Sous les cieux de Québec
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Sous les cieux de Québec

Météo et climat, 1534-1831

Yvon Desloges

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Sous les cieux de Québec

Météo et climat, 1534-1831

Yvon Desloges

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Le «réchauffement climatique»: l'expression est très à la mode. Elle sous-entend chaleur - quelquefois excessive -, températures extrêmes, tempêtes violentes, pluies diluviennes, périodes de froid sibérien et quoi d'autre Vous vous croyez au XXIe siècle? Bienvenue aux XVIIe et XVIIIesiècles. La météo d'ici n'avait jusqu'à ce jour pas d'histoire. Peu de gens se doutaient que l'éruption d'un volcan en Indonésie pouvait provoquer un refroidissement jusqu'à Québec. Encore moins de gens auraient imaginé que Champlain a fondé Québec dans une période de froid sévère ou que le XVIIe siècle québécois compte parmi les plus froids du dernier millénaire. Et, surtout, que certains de ces froids ont été quelquefois communs à l'hémisphère Nord. Encore moins de gens auraient même soupçonné que la région de Québec a subi, au XVIIIesiècle, une augmentation des températures, a connu des sécheresses et des feux de forêt à répétition et a dû faire face à des invasions de sauterelles et de chenilles, autant de signes associés à une période de réchauffement climatique. Cette augmentation des températures du XVIIIesiècle est attestée autant par les impressions des colons et les relevés de températures que par des études physiques comme celles de la dendrochronologie.Yvon Desloges est un chercheur retraité de Parcs Canada. Depuis 2010, il est rattaché au Département des sciences historiques de l'Université Laval à titre de professeur associé. Il travaille à documenter l'histoire de l'alimentation au Québec aux XVIIe et XVIIIesiècles. Il est l'auteur de À table en Nouvelle-France. Alimentation populaire, gastronomie et traditions alimentaires dans la vallée laurentienne avant l'avènement des restaurants (Septentrion, 2009).

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Informazioni

Anno
2016
ISBN
9782896649754
CHAPITRE 3
Les cieux « échauffés »
Neige et froids de la saison hivernale ne constituent qu’un indicateur des variantes saisonnières de la vallée laurentienne et de son climat. Qu’en est-il de la saison de végétation, c’est-à-dire du printemps à l’automne ? Au cours du XVIIIe siècle, un terme vient en vogue autant en Europe que de ce côté-ci de l’Atlantique : c’est celui de sécheresse, qui, outre le manque d’eau, sous-entend un réchauffement des températures. De nombreux indices pointent vers ce phénomène et ils ne se limitent pas au seul contexte laurentien : il s’agit d’un phénomène hémisphérique.
Des sources exceptionnellement riches permettent de jeter un regard beaucoup plus perçant sur les réalités climatiques de la région de Québec au cours du XVIIIe siècle, qu’il s’agisse du printemps, de l’été ou de l’automne. Des scientifiques comme le médecin Jean-François Gaultier et le botaniste Pehr Kalm, le contremaître des travaux James Thompson et le marchand Henry Juncken nous permettent de scruter les cieux afin de mieux découvrir cette réalité méconnue du Siècle des Lumières canadien en ce qui concerne la température et les précipitations.
La situation européenne et française
Deux mots caractérisent la climatologie française au cours du XVIIIe siècle : ce sont les termes sécheresse et tempête. Le XVIIIe siècle français se démarque par la fréquence des sécheresses, qui reviennent tous les deux ans ou plus rapidement et qui sont de plus en plus longues. Par ailleurs, les tempêtes se font de plus en plus violentes non seulement en France, mais également outre-Manche. Au cours du XVIIIe siècle, la France connaît une hausse des deux genres d’événements.
Plus de quatre épisodes sur cinq de sécheresses sont associés à une insuffisance d’eau « causée par un déficit hydrique de printemps et d’été ». Pour les climatologues, la sécheresse se définit comme une période de déficit de précipitations. L’absence de précipitations se veut le signe d’une sécheresse atmosphérique. La terre s’assèche plus rapidement lorsqu’il ne pleut pas et qu’il fait chaud et venteux. Lorsque la sécheresse se poursuit, les cultures s’en ressentent et le niveau des cours d’eau baisse. Et quand la sécheresse produit une baisse du niveau d’eau dans les cours d’eau, on parle alors de sécheresse hydrologique ou phréatique180.
Le XVIIIe siècle démarre rapidement pour les Français. Pour les années 1701 à 1708, les températures moyennes augmentent de 1,2 °C par rapport à la décennie précédente, l’une des plus froides du XVIIe siècle. Certains étés, comme ceux d’août 1705 et d’août 1707, connaîtront des hausses de l’ordre de 2 à 3 °C. Les éruptions volcaniques de 1707-1708, qui émettront un volume spectaculaire de poussières, ont davantage d’influence sur l’été et l’automne et amènent beaucoup de pluie. Dès 1708, l’été pluvieux fait que la récolte est médiocre. Puis vient la catastrophe de l’hiver 1709 et seule l’orge semée au printemps 1709 pousse bien et sauve la mise. L’apparition de maladies broncho-pulmonaires à la suite du grand froid est accentuée par la carence alimentaire et se traduit en déficit démographique « subsistanciel181 ».
Les années 1710-1715 sont des années en dents de scie. Après 1717 toutefois, une certaine accalmie dure pendant presque deux décennies. C’est au cours de cette période que le plus grand nombre de courants El Niño consécutifs sont recensés. La plus longue séquence s’échelonne de 1718 à 1723. Ainsi, entre 1718 et 1738, une longue séquence de courants El Niño se manifeste puisque pendant ces 21 années, 12 jouissent de ce courant, ce qui assure à la France son « heureuse séquence douce », associée à sa surproduction de vins et à l’abondance de blé à des prix défiant toute concurrence.
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Figure 23. Sécheresse en Haute-Marne. Photo par Isl@m. Wikimedia Commons.
D’ailleurs, les années 1718 et 1719 se caractérisent en France par la chaleur et la sécheresse. Or, l’année 1718 coïncide avec un courant El Niño qualifié d’extrême. Selon une échelle basée sur des indices de sévérité, seulement trois événements El Niño peuvent être qualifiés d’extrême au cours du XVIIIe siècle : ce sont ceux de 1718, de 1723 et de 1737 (chapitre 2, tableau 8). Toutefois, il y a réduction de la fréquence et de la durée des courants El Niño entre 1730 et 1780, selon les données de modélisation, exception faite évidemment du phénomène extrême de 1737182. Néanmoins, la France, l’Angleterre et les Pays-Bas connaîtront une décennie 1730 chaude183.
L’été 1740 est frais, tardif et humide et l’automne se métamorphose en déluge autant en France qu’en Angleterre. Déjà en 1739, un ralentissement des récoltes céréalières s’observe en Angleterre et sur le continent. Aux Pays-Bas, outre les céréales, la production laitière écope. L’Allemagne connaît une mauvaise récolte en 1740, mais récupère cette insuffisance en 1741, tout comme l’Autriche, la Bohême, la Silésie et la Hongrie. En Suède, le froid détruit les récoltes céréalières de blé d’automne et affecte aussi celles de blé de printemps. Après les grands froids des années 1740-1742, fort probablement associés aux deux éruptions japonaises (chapitre 2, tableau 7), la décennie se déroule sans trop de surprises et débouche, en France à tout le moins, sur une période d’ensoleillement produisant de superbes récoltes de blé184.
De 1751 à 1756, des récoltes tardives causées par des étés froids, autant en France qu’en Angleterre, contribuent à la montée des prix du blé. Au cours de ces années, plusieurs autres pays européens connaissent de mauvaises récoltes. Même le Japon, entre 1753 et 1756, connaît trois années de famine à la suite d’étés frais185. Phénomène de l’hémisphère Nord ? La décennie subséquente s’annonce froide, résultante de toutes les éruptions volcaniques.
En 1770, l’Angleterre connaît un printemps, un été et un automne froids, d’où une récolte médiocre, tout comme en France. Le printemps 1770 est le plus froid que connaît l’Angleterre entre 1702 et 1836. Les températures froides et pluvieuses sont néfastes pour les récoltes de blé, mais aussi pour les foins, les pommes de terre et la productivité du bétail. Cette situation s’amorce en 1767 alors que l’été est le plus froid depuis 1740. Conséquence : une hausse générale des prix alimentaires en Angleterre en 1770. À partir de 1772, l’Angleterre devient importatrice nette de céréales, notamment de blés russes. Cependant, même dans les pays producteurs de l’est de l’Europe, le prix des grains triple à la suite des caprices de dame nature186.
En 1779, la sécheresse sévit du Poitou jusqu’en Flandre et aussi en Angleterre, d’où une surmortalité, en France notamment, à cause de la dysenterie. « La chaleur d’été tue par les intestins ; le froid d’hiver en attaquant par les bronches, les poumons, voire le cœur. » En Angleterre, le printemps 1782 est le plus froid enregistré de 1771 à 1798. En Écosse, la récolte de blé de 1782 est désastreuse et celle des pommes de terre est détruite par le gel automnal. Le 8 juin 1783, le Laki entre en éruption : de juin à septembre, « un brouillard sec et coloré » couvre l’ensemble de l’Europe. L’été est très chaud, mais la production céréalière en France n’en est que peu affectée. L’impact du Laki est cependant fort négatif en Angleterre sur le plan démographique : la surmortalité commence en août 1783, conséquence de l’inhalation d’un air soufré187.
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Figure 24. La moisson par George Stubbs, 1785. Original au Tate Museum, Londres. Wikimedia Commons.
À la veille de la Révolution française, la sécheresse sévit en France, ce qui fait que la production de vin explose et que son prix s’effondre. Cette situation conduit à l’abattage massif du bétail en France. En Angleterre, l’été est l’un des plus chauds de la période 1780-1793. Le sud est aux prises avec une sécheresse, alors que l’hiver subséquent est très froid et le printemps, tardif188. Les températures anormales sabotent la récolte de blé.
La France, aussi aux prises avec de mauvaises récoltes, s’en remet au marché américain pour compenser ses...

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