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Lâimminence de lâhistoire
Nous savons que lâhistoire se fait sous nos yeux. Nous savons aussi que nous pouvons peser sur le cours des choses, quoique jamais autant que nous le voudrions. Et quand nous parvenons Ă agir, notre action est indissociable de la force immense du mouvement de lâhistoire, qui marche dans le temps Ă grandes enjambĂ©es. Lâeffet de notre intervention â bĂ©nĂ©fique ou nocif â ne se rĂ©vĂ©lera que peu Ă peu, au fil des dĂ©cennies, voire des siĂšcles. Lâhistoire nous est donc entrave et Ăąpre exigence tout Ă la fois. La plupart du temps, nous ne pouvons entrevoir la forme quâelle prend, avec pour consĂ©quence que nous nous sentons captĂ©s par des mouvements de marĂ©e mystĂ©rieux, dont nous ne pouvons mĂȘme pas imaginer le cycle. Peut-ĂȘtre parce que nous ne voulons pas.
Mais nous sommes toujours quelque part dans le mouvement de lâhistoire. La houle nous secoue ou nous prĂ©cipite sur les rĂ©cifs. Ou alors nous pagayons sereinement comme si de rien nâĂ©tait.
Câest dans cette logique quâil nous faut mĂ©diter les Ă©vĂ©nements de lâhiver 2012-2013, au moment oĂč Idle No More a fait irruption dans nos vies. On a vu alors des Autochtones se masser en des lieux oĂč la contestation nâa normalement pas droit de citĂ© : aux carrefours, dans des centres commerciaux un peu partout au pays, ainsi que sur la colline du Parlement Ă Ottawa. Dans tous les mĂ©dias, de nouveaux jeunes chefs faisaient entendre leur voix. Les pouvoirs constituĂ©s, non autochtones aussi bien quâautochtones, les mĂ©dias, les commentateurs patentĂ©s, ont tentĂ© en vain dâinstrumentaliser ou de juguler cette expression spontanĂ©e de frustration et de colĂšre. Ainsi, des leaders politiques fĂ©dĂ©raux sont allĂ©s marquer leur sollicitude au chef Theresa Spence pendant sa grĂšve de la faim sur lâĂźle Victoria. Si elle avait pĂ©ri des suites de son jeĂ»ne hydrique, Ă quelques mĂštres du parlement provincial, la catastrophe Ă©tait assurĂ©e. Le tissu social canadien aurait subi un tort irrĂ©parable, sa mort aurait Ă©tĂ© une version moderne de la pendaison de Louis Riel. On aurait pu perdre la maĂźtrise des Ă©vĂ©nements. Violence ? On ne peut pas savoir. Nous avons fini par sortir de la crise Ă tĂątons. Le gouverneur gĂ©nĂ©ral a reçu les chefs autochtones dans une atmosphĂšre trouble. Et il y a eu cette rencontre avec le premier ministre Ă laquelle certains chefs Ă©minents refusaient dâassister Ă moins que le gouverneur gĂ©nĂ©ral soit prĂ©sent.
Tout le pays semblait tĂ©tanisĂ© par lâarrivĂ©e apparemment soudaine des Autochtones au cĆur mĂȘme de la conscience nationale. Je dis « apparemment » parce que les Canadiens et notre gouvernement nâavaient pas voulu voir. Il ne sâagissait pas ici dâune mauvaise passe comme tant dâautres dans les relations entre les Autochtones et les autres Canadiens. Il ne sâagissait pas de personnalitĂ©s ou dâun problĂšme particulier. Le mouvement Idle No More nâĂ©tait pas lĂ pour renverser lâAssemblĂ©e des PremiĂšres Nations. Ce nâĂ©tait pas non plus un conflit opposant certains chefs et le chef national de lâAPN. Ou ceux qui faisaient la grĂšve de la faim, dâune part, et ceux qui voulaient nĂ©gocier, dâautre part. Tout cela sâinscrivait en fait dans une vaste fronde impulsĂ©e par les forces de lâhistoire. Hier comme aujourdâhui, chacun de nous, Autochtones et non-Autochtones, doit tĂącher dây voir clair. Les peuples autochtones avaient pris leur place dans lâarĂšne nationale parce cette place leur revient. Sauf que cette fois-ci, leur irruption lĂ©gitime au cĆur de la conscience nationale rappelait les enjeux dâhier et dâaujourdâhui Ă tous ceux qui Ă©taient prĂȘts Ă Ă©couter. Câest la grande problĂ©matique de notre Ă©poque, lâimmĂ©morial contentieux du Canada qui dictera le jugement de lâhistoire.
Bien sĂ»r, lâhistoire contemporaine a dĂ©jĂ Ă©tĂ© tĂ©moin de maints drames concernant les Autochtones, certains ayant connu un dĂ©nouement heureux. Câest le QuĂ©bec qui donne le ton ici. Quatre annĂ©es dâaffrontements judiciaires et toute une sĂ©rie de conflits et de nĂ©gociations politiques ont dĂ©bouchĂ© sur la Convention de la Baie-James et du Nord quĂ©bĂ©cois de 1975. Preuve que la rĂ©conciliation et la restitution Ă©taient imaginables, mĂȘme si cet accord nâa pas rĂ©ussi Ă satisfaire les Cris et quâil a fallu nĂ©gocier une seconde convention pour eux. Lâaccord du Nunavut de 1993, entrĂ© en vigueur en 1999, nâa pas Ă©tĂ© respectĂ© dans son intĂ©gralitĂ© par Ottawa mais constituait nĂ©anmoins un Ă©vĂ©nement favorable. Lorsque le traitĂ© des Nisgaâas a Ă©tĂ© conclu en 1999, leur chef, Joseph Gosnell, a dĂ©clarĂ© que son peuple avait enfin trouvĂ© sa place au Canada par la nĂ©gociation. Lâentente intervenue avec les Cris du Nord quĂ©bĂ©cois en 2002, quâon appelle la Paix des Braves, est peut-ĂȘtre le traitĂ© le plus complexe jamais nĂ©gociĂ©. Et pourtant, il nâa fallu quâune annĂ©e pour en venir Ă un accord : signe que, lorsque la bonne foi et la volontĂ© politique sont au rendez-vous, il y a toujours moyen de bĂątir de nouveaux ponts dans le temps de le dire.
Lâennui, câest que ces avancĂ©es nâont modifiĂ© en rien le rĂ©cit central de la majoritĂ© des Canadiens. Il sâagissait en effet de changements Ă©normes intervenus dans ce lointain Nord oĂč nous ne mettons jamais les pieds. Lâaccord de la baie James a apportĂ© de grands bienfaits aux gens du Sud parce que lâhydroĂ©lectricitĂ© produit des revenus gĂ©nĂ©reux et stables. Mais la crise dâOka a dĂ©montrĂ© que lâincidence des accords nordiques sur les non-Autochtones restait largement abstraite. Les autres flambĂ©es qui ont marquĂ© le pays depuis â la confrontation du lac Gustafsen (Colombie-Britannique), Ipperwash (Ontario), Burnt Church (Nouveau-Brunswick) et Caledonia (Ontario) â descendent en ligne droite du calvaire dâOka.
Il nâest pas de moment historique sans malaise. Les contradictions stratĂ©giques y bousculent Ă coup sĂ»r, les contradictions tactiques aussi. La recherche de gains politiques fait naĂźtre des factions querelleuses : caractĂ©ristique obligĂ©e des mouvements qui aspirent Ă de grandes mutations sociales. Quant aux gouvernants, ils subissent de multiples tiraillements dans un climat de crise qui grippe la mĂ©canique normale du pouvoir.
Et pour ceux qui sont pris Ă partie â dans le cas dâIdle No More : le gouvernement canadien et certains Ă©lĂ©ments de lâĂ©lite non autochtone de la sociĂ©tĂ© canadienne â, ces scissions semblent faire le jeu du cynisme. Par exemple, on joue un groupe dâAutochtones contre un autre. On discrĂ©dite les chefs autochtones en fustigeant la prodigalitĂ© dâune poignĂ©e dâentre eux. On fait le procĂšs de la corruption ici, on dĂ©nonce lâinefficacitĂ© lĂ . Tout est bon pour Ă©viter de sâattaquer aux problĂšmes rĂ©els qui se posent depuis trop longtemps. Mais ce ne sont lĂ que mirages opportunistes. Une fausse lecture de la rĂ©alitĂ© sur le terrain.
LâhabiletĂ© tactique ou les mesures dilatoires nâont jamais pour effet de faire disparaĂźtre le problĂšme et ne rĂšglent rien. Chose des plus importantes, sans la recherche sĂ©rieuse de solutions, les lacunes fondamentales de cette relation ne se feront que plus troublantes pour nous tous et risquent de compromettre encore plus lâexistence du Canada.
Cette rĂ©alitĂ© historique nâest aidĂ©e en rien par la tendance naturelle des mĂ©dias et des stratĂšges politiques Ă interprĂ©ter la rĂ©alitĂ© dans les limites du petit quotidien. Chose naturelle, voire nĂ©cessaire. Ils nâont dâyeux que pour les personnalitĂ©s, les rivalitĂ©s, les mĂ©sententes et les Ă©checs. Câest ainsi quâils imaginent leur action, rappelant par lĂ les devins qui interrogent les entrailles des poulets pour nous dire si CĂ©sar doit se rendre ou non au Forum.
Cela peut Ă©galement faire problĂšme lorsquâune crise Ă©clate, particuliĂšrement une crise qui nâen finit plus. Nous sommes alors tous empĂȘtrĂ©s dans le rĂ©cit au goĂ»t du jour. Et dans ce rĂ©cit, chacun de nous ne voit que sa rĂ©alitĂ© Ă lui. Seules comptent alors nos habitudes, dictĂ©es par des considĂ©rations pratiques ou par nos Ă©motions. Rien de plus normal. Et en temps normal, ça peut aller. Mais pour maĂźtriser une vraie crise, une crise qui transcende nos rĂ©alitĂ©s personnelles, il faut savoir sâĂ©carter de la normalitĂ©. Si la crise nous dĂ©passe, nous devons repenser le rĂ©cit, sans quoi celui-ci risque de nous annihiler. Par exemple, le premier ministre Harper, lorsque survient un danger, sâenferme habituellement aussitĂŽt dans une lecture Ă©conomiste de lâĂ©vĂ©nement. Et son interprĂ©tation Ă©conomique quitte rarement une certaine orniĂšre. Câest sa rĂ©alitĂ© Ă lui. Quant aux millions dâautres Canadiens, ils vivent dans des rĂ©alitĂ©s plurielles. Pour certains, une seule chose compte, câest arriver au travail Ă lâheure ou avoir lâassurance de pouvoir faire le plein quand il le faut. Tout ce qui se met en travers de notre chemin nous agace. Une plĂ©thore dâambitions et de soucis pĂšse sur nos familles, notre emploi, notre quotidien.
Lorsquâil sâagit des grandes questions sociales, nous avons tendance Ă remarquer trĂšs vite le moindre signe de souffrance. La souffrance nous trouble, surtout celle dâautrui. Câest lĂ une expression dâempathie traditionnelle qui est dâorigine judĂ©o-chrĂ©tienne, disons plutĂŽt abrahamique. Ce nâest pas une mauvaise chose en soi. Cela nous rend plus sensibles aux drames sociaux. Mais si les non-Autochtones nâentrevoient leur rapport avec la rĂ©alitĂ© autochtone que par le prisme de leurs Ă©motions, il est plus tentant pour eux de rester spectateurs du drame, car cela les dispense de rechercher une solution Ă ces problĂšmes. Ce genre de pitiĂ© risque de renforcer le vieux rĂ©cit selon lequel les « Indiens » posent un problĂšme, quâils sont inaptes Ă survivre dans une sociĂ©tĂ© « moderne » parce que nous leur avons inspirĂ© une telle honte dâeux-mĂȘmes quâils nâont plus la confiance en soi nĂ©cessaire pour fonctionner dans la rĂ©alitĂ©. Lee Maracle, dans une conversation avec lâanimateur de la radio de CBC Michael Enright, le 18 mai 2014, a torpillĂ© cette pitiĂ© dĂ©lĂ©tĂšre. « Les autres appellent ça de la honte. Mais personne ne dit ça en parlant de soi. » Dans ce cas-ci, si honte il y a, elle devrait ĂȘtre ressentie par les fautifs. Maracle : « Si lâon veut quâil y ait rĂ©conciliation, lâauteur de votre malheur doit ĂȘtre un participant. »
Quelle que soit notre vision de la rĂ©alitĂ©, lâhistoire suit toujours son cours. Mais quand nous essayons de situer notre place exacte dans cette histoire, nous dĂ©passons rarement lâapproximation. Lâhistoire avance toujours dans des directions diverses et Ă des vitesses diverses au mĂȘme moment. Câest un mouvement constamment agitĂ© de courants sous-marins et de lames de fond traĂźtresses.
Pourtant, il me semble que nous pouvons en ce moment discerner au moins une tendance. Et mĂȘme sâil ne sâagit que dâune tendance parmi tant dâautres, je crois que non seulement nos vies Ă titre individuel mais le Canada lui-mĂȘme vont se ressentir de la façon dont nous allons y rĂ©agir. Si nous intervenons intelligemment, consciemment, et avec une idĂ©e du sens de notre trajectoire historique, nous saurons changer notre rĂ©cit. Jâentends par lĂ que nous allons nous affranchir dâun rĂ©cit qui est restĂ© Ă©tonnamment colonial dans sa nature, et embrasser un point de vue qui donne sens Ă ce que nous faisons et pouvons faire Ă la place. La tendance est nette. En cent ans, les peuples autochtones sont parvenus Ă conjurer la mort. Retour en force exemplaire quand on sait lâabjection dans laquelle ils croupissaient : proches de lâextinction dĂ©mographique, leur existence juridique avoisinant le mĂ©pris, leurs civilisations guettĂ©es par la caducitĂ©. Vers quoi tend cette rĂ©surgence ? Vers une position de force, dâinfluence et dâinventivitĂ© civilisationnelle en ce territoire qui a nom Canada.
La plupart des Canadiens ne comprennent toujours pas cela parce que nous nâavons de souvenirs que pour la souffrance de nombreuses nations autochtones, leurs carences, leurs Ă©checs. Ce qui conduit certains non-Autochtones Ă Ă©prouver de la culpabilitĂ©, dâautres de lâempathie, dâautres encore Ă regarder les diverses sociĂ©tĂ©s autochtones comme des civilisations en perdition. Ce sont lĂ Ă peu prĂšs les mĂȘmes construits qui nous habitaient il y a un siĂšcle, sauf que les parts de culpabilitĂ© et de pitiĂ© sont beaucoup plus Ă©levĂ©es et la part de dĂ©dain beaucoup plus faible. Mais tous trois sont essentiellement pernicieux et nous Ă©loignent du courant dominant de lâhistoire. Sans parler de nos obligations.
Ce que je veux dire, câest que ces trois Ă©tats dâĂąme occultent le fait quâil existe des solutions Ă la plupart des problĂšmes auxquels les Autochtones font face. Et notre pessimisme â notre culpabilitĂ©, notre pitiĂ©, notre dĂ©dain â fait obstacle Ă ces solutions parfaitement rĂ©alisables. Les Autochtones sont en voie de les rĂ©soudre. Mais nous leur barrons encore la route.
Au dĂ©but du xxe siĂšcle, les PremiĂšres Nations et les MĂ©tis ont atteint le nadir de leur effondrement dĂ©mographique. Des prĂšs de 2 millions quâils avaient Ă©tĂ©, leur nombre avait fondu en Ă peu prĂšs soixante-quinze ans Ă environ 150 000. HĂ©morragie vertigineuse, causĂ©e par la perte de leur mode de vie, de leur bien-ĂȘtre Ă©conomique, de leur bien-ĂȘtre social et de leurs sources de nourriture, sans compter lâavĂšnement dâune nouvelle vague de maladies europĂ©ennes particuliĂšrement dĂ©vastatrice notamment Ă cause de lâaffaiblissement de leur condition physique. Et tout cela Ă©tait favorisĂ© ou carrĂ©ment causĂ© par la politique gouvernementale, lâimmigration soutenue et les changements qui en rĂ©sultaient dans lâutilisation du territoire.
Autrement dit, ce fut lĂ une Ăšre oĂč rĂ©gnaient des contradictions profondes entre la rĂ©alitĂ© et la mythologie de la vie canadienne. Lâhistoire nationale classique prĂ©sente le tournant du siĂšcle comme une Ă©poque de crĂ©ativitĂ© et de construction de lâĂtat. Lâimmigration connaissait une cadence encore inĂ©galĂ©e aujourdâhui. Dans la dĂ©cennie prĂ©cĂ©dant la PremiĂšre Guerre mondiale, câest plus de 400 000 immigrants qui entraient chez nous chaque annĂ©e. On dĂ©frichait la terre, on bĂątissait des bourgades. Le chemin de fer sâĂ©tendait dans toutes les directions, les villages devenaient des villes. Vrai, tout ça, mais prĂ©cisĂ©ment au mĂȘme moment, dans le mĂȘme pays, les Autochtones souffraient ou agonisaient, ou ne faisaient plus dâenfants Ă cause des conditions atroces auxquelles ils avaient Ă©tĂ© rĂ©duits, et tout cela se passait dans de petites localitĂ©s Ă©loignĂ©es, loin des yeux et loin du cĆur dâune population canadienne dâorigine principalement europĂ©enne.
Les effectifs autochtones diminuant sans cesse, le systĂšme politique canadien, enhardi par une dĂ©mographie croissante et une puissance Ă©galement grandissante, prĂ©disait avec assurance la fin du monde autochtone. Il Ă©tait dĂ©sormais Ă©vident â ou du moins, câest ce que disait la thĂšse courante et intĂ©ressĂ©e du temps â que ces populations Ă©taient malheureusement inadaptĂ©es au monde moderne. ArriĂ©rĂ©es, anĂ©miques, embourbĂ©es dans des cultures sans importance. Une bonne part de cet argumentaire trouva vite Ă se reloger dans lâidĂ©al de charitĂ© chrĂ©tienne que charriait lâimpĂ©rialisme victorien.
CâĂ©tait lâĂ©poque de la mythologie impĂ©riale triomphante. Partout sur le globe, la puissance impĂ©riale et les mythes conquĂ©rants dâune poignĂ©e de pays dominaient la pensĂ©e et lâaction. Il nous est difficile aujourdâhui dâimaginer la force et le rayonnement international de ces mythologies hĂ©gĂ©moniques. On se surprend aussi de voir combien elles Ă©taient Ă©triquĂ©es. Ainsi, de petits pays peu peuplĂ©s comme la Grande-Bretagne et la France devaient servir de modĂšles au monde. LâĂ©volutionnisme de Charles Darwin, rĂ©vĂ©lĂ© au monde en 1859, fut vite assimilĂ© Ă un di...