Body and Spirit in the Middle Ages
eBook - ePub

Body and Spirit in the Middle Ages

Literature, Philosophy, Medicine

  1. 290 pages
  2. English
  3. ePUB (mobile friendly)
  4. Available on iOS & Android
eBook - ePub

Body and Spirit in the Middle Ages

Literature, Philosophy, Medicine

About this book

A crucial question throughout the Middle Ages, the relationship between body and spirit cannot be understood without an interdisciplinary approach – combining literature, philosophy and medicine. Gathering contributions by leading international scholars from these disciplines, the collected volume explores themes such as lovesickness, the five senses, the role of memory and passions, in order to shed new light on the complex nature of the medieval Self.

Frequently asked questions

Yes, you can cancel anytime from the Subscription tab in your account settings on the Perlego website. Your subscription will stay active until the end of your current billing period. Learn how to cancel your subscription.
At the moment all of our mobile-responsive ePub books are available to download via the app. Most of our PDFs are also available to download and we're working on making the final remaining ones downloadable now. Learn more here.
Perlego offers two plans: Essential and Complete
  • Essential is ideal for learners and professionals who enjoy exploring a wide range of subjects. Access the Essential Library with 800,000+ trusted titles and best-sellers across business, personal growth, and the humanities. Includes unlimited reading time and Standard Read Aloud voice.
  • Complete: Perfect for advanced learners and researchers needing full, unrestricted access. Unlock 1.4M+ books across hundreds of subjects, including academic and specialized titles. The Complete Plan also includes advanced features like Premium Read Aloud and Research Assistant.
Both plans are available with monthly, semester, or annual billing cycles.
We are an online textbook subscription service, where you can get access to an entire online library for less than the price of a single book per month. With over 1 million books across 1000+ topics, we’ve got you covered! Learn more here.
Look out for the read-aloud symbol on your next book to see if you can listen to it. The read-aloud tool reads text aloud for you, highlighting the text as it is being read. You can pause it, speed it up and slow it down. Learn more here.
Yes! You can use the Perlego app on both iOS or Android devices to read anytime, anywhere — even offline. Perfect for commutes or when you’re on the go.
Please note we cannot support devices running on iOS 13 and Android 7 or earlier. Learn more about using the app.
Yes, you can access Body and Spirit in the Middle Ages by Gaia Gubbini in PDF and/or ePUB format, as well as other popular books in Letteratura & Critica letteraria europea. We have over one million books available in our catalogue for you to explore.

Information

Amour, imagination et poĂ©sie dans l’Ɠuvre mĂ©dicale de Gentile da Foligno

Aurélien Robert
CNRS, Centre d’Études SupĂ©rieures de la Renaissance
Gentile da Foligno est une figure bien connue des historiens de la mĂ©decine1. Mort de la peste noire en 1348 aprĂšs avoir lui-mĂȘme rĂ©digĂ© un Consilium de pestilentia, celui que l’on nomma, Ă  l’instar d’Avicenne, le prince des mĂ©decins (medicorum princeps), parfois plus modestement le speculator, laissa derriĂšre lui une Ɠuvre mĂ©dicale monumentale, restĂ©e largement inĂ©dite. C’est toutefois son commentaire au Canon d’Avicenne, le plus ample du XIVe siĂšcle, qui lui assura rapidement une renommĂ©e dans toute la PĂ©ninsule et au-delĂ , dans le reste de l’Europe. Cet immense travail exĂ©gĂ©tique, touchant aussi bien Ă  la thĂ©orie qu’à la pratique de la mĂ©decine, fut frĂ©quemment copiĂ©, puis Ă©ditĂ© Ă  plusieurs reprises Ă  la Renaissance, et continua d’ĂȘtre utilisĂ© dans l’enseignement universitaire jusqu’au XVIIe siĂšcle2. Il faut dire que son auteur ne manque jamais de situer son propos par rapport aux dĂ©bats antĂ©rieurs, citant pĂȘle-mĂȘle ses illustres prĂ©dĂ©cesseurs Taddeo Alderotti, Antoine de Parme, Dino del Garbo, Pietro Torrigiano ou encore Pietro d’Abano, ce qui rendait l’ouvrage fort utile pour l’enseignement. Pour autant, le caractĂšre encyclopĂ©dique et exhaustif de ce commentaire ne saurait constituer l’unique raison d’une telle longĂ©vitĂ©. Un tel succĂšs repose en outre sur l’originalitĂ© de certains de ses propos.
Les remarques prĂ©cĂ©dentes valent plus particuliĂšrement pour le thĂšme qui nous occupe ici, Ă  savoir les rapports entre le corps et l’esprit dans la littĂ©rature, la philosophie et la mĂ©decine. Comme l’on sait, de nombreux passages du Canon d’Avicenne, notamment dans les premiĂšres fen du livre I, traitent des diverses fonctions de l’ñme et de leur rapport avec le corps. L’analyse des lectures mĂ©diĂ©vales de ces chapitres, la plupart du temps nĂ©gligĂ©es par les historiens de la philosophie, prĂ©senterait donc un intĂ©rĂȘt historique et philosophique en soi. Ce n’est pourtant pas, ou pas seulement, pour cette raison que le commentaire de Gentile da Foligno constitue un tĂ©moignage de grande valeur. Il est aussi prĂ©cieux parce qu’il offre une illustration parfaite de l’univers culturel tout Ă  fait singulier dans lequel s’épanouissait une gĂ©nĂ©ration d’intellectuels italiens, mĂ©decins, notaires, astrologues ou juristes, Ă  l’ombre des grands noms de Cavalcanti, Dante, Boccace ou PĂ©trarque3.
En effet, loin de se cantonner Ă  la discipline qu’ils enseignaient dans quelque universitĂ© du nord de l’Italie, nombre de mĂ©decins pratiquaient l’ensemble des savoirs de leur temps : la philosophie, bien sĂ»r, mais aussi la poĂ©sie4. Certains d’entre eux se dĂ©tachent nettement dans ce paysage intellectuel, comme Dino del Garbo, cĂ©lĂšbre pour son commentaire mĂ©dical et philosophique Ă  la chanson Donna me prega de Guido Cavalcanti, qui restera une rĂ©fĂ©rence fondamentale dans les dĂ©bats sur l’amour jusqu’au XVIe siĂšcle5. Moins connu, quoique tout aussi intĂ©ressant, le mĂ©decin florentin Pietro Torrigiano, auteur d’un influent commentaire au Tegni de Galien, et qui rĂ©digea des sonnets en langue vernaculaire6. Ces poĂšmes montrent un fort attachement Ă  la philosophie, mais aussi Ă  la thĂ©ologie. D’ailleurs, certaines chroniques affirment qu’il prĂ©fĂ©ra abandonner l’enseignement de la mĂ©decine pour entrer dans les ordres Ă  la fin de sa vie7. Il faudrait certainement ajouter Gentile da Foligno Ă  ce panthĂ©on. Il connaissait bien ces deux personnages et Ă©tait conscient, comme eux, de la grande porositĂ© entre discours mĂ©dical, philosophique, thĂ©ologique et poĂ©tique. Aussi n’hĂ©sitait-il jamais Ă  prĂ©ciser tel concept philosophique, lorsque les philosophes eux-mĂȘmes avaient laissĂ© dans l’ombre un point de doctrine8. Il ne daignait pas non plus offrir ses services Ă  son ami Cino da Pistoia, juriste et ­nĂ©anmoins grand poĂšte du dolce stil novo, lorsqu’il faisait appel lui lors de quelque procĂšs difficile9. Plus intĂ©ressant pour notre prĂ©sent propos, Gentile composa lui aussi des poĂšmes en langue vernaculaire, malheureusement perdus aujourd’hui. Ces quelques Ă©lĂ©ments nous invitent Ă  l’intĂ©grer de plein droit dans le milieu intellectuel rapidement dĂ©crit ci-dessus.
À dĂ©faut de pouvoir proposer une Ă©tude globale des Ɠuvres de Gentile da Foligno, tĂąche impossible dans l’espace qui nous est offert ici, nous concentrerons nos efforts sur son analyse de la passion amoureuse, thĂšme qui mobilise Ă  la fois la mĂ©decine, la philosophie et la littĂ©rature. Alors que la mĂ©lancolie amoureuse avait dĂ©jĂ  fait l’objet d’un dĂ©bat littĂ©raire particuliĂšrement intense en Italie, dont l’acmĂ© peut ĂȘtre situĂ©e dans les Ă©changes poĂ©tiques entre Dante et Guido Cavalcanti, alors qu’une importante production mĂ©dicale sur ce mĂȘme sujet avait vu le jour en Occident, dĂšs le XIIe siĂšcle10, que peut nous apporter le tĂ©moignage tardif de Gentile da Foligno ? Ses rĂ©flexions sur l’amour, jamais Ă©tudiĂ©es de prĂšs Ă  ce jour, laissent transparaĂźtre une pensĂ©e singuliĂšre, tant sur les rapports entre l’ñme et le corps, que sur la nĂ©cessaire complĂ©mentaritĂ© entre le point de vue du mĂ©decin et celui du poĂšte. Elles indiquent en outre un changement historique et philosophique important et durable des conceptions poĂ©tico-mĂ©dicales de l’amour. Quelle est l’origine de la passion amoureuse ? Comment la pensĂ©e et l’imagination agissent-elles sur le corps ? Quel pouvoir doit-on attribuer Ă  la parole dans les manifestations physiques qui accompagnent la passion ? Autant de questions qui sont intimement liĂ©es dans les dĂ©bats mĂ©diĂ©vaux sur l’amour, sans ĂȘtre nĂ©cessairement traitĂ©es ensemble11. Gentile da Foligno les aborde de concert dans son commentaire au Canon d’Avicenne. Les causes et les effets de cette passion, ainsi que ses remĂšdes, seraient nouĂ©s dans le jeu subtil des pouvoirs de l’imagination et de la parole. Or, si l’importance de l’imagination, dans ce contexte, a Ă©tĂ© remarquĂ©e de longue date, et mĂȘme thĂ©orisĂ©e par Giorgio Agamben12, la place de la parole, en revanche, et en particulier de la parole poĂ©tique, constitue un thĂšme plus rare, en tout cas chez les mĂ©decins.
Nous tenterons donc de montrer le caractĂšre exceptionnel de ce tĂ©moignage. Il s’agira surtout de prĂ©ciser les raisons de cette singularitĂ©, en insistant sur quelques caractĂ©ristiques saillantes du commentaire de Gentile da Foligno au chapitre du Canon d’Avicenne consacrĂ© Ă  l’amour : l’influence de Platon et du platonisme, les rĂ©flexions originales sur les rapports entre poĂ©sie et mĂ©decine, ou encore la reprise d’une discussion de Pietro d’Abano sur l’efficacitĂ© des pratiques incantatoires, appliquĂ©e de maniĂšre inĂ©dite au thĂšme de l’amour.

Avicenne, l’amour et les rapports entre l’ñme et le corps

Les travaux de Jackie Pigeaud ont montrĂ© que dĂšs l’AntiquitĂ© l’analyse des « maladies de l’ñme » en gĂ©nĂ©ral, et de la mĂ©lancolie amoureuse en particulier, a constituĂ© un champ d’expĂ©rimentation pour les mĂ©decins et les philosophes, traçant des lignes de partage, parfois trĂšs nettes, entre diffĂ©rentes conceptions des rapports entre l’ñme et le corps13. S’opposaient alors diverses formes de dualisme et de monisme, les uns confĂ©rant un primat au corps, les autres prĂ©fĂ©rant insister sur le rĂŽle de l’ñme elle-mĂȘme. Galien, par exemple, dans son commentaire aux Pronostics d’Hippocrate, traduit en latin au XIe siĂšcle Ă  partir d’une version arabe, range l’amour maladif aux cĂŽtĂ©s d’autres Ă©motions, comme la tristesse ou la joie par exemple, dont l’origine se trouve Ă  la fois dans la matiĂšre et la pensĂ©e14. Autrement dit, pour Galien, l’amour devenu pathologique ne serait pas vĂ©ritablement une maladie Ă  part entiĂšre, mais serait plutĂŽt une forme de dĂ©rĂšglement Ă©motionnel, venant perturber le fonctionnement du corps, et qui proviendrait in fine d’un dĂ©sĂ©quilibre dans la complexion du corps.
En Occident, le point de vue mĂ©dical sur l’amour a sensiblement Ă©voluĂ© Ă  partir du XIIe siĂšcle, avec l’arrivĂ©e de nouvelles traductions de textes de langue arabe et le dĂ©veloppement de l’enseignement mĂ©dical, notamment Ă  Salerne, puis dans les universitĂ©s du nord de l’Italie. Ainsi, le Viaticum peregrinantis, un guide de santĂ© pour les voyageurs attribuĂ© Ă  Constantin l’Africain–mais qui est en fait une adaptation latine du Kitāb Zād al-musāfir du mĂ©decin Ibn al-Jazzār (mort en 979)15–est rapidement devenu l’une des sources les plus souvent citĂ©es Ă  propos de l’amour16. Avec ce traitĂ©, la passion amoureuse devient une maladie distincte. La mĂ©lancolie amoureuse y est dĂ©finie comme une maladie qui touche le cerveau (est cerebro contiguus) et qui est intimement liĂ©e au dĂ©sir et au plaisir.
Il s’agit en effet d’un intense dĂ©sir, accompagnĂ© de concupiscence excessive et d’une affection des pensĂ©es. C’est pourquoi certains philosophes disent : eros est le nom dĂ©signant le plus grand plaisir. De mĂȘme, en effet, que la fidĂ©litĂ© est la forme ultime de l’amour, de mĂȘme eros est la forme extrĂȘme du plaisir17.
Selon l’auteur, il est difficile de dĂ©terminer si la cause se situe dans le corps ou dans l’ñme. Il s’agit parfois d’un simple excĂšs d’humeur, auquel cas seul le coĂŻt permettra de rĂ©guler le corps. S’il s’agit en revanche d’un dĂ©rĂšglement du dĂ©sir et des pensĂ©es, sans autre cause que la vue ou l’imagination d’une « belle forme », alors il faudra distraire l’ñme.
À l’évidence, l’auteur hĂ©site ici entre un modĂšle platonicien, centrĂ© sur l’apprĂ©hension de la forme dans l’ñme, et un mod...

Table of contents

  1. Title Page
  2. Copyright
  3. Contents
  4. Introduction
  5. La notion philosophico-mĂ©dicale de spiritus dans l’Avicenne latin
  6. Skin, the inner senses, and the readers’ inner life in the Aviarium of Hugh of Fouilloy and related texts
  7. Les cinq sens, le corps et l’esprit
  8. Language, Soul, & Body (Parts)
  9. Corps et esprit Les olhs espiritaus de Bernard de Ventadour et la maladie de Tristan
  10. The Medical, the Philosophical, and the Theological Discourses on the Senses Congruences and Divergences
  11. La poĂ©sie mystique Iacopone da Todi et les contradictions de l’ñme
  12. Animae sequuntur corpora Le philosophe, les astres et la physiognomonie au XIIIe siùcle
  13. Amour, imagination et poĂ©sie dans l’Ɠuvre mĂ©dicale de Gentile da Foligno
  14. Petrarch and the Senses Petrarch’s Anthropology of Love and the Scholastic Transformation of Christian Ethics
  15. Melancholy and Creativity in Petrarch
  16. Bodies without Minds, Minds without Bodies Tales of the Night in the Fabliaux and Boccaccio
  17. Le « contact virtuel » entre un esprit et un corps et l’action Ă  distance
  18. Retorica delle passioni La preghiera tra anima e corpo