Souvenirs Militaires De La République Et De l'Empire Tome II
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Souvenirs Militaires De La République Et De l'Empire Tome II

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Souvenirs Militaires De La République Et De l'Empire Tome II

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« Souvenirs militaires de la République et de l'Empire. Paris, Dumaine, 1855, 2 vol. in-8°. Portr.
Bon récit de la seconde campagne d'Italie (pp. 85-108) et surtout des opérations en Prusse et de l'occupation du pays: recensement des ressources (donations, problème de la monnaie... (pp. 111-168). Nombreux détails, mais des inexactitudes, sur la campagne d'Autriche (pp. 169-270), l'expédition d'Anvers (pp. 273-283). La guerre en Russie occupe les dernières pages du tome I et le début du tome II. La campagne de 1813 est également racontée de façon détaillée. A peu près rien en revanche sur la campagne de France. Les souvenirs s'achèvent sur les opérations de 1815. C'est par cette partie que Berthezène avait commencé la rédaction de ses mémoires en 1816. Malgré quelques erreurs, il a l'avantage sur d'autres généraux, de s'attacher à décrire les pays occupés ou envahis. » p 16 - Professeur Jean Tulard, Bibliographie Critique Des Mémoires Sur Le Consulat Et L'Empire, Droz, Genève, 1971

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Information

Publisher
Wagram Press
Year
2014
eBook ISBN
9781782891437

SUITE DE LA CAMPAGNE DE RUSSIE EN 1812

OPÉRATIONS DU CORPS AUTRICHIEN

SOMMAIRE . Les Autrichiens passent le Boug.— Leur marche sur Slonim. — Ils y font leur jonction avec le 7e corps, qui se porte sur Kobrin. — Tormassov y attaque une brigade saxonne et la fait prisonnière.— Mouvement de Tormassov après ce combat. — Position qu’il prend.— Les Austro-Saxons l’y attaquent. — Combat de Gorodetchna. — Retraite des Russes sur la Muchawetz et ensuite derrière le Styr

Afin de ménager la susceptibilité du corps autrichien, et peut-être aussi. afin de s’assurer de sa fidélité, il avait été décidé d’abord qu’il agirait sous les ordres immédiats de l’Empereur. Mais des mouvements offensifs de Tormassov, renforcé par deux divisions de l’armée de Bagration, et l’échec que les Saxons éprouvèrent à Kobrin, firent changer cette première résolution, et ce fut un grand malheur, comme nous le verrons dans la suite de la campagne. Napoléon envoya donc au prince de Schwarzenberg l’ordre de rester dans les provinces de l’ancienne Pologne, où il aurait sans doute préféré n’employer que des Polonais et des Saxons. Il ne pouvait guère en effet se dissimuler que cette nouvelle destination de l’année autrichienne était fort mal appropriée aux lieux et aux circonstances ; car, d’un côté, les soldats d’une puissance spoliatrice de la Pologne et jouissant encore du fruit de son iniquité devaient être un objet d’animadversion et de haine pour les habitants des provinces polonaises, et, de l’autre, il devait entrer nécessairement dans les vues de cette puissance d’étouffer le patriotisme dans un pays dont l’exemple pouvait devenir contagieux pour la Galicie. Il eût donc fallu être étrangement aveuglé pour compter sur une coopération franche de l’Autriche, agissant au loin, seule et sans surveillants.
En laissant au contraire dans ces provinces l’armée polonaise, Napoléon aurait paré à tous les inconvénients : la guerre s’y serait faite avec le plus grand succès ; la présence de ses compatriotes, leurs discours, leur exemple, auraient porté l’élan du peuple au plus haut degré ; il aurait couru aux armes ; la désertion aurait ruiné le corps russe, formé des nouvelles levées du pays ; aucun de ses mouvements n’aurait échappé au prince Poniatowski, et la Wolhynie et la Podolie auraient été conquises sans coup férir. Ces avantages ne sont nullement hypothétiques : ils eussent été la conséquence naturelle des sentiments connus et déjà manifestés par la population tout entière ; ils sont d’ailleurs avoués par le prince de Schwarzenberg, et la même lettre au comte de Saint-Priest, dont j’ai parlé plus haut, exprime toutes ses craintes à cet égard. Quoique les événements eussent modifié les résolutions de Napoléon, il semble qu’il pouvait encore sans inconvénient, après le combat de Moguilev, faire exécuter au prince Poniatowski une contre-marche, le porter de Moguilev sur Pinsk, et reprendre de cette manière l’exécution de ses premiers projets. Il ne le fit pas, et je crois qu’il s’en est repenti plus tard. J’aurai d’autres occasions de remarquer, dans le cours de cette campagne, qu’il négligea beaucoup de mesures qui eussent été fort utiles au succès de son entreprise. Une autre observation m’a souvent frappé : c’est que les événements ont prouvé que sa première idée était toujours la meilleure et la plus juste, et qu’il eût évité bien des malheurs s’il s’y fût attaché plus fortement.
Les Autrichiens, partis de Lemberg, où ils s’étaient rassemblés, passèrent le Boug, le 1er juillet, à Droghitschin, et arrivèrent le 13 à Proujani, d’où ils continuèrent leur mouvement sur Kossow, Slonim et Neswij, après avoir occupé l’importante position de Pinsk. Nous avons déjà vu que le 7e corps, composé des Saxons et commandé par Reynier, avait reçu l’ordre de rétrograder, afin de couvrir Varsovie. Un ordre postérieur l’ayant mis à la disposition de M. de Schwarzenberg, il quitta Slonim, où il se trouvait, pour aller relever les troupes autrichiennes qui étaient sur la Pina. Son avant-garde, commandée par le général Klingel, était arrivée à Kobrin et avait poussé des reconnaissances et des postes sur Pinsk et Brest-Litovsk ; le gros des troupes était à Khomsk.
Cependant Tormassov, parti de Kowel, où il avait fait sa jonction avec les deux divisions dont nous avons parlé plus haut, se portait sur la Muchawetz pour couvrir la Wolhynie. Informé qu’une brigade saxonne occupait Kobrin, et jugeant qu’elle était trop éloignée du reste de l’armée pour pouvoir être secourue, il forma le projet de l’enlever. En conséquence, il marcha sur Kobrin, le 25 juillet, par les routes d’Antopol et de Divin, avec environ 30,000 hommes, et, après avoir reconnu la position de Klingel, il profita de sa grande supériorité pour l’entourer et lui couper la retraite. Les Saxons se défendirent vaillamment ; mais enfin, après un combat de neuf heures, dans lequel ils avaient perdu le tiers de leur inonde, ils furent forcés de se rendre : leur perte fut d’environ 1,000 hommes tués ou blessés, 2,000 prisonniers et 8 pièces de canon ; celle des Russes se monta à plus de 2,000 hommes. Le général Reynier ayant appris le mouvement de Tormassov, s’était hâté de marcher au secours de son avant-garde : mais il avait trop de chemin à parcourir ; arrivé à Antopol, il apprit la prise de Kobrin, et ne voulant pas se hasarder dans un combat trop inégal, il rétrograda sur Slonim, où il arriva le 30 juillet. Tormassov le fit suivre jusqu’à Seletz, pendant qu’il se portait lui-même directement sur Proujani et qu’il faisait occuper la digue de Khomsk, ainsi que les défilés et positions avantageuses qui s’étendent jusqu’à Proujani.
Mais Schwarzenberg, dont les forces réunies étaient bien supérieures à celles de l’ennemi, se mit en devoir d’arrêter sa marche et de mériter les faveurs de Napoléon. Le temps des défections n’était pas encore arrivé ; tout présageait à la guerre une heureuse issue et nul n’aurait osé trahir ses devoirs d’une manière ostensible. Il partit donc de Slonim le 4 août, se dirigea sur Kossow et passa la Jasiolda à Kartouskaberiouza, afin de menacer la droite de l’armée russe, pendant que le 7e corps se portait sur Véliki-Selo. Les Autrichiens, poursuivant leur route sur Seghnevischi, rencontrèrent l’ennemi près de Dedel-hof-Bluden, le battirent et le forgèrent à se retirer à Khomsk ; après ce combat, ils marchèrent sur Proujani, où ils firent leur jonction avec le 7e corps, qui, de son côté, avait battu une avant-garde russe près de Véliki-Selo.
Dès que le général Tormassov apprit le mouvement de l’armée autrichienne, il s’arrêta et prit position à Gorodetchna, où il fut joint par celles de ses troupes qui avaient été forcées à Proujani et à Kosibrod ; son armée occupait les hauteurs en arrière de Gorodetchna, étendant sa gauche vers Podoubnie et appuyant sa droite à Karky, sur la route de Proujani à Kobrin ; il avait placé sa réserve sur une seconde ligne de hauteurs, qui se prolongeaient vers Strajnick. Cette position était forte naturellement ; elle était protégée sur son front par des marais impraticables, qui séparaient les villages de Podubnie, Jabin et Gorodetchna de ceux de Zambioszcz et Karky ; on ne pouvait traverser ces marais qu’au moyen de deux digues qui, de Gorodetchna et Podoubnie, conduisaient à Kobrin ; la gauche était couverte et comme enveloppée par un bois considérable, près duquel commençaient les marais et qui s’étendait au loin, le long de la route de Cherechev, jusqu’à la hauteur de Zavjouvie. Ainsi posté, le général russe, se regardant comme inattaquable, se contenta de garnir d’artillerie le débouché des digues et attendit, plein de sécurité, l’armée austro-saxonne.
Elle parut, le 11 août, devant Gorodetchna ; deux divisions autrichiennes prirent position derrière ce village ; le 7e corps se plaça près de Jabin, et une troisième division autrichienne s’établit à sa droite, derrière Podoubnie. Le général Reynier s’aperçut bien vite que l’ennemi avait négligé d’occuper le bois ainsi que le village et la ferme de Podoubnie, au débouché de la digue ; il voulut mettre à profit cette faute grave : dès le soir même il fit occuper la ferme et, sur son avis, il fut résolu que le 7e corps, soutenu par des troupes autrichiennes, déboucherait du bois sur la gauche des Russes. Mais le lendemain 12, Tormassov sentant de quelle importance était la possession de la ferme, dirigea sur elle un feu d’artillerie si foudroyant que les Saxons ne purent s’y maintenir ; il est vrai que lorsque les Russes voulurent déboucher à leur tour, ils furent arrêtés et rejetés sur leur position. Après ce premier combat, Reynier se mit en devoir d’exécuter le projet dont il était l’auteur ; il tourna le marais à sa naissance, s’avança au travers du bois sur la route de Cherechev, où il se forma en bataille, et commença de suite l’attaque avec une brigade d’infanterie. Quoique Tormassov se trouvât surpris par ce mouvement qu’il n’avait pas prévu, il prit sur-le-champ des mesures pour y parer ; il fit exécuter un changement de front à une partie de ses troupes et les plaça en potence sur sa gauche, en les appuyant par une nombreuse artillerie et par de la cavalerie qu’il étendit jusque près de Zavjouvie, afin de déborder la droite des Saxons ; il pouvait, sans se compromettre, dégarnir son front et il n’y manqua pas. Toute la journée se passa en tentatives réitérées et infructueuses, de notre part, pour enlever les hauteurs qui dominent le chemin de Podoubnie à Kobrin, et de la sienne, pour nous repousser au-delà du bois et s’en rendre maître. Vers le soir, les Russes ayant échoué dans une nouvelle attaque qu’ils avaient essayée sur notre droite, le général Reynier saisit ce moment pour faire un dernier effort contre les hauteurs ; le succès le couronna, mais l’obscurité ne permit pas d’en tirer avantage, et l’ennemi profita de la nuit pour faire sa retraite sur Kobrin.
Il est évident, pour tout lecteur capable de réflexion, que le général Tormassov avait commis deux fautes capitales : la première, de ne pas occuper en force Podoubnie, et la seconde, de ne pas garder le bois ; ces fautes étaient telles, qu’elles devaient entraîner sa perte totale. Il ne lui eût cependant pas été difficile de prévoir que les Austro-Saxons chercheraient à tourner sa position, que le point de Podoubnie leur paraîtrait le plus favorable pour le tenter, et que cette manoeuvre le mettrait dans la situation la plus critique ; nous avons vu, en effet, que le général Reynier en conçut tout d’abord l’idée, et que si elle eût été exécutée avec la célérité et les moyens convenables, l’armée russe eût trouvé son tombeau dans les marais de Gorodetchna. Heureusement pour elle, on fit plusieurs fautes : on déboucha trop tard sur ses derrières, où l’on aurait dû se trouver à la pointe du jour ; on attaqua avec trop peu de monde, quand il aurait fallu se présenter avec une masse considérable d’infanterie. De plus, puisque le front de l’ennemi était impraticable pour nous, le nôtre l’était également pour lui et nous ne courions aucun danger à le dégarnir ; alors son aile gauche, attaquée brusquement et avec vigueur par la plus grande partie de nos forces, n’aurait pas eu le temps d’être secourue ; elle eût été complétement défaite, et le reste de son armée, acculé dans les marais, n’aurait eu aucune chance de salut. Ce combat peut être comparé à celui de Saltanovka : dans l’un et dans l’autre, les armées se trouvaient dans une bonne position et sur la défensive ; si les résultats n’ont pas été les mêmes, c’est que, dans le premier, le général français attaqué avait prévu les mouvements auxquels son antagoniste ne pensa pas, tandis que, dans celui-ci, le général russe attaqué ne prévit aucune des manoeuvres que le général français, plus habile, conçut rapidement. Au reste, ces deux combats fournissent une nouvelle preuve que les positions très couvertes et très entourées, qu’une opinion commune, mais peu réfléchie, fait regarder comme si avantageuses et si sûres, deviennent au contraire fort précaires et fort dangereuses, lorsqu’on a en tête un ennemi actif et manœuvrier.
Le lendemain on suivit les Russes assez vivement pour qu’ils n’eussent pas le temps de détruire le pont de la Muchawetz, et l’on entra à Kobrin sans résistance, pendant qu’ils se retiraient sur Ratno, par la route de Divin. Les deux corps autrichien et saxon campèrent sur la Muchawetz, s’étendant à droite jusqu’à Brest-Litovsk et à gauche jusqu’à Pinsk. Après quelques jours de repos, le 7e corps se porta sur Szatsk par Brest-Litovsk ; son avant-garde arriva le 23 à Luboml, et continua sa route sur Vladimir, tandis que les Autrichiens marchaient vers Szatsk. Ce mouvement obligea le général russe à continuer sa retraite sur Kowel et Loutzk, où il passa le Styr et prit position, pour attendre l’arrivée de l’armée de Tchitchagov. Le prince de Schwarzenberg se plaça parallèlement à lui ; le 7e corps était vers Torezin, et les Autrichiens vers Kiselin et Tockazi ; Ratno et Pinsk étaient occupés chacun par une brigade autrichienne, et Vladimir par une brigade polonaise, dont le 7e corps avait été renforcé.

SUITE DES OPÉRATIONS DU CENTRE DE L’ARMÉE

SOMMAIRE : Sébastiani est surpris à Inkovo. — L’armée lève ses cantonnements. — Passage du Borysthène. — Combat de Krasnoïé.— Bataille et prise de Smolensk. — Retraite des Russes. — Combat de Valoutina-Gora. — Désobéissance de Junot.— Marche offensive de l’armée française. — Motifs pour s’arrêter à Smolensk. — Camp des Russes à Borodino. — Combat du 5 septembre. — Bataille de la Moskowa. — Retraite des Russes. — Marche sur Moscou. — Les Russes l’évacuent. — Incendie. — Rostoptchin. — Réflexions sur l’incendie et sur notre séjour dans cette ville.

Pendant que le centre de l’année française était arrêté entre le Dniéper et la Dvina, l’ennemi entreprit de l’inquiéter au moyen de ses troupes légères. Un parti se présenta devant Velij, dans l’espoir de surprendre cette ville à la faveur de la nuit ; mais la garnison était sous les armes, et les Cosaques prirent la fuite aux premiers coups de fusil. Ils furent plus heureux contre la division de cavalerie commandée par Sébastiani. Le 8 août, l’hetman Platov s’approcha de cette division placée près d’Inkovo ; la profonde sécurité à laquelle elle se livrait et la négligence avec laquelle elle se gardait, permirent à l’ennemi d’arriver jusque dans son camp sans être aperçu ; nos troupes, surprises, ne purent opposer qu’une faible résistance et leur déroute paraissait inévitable, lorsque, par bonheur, un corps de lanciers, campé non loin de là, vint à leur secours et les dégagea. Les Cosaques emmenèrent néanmoins quelques pièces de canon et un certain nombre de chevaux et de prisonniers, parmi lesquels se trouva une compagnie d’infanterie légère.
Ces tentatives réitérées attirèrent l’attention de Napoléon ; il jugea que l’ennemi, à l’abri derrière sa nombreuse cavalerie, préparait quelque mouvement offensif : il devinait juste. Depuis que Barclay de Tolly avait fait sa jonction avec Bagration, il se croyait assez fort pour tenter le sort des combats et se flattait de surprendre nos cantonnements et de les battre, avant que l’Empereur ne pût réunir son armée. Dans cette espérance, il forma le projet de s’avancer sur Vitebsk par Roudnia ; il dirigea Platov sur Inkovo et Bagration sur Nadva, tandis que lui-même se portait en avant du lac Kasplia. Mais au milieu de ces mouvements, qui ne se faisaient qu’avec lenteur et incertitude, Napoléon prit rapidement son parti ; il conçut la pensée audacieuse de marcher sur Smolensk, d’atteindre cette place avant les Russes et, par cette manoeuvre savante et hardie, qui le plaçait sur leur flanc et sur leurs derrières, de leur couper la route de Moscou et les communications avec les provinces méridionales de l’empire.
Le 10, toute l’année leva ses cantonnements et, couverte par la forêt de Babinovitchi, se dirigea sur le Dniéper ; le 13, elle passa ce fleuve sur cinq ponts, à Rasasna et à Khomino{1}. Le 1er corps était alors à Dobrovna ; le 3e et la cavalerie de Murat vis-à-vis de Khomino ; le 4e corps à Rasasna, avec le 3e de cavalerie ; le cinquième arrivait à Romanov ; il avait laissé la division Dombrowski à Mobilow, d’où elle se porta à Svislotsch, pour observer Bobrouisk et la réserve de Mozir. Ce même jour, Napoléon quittait Vitebsk et se portait avec la Garde, par Babinovitchi, à Rasasna, où il franchit le Dniéper. Il avait laissé à Vitebsk, pour en former la garnison, un régiment de flanqueurs de 4 à 500 hommes, les éclopés de la Garde et ceux des autres corps qu’on avait pu y réunir. Le 3e corps et la cavalerie du roi de Naples arrivèrent le 14 au soir devant Krasnoïé : c’était la première ville russe, et nos misères allaient augmenter encore ; ici nous ne trouvions plus d’amis, et surtout plus de Juifs{2}, ce qui était un malheur plus réel. En Pologne, au contraire, les Juifs sont très nombreux, et ce sont eux qui exercent toutes les branches de commerce ; ils nous avaient été très utiles pour la subsistance de l’armée, et l’auraient été bien davantage si l’on avait su les y intéresser. Je suis persuadé qu’eux seuls possédaient les moyens de nous pourvoir de tout, mais il aurait fallu leur donner de l’or.
Notre avant-garde trouva en position à Krasnoïé un corps russe, qui sans doute était destiné à surveiller les mouvements de Davout pendant les opérations offensives de Barclay de Tolly ; il était fort de 8 ou 10,000 hommes d’infanterie et de !,200 chevaux, et muni d’une douzaine de pièces de canon. L’Empereur, qui s’était rendu aux avant-postes, ordonna de le débusquer : cet ordre fut exécuté avec beaucoup de vigueur par la tête de colonne de la division Ledru. Malgré une vive résistance, l’ennemi ne put soutenir le choc ; chassé de sa position, il se forma en carré ou plutôt il se groupa en une masse compacte, et continua ainsi sa retraite sur Smolensk. Le défaut d’artillerie, restée en arrière par suite de la rapidité de nos mouvements, empêcha seul de l’écraser et de le détruire en entier.
Si cependant, lorsque la division Ledru attaquait de front, le roi de Naples, ainsi que le conseillait le maréchal Ney, eût passé la rivière avec sa cavalerie et se fût porté sur les derrières de cette troupe isolée et sans appui, elle eût été facilement enveloppée ; mais il craignit une embuscade dans les bois qui étaient sur notre droite, et prudent, peut-être pour la première fois de sa vie, il laissa échapper l’occasion qui s’offrait à lui. Bientôt pourtant il se mit à la poursuite des ...

Table of contents

  1. Page titre
  2. TABLE DE MATIÈRES
  3. SUITE DE LA CAMPAGNE DE RUSSIE EN 1812
  4. CAMPAGNE DE 1813
  5. CAMPAGNE DE 1815
  6. CAMPAGNE DE 1815 EN Belgique
  7. INSTRUCTIONS DE L’EMPEREUR ADRESSÉES, À HAMBOURG, AU MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D’ECKMÜHL,