Lacorne Saint-Luc
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Lacorne Saint-Luc

L'Odyssée d'un noble, 1711-1784

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Lacorne Saint-Luc

L'Odyssée d'un noble, 1711-1784

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Officier du roi en Nouvelle-France, chevalier de la croix de Saint-Louis, Lacorne Saint-Luc fut un agent de liaison de grande influence auprès des tribus indiennes alliées. Également riche commerçant de Montréal, il connut une des carrières les plus éclatantes de la fin du Régime français en Amérique au milieu du XVIIIe siècle. Sa forte personnalité, son ambition, son talent et ses succès ne laissaient personne indifférent. Les Amérindiens et les Canadiens le respectaient et l'admiraient tandis que les Anglais et les Américains le craignaient et le qualifiaient de «fieffé coquin aussi malin que le diable». Après la capitulation de la Nouvelle-France, Lacorne Saint-Luc dut se préparer à l'inévitable: un exil forcé vers la France. Le vieux navire affrété par les autorités anglaises fit malheureusement naufrage le 15novembre 1761. Lacorne Saint-Luc était des sept rescapés. Sa longue marche de trois mois du Cap-Breton à Québec, au plus fort del'hiver, toucha beaucoup de gens, même ses pires ennemis. Le récit de son périple lui assura une place de choix parmi les figures héroïques des annales historiques de notre nation, au même titre que d'Iberville, La Vérendrye ou Lévis.Marjolaine Saint-Pierre a oeuvré dans les milieux culturels et de la télévision avant de se consacrer pleinement au métier d'écrivain. Elle a publié Léo Gariépy, un héros récupéré (Éditions de Varennes), Saint-Castin, baron français, chef amérindien, 1652-1707 (Septentrion), qui a obtenu le prix France-Acadie en 2000 et Joseph-Elzéar Bernier, capitaine et coureur des mers (Septentrion).

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QUATRIÈME PARTIE
Sous le Régime anglais
Réorganiser sa vie
En revenant à Montréal, Lacorne Saint-Luc devait accepter de refaire sa vie dans une colonie anglaise dirigée par des militaires. En parcourant les rues de cette ville qui avait été au cœur de son existence, il devait se remémorer l’humiliante capitulation du 8 septembre 1760 et les circonstances qui l’avaient contraint à s’embarquer sur L’Auguste, à l’automne de 1761. Ces souffrances, ces pertes et ces déchirements avaient-ils été futiles ? La France était prête à céder sa colonie et le drapeau britannique flottait toujours sur la place d’Armes.
Avant de rentrer dans son quartier général à New York, à la fin de septembre 1760, le commandant en chef des troupes britanniques en Amérique du Nord, Jeffrey Amherst, avait instauré un régime militaire et adopté la structure administrative qui existait déjà dans la colonie française, soit les trois gouvernements distincts de Québec, de Montréal et des Trois-Rivières. Le major général James Murray fut mis à la tête du gouvernement de Québec, le brigadier Thomas Gage devint gouverneur de Montréal et le colonel Ralph Burton prit le commandement des Trois-Rivières. Cette division correspondait, certes, aux trois anciens gouvernements, « mais cette fois, la distinction [était] tellement rigoureuse que ces gouvernements [étaient] trois pays, chacun sous l’autorité exclusive de son gouverneur, séparés les uns et les autres par des frontières militaires176 ». On exigera même un passeport pour les civils qui voudront passer d’un gouvernement à l’autre !
Le Régime militaire a duré trois années ; trois années où les anciens sujets français ont dû vivre dans le provisoire, incertains de leur avenir qui dépendait de ce qui se tramait en Europe. Les généraux anglais ne pouvaient pas non plus se prononcer sur le sort de leur conquête puisqu’ils attendaient les instructions de leur roi. La situation très concrète où ils se trouvaient, soit environ 3 500 hommes de troupe répartis dans les trois gouvernements pour maintenir la paix au milieu d’une population de plus de 75 000 âmes, les forçait à s’accommoder pour éviter la provocation.
Après une conquête, écrivait Séraphin Marion, le conquérant – s’il est intelligent – se doit de se gagner sinon les cœurs, au moins les esprits de ceux qu’il vient d’assujettir à ses lois. Surtout si, comme ce fut le cas en 1760, des milliers de milles le séparent de la métropole et l’isolent, pendant un long hiver, au milieu des glaces et des forêts inviolées177.
Les instructions de Jeffrey Amherst allaient dans ce sens :
Comme il est expressément enjoint aux troupes de vivre avec l’habitant en bonne harmonie et intelligence, nous recommandons pareillement à l’habitant de recevoir et de traiter les troupes en frères et concitoyens. Il leur est encore enjoint d’écouter et d’obéir tout ce qui leur sera ordonné tant par nous que par leurs gouverneurs et ceux ayant droit de nous et de lui ; et tant que lesdits habitants obéiront et se conformeront auxdits ordres, ils jouiront des mêmes privilèges que les anciens sujets du roi et ils peuvent compter sur notre protection178.
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Portrait de Jean-Louis de Lacorne de Chaptes, dit père Maurice, qui était dans la collection privée de Lacorne Saint-Luc. Ce cadet de la famille Lacorne fut longtemps missionnaire en Acadie avant de s’installer en France après la Conquête. Il est représenté en buste de face avec une soutane à rabats noirs et un livre à la main. Il ne ressemble en rien à son frère jumeau, le chanoine Joseph-Marie, abbé de Méobecq et de l’Étoile. Huile sur toile. Artiste inconnu. Musée de la civilisation, collection du Séminaire de Québec. Photographe : Amélie Breton, Perspective. No 1991.91.
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Le port de La Rochelle tel que l’aurait connu Lacorne Saint-Luc, lors de ses nombreux voyages en France. Gravure de Charles-Nicolas II Cochin, 1767, d’après un tableau de l’illustre peintre maritime Joseph Vernet. Gracieuseté du Musée David M. Stewart, Montréal, cote 1978-434.
En rentrant à Montréal, Lacorne Saint-Luc se trouvait en présence de militaires en uniformes rouges qui géraient leur conquête avec une politique de conciliation, tout en maintenant l’essentiel du Régime français. Si le chevalier décoré de la croix de Saint-Louis acceptait de ne point faire de vague, il lui serait permis, temporairement, de réorganiser sa vie, sur le plan tant personnel que commercial. En d’autres mots, s’il agissait en bon « vaincu prostré179 », il pourrait tirer profit de la générosité de l’administration britannique, paternelle et protectrice ! En attendant de connaître l’avenir de sa patrie, la vie devait continuer. Évidemment, il lui était impossible d’envisager la poursuite de sa carrière militaire, puisqu’il ne pouvait plus se battre pour le roi de France.
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La signature de Lacorne Saint-Luc se retrouve sur une correspondance adressée à son frère l’abbé Joseph-Marie de Lacorne du port de La Rochelle. Archives départementales d’Indre-et-Loire à Tours, France.
*
En rentrant chez lui, Lacorne Saint-Luc a certainement trouvé des locataires installés dans sa demeure de la rue Saint-Paul, car les militaires britanniques munis de billets de logement habitaient chez les citadins. À Montréal, les autorités anglaises ne donneront l’ordre aux militaires de quitter ces logements que le 2 janvier 1766. Ils seront alors forcés de séjourner dans des casernes de fortune situées sur le coteau de la citadelle. Mécontents de ces quartiers qu’ils jugeront insalubres, les soldats y mettront le feu et empêcheront la population locale, qui craignait que la ville n’y passe au complet, d’éteindre l’incendie.
*
Si l’on se fie à la lettre que le général Murray adressait au comte de Shelburne, le 22 juillet 1763, au sujet du caractère de l’abbé Joseph-Marie de Lacorne et de ses frères, il apparaît assez clairement que les dirigeants britanniques regardaient cette famille avec méfiance, certains qu’ils ne se convertiraient jamais à la cause anglaise :
The well known bigotry and superstitions of the family from which he originates, the aversion his brothers have ever born to the British name, and the relentless cruelties they have formerly exercised upon its subjects give little room to expect a sudden conversion to our interests180.
*
Réorganiser sa vie signifie que Lacorne Saint-Luc devait prendre les affaires de la famille de Lacorne en main. Il lui fallait d’abord régler le testament et la succession de son frère défunt, le chevalier Louis-Luc, qui laissait dans le deuil son épouse Marie-Anne Hubert de Lacroix181. Comme ce mariage était sans enfants, la veuve devait partager les biens « en communauté » avec les frères et sœurs de son époux qui s’était noyé dans le naufrage de L’Auguste.
Le décès de Marie-Madeleine de Lacorne, le 13 mars 1762, vint compliquer le règlement de la succession du chevalier. Marie-Madeleine était entrée à la Congrégation de Notre-Dame de Montréal à l’âge de dix-huit ans et avait pris le nom de sœur du Saint-Sacrement. À sa profession de foi, en 1720, son père fut incapable de payer sa dot, se contentant d’assurer verbalement ses droits à venir et à sa mort, la communauté de Notre-Dame réclama la part de la succession de son frère qui lui revenait.
M. Saint-Luc […] refusa à la congrégation toute espèce de dédommagement ; alléguant pour ses raisons : qu’il n’existait aucun contrat écrit, qui assurât aux sœurs leurs prétentions ; ni aucun testament en leur faveur, de la part de la défunte182.
Les religieuses portèrent l’affaire à la chambre des capitaines de milice qui donna gain de cause à la communauté par une déclaration passée le 16 novembre 1762. Lacorne Saint-Luc contesta cette décision et fit appel de la sentence auprès du gouverneur Thomas Gage. Les sœurs de la Congrégation furent alors contraintes de justifier leur requête :
Quand elle est entrée dans notre communauté, monsieur son père, chargé d’une nombreuse famille, et n’ayant pour tout bien que ses appointements, 400 livres, se trouvait hors d’état de payer comptant la dot pour mademoiselle sa fille et la fit recevoir avec ses droits à venir. M. le chevalier de la Corne, son frère, étant mort sans enfants le 15 novembre 1761, sa succession est tombée de droit en partage à tous ses frères et sœurs vivants, dont la sœur de ...

Table of contents

  1. Lacorne Saint-Luc. L'odyssée d'un noble, 1711-1784
  2. Sincères remerciements
  3. Introduction
  4. PREMIÈRE PARTIE • Sous le Régime français
  5. DEUXIÈME PARTIE • La guerre de Sept Ans
  6. TROISIÈME PARTIE • La tragédie de L’Auguste
  7. QUATRIÈME PARTIE • Sous le Régime anglais
  8. CONCLUSIONS • « La constitution d’un héros »
  9. Appendices
  10. Bibliographie
  11. Crédit