à Sudbury il y a des tanières pour les loups blessés
des souterrains creusés à mains nues sous la terre
qui tremble les soirs de juillet
et ma pelle pour planter un arbre à quatre mains dans la cour
1.
je ne pourrais pas écrire sur la peine d’amour
elle est trop fulgurante
c’est l’après qui dure
l’écho du cri en dedans qui déchire tout
les nuits et les jours pour retrouver le corps éparpillé et tous les lambeaux dispersés par l’éclatement
il faut seulement marcher à quatre pattes
c’est à peu près la seule position endurable quand on a mal au ventre
pendant des jours aveugle au désir au regard des autres
trop occupée à creuser la solitude
je m’écorche et me brise jusqu’à l’écorce de cuir et de métal
jusqu’au nœud serré qui explose en pleurs
jusqu’aux sanglots d’enfant abandonnée
contre le torse humide et chaud de l’asphalte de la roche
de personne jusqu’au refus de douceur
au cœur au cœur
de la douleur
je ne peux plus
faire la vaisselle
le ménage les épiceries
réparer le frigidaire
tous ces gestes sont trop
petits ils ne sont pas de taille
à lutter contre le
trou dans le ventre
des nuits de désir
et d’alcool
où je me cogne
comme un papillon
de nuit
à la lumière
de toutes les portes closes
me brûle dans tous les
bars les hôtels
les boîtes de nuit
me saoule
comme un homme
au scotch à la bière
au fort
me déchire
à la prière sauvage
d’une musique de bicycle à gaz
me pousse jusqu’à l’aube
aux trottoirs aux taxis
aux lits déserts
et aux
je ne sais plus qui je suis
il faut que ça bouge il faut que ça crie
il faut que ça
casse n’importe quoi sauf cette
douleur quotidienne
banale et
obstinée
des jours et des nuits à attendre que tu t’abandonnes
à te suivre à ne pas pouvoir rentrer
à boire à tous les rythmes de tes peurs de tes coups des mots que tu délivrais au matin
toujours les mêmes
à jouer et tourner autour de ton silence
de la tendresse que tu laissais échapper quand tu ne pouvais plus me retenir autrement
et pour finir tu me voulais fl...