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Chapter 6
DOCUMENTS IN FRENCH LANGUAGE
An important document, as we know, on the events of 1864, is the report by Dr. Barozzi dated May 20. It drew public attention and was partly translated in an article of âThe Timesâ of June 13 with the title âThe Circassian Exodusâ. This publication was crucial at bringing the report to the attention of the international community and subsequent historiography. The latter, however, still continues to rely on the Anglo-Saxon âmediationâ and not on the official and integral text in French, published in the âGazette MĂ©dicale dâOrientâ in July of 1864, the fourth of the eight year, almost completely dedicated to the exodus of the Circassians (pp. 60-62). In addition, present-day historiography ignores the important preface to the article by A.F., which is very much longer than the report itself (pp. 49-60), or rather reports information without specifying whether it is from one report or the other. The lack of interest in the reward conferred on Barozzi, although a report of it was given in the final âvarietĂ©sâ (p. 64), is forgivable. Ignorance of a second contribution, an article of a political rather than medical character âRĂ©ponse a una lettre de Theodosieâ. It was published in the November edition of 1864, the eight of the ninth year (pp. 113-120), is much less understandable. We reproduce here these four documents in their entirety, with the following brief clarifications: a) The numbering of pages was consecutive, according to the years; b) The text of the above-mentioned documents almost never occupied the totality of the pages where they were published; c) The variations of certain forms (for example TrĂ©bisonde / TrĂ©bizonde) are in the original documents.
1.
GAZETTE MĂDICALE DâORIENT â PUBLIĂ PAR LA SOCIĂTĂ IMPĂRIALE DE MĂDICINE DE COSTANTINOPLE - VIIIME ANNĂE â COSTANTINOPLE, JUILLET, 1864. N° 4.
BULLETIN.
CONSTANTINOPLE. 27, JUILLET, 1864.
LâĂ©migration circassienne en Turquie
A plusieurs reprises, depuis le commencement de lâannĂ©e, la Gazette a publiĂ© quelques renseignements sur lâĂ©migration des peuplades circassiennes qui, fuyant la domination russe, sont venues et viennent encore chercher un refuge en Turquie. La question, toutefois, nâa pas Ă©tĂ© traitĂ©e avec suite, ni avec les dĂ©tails que comporte le vif intĂ©rĂȘt qui sây rattache au point de vue sanitaire. Nous voulons aujourdâhui combler cette lacune. Nous y sommes dĂ©terminĂ©s surtout par les dangers croissants pour la Turquie de cette Ă©migration qui, dans ces derniers mois, a pris des proportions gigantesques; au delĂ de toutes les prĂ©visions.
Nous publions dans ce numĂ©ro le rapport que M. le Dr. Barozzi, de retour de la mission dont il avait Ă©tĂ© chargĂ©, a prĂ©sentĂ© le 28 juin au Conseil de SantĂ©. Dans ce rapport M. Barozzi trace le tableau lamentable de la situation actuelle des Ă©migrĂ©s tant Ă TrĂ©bizonde quâĂ Samsoun; il fait voir les pĂ©rils de cette situation, les causes qui lâont produite et qui tendent Ă lâaggraver; enfin il expose les mesures quâil croit propres Ă conjurer de plus grands malheurs. Ce rapport ayant un but essentiellement pratique, M. Barozzi nâavait pas Ă y revenir sur les faits antĂ©rieurs quâil avait dĂ©jĂ signalĂ©s, il devait sâattacher Ă donner une idĂ©e exacte de lâĂ©tat prĂ©sent des Ă©migrĂ©s, en vue des mesures dâurgence que cet Ă©tat rĂ©clame.
Nous sommes persuadĂ©s que nos lecteurs jugeront, comme nous, que M. Barozzi sâest acquittĂ©, on ne peut plus convenablement, de cette tĂąche difficile, et quâen faisant connaitre, avec une loyale franchise, la situation vraie des Ă©migrĂ©s, ce digne confrĂšre a rendu un nouveau et signalĂ© service Ă ces malheureux, ainsi quâau pays, et a rĂ©pondu aux intentions paternelles du Gouvernement.
Nous nous proposons de complĂ©ter le rapport de M. Barozzi par un exposĂ© succinct des principales circonstances qui, depuis le dĂ©but, ont accompagnĂ© ce triste exode de tout un peuple. Il est bien entendu que nous nâenvisagerons la question quâau point de vue sanitaire, le seul qui soit de notre compĂ©tence; mais, Ă vrai dire qui est le plus important de tous, et quâon ne serait traiter dâune maniĂšre convenable sans toucher plus ou moins aux autres cĂŽtĂ©s de la question. Comme notre but est dâĂȘtre utile au pays et de seconder, dans la mesure de nos moyens, les efforts du Gouvernent pour secourir les malheureux circassiens jetĂ©s sur son terrain dans le plus affreux dĂ©nĂ»ment, on nous permettra de signaler, Ă lâexemple de M. Barozzi, les causes qui, malgrĂ© tout le bon vouloir de la Porte, ont aggravĂ© une situation dĂ©jĂ fĂącheuse par elle-mĂȘme, afin dâen dĂ©duire un enseignement profitable.
Etablissons dâabord que lâĂ©migration actuelle diffĂšre, Ă bien des Ă©gards, de celle dont nous avons Ă©tĂ© tĂ©moins il y a quatre ans. Celle-ci Ă©tait, en grande partie, composĂ©e de tartares NogaĂŻs et non pas de circassiens; elle sâopĂ©ra dans des conditions moins dĂ©favorables; le dĂ©nĂ»ment des Ă©migrĂ©s Ă leur dĂ©part Ă©tait moindre; ils ne mouraient pas de faim; ils arrivĂšrent en gĂ©nĂ©ral sur de grands navires, oĂč ils Ă©taient entassĂ©s outre mesure il est vrai, mais oĂč la subsistance Ă©tait assurĂ©; ils, ne vinrent pas en aussi grand nombre Ă la fois et ils abordĂšrent sur divers points du littoral ottoman, de sorte quâil nây eut jamais dâagglomĂ©rations comparables Ă celles qui se sont produites derniĂšrement. La plus grande accumulation eut lieu Ă Constantinople, dâabord pendant lâhiver de 1860 oĂč 25 mille environ furent, pour quelque temps, logĂ©s dans la ville; puis du mois dâaoĂ»t jusquâĂ la fin de dĂ©cembre, alors que de nouveaux convois y amenĂšrent 30 mille autres Ă©migrants. Ceux-ci furent en grande partie campĂ©s hors de la ville. Depuis ce moment lâĂ©migration nâa jamais Ă©tĂ© complĂštement suspendue; elle câest opĂ©rĂ©e peu Ă peu, et directement sur les localitĂ©s qui lui Ă©taient assignĂ©es. La Porte estime Ă plus de 300 mille le nombre des tartares NogaĂŻs, ou des autres tribus musulmanes qui, de la CrimĂ©e et de diffĂ©rents pointes du territoire russe, ont, dans lâespace de quatre ans, cherchĂ© un refuge en Turquie et ont Ă©tĂ© dissĂ©minĂ©s dans diverses provinces de lâempire.
Cette Ă©migration nâa pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e par les maladies. Dâabord, en 1860, au moment de la premiĂšre affluence ils arrivĂšrent en proie au typhus contractĂ© Ă bord des navires oĂč ils Ă©taient entassĂ©s; la maladie ne fit que sâaccroĂźtre par leur accumulation dans les Khans et autre Ă©tablissements oĂč ils furent logĂ©s durant lâhiver. A Constantinople plusieurs quartiers eurent beaucoup Ă souffrir du voisinage de ces foyers dâinfection; et les cas de typhus ne furent pas rares dans les diverses parties de la ville. Il en fut de mĂȘme partout oĂč les Ă©migrants dâalors vinrent sâinstaller. Il va sans dire que les Ă©quipages des navires qui les amenaient furent cruellement Ă©prouvĂ©s par la mĂȘme affection.
A la seconde affluence, qui eut lieu pendant lâĂ©tĂ© et lâautomne, ce fut la dysenterie et les fiĂšvres palustres qui firent le plus de victimes parmi les Ă©migrĂ©s. GrĂące Ă la prĂ©caution quâon eut alors de les faire camper hors de la ville, celle-ci ne subit que mĂ©diocrement leur influence. Nous ne saurions dire au juste ce que sont devenus depuis lors ces Ă©migrĂ©s rĂ©pandus dans les provinces. Nous savons seulement, par les rapports adressĂ©s Ă lâintendance sanitaire, que des maladies graves les ont suivis partout et leur ont fait subir une mortalitĂ© considĂ©rable.
LâĂ©migration actuelle diffĂšre de la prĂ©cĂ©dente en ce quâelle est presque entiĂšrement composĂ©e, non de tartares, mais de tribus circassiennes occupant le versant du Caucase qui aboutit Ă la mer noire; en ce quâelle sâest opĂ©rĂ©e Ă la suite de dĂ©sastres, et sous une pression qui ne laissait Ă ces peuplades vaincues dâautre alternative que de se rendre Ă merci ou de fuir; en ce que, sous lâempire de ces circonstances, elle a pris tout Ă coup des proportions Ă©normes quâon ne pouvait prĂ©voir au dĂ©but; et, pour comble de malheur, en ce quâindĂ©pendamment de la misĂšre et des affections quâelle engendre, cette Ă©migration apportait avec elle le germe dâune maladie terrible, la variole.
Ce fut au commencement du mois de Novembre dernier que les Ă©migrants circassien commencĂšrent Ă dĂ©barquer sur le territoire ottoman, principalement Ă TrĂ©bizonde. Une partie dĂ©s premiers arrivants poussĂšrent jusquâĂ Samsoun et Ă Sinope; mais bientĂŽt le courant dĂ©s Ă©migrĂ©s vint aboutir presque en entier Ă TrĂ©bizonde, oĂč en peu de ternes ils formĂšrent une agglomĂ©ration considĂ©rable. DĂšs les premiers jours de dĂ©cembre plus de cinq mille encombraient dĂ©jĂ lâintĂ©rieur de cette ville.
Ils sây Ă©taient installĂ©s dans les conditions les plus fĂącheuse et les plus compromettantes pour la santĂ© publique. La variole et le typhus faisaient parmi eut beaucoup de victimes et commençaient Ă se rĂ©pandre au sein de la population. Celle-ci Ă©tait alarmĂ©e et les Consuls rĂ©clamaient, dâun commun accord, la mise en vigueur de certaines mesures hygiĂ©niques et pardessus tout lâĂ©vacuation de la ville par les Ă©migrĂ©s.
Pendant le mois de DĂ©cembre plusieurs milliers furent Ă©vacuĂ©s de TrĂ©bizonde, par bateaux Ă vapeur, sur divers points du littoral de la mer noire, Ă Samsoun, Ă Sinope, Ă Varna; 2000 environ furent amenĂ©s Ă Constantinople et logĂ©s au centre de la ville dans des Khans, dâoĂč le typhus et la variole ne tardĂšrent pas Ă se propager dans le voisinage. Nous verrons tout Ă lâheure ce qui advint aux Ă©quipages des navires qui les transportĂšrent. Cependant lâĂ©tat des choses allait sâaggravant Ă TrĂ©bizonde, les arrivages dâĂ©migrĂ©s sây succĂ©daient presque sans interruption malgrĂ© les rigueurs dâun hiver prĂ©coce. Ces malheureux venaient sur de simples barques ou sandales du pays, qui allient les recueillir sur la cĂŽte circassienne. Ils sây prĂ©cipitaient dĂ©nuĂ©s de tout, sans mĂȘme ĂȘtre pourvus de vivres, et sây accumulaient en si grand nombre quâune fois embarquĂ©s le moindre changement de position leur Ă©tait impossible. Chose Ă peine croyable, chacune de ces barques portait jusquâĂ quatre et cinq-cents personnes. Câest ainsi que, dĂ©jĂ Ă©puisĂ©s par la misĂšre et les maladies, mourant de froid et de faim, ils arrivaient Ă TrĂ©...