Trudeau et ses mesures de guerre
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Vus du Canada anglais

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Trudeau et ses mesures de guerre

Vus du Canada anglais

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Il y a un peu plus de quarante ans, le 16 octobre 1970, au milieu de la nuit, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau imposait les mesures de guerre à la suite de l'enlèvement par le Front de libération du Québec (FLQ) de deux personnalités politiques. Par ce coup de force, la constitution et toutes les libertés civiles furent suspendues. Douze mille cinq cents soldats furent déployés au Québec, dont 7500 rien qu'à Montréal. Près de 500 personnes furent arrêtées sans mandat, sans accusation et sans avoir le droit de recourir à une assistance juridique. Plus de 10000 maisons furent fouillées sans autorisation.Dans cette brillante et rigoureuse anthologie de textes écrits par des Canadiens anglais, pour la plupart présentés pour la première fois en français, des leaders politiques, des penseurs, des journalistes et des écrivains relatent comment le gouvernement fédéral a trompé le parlement et la population du Canada en invoquant faussement une «insurrection appréhendée», pour pouvoir recourir - une première dans notre histoire - aux mesures de guerre en temps de paix.«Une anthologie fascinante.»Paul Weeks, Maclean's, 1er octobre 2010«J'ai été ravi que quelqu'un ait finalement eu le ­courage de dire la vérité: que Pierre Trudeau et Marc Lalonde m'ont tous les deux menti sur les raisons pour lesquelles les mesures de guerre ont été imposées, mais il a fallu 40 ans pour que les faits soient publiés. C'est un livre fascinant et essentiel.»Peter C. NewmanGuy Bouthillier a étudié le droit à l'Université McGill et a obtenu un doctorat de l'Université Paris-Sorbonne. Il est professeur honoraire en sciences politiques à l'Université de Montréal où il a enseigné pendant plus de trente ans.Édouard Cloutier a obtenu son PhD de l'Université Rochester (État de NewYork). Il a enseigné les sciences politiques à l'Université du Québec à Montréal, à l'Université McGill ainsi qu'à l'Université de Montréal où il a dirigé le­Département de sciences politiques pendant de nombreuses années.

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Information

1
LA FRAGILITÉ DES LIBERTÉS AU CANADA
«La question centrale de notre histoire: les relations entre les sociétés anglophone et francophone»
Thomas R. Berger
La crise d’Octobre s’inscrivait dans une histoire qui lui donnait un sens et lui fournissait un point de comparaison. C’est ainsi que les mesures de guerre de 1970 rappelèrent celles de 1939-1945 et l’usage qui en fut fait à l’encontre de la population d’origine japonaise (voir Eayrs). Ce souvenir de 1939-1945 est venu d’autant plus spontanément à l’esprit qu’il était encore relativement récent (vingt-cinq ans, alors qu’aujourd’hui quarante ans nous séparent d’octobre 1970) et que plusieurs des protagonistes de 1970 en avaient une connaissance immédiate et tangible. De même Jean Drapeau et Pierre Trudeau, bien qu’ils étaient jeunes encore, avaient appris en tant que militants anticonscriptionnistes ce que cette loi comportait de menaces pour les droits et libertés de chacun (comme l’illustra en 1940 l’arrestation éclair, puis la mise à l’écart pendant quatre ans du maire de Montréal Camillien Houde en raison de son opposition à la conscription).
Certains commentateurs de la crise d’Octobre sont remontés plus loin encore dans notre mémoire collective. Tel est le cas de Thomas Berger, juriste de Colombie-Britannique, spécialiste du droit constitutionnel et du droit des Autochtones. En 1981, celui-ci publia un livre au titre évocateur, Fragile Freedoms[49], dans lequel il faisait un survol de huit épisodes parmi les plus sombres de l’histoire des libertés au Canada, dont celui de la crise d’Octobre («Démocratie et terreur: octobre 1970»). Cinq chapitres concernent des épisodes de rivalités collectives, opposant ou ayant opposé les Anglo-Saxons (la majorité anglophone, dirions-nous aujourd’hui) à divers groupes minoritaires. Au XVIIIe siècle: «Les Acadiens: expulsion et retour». Au XIXe siècle: «Louis Riel et la nouvelle nation». Vers 1900: «Laurier et les écoles séparées». Au XXe siècle: «Mackenzie King et les Nippo-Canadiens». Et à notre époque: «Les Indiens nishgas et les droits des autochtones». Outre ces cinq épisodes de rivalités collectives – ou de «minorités», comme Berger les appelle –, le livre présente deux épisodes d’opposition idéologique, de «dissidents», comme il le dit, tous deux du XXe siècle: «Le parti communiste et les limites de la dissension», et «Les témoins de Jéhovah: l’Église, l’État et la dissension religieuse».
C’est donc sur une toile de fond faite de «minorités» et de «dissidents» que Berger aborda la crise d’Octobre. Alors, est-on tenté de se demander: la crise d’Octobre, crise de «minorité» ou crise de «dissidents»? Devant cette question, certains des auteurs de notre anthologie penchent pour la première option, et d’autres pour la seconde. Mais peut-être, en réalité, relève-t-elle à la fois de l’un et de l’autre type de conflit? Nos lecteurs se feront leur propre opinion.
Né en 1931, Thomas Berger est devenu avocat en 1957. Au cours des années 1960, il fit de la politique au niveau provincial, et fut élu député du NPD à l’Assemblée législative de Colombie-Britannique. Il fut nommé juge à la Cour suprême de cette province en 1971 et y demeura pendant douze ans. Pendant ses années de magistrature, il présida trois commissions royales. Les recommandations de l’une d’entre elles, l’enquête sur le gazoduc de la vallée de la Mackenzie, firent de lui un champion des droits des Autochtones. Un texte qu’il fit paraître dans le Globe and Mail, le 18 novembre 1981, dans lequel il critiquait le projet de «rapatriement» constitutionnel de Trudeau, à la fois en raison de l’insuffisante protection des droits des Autochtones et de l’absence du droit de veto du Québec, est à l’origine de sa démission inopinée de la magistrature[50].
Mais tout n’est pas sombre dans le livre de Berger, puisque ces conflits auront fourni à l’histoire du Canada certains de ses héros, chaque épisode que raconte Berger ayant «donné» son propre héros, depuis les plus lointains Riel et Laurier jusqu’aux plus proches, les juges Ivan Rand et Emmett Hall. Seul l’épisode des mesures de guerre de 1970 ne s’est pas vu attribuer de héros. Sans doute Berger voulait-il laisser aux lecteurs le soin de les découvrir par eux-mêmes.
***
Le Canada compte deux grandes sociétés, l’une anglophone, l’autre francophone, unies par les circonstances et par l’histoire. L’examen de notre passé révèle que la mise au point des relations entre ces deux sociétés forme la question centrale de notre histoire. On ne peut en effet discuter des institutions canadiennes autrement qu’en étudiant l’évolution des rapports entre les Anglais et les Français sur le continent. Comment ces deux communautés allaient aménager leurs rapports fut le thème dominant des discussions constitutionnelles qui ont abouti à la Confédération de 1867. Ce thème, bien qu’il s’estompe parfois, continue d’obscurcir les débats constitutionnels de notre époque.
Ces deux sociétés, urbaines, industrielles et bureaucratiques, ont aujourd’hui beaucoup en commun. Leurs différences culturelles et linguistiques conservent certes leur importance – d’ailleurs ne sont-elles pas à la source de cette tension créative qui caractérise la politique canadienne? –, mais elles ne représentent plus une menace pour l’un ou l’autre groupe. Comme l’a remarqué Pierre Trudeau: «Les dés sont jetés au Canada. Aucun de nos deux groupes linguistiques ne peut obliger l’autre à s’assimiler.»
Il n’en fut pas toujours ainsi. La conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques en 1759 a entraîné une série de tentatives visant l’assimilation des Québécois. Ceux-ci ont vaillamment résisté; ils sont passés de 60 000 à six millions d’habitants, et leur culture est plus que jamais florissante. Leur histoire incarne le combat de toutes les minorités.
À présent, chaque province canadienne compte une minorité francophone ou anglophone, dualité qui place la condition des minorités au cœur même de notre aménagement institutionnel. Qui plus est, l’hétérogénéité inhérente à notre vaste nation a engendré de très nombreuses formes de dissidence.
Ce livre ne concerne donc pas Mgr de Laval, Frontenac, Wolfe ou Montcalm. Il ne traite pas de la Confédération, du Canadien Pacifique et de la Police à cheval du Nord-Ouest, non plus que des exploits canadiens lors de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale. Liberté fragile aborde plutôt l’expulsion et le retour des Acadiens, la destruction de la nation des Métis et la perte de son territoire dans les plaines; il traite de la crise des écoles au Manitoba où l’on niait aux Canadiens français le droit de fréquenter l’école française, et de la crise des écoles en Ontario où on leur niait le droit de parler français dans leurs propres écoles; il parle encore des Canadiens d’origine japonaise, de leur internement au cours de la Seconde Guerre mondiale et de leur proscription après la guerre; il rappelle les mesures prises contre les communistes pour restreindre leur liberté de parole et d’association, et la persécution des témoins de Jéhovah au Québec; il traite de l’emprisonnement de centaines de dissidents lors de la crise d’octobre 1970 au Québec, et il expose enfin la question des droits des autochtones et du mouvement actuel de revendication territoriale.
Liberté fragile porte donc sur les minorités et les dissidents, leurs combats, leurs victoires et leurs défaites. Mais ce livre concerne aussi le Canada et les Canadiens puisque les victoires et les défaites de nos minorités et de nos dissidents sont aussi, à leur façon, l’histoire des succès et des échecs de nos institutions, de notre Parlement, de notre législature, de nos tribunaux, de nos hommes politiques, de nos juges, de notre peuple.
Bien sûr, les luttes des minorités et des dissidents ne constituent pas la seule composante de l’expérience canadienne. Mais elles mettent en relief le fait que les Canadiens admettent la diversité et sont fort capables de tolérance. Elles affinent aussi la perception que nous avons de nous-mêmes. Nombre de ces luttes ont débuté dans le passé lointain; elles se poursuivent cependant et connaîtront peut-être un dénouement à notre époque.
Certains Canadiens voient leur histoire comme un fardeau et considèrent qu’il n’y a là que récits ennuyeux d’événements de jadis. Comment progresser, disent-ils, encombrés d’un tel poids? Pourquoi se rappeler les sombres détours du périple canadien? N’y a-t-il pas de fin à nos mea culpa? Nous sommes aujourd’hui une nation prospère et paisible, nous jouissons d’institutions stables, nous accordons pleine citoyenneté à des personnes de toutes races, de toutes confessions, de toutes familles linguistiques. Laissons donc dormir le passé. Comme le disait le président John F. Kennedy, «nous n’avons d’obligation que d’être justes en notre temps».
Mais être justes en notre temps exige souvent la compréhension des temps anciens. Le monde n’est pas né de la dernière pluie, et nous ne pouvons découvrir les mesures qui apporteront la justice sans comprendre l’histoire du passé.
La constitution canadienne a toujours reconnu que nous sommes une nation pluraliste et non monolithique. C’est l’une de nos plus belles traditions. Des réfugiés de tous continents, des immigrants de toutes races, des fidèles de toutes confessions et des exilés cherchant l’asile politique ont trouvé place dans la vie canadienne. Nous avons la chance de provenir d’origines diverses, de parler différentes langues. La malédiction d’une idéologie triomphaliste ne pèse pas sur nos têtes et nous ne nous adonnons pas au patriotisme aveugle. Voilà pourquoi le Canada est un pays difficile à gouverner; le consensus facile n’y existe pas. Et pourtant cette diversité ne devrait pas nous effrayer puisqu’elle fait notre force, et non notre faiblesse.
La mosaïque canadienne, si ébréchée soit-elle par les conflits, laisse apparaître à chaque interstice un ciment de tolérance. Je parle de tolérance non pas comme de la simple indifférence, mais dans son aspect le plus positif, comme l’expression d’une croyance profonde aux vertus de la diversité et au droit à la dissidence.
Tout au long de notre histoire, nombreux sont les Canadiens qui se sont faits les champions d’un idéal de tolérance. Qui peut oublier le visage torturé de Louis Riel, mort en revendiquant les droits de son peuple? Ou ce grand homme, Wilfrid Laurier, plaidant la cause des Franco-Ontariens pendant la Première Guerre mondiale? Ou encore Angus MacInnis, soutenant les droits des Canadiens d’origine japonaise au cours de la Seconde Guerre, alors que toute la Colombie-Britannique, toute la nation en fait, s’opposait à leur présence? Et John Diefenbaker, réclamant la fin de la persécution dont étaient victimes les témoins de Jéhovah à la même époque, Pierre Trudeau, défenseur des libertés civiles au Québec sous le régime de Duplessis, Ivan Rand, grand juriste et philosophe, confirmant les droits des dissidents politiques et religieux dans les années 1950, et Emmett Hall, dont le jugement humanitaire dans la cause des Indiens nishgas ouvrit en 1973 tout le débat des revendications autochtones au Canada?
Il ne s’agit pas ici d’ériger un musée de cire à la gloire de nos héros nationaux. Mais la mémoire des Canadiens est encore peuplée des héros et héroïnes d’autres nations, et l’intelligence de notre identité en a souffert. Les crises du temps passé ont mis en évidence des hommes et des femmes qui ont énoncé et défendu une conception du Canada illuminant l’expérience canadienne.
Ces Canadiens, hommes et femmes courageux et compatissants, se sont engagés à poursuivre un idéal que nous pouvons tous partager aujourd’hui, un idéal...

Table of contents

  1. TRUDEAU ET SES MESURES DE GUERRE VUS DU CANADA ANGLAIS
  2. CHRONOLOGIES
  3. AVANT-PROPOS • Octobre 1970: Derrière les «mesures de guerre», une guerre civile inavouée
  4. INTRODUCTION
  5. 1 • LA FRAGILITÉ DES LIBERTÉS AU CANADA
  6. 2 • LES MESURES DE GUERRE EN 1939-1945
  7. 3 • L’APPEL AUX ARMES
  8. 4 • LES MINISTRES DÉCLARENT LA GUERRE À L’AVEUGLETTE
  9. 5 • LE DÉPLOIEMENT DES MESURES DE GUERRE
  10. 5.1 • LA GUERRE SELON LE BUREAU DU PREMIER MINISTRE
  11. 6 • LA MACHINE DE GUERRE SÈME LA PEUR ET L’HYSTÉRIE
  12. 6.1 • AU QUÉBEC
  13. 7 • À VISIÈRE LEVÉE
  14. 7.1 • AU PARLEMENT
  15. 8 • MÉMOIRES DE GUERRE
  16. CONCLUSION
  17. POSTFACE • «Si un homme sort un couteau…»
  18. REMERCIEMENTS
  19. BIBLIOGRAPHIE
  20. CRÉDIT