de ma chemise brodée ! ah ! expliquez-vous, enfin.
– Eh bien ! je m’explique ; le roi, haï, gênant, qui va se jeter au milieu de sept cent mille Parisiens ivres de leurs triomphes et de leurs idées révolutionnaires, le roi n’est pas un prince du moyen âge, et cependant il devrait faire aujourd’hui son entrée à Paris dans une bonne cuirasse de fer, sous un armet de bon acier de Milan ; il devrait s’y prendre de façon, ce prince, que pas une balle, pas une flèche, pas une pierre, pas un couteau ne pût trouver le chemin de sa chair.
– C’est vrai, au fond, dit Louis XVI pensif ; mais ma bonne amie, comme je ne m’appelle ni Charles VIII, ni François Ier, ni même Henri IV, comme la monarchie d’aujourd’hui est nue sous le velours et la soie, j’irai nu sous mon habit de soie, et pour mieux dire… j’irai avec un point de mire qui pourra guider les balles. J’ai la plaque des ordres sur le cœur.
La reine poussa un gémissement étouffé.
– Sire, dit-elle, nous commençons à nous entendre. Vous allez voir, vous allez voir que votre femme ne plaisante plus.
Elle fit un signe à madame Campan, qui était restée au fond de la chambre, et celle-ci prit dans un tiroir du chiffonnier de la reine un objet de forme large, plate et oblongue, caché dans une enveloppe de soie.
– Sire, dit la reine, le cœur du roi appartient d’abord à la France, c’est vrai, mais je crois beaucoup qu’il appartient à sa femme et à ses enfants. Pour ma part, je ne veux pas que ce cœur soit exposé aux balles ennemies. J’ai pris mes mesures pour sauver de tout péril mon époux, mon roi, le père de mes enfants.
En même temps elle développait du linge de soie qui l’enfermait un gilet de fines mailles d’acier croisées avec un art si merveilleux qu’on eût dit une étoffe arabe, tant le point de la trame imitait la moire, tant il y avait de souplesse et d’élasticité dans les tissus et le jeu des surfaces.
– Qu’est cela ? dit le roi.
– Regardez, Sire.
– Un gilet, ce me semble.
– Mais oui, Sire.
– Un gilet qui ferme jusqu’au col.
– Avec un petit collet destiné, comme vous le voyez, à doubler le col de la veste ou de la cravate.
Le roi prit le gilet dans ses mains et l’examina curieusement.
La reine, voyant cette bienveillante attention, était pénétrée de joie.
Le roi, lui, semblait compter avec bonheur chacune des mailles de ce réseau merveilleux qui ondulait sous ses doigts avec la malléabilité d’un tricot de laine.
– Mais, dit-il, c’est là de l’admirable acier.
– N’est-ce pas, Sire ?
– Et un travail miraculeux.
– N’est-ce pas ?
– Je ne sais vraiment pas où vous avez pu vous procurer cela.
– Je l’ai acheté hier soir d’un homme qui depuis longtemps me l’avait offert pour le cas où vous iriez en campagne.
– C’est admirable ! admirable ! dit le roi, examinant en artiste.
– Et cela doit aller comme un gilet de votre tailleur, Sire.
– Oh ! croyez-vous ?
– Essayez.
Le roi ne dit mot ; il défit lui-même son habit violet.
La reine tremblait de joie ; elle aida Louis XVI à déposer les ordres, et madame Campan le reste.
Cependant le roi ôtait lui-même son épée. Quiconque à ce moment eût contemplé la figure de la reine l’eût vue illuminée d’une de ces triomphales clartés que reflète la félicité suprême.
Le roi se laissa dépouiller de sa cravate sous laquelle les mains délicates de la reine glissèrent le col d’acier.
Puis Marie-Antoinette elle-même attacha les agrafes de ce corselet qui prenait admirablement la forme du corps, couvrait les entournures, doublé partout d’une fine buffleterie destinée à amortir la pression de l’acier sur les chairs.
Ce gilet descendait plus bas qu’une cuirasse, il défendait tout le corps.
Placées par-dessus, la veste et la chemise le couvraient complètement. Il n’augmentait pas d’une demi-ligne l’épaisseur du corps. Il permettait les gestes sans amener aucune gêne.
– Est-ce bien pesant ? dit la reine.
– Non.
– Voyez donc, mon roi, quelle merveille, n’est-ce pas ? dit la reine, en battant des mains, à madame Campan qui achevait de fermer les boutons des manches du roi.
Madame Campan manifesta sa joie tout aussi naïvement que la reine.
– J’ai sauvé mon roi ! s’écria Marie-Antoinette. Cette cuirasse invisible, essayez-la, placez-la sur une table, essayez de l’entamer avec un couteau, essayez de la trouer avec une balle, essayez ! essayez !
– Oh ! fit le roi d’un air de doute.
– Essayez ! répéta-t-elle dans son enthousiasme.
– Je le ferais volontiers par curiosité, dit le roi.
– Ne le faites pas, c’est inutile, Sire.
– Comment, il est inutile que je vous prouve l’excellence de votre merveille !
– Ah ! que voilà les hommes ! Croyez-vous que j’eusse ajouté foi aux témoignages d’un autre, d’un indifférent lorsqu’il s’agissait de la vie de mon époux, du salut de la France ?
– Il me semble pourtant que c’est là ce que vous avez fait, Antoinette, vous avez ajouté foi…
Elle secoua la tête avec une obstination charmante.
– Demandez, fit-elle en désignant la femme qui était là, demandez à cette bonne Campan ce qu’elle et moi nous avons fait ce matin.
– Quoi donc, mon Dieu ? demanda le roi tout intrigué.
– Ce matin, que dis-je, cette nuit, comme deux folles, nous avons éloigné tout le service, et nous nous sommes enfermées dans sa chambre, à elle, qui est reculée au fond du dernier corps de logis des pages ; or, les pages sont partis hier soir pour les logements à Rambouillet. Nous nous sommes assurées que personne ne pouvait nous surprendre avant que nous eussions effectué notre projet.
– Mon Dieu ! mais vous m’effrayez véritablement. Quels...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1 - Le plastron
  3. Chapitre 2 - Le départ
  4. Chapitre 3 - Le voyage
  5. Chapitre 4 - Ce qui se passait à Versailles tandis que le roi écoutait les discours de la municipalité
  6. Chapitre 5 - Le retour
  7. Chapitre 6 - Foullon
  8. Chapitre 7 - Le beau-père
  9. Chapitre 8 - Le gendre
  10. Chapitre 9 - Billot commence à s’apercevoir que tout n’est pas rose dans les révolutions
  11. Chapitre 10 - Les Pitt
  12. Chapitre 11 - Médée
  13. Chapitre 12 - Ce que voulait la reine
  14. Chapitre 13 - Le régiment de Flandre
  15. Chapitre 14 - Le banquet des gardes
  16. Chapitre 15 - Les femmes s’en mêlent
  17. Chapitre 16 - Maillard général
  18. Chapitre 17 - Versailles
  19. Chapitre 18 - Journée du 5 octobre
  20. Chapitre 19 - La soirée du 5 au 6 octobre
  21. Chapitre 20 - La nuit du 5 au 6 octobre
  22. Chapitre 21 - Le matin
  23. Chapitre 22 - Georges de Charny
  24. Chapitre 23 - Départ, voyage et arrivée de Pitou et de Sébastien Gilbert
  25. Chapitre 24 - Comment Pitou, qui avait été maudit et chassé par sa tante à propos d’un barbarisme et de trois solécismes, fut remaudit et rechassé par elle à propos d’une volaille au riz
  26. Chapitre 25 - Pitou révolutionnaire
  27. Chapitre 26 - Madame Billot abdique
  28. Chapitre 27 - Ce qui décide Pitou à quitter la ferme et à retourner à Haramont, sa seule et véritable patrie
  29. Chapitre 28 - Pitou orateur
  30. Chapitre 29 - Pitou conspirateur
  31. Chapitre 30 - Où l’on voit en présence le principe monarchique représenté par l’abbé Fortier, et le principe révolutionnaire représenté par Pitou
  32. Chapitre 31 - Pitou diplomate
  33. Chapitre 32 - Pitou triomphe
  34. Chapitre 33 - Le père Clouïs et la pierre Clouïse, ou comment Pitou devint tacticien et eut l’air noble
  35. Chapitre 34 - Où Catherine fait, à son tour, de la diplomatie
  36. Chapitre 35 - Le miel et l’absinthe
  37. Chapitre 36 - Dénouement imprévu
  38. À propos de cette édition électronique