Je vais voir mon psy
Les personnes qui consultent disent : « je vais voir mon psy », s’épargnant les distinguos des praticiens de la psychothérapie, entre ceux qui se nomment :
• – Par leur nom de métier : médecin psychiatre, psychologue, psychopraticien.
• – Par le nom de leur champ disciplinaire de référence : psychanalyse, thérapie cognitivo-comportementaliste (TCC), psychothérapie relationnelle.
• – Par leur titre d’exercice1. Il en existe deux, le réglementaire et l’alternatif :
a) le titre d’exercice de psychothérapeute, titre administratif à valeur de licence professionnelle regroupant2 exclusivement les membres des deux professions réglementées, psychologues et médecins.
b) le titre d’exercice de psychopraticien relationnel® ou psychopraticien certifié®, titres privés déposés en propriété industrielle (INPI), désignant des membres de la profession autoréglementée3 de psychopraticien habilités sous la responsabilité des quatre organisations professionnelles historiques4 qu’on trouve regroupées dans le cadre du GLPR5.
• – Par leur nom de méthode : psychanalyste freudien, psychanalyste lacanien, analyste jungien, Gestalt-thérapeute, hypnothérapeute, somatothérapeute, analyste bioénergéticien…
• – Par leur nom de technique (sous-méthode) : PNL, EMDR, éthiothérapie, EFT-thérapie, sophrologie etc. On trouve encore, en dehors du champ de la souffrance, du conseil, de l’accompagnement de projets comme le coaching, ou du développement personnel. Si de simples techniciens non formés à la psychothérapie prétendent à son exercice, ils entrent dans la catégorie des charlatans. S’il s’agit de psychopraticiens relationnels dûment formés utilisant le supplément d’une technique ou une autre, tout est dans l’ordre.
Ce schéma situe les trois types de praticiens proposant leurs services psys.
• Le cadre de psychothérapeute (profession réglementée) désigne les psychologues cliniciens qui se sont enregistrés. Ceux d’entre eux qui sont psychanalystes se trouvent dans le secteur bayadère sur fond blanc.
• Les bayadères sur fond grisé relèvent du secteur autoréglementé.
• Les psychopraticiens non autoréglementés ne sont pas couverts par les quatre organisations historiques responsables (GLPR).
• Les psychiatres, n’ont pas besoin en fait du titre de psychothérapeute étant entendu qu’ils pratiquent la psychothérapie « par nature » institutionnelle.
Quelques praticiens peuvent s’inscrire ailleurs que dans leur case de départ. Restons simples.
Qu’est-ce que la psychothérapie relationnelle ?
PLURALITÉ DE MÉTHODES
Il ne s’agit pas d’une nouvelle méthode de psychothérapie mais d’un champ disciplinaire incluant une pluralité de méthodes. L’usage est parti de ce qu’on appelait jusqu’alors la psychothérapie mais ce mot a pris au cours de l’histoire de multiples sens selon ce que ceux qui l’utilisaient avaient en tête, les corporations psys se l’étant chacune approprié. Si bien qu’à présent il faut tout bien décrire et repréciser.
TYPE DE MOTEUR PSYCHOTHÉRAPIQUE
de la profession en France, regroupés dans le cadre du GLPR, pourvoit à la sécurisation de la profession et du public.
On distingue classiquement quatre courants en psychothérapie6, chacun comportant des méthodes et des techniques (sous-méthodes). Le qualificatif contemporain de relationnel indique que dans le champ qu’il détermine, c’est la relation qui constitue à la fois le lieu, l’outil et le but de la psychothérapie. Remarquons qu’il y a de la relation dans toute thérapie et bien sûr en dehors des thérapies, mais toutes les relations ne sont pas thérapeutiques et toutes les thérapies ne sont pas relationnelles, quand cette dimension n’est pas au cœur de leur méthode. Il ne s’agit pas non plus de relation au sens commun du terme, mais d’une relation spécifique et précise, professionnalisée, qui n’est thérapeutique qu’à certaines conditions. Autrement dit, il est entendu que nous sommes, nous autres humains, des êtres sociaux, il y a donc toujours un peu de relation entre nous et c’est heureux. Mais il y a un monde entre l’huile relationnelle dans les rouages d’une méthode de psychothérapie et un moteur psychothérapique qui carbure à la relation.
QU’ENTENDRE PAR RELATION ?
J’entre en relation avec ma voisine de siège en me tassant un peu pendant qu’elle fait de même. Cet ajustement, généralement non verbal, est déjà d’ordre relationnel. Pré ou périrelationnel si l’on veut. Le « comment allez-vous » et le « bon après-midi » en sont d’autres. Leur superficialité ne fait pas plus de doute que leur nécessité sociale. Comme suggère le titre mondialement connu d’Éric Berne, Que faites-vous après avoir dit bonjour ? vous entrez en relation, tout simplement. Enfin, simplement ! si on veut. Tout dépend. D’ordinaire on y va à petits pas, dans le style, les circonstances d’interlocution, et selon l’humeur du moment, en prenant soin de prendre en considération celle de l’autre. Très codé pour faciliter. L’humeur météorologique, quel temps de chien ! peut servir de plate-forme commune, vers un premier accord. Tout début de préempathie (pathos : pâtir). Début de partage de ce que nous éprouvons ensemble immédiatement relativement au temps qu’il fait. Ensuite, tout dépend.
QUAND ÇA DÉBORDE LE CADRE RELATIONNEL CLASSIQUE
Autre exemple. Sur rendez-vous, j’entre en relation avec mon médecin à propos de ces maux de gorge dont je n’arrive pas à me débarrasser. Genre de rapport : une cordialité, un lien de confiance, une habitude positivée de part et d’autre s’il s’agit d’un généraliste qui nous « suit », une relation socioprofessionnelle réglée selon le type de service. En l’occurrence protocolisée de longue date entre un spécialiste de la santé et un « usager » (de la sécurité sociale), plus ou moins un habitué (patientèle). Ici diagnostic physique et prescription d’un traitement. Aucune raison que ça déborde. Parfois dans son cabinet le médecin voit bien que ça se met à déborder. La gorge oui, mais la tête ne va trop bien non plus, avec les soucis. Il éponge un peu, prescrit de quoi calmer ou colmater, tape dans le dos, et si ça persiste adresse à quelqu’un d’autre dont ce genre de débordement est la spécialité, un collègue psychiatre. Ou à un de ces nouveaux « psychothérapeutes » psychologues, quelquefois psychanalystes, ou encore à un psychopraticien qu’il connaît et dont il apprécie le travail – relationnel.
TRAVAIL RELATIONNEL
Changement de niveau. Le psychopraticien relationnel, lui, la relation c’est sa matière première. Il la mettra au travail, c’est à la fois très technique et très humain, au cours de séances structurées à cet effet, selon ses propres méthodes. Là, ça ne déborde plus, ça s’exprime, ça dialogue et ça évolue. Affaire de spécialiste. Il faut à cela donner forme, le cadrer. S’ensuivra l’établissement d’un contrat et d’un lien, débouchant sur une alliance thérapeutique – tout de suite des termes techniques ! –, et un processus. Travail relationnel caractérisé. Psychothérapie certes mais pas toutes. Seulement celles fondées sur l’exploration systématique de la dynamique de la relation, conduite par des psys bénéficiant de cette compétence (des relationnellistes) seront qualifiées de relationnelles. Spécialisation. Les psys en question sont formés à la conduite de la relation qui soigne. Un métier. Pas davantage que la pédagogie ça ne se produit spontanément, naïvement. Il s’agit d’acte professionnel hautement spécialisé. On n’est pas plus psychopraticien de nature que psychologue. On l’est quand on a été formé à la conduite de la relation engagée qui soigne. Formé diplômé confirmé. Quand on connaît son métier. Un métier à base de souci de l’autre, fondé sur la dimension humaine universelle, sur une profonde expérience, un art de la découverte par le dialogue où les deux cherchent ensemble, adossé à un vaste champ théorique.
« Quelle était la nature de vos rapports ? » demande l’enquêteur dans un polar. Certes tout est relationnel, au sens trivial du terme, s’agissant des rapports humains, mais tout n’est pas psychothérapique relationnel, travaillé à partir d’un savoir, savoir être, savoir faire être, savoir être avec (c’est-à-dire en relation). On ne naît pas « relationnel », on le devient, on s’y professionnalise. Et quand on l’est devenu parfois on se préoccupe d’en parler. Nous y voici.
SE SOIGNER / SE FAIRE SOIGNER
Différences. La posture des deux protagonistes en psychothérapie peut marquer des différences essentielles. En psychothérapie relationnelle, un professionnel rencontre une personne venue lui demander de l’aide, entre en relation avec elle en s’impliquant dans l’aventure du processus qui va amener cette personne à faire des découvertes et évoluer. Dans un tel dispositif la personne consultante, soucieuse du sens de son existence, conduira sa démarche mue par le souci de soi, et devra participer activement de manière responsable, grâce à l’aide prodiguée, à l’élaboration de sa solution. Elle se soigne elle-même auprès d’un autre qui l’aide à y voir clair dans son existence. Thérapie lente, à dialogue. Je prends ma vie en charge. Transformation en perspective.
Dans le second champ disciplinaire, de facture plus médicale, on trouve un expert en situation de prendre en charge, comme on dit en langage Sécurité sociale, pour le réduire, un trouble, dont débarrasser le porteur. Le spécialiste lui appliquera sa méthode, condensée en protocole, avec médication quand il est médecin. Le praticien sujet actif, soigne ; le patient objet passif, se fait soigner. Thérapie rapide à protocole. En finir rapidement. On répare la voiture et je repars avec.
Bien entendu il existe des postures intermédiaires, c’est tout le charme du genre.
FILIATIONS
La psychothérapie, soin de l’âme, remonte à des milliers d’années. Dès l’origine bifocale, médecine physique et psychique-spirituelle avec ingestion de produits. Dans sa dimension contemporaine elle provient d’une histoire partagée entre ses divers acteurs, psychiatrie, psychologie, psychanalyse (approche non universitaire7, par démarche personnelle) et plus récemment psychologie dite humaniste d’approche en grande partie non universitaire8 qui se veut principalement phénoménologique et existentielle. La psychothérapie relationnelle que nous abordons est issue de la psychologie humaniste américaine (1940-60 et la suite), développée en Nouvelles Thérapies dans les années 70, à l’enseigne du Mouvement du potentiel humain. Une filiation avec l’héritage psychanalytique persiste dans plusieurs méthodes.
D’HUMANISTE À RELATIONNEL
L’idée de qualifier ce champ psychothérapique de relationnel et non plus d’humaniste s’est imposée au tournant du siècle à l’initiative d’un syndicat et d’une fédération psys9. Leur raison en fu...