Les Fanfarons du Roi
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Les Fanfarons du Roi

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Les Fanfarons du Roi

About this book

Au Portugal, de 1662 à 1668, un grand seigneur, Vasconcellos y Souza jure fidélité au roi sur le lit de mort de son père. Mais son frère jumeau, le comte de Castelmelhor, dresse un plan machiavélique pour prendre le pouvoir. Notre héros réussira-t-il à protéger le Portugal des dangers qui guettent le pays?... Nous retrouvons dans ce roman tous les ingrédients chers à Paul Féval: intrigues, complots, déguisements, ruse, fidélité, etc.

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Information

Year
2021
eBook ISBN
9782322380350
Edition
1

IV. LA TAVERNE D’ALCANTARA

La nuit commençait à se faire sombre et les lumières s’éteignaient l’une après l’autre à tous les étages des maisons de Lisbonne. Le ciel était couvert et sans lune. N’eussent été quelques lanternes qui brillaient de loin en loin au seuil des riches bourgeois, malgré la récente défense portée par l’édit du roi, et quelques cierges brûlant sous les madones, la ville aurait été plongée dans une complète obscurité.
D’ordinaire, à cette heure, les rues étaient désertes ; c’est à peine si quelques filous faméliques se hasardaient à faire timidement concurrence aux nobles ébats de la patrouille royale : mais ce soir, on voyait de tous côtés des groupes nombreux marcher dans l’ombre. Tous suivaient la même direction. Un silence profond régnait parmi ces nocturnes promeneurs. Ils allaient d’un pas rapide, s’arrêtant parfois pour écouter, reprenant aussitôt leur course, sans détourner la tête, et cachant soigneusement leurs visages sous les capuces de leurs manteaux.
Ils traversaient la ville dans le sens de sa longueur en remontant le Tage. À mesure qu’ils approchaient du faubourg d’Alcantara, leur nombre augmentait, et ce fut bientôt comme une véritable procession. Plus leurs rangs se serraient, plus ils semblaient prendre de précautions. Aux carrefours, lorsque deux bandes se rencontraient, elles passaient l’une près de l’autre sans mot dire, et poursuivaient leur marche silencieuse.
La dernière maison du faubourg était un long et bas édifice bâti en pierres de taille et qui avait dû jadis servir de manége. Il était alors affermé par Miguel Osorio, tavernier, qui faisait doucement sa fortune à vendre des vins de France aux gentilshommes de la cour. Ceux-ci, en effet, passaient forcément devant sa porte chaque fois qu’ils se rendaient au palais de plaisance d’Alcantara, résidence habituelle d’Alfonse VI, et chaque fois qu’ils passaient, le tavernier pouvait compter sur une aubaine. Aussi Miguel était-il, en apparence du moins, le passionné serviteur de Conti, et de tous ceux qui approchaient la personne du roi. Il disait à qui voulait l’entendre que le Portugal n’avait jamais été si glorieusement gouverné.
Nonobstant ces opinions intéressées, Miguel ne dédaignait point de vendre son vin aux mécontents. Loin de là : quand il était bien sûr qu’aucun seigneur ou valet de seigneur n’était à portée de l’entendre, il changeait subitement d’allures et disait des choses fort attendrissantes sur le triste sort du peuple de Lisbonne. Conti n’était plus alors qu’un manant parvenu, auquel ses dentelles et son velours allaient comme la peau du lion à l’âne. Ce mignon roturier était la plaie du Portugal, et ce serait un jour de bénédiction que celui qui le verrait attaché haut et court au gibet de la courtine du palais.
Si Miguel venait à faire trêve à ses séditieux discours, on pouvait être certain qu’il avait flairé de loin un feutre à plumes ou un pourpoint brodé. Pour être juste, nous devons dire que jamais aubergiste n’eut un flair aussi subtil que le sien.
Ce fut devant la maison de cet homme que s’arrêtèrent les premiers groupes. Ils touchèrent la main du maître assis sur le pas de sa porte, prononcèrent un mot à voix basse et entrèrent. Ceux qui suivirent firent de même, et bientôt l’immense salle commune fut pleine à regorger.
À la même heure, dans l’une des rues de la basse ville, redevenue déserte, un homme allait, puis revenait sur ses pas, comme s’il se fût égaré dans ce sombre dédale, que l’absence de boutiques et la multiplicité des hôtels faisaient appeler le quartier noble. Derrière lui, à quelque distance, un autre personnage semblait avoir pris à tâche de l’imiter scrupuleusement. Quand le premier s’arrêtait, l’autre faisait de même ; quand celui-ci revenait sur ses pas, celui-là se hâtait de s’effacer sous quelque porte cochère, laissait passer son compagnon d’aventures, et recommençait aussitôt à le suivre.
– Il fait noir comme dans un four, pensait le premier. Depuis dix ans que j’ai quitté Lisbonne, et j’étais un enfant alors, tout est changé : je ne m’y reconnais plus. Le hasard ne m’enverra-t-il pas quelque passant ou même quelque voleur qui, en échange de ma bourse daigne m’enseigner le chemin !
– Mon jeune ami, se disait l’autre, vous avez beau tourner et, retourner, je me suis promis à moi-même sous les serments les plus respectables, que vous me vaudriez quatre cents pistoles, et je ne manque jamais qu’aux serments que je fais à autrui.
Jusqu’alors Simon, l’ouvrier drapier, que le lecteur a sans doute reconnu aux paroles d’Ascanio Macarone, n’avait point pris garde à la présence de ce dernier ; mais, dans un de ses brusques détours, il se trouva face à face avec le Padouan.
– Le chemin de la taverne d’Alcantara ? dit-il.
– J’y vais, répondit Macarone en déguisant sa voix.
– S’il vous plaît, seigneur cavalier, nous ferons route ensemble.
– Avec ravissement, mon gentilhomme, car vous êtes gentilhomme, cela se voit du reste, et entre gentilshommes, – je le suis aussi, la courtoisie commande de ne se point refuser ces légers services.
– C’est mon avis, seigneur cavalier.
Simon prononça ces mots d’un ton sec, et enfonçant son capuce sur sa figure, il doubla le pas ; Macarone l’imita. Vingt fois il fut sur le point de rompre le silence, mais la crainte de se trahir l’arrêta.
L’Italien était un homme de trente-cinq à quarante ans, grand, maigre, mais bien proportionné. Ses membres souples et musculeux donnaient à penser que la nature les avait taillés tout exprès pour faire un danseur de corde. Il se donnait en marchant une allure théâtrale, drapait son manteau et mettait fréquemment le poing sur la hanche.
Simon était petit, comme presque tous les Portugais, mais son pas leste, presque bondissant, et la large carrure de ses épaules disaient assez que sa petite taille n’était point un symptôme de faiblesse. De temps à autre, le Padouan le considérait en-dessous. Peut-être se demandait-il combien le seigneur Conti payerait en sus du marché, pour un coup de stylet convenablement appliqué à cet audacieux inconnu ; mais la témérité, depuis le temps d’Horatius Coclès, a cessé d’être le vice dominant des Italiens ; il fit réflexion que le bout d’une bonne rapière relevait par derrière le bas du manteau de Simon, et se tint tranquille.
– À quoi bon le tuer ? se disait-il ; il ne m’a pas reconnu. S’il entre à la taverne, j’entre avec lui ; s’il est repoussé, je recommence à le suivre ; je le suis jusqu’à sa demeure et quand on a découvert la demeure d’un homme, on n’est pas bien loin de connaître son nom.
Ils arrivaient en ce moment au bout du faubourg ; la taverne d’Alcantara s’élevait devant eux. Elle était sombre, aucune lumière ne brillait aux fenêtres ; et l’honnête Miguel Osorio, toujours assis sur le pas de sa porte, fumait ses cigaries avec toute la dignité qui caractérise Espagnols et Portugais, s’acquittant de ce solennel devoir.
– Voilà ! dit le Padouan en montrant l’hôtellerie : entrez-vous ?
– Oui.
– Vous avez donc le mot de passe ?
– Non ; et vous ?
– Oh ! moi, je n’ai pas besoin du mot de passe. Vous allez voir… Miguel, satané coquin ! qui avons-nous aujourd’hui dans la grande salle ?
– Coquin ! s’écria Miguel tremblant de frayeur en reconnaissant la voix de Macarone. Qui ose appeler coquin le tavernier de la cour ? Il n’y a pour cela qu’un marchand de la haute ville, je parie ! Au large, manants, je ne reçois que des gentilshommes !
– C’est bien, c’est bien, brave Miguel, et comme nous sommes gentilshommes, tu vas nous préparer à souper dans la grande salle. Va !
Ce disant, Macarone prit Osorio par les épaules, le fit tourner sur lui-même et entra ; mais au moment où il allait passer le seuil de la salle, une main vigoureuse le saisit à son tour, et lui fit subir une opération analogue. Seulement, comme la secousse fut incomparablement plus forte, il s’en alla tomber à l’autre bout du corridor.
– Au revoir, seigneur Ascanio Macarone dell’Acquamonda, dit la voix moqueuse du jeune ouvrier drapier. Attendez-moi ici, s’il vous plaît : j’ai fermé la porte de la rue, et je vais fermer celle de la salle.
Simon entra aussitôt en effet, et referma la porte à double tour.
Ascanio se releva tout meurtri, et tâta ses membres l’un après l’autre.
– Il m’avait reconnu ! grommela-t-il. C’est une bonne idée que j’ai eue de ne pas jouer du couteau avec ce jeune enragé. Il a un poignet d’Hercule, et je tâcherai désormais de le surveiller à distance. En attendant, voyons s’il a dit vrai.
Il essaya d’ouvrir la porte extérieure : elle était fermée. Quant à la porte de la salle, il n’osa même pas toucher à la serrure ; mais approchant l’oreille du trou, il tâcha d’entendre ce qui se disait à l’intérieur ; ce fut en vain. Il reconnut qu’il y avait grand tumulte et que des voix confuses se croisaient en tous sens.
– Quel coup de filet ! pensa-t-il. Si cette maudite porte n’était pas fermée, j’emprunterais un cheval à ce misérable Miguel, et dans une heure, tous ces bourgeois, y compris mon jeune camarade, seraient en sûreté dans la prison du palais.
Au moment où Simon entra dans la salle qui servait de lieu de réunion aux corps de métiers de Lisbonne, la discussion était si vivement engagée qu’on ne prit pas garde à lui. Il traversa comme il put la cohue et vint s’asseoir au premier rang, vis-à-vis de la table où se trouvait seul Gaspard Orta Vaz, doyen de la corporation des tanneurs et président de l’assemblée.
La réunion était, comme nous l’avons dit, très-nombreuse. Groupés en cercle autour du président, les doyens de corporations formaient le premier rang. Derrière eux venaient les chefs d’ateliers, et derrière encor, les petits marchands et artisans salariés. C’était parmi les doyens de corporations que, dans son ignorance, Simon était venu se placer. Il avait jeté son manteau sur son bras, son costume, sans ressembler plus que le matin à celui d’un gentilhomme, lui donnait l’air d’un bourgeois aisé. Il avait mis un pourpoint neuf de drap de Coïmbre, à crevés et passades de velours ; une lourde chaîne d’or tombait sur sa poitrine.
Quand il jeta les yeux autour de lui et qu’il se vit entouré de longues barbes blanches et de têtes vénérables, il voulut faire retraite et gagner les rangs inférieurs ; mais il n’était plus temps. La trouée qu’il avait faite à grand renfort de vigoureux coups de coude s’était refermée derrière lui, et le tumulte qui s’apaisait peu à peu ne permettait pas d’espérer qu’il pût recommencer ce jeu avec succès. Il demeura donc à sa place et rabattit son chapeau sur ses yeux.
– Enfants ! disait le vieux président Gaspard, à qui on avait négligé de donner une sonnette ; enfants, écoutez les anciens !
– Mort aux valets de cour ! répondaient en chœur les apprentis et petits marchands. Mort au fils du boucher !
– Sans doute, sans doute, mais faites un peu de silence, reprenait le malheureux Orta Vaz. Je m’enroue, et pour peu que cela continue, je ne pourrai plus vous donner mes conseils.
Simon écoutait et hochait la tête.
– Est-ce bien sur ces vieillards im...

Table of contents

  1. Les Fanfarons du Roi
  2. À M. L. DU MOLAY BACON.
  3. I. L’ÉDIT
  4. II. ANTOINE CONTI VINTIMILLE
  5. III. LE COUVENT DA MAÏ DE DEOS
  6. IV. LA TAVERNE D’ALCANTARA
  7. V. JEAN DE SOUZA
  8. VI. LE ROI
  9. VII. MÉPRISES
  10. VIII. L’ENTREVUE
  11. IX. DONA XIMENA DE SOUZA
  12. X. LE LEVER DU ROI
  13. XI. ASCANIO MACARONE DELL’QUAMONDA
  14. XII. LES CHEVALIERS DU FIRMAMENT
  15. XIII. LA CHASSE DU ROI
  16. XIV. PROUESSES DES BOURGEOIS DE LISBONNE
  17. XV. REINE ET MÈRE
  18. XVI. LES JUMEAUX DE SOUZA
  19. XVII. L’ANTICHAMBRE
  20. XVIII. LE CABINET
  21. XIX. LA CELLULE
  22. XX. LA LETTRE
  23. XXI. ARME DE MOINE
  24. XXII. LA COUR DE FRANCE
  25. XXIII. LA COUR DE PORTUGAL
  26. XXIV. MADEMOISELLE DE SAVOIE-NEMOURS
  27. XXV. LE DRAPEAU DE LA FRANCE
  28. XXVI. HUIT HEURES
  29. XXVII. MINUIT
  30. XXVIII. MISS ARABELLA
  31. XXIX. DEUX RENDEZ-VOUS
  32. XXX. TROIS COUPLES DE KING’S-CHARLES
  33. XXXI. AVANT L’ORAGE
  34. XXXII. LA DERNIÈRE CHASSE DU ROI
  35. XXXIII. NUMÉRO TREIZE
  36. XXXIV. LE LIMOEÏRO
  37. XXXV. LE MOINE
  38. Page de copyright