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Lieux de vie en science-fiction
About this book
Un lieu de vie peut être un espace restreint, clos et très délimité, ou il peut être aussi vaste que l'univers. Pourtant, il ne se limite pas à un espace géographique, il est aussi, parfois, un espace plus abstrait uniquement délimité par des liens sociaux. Enfin, il peut aussi être virtuel, fantasmé ou vécu comme tel. Les textes rassemblés dans cet ouvrage offrent des regards croisés sur les manières dont la science-fiction (quels que soient ses formes et supports) comprend et utilise la notion de « lieux de vie » pour la redéfinir, l'interroger et porter un autre regard sur notre monde dans ses différentes dimensions (sociale, politique, architecturale, urbaine, etc.).
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Information
Les lieux de vie en SF :
quelles spécificités ?
Isabelle Perrier
Docteure en Littérature comparée, enseignante-chercheuse,
éditrice, conceptrice de jeu de rôle
éditrice, conceptrice de jeu de rôle
Quand on s’interroge sur les lieux de vie en science-fiction, un maelstrom d’images très hétérogènes vient tout de suite s’imposer à l’esprit : vaisseaux spatiaux, mégapoles surpeuplées, paysages extraterrestres, villes machiniques tournant à l’électricité ou à la vapeur… La multiplicité de ces images fixe l’ampleur de notre tâche : comment parvenir à embrasser cette diversité ? En quoi est-elle, peut-être, constitutive du genre de la SF ?
C’est dans cette perspective que cet article se propose d’examiner la notion de lieux de vie en SF pour en dégager quelques spécificités pouvant contribuer, à leur manière, à la poétique du genre de la SF. Ainsi, le corpus envisagé s’efforcera d’être le plus large possible, non seulement en termes de sous-genre science-fictionnels (hard science, space opera, steampunk…), mais également en termes de médias.
Précisons, avant toute chose, que l’on entendra par « lieu de vie » un cadre spatio-temporel dans lequel se déroule un récit, qui constitue une unité et qui est usuellement habité par des acteurs du récit (les protagonistes ou des personnages secondaires). Ainsi, on écartera de la notion de lieu de vie les espaces inconnus et vides de tout habitant.
Un régime de représentation particulier ?
Les lieux de vie, en science-fiction notamment, peuvent relever de deux régimes d’écriture qui semblent à première vue concurrents : un régime d’écriture réaliste et un régime d’écriture mythique et symbolique.
Un régime d’écriture réaliste
En effet, la SF peut relever d’un régime d’écriture réaliste, et c’est même l’ambition d’un genre comme la hard science3. La centralité de la science comme garante du vraisemblable est l’une des possibilités d’écriture en régime réaliste pour la SF. Mais elle peut également s’appuyer sur des procédés proprement littéraires, plus que sur une référentialité s’appuyant sur la science, semblables à ceux que Philippe Hamon a pu développer dans son article de référence, « Un discours contraint4 ».
Ainsi, la SF s’appuie bien souvent sur une onomastique des lieux de vie réaliste, au sens où cette onomastique se calque sur notre réel et lui offre une assise référentielle importante. Par exemple, 2001: À Space Odyssey de Arthur C. Clarke5 se déroule dans le système solaire, entre la Terre et Jupiter, tandis que The Mars trilogy de Kim Stanley Robinson6 oscille entre la Terre et Mars. Cette onomastique se double souvent d’un écart encyclopédique minimal : la trilogie de Stanley Robinson ou le diptyque Ilium et Olympos7 utilisent une onomastique géographique relevant de l’astronomie et de l’étude de la planète Mars. Cette onomastique fonctionne à plein dans des sous-genres science-fictionnels comme l’uchronie, qui fait reposer ses effets sur l’écart entre le savoir encyclopédique historique et géographique du lecteur et les lieux et événements représentés dans l’œuvre ; c’est le cas du Paris ou plutôt de la Lutèce de La Cité de Satan de Fabien Clavel8, qui offre la représentation d’un Paris du XIXe siècle, avec nombres de références au roman populaire de l’époque, dans un Empire romain encore vivace. De même, l’anticipation et les romans de SF de type présentistes9 fonctionnent sur l’écart entre le présent référentiel et le futur proche représenté. Ainsi, le charme de l’animé nommé Renaissance10 repose notamment sur sa représentation d’un Paris futuriste de 2045.
La représentation réaliste des lieux de vie en SF se fonde également sur son utilisation de la polytextualité11 ou des artefacts science-fictionnels12 et notamment sur trois procédés majeurs en ce qui concerne les lieux de vie. On peut d’abord penser aux annexes non-narratives discursives. C’est par exemple le cas de l’annexe que l’on peut lire à la fin de Dune13 : « The Ecology of Dune ». Si cette annexe développe de manière appuyée le personnage de Kynes, elle constitue également une description scientifique, ou plutôt, pseudo-scientifique de l’écologie de Dune, surnom donné à la planète Arrakis, utilisant tout l’arsenal du discours scientifique, des données chiffrées au lexique spécialisé. La deuxième forme de polytextualité renforçant le régime d’écriture réaliste des lieux de vie en SF relève des annexes utilisant des figures, la plupart du temps des cartes. Ainsi on trouve une carte de la planète Dune à la toute fin du roman. Certains cycles sont toutefois beaucoup plus prolixes en cartes, sans toutefois atteindre la production cartographique pléthorique de la fantasy. Par exemple, le Cycle de Tyranaël d’Elisabeth Vonarburg14 repose sur deux lieux de vie, Virginia et Tyranaël, qui sont reliés par un lieu de passage15, la Mer. Ainsi, ces lieux de vie sont représentés sous forme de cartes au début de chaque volume du cycle, montrant leur évolution, mais renforçant ainsi le mystère d’un lieu de vie double, mystère qui sera éclairci au fur et à mesure que l’on progresse dans le cycle. Enfin, la troisième forme de polytextualité à l’œuvre dans le régime réaliste d’écriture des lieux de SF est celle des exergues. Ceux-ci sont en effet un moyen de décrire les lieux de vie qui forment le cadre spatial de l’intrigue sans alourdir le texte principal. C’est notamment le cas de grandes fresques où les personnages sont voyageurs et passent de lieu de vie en lieu de vie. La description systématique de chaque lieu de vie traversé serait tout à fait fastidieuse : les exergues permettent de pallier cette difficulté et de préserver la légèreté descriptive du texte principal et le rythme du récit. Ce procédé est utilisé massivement par Pierre Bordage dans son cycle de La Fraternité du Panca16.
Enfin, la description des lieux de vie peut également, dans la texture même de son écriture, utiliser les procédés d’écriture du réalisme et du naturalisme, tels que les ont fixés les auteurs du XIXe siècle. Prenons pour cela un exemple précis : la description d’une usine, à la fois lieu de vie et lieu de travail, dans l’incipit du roman The Windup Girl.
Banyat fait signe à Anderson de se placer derrière une cage de protection.
La cloche de Num sonne une dernière fois. La chaîne gémit en se mettant en marche. Anderson ressent un léger frisson en voyant le système s’activer. Les ouvriers s’accroupissent derrière leurs boucliers. Les filaments des piles-AR chuintent en s’échappant des brides d’alignement et traversent une série de cylindres chauffés. Une pulvérisation de réactif puant pleut sur les filaments couleur rouille, les graisses d’un film lisse qui répartira la poudre d’algue de Yates en une couche égale.
La presse descend violemment. Anderson en a mal aux dents tant le poids est écrasant. Les fils des piles claquent et le filament découpé coule à travers le rideau vers la salle d’affinage. Après trente secondes, il émerge, gris pâle et poussiéreux de poudre dérivée d’algues. Il passe à travers une nouvelle série de cylindres chauds avant d’être torturé pour atteindre sa structure finale, tordu sur lui-même en un rouleau de plus en plus serré, à l’encontre de sa structure moléculaire, pour devenir un ressort très concentré. Un hurlement assourdissant de métal tordu s’élève. Les résidus de lubrifiant et de poudre d’algues pleuvent du revêtement tandis que le ressort se ramasse sur lui-même, éclabousse les ouvriers et l’équipement, puis la pile comprimée est roulée jusqu’à l’emballage et envoyée au contrôle qualité.
Une LED jaune clignote, signifiant que tout se déroule correctement. Les ouvriers jaillissent de leur position protégée pour relancer la presse tandis qu’un nouveau torrent de métal siffle en émergeant des entrailles de la salle de trempe. Les cylindres cliquettent, tournent à vide. Les tuyères de lubrifiant laissent échapper une légère brume en s’autonettoyant avant la prochaine application. Les ouvriers terminent d’aligner les presses puis se réfugient derrière leur bouclier. Si le système venait à se casser, les filaments deviendraient des lames de haute énergie, fouettant la salle de montage de manière incontrôlée17.
Cette description répond aux canons de la description réaliste18. Le personnage, dont le point de vue est adopté, est en position d’observateur : il visite l’usine et est placé « derri...
Table of contents
- Remerciements
- Sommaire
- Danièle André – Introduction
- Partie 1 Éco-système et société
- Partie 2 Lieux paradoxaux et métaphysiques
- Partie 3 L’espace urbain
- Page de copyright