Agonistes
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Essays in Honour of Denis O'Brien

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Agonistes

Essays in Honour of Denis O'Brien

About this book

Agonistes comprises a collection of essays presented by his friends and colleagues to Denis O'Brien, former Directeur de recherchĂ© at the Centre Nationale de RecherchĂ© Scientifique, representing the full range of his scholarly interests in the field of ancient philosophy, from the Presocratics, through Plato, Aristotle and Hellenistic philosophy, to Plotinus and later Neoplatonism. The honorand himself leads off with a stimulating Apologia, sketching the development of his scholarly interests and dwelling on the issues that have chiefly concerned him. The contributions then follow in chronological order, under four headings: I From the Presocratics to Plato (FrĂšre, Brancacci); II From Plato to the Stoics (Brisson, Casertano, Dixsaut, KĂŒhn, McCabe, Narcy, Rowe, Goulet); III Plotinus and the Neoplatonist Tradition (O'Meara, Sakonji, Gersh, Steel, Dillon, Smith); IV Saint Augustine and After (PĂ©pin, Rist, Brague/Freudenthal). They comprise a significant representation of the most distinguished scholars both on the continent and in the British Isles, and fairly represent the wide influence which Denis O'Brien has had on his contemporaries. The volume includes also a full bibliography of O'Brien's works.

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Information

PART II

FROM PLATO TO THE STOICS

UN MONDE ABANDONNÉ À LUI-MÊME

LUC BRISSON
Nous vivons sous le rĂšgne de Zeus1. Or l’interprĂ©tation traditionnelle du mythe du Politique amĂšne Ă  conclure que ce rĂšgne correspond Ă  un monde abandonnĂ© de dieu. Je voudrais montrer que tel n’est pas le cas, car alors Platon ne pourrait plus, dans le livre X des Lois, s’insurger contre des doctrines qui remettent en cause l’existence des dieux, leur providence et leur impartialitĂ© ; et surtout il ne pourrait plus prĂ©tendre que le monde dans lequel nous vivons est rempli de dieux (Lois, X, 899b). Pour montrer la justesse de mon point de vue j’analyserai trois passages du corpus platonicien oĂč l’on trouve, me semble-t-il, la description d’un monde abandonnĂ© de dieu.

1. Dans le Politique

La rĂ©volution de l’univers va tantĂŽt dans un sens tantĂŽt dans un autre, suivant qu’un dieu l’accompagne ou l’abandonne. VoilĂ  ce que, par la suite, j’appellerai les deux « cycles cosmiques », en prenant « cycle » dans le sens d’intervalle de temps dĂ©terminĂ© durant lequel les corps cĂ©lestes et l’univers vont dans un sens ou dans un autre. Ces « cycles » qui sont au nombre de deux peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des « pĂ©riodes » si on prend en considĂ©ration les intervalles de temps indĂ©pendamment du sens de rotation des corps cĂ©lestes et de l’univers ; de ce point de vue, les pĂ©riodes se succĂšdent dans le temps en un nombre indĂ©terminĂ© : prĂ©sence de dieu / abandon par dieu / prĂ©sence de dieu / abandon par dieu, etc. De surcroĂźt, le nom du dieu qui accompagne la course de l’univers varie durant le rĂ©cit du mythe : ce peut ĂȘtre le dĂ©miurge ou pĂšre du monde, Kronos ou Zeus, ce qui n’a rien de surprenant dans le contexte de la religion grecque. En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’il n’y a que deux cycles qui se rĂ©pĂštent que le temps de l’histoire est dĂ©composĂ©2; l’histoire peut ĂȘtre linĂ©aire mĂȘme dans le cadre d’une alternance de cycles.
Alors Ă©coute : cet univers-ci3, tantĂŽt le dieu lui-mĂȘme l’accompagne dans sa marche (sumpodegeĂź poreuĂłmenon) et dans sa rĂ©volution (sugkukleĂź)4; tantĂŽt au contraire le dieu l’abandonne (anĂȘken)5, une fois que les rĂ©volutions ont atteint en durĂ©e la mesure qui lui convient6; alors, de lui-mĂȘme, l’univers se remet Ă  tourner dans le sens contraire, puisque c’est un vivant7 et que dĂšs le principe il a reçu de celui qui l’a ordonnĂ©8 la rĂ©flexion en partage9. Or cette disposition Ă  la marche rĂ©trograde lui est nĂ©cessairement innĂ©e, pour la raison que voici. (Politique, 269c4–d3)
La cause de cette disposition à la marche rétrograde est donnée par la suite. Trois possibilités sont écartées.
1) Le monde est toujours l’auteur de sa rotation : ce ne peut ĂȘtre le cas, car ce qui meut le corps du monde, Ă  savoir l’ñme du monde, ne peut aller tantĂŽt dans un sens tantĂŽt dans l’autre10.
2) Un mĂȘme dieu explique ces deux rĂ©volutions inverses : cela est impossible, parce que, pour Platon, aucun dieu n’est sujet au changement.
3) Deux dieux qui s’opposent expliquent le mouvement dans un sens et le mouvement dans l’autre : comme tous les dieux sont bons, si un autre dieu s’opposait au dĂ©miurge qui est bon, il serait d’entrĂ©e de jeu mauvais, ce qui est impossible dans une perspective platonicienne (voir RĂ©publique, II et III). Comme l’a bien montrĂ© Denis O’Brien11, en racontant ce mythe, Platon s’oppose Ă  EmpĂ©docle qui dĂ©fendait cette derniĂšre position. Alors que, pour EmpĂ©docle, le dĂ©sordre qui affecte le monde est l’Ɠuvre d’une divinitĂ© malveillante, la Haine, pour Platon, le dĂ©sordre s’explique par le fait que le monde a un corps. Par suite, lorsque le monde est laissĂ© Ă  lui-mĂȘme, sa nature corporelle l’entraĂźne vers le dĂ©sordre, tandis que, lorsqu’une divinitĂ© dirige sa course, l’ordre rĂšgne12.
La seule possibilité qui subsiste est donc la suivante :
(
) comme je le disais tout Ă  l’heure, l’unique solution qui reste, c’est que le monde est tantĂŽt accompagnĂ© (sumpodegeĂźsthai) par une cause Ă©trangĂšre, un dieu, et qu’il acquiert alors Ă  nouveau la vie en recevant de son dĂ©miurge une immortalitĂ© restaurĂ©e13, et que tantĂŽt, lorsqu’il est abandonnĂ© (anethĂȘi)14, il suit son impulsion propre, parce qu’il a Ă©tĂ© lĂąchĂ© (aphetĂ©nta)15 au moment opportun (katĂ  kairĂłn)16, de sorte qu’il parcourt en sens inverse plusieurs milliers de rĂ©volutions, car, l’univers, dont la taille est Ă©norme et qui est parfaitement bien Ă©quilibrĂ©, tourne sur un pied extrĂȘmement petit17. (Politique, 270a2–8)
Ce passage propose une description trĂšs concrĂšte d’une situation chronologique assez simple dans son mĂ©canisme18. Platon songe ici Ă  une sphĂšre armillaire, reposant sur un pivot d’une extrĂȘme petitesse et suspendue Ă  un crochet par un fil; quand la main met la sphĂšre en mouvement, le fil se tord ; quand la sphĂšre est abandonnĂ©e par la main, le mouvement continue encore quelque temps dans le mĂȘme sens, dĂ©jĂ  troublĂ© cependant par la tendance du fil Ă  se dĂ©tordre; et il ne tarde pas Ă  prendre une direction inverse de celle que lui communiquait la main (on songe encore Ă  ce que Platon dit du mouvement de la toupie, en RĂ©publique, IV, 436d–e, ou en Lois, X, 898a–b).
Mais qu’en est-il dans un cas prĂ©cis, lorsque Kronos et les autres dieux se retirent?
Car une fois que fut passĂ© le temps que devaient durer toutes ces choses et que fut arrivĂ©e l’heure d’un changement, (
) alors celui qui est le pilote de l’univers (toĂ» pantĂłs ho kubernĂ©tes), aprĂšs avoir pour ainsi dire lĂąchĂ© (aphĂ©menos)19 la barre du gouvernail, s’éloigna (apĂ©ste)20 pour se retirer dans son poste d’observation, et une inclination prĂ©destinĂ©e et native remit le monde en marche dans le sens inverse21. Alors donc, tous les dieux (pĂĄntes hoi theoĂ­), qui rĂ©gion par rĂ©gion partageaient le pouvoir avec la divinitĂ© la plus importante (tĂŽi megĂ­stoi daĂ­moni)22, comprenant ce qui dĂ©sormais se produisait, abandonnaient (aphĂ­esan)23 Ă  leur tour les parties du monde oĂč leurs soins Ă©taient prodiguĂ©s. Quant au monde, le fait qu’il se retournait et que, dans son nouvel Ă©lan, il mettait en opposition les Ă©lans contraires du mouvement qui commençait et de celui qui s’achevait, produisit en son sein mĂȘme une Ă©norme secousse provoquant cette fois encore, une nouvelle destruction de toutes sortes d’ĂȘtres vivants24.
AprĂšs quoi, au bout d’un laps de temps suffisant (MetĂ  dĂš taĂ»ta proelthĂłntos hikanoĂ» khrĂłnou)25, lorsqu’il eut calmĂ© ces troubles et ce tumulte et lorsqu’il eut apaisĂ© les secousses qui l’agitaient, le monde poursuivit d’un mouvement ordonnĂ© sa course habituelle, celle qui Ă©tait la sienne, prenant soin et gouvernant lui-mĂȘme les choses qui se trouvent en lui et sur lui-mĂȘme, parce qu’il se souvenait, dans la mesure du possible, de l’enseignement qu’il avait reçu de celui qui Ă©tait son dĂ©miurge et son pĂšre (toĂ» demiourgoĂ» kaĂŹ patrĂłs)26. Au dĂ©but donc, il s’y conformait avec assez d’exactitude, Ă  la fin d’une façon plus confuse. (Politique, 272d6–273b3)
Lorsque Kronos et les autres dieux se retirent, le monde est vraiment abandonnĂ© : les verbes indiquant cet abandon sont les mĂȘmes que dans les passages citĂ©s prĂ©cĂ©demment. Cela dit, la mĂ©taphore nautique qui continuera d’ĂȘtre filĂ©e plus bas n’implique ni la disparition du dieu ni son dĂ©part dĂ©finitif. Le dieu n’intervient plus mais, retirĂ© dans le poste de vigie, il continue de surveiller. Il pourra donc reprendre l’initiative. Toutefois, il ne dirige plus la marche du monde qui tombe inĂ©luctablement dans une dĂ©chĂ©ance progressive en raison de sa nature corporelle. Lorsque le dieu se retire, la marche du monde s’inverse, et il en rĂ©sulte la destruction d’une multitude d’ĂȘtres vivants. AprĂšs un moment, le calme revient, et le monde, qui tourne en sens inverse, commence par bien gouverner et lui-mĂȘme et les autres choses, dans la mesure oĂč il se souvient des instructions du dieu. Mais, avec le temps, la situation se dĂ©tĂ©riore au point que le dieu doit de nouveau intervenir :
Tant et aussi longtemps donc qu’il jouissait du concours de son pilote (metĂ  toĂ» kubernĂ©tou) pour nourrir les vivants en lui-mĂȘme, il y engendrait trĂšs peu de maux et beaucoup de biens. En revanche, une fois sĂ©parĂ© (khorizĂłmenos)27 du dĂ©miurge, pendant le temps qui suit immĂ©diatement cet abandon (aphĂ©seos)28, il continue de mener toutes choses au mieux, mais plus le temps passe et plus l’oubli s’installe en lui, plus s’affirme l’absence d’harmonie qui marquait sa condition primitive et qui, Ă  la fin, se remet Ă  refleurir29; et comme, au mĂ©lange qui le constitue, il mĂȘle des biens infimes Ă  cĂŽtĂ© d’une grande abondance de maux, il court le risque de se dĂ©truire lui-mĂȘme et de dĂ©truire les choses qui sont en lui. VoilĂ  donc bien pour quelle raison le dieu qui l’avait dĂ©jĂ  ordonnĂ©, constatant qu’il Ă©tait dans une situation inextricable et craignant que, ballottĂ© et disloquĂ© pa...

Table of contents

  1. Cover
  2. Half Title
  3. Title Page
  4. Copyright Page
  5. Table of Contents
  6. Apologia Pro Vita Sua (Denis O’Brien)
  7. Bibliographic
  8. Preface (John Dillon)
  9. Introduction (Monique Dixsaut)
  10. I. From the Presocratics to Plato
  11. II. From Plato to the Stoics
  12. III. Plotinus and the Neoplatonist Tradition
  13. IV. Saint Augustine and After
  14. Index nominum