1763. Le traité de Paris bouleverse l'Amérique
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1763. Le traité de Paris bouleverse l'Amérique

Sophie Imbeault, Denis Vaugeois, Laurent Veyssière

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1763. Le traité de Paris bouleverse l'Amérique

Sophie Imbeault, Denis Vaugeois, Laurent Veyssière

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Après deux ans d'âpres négociations et de graves disputes, la France, l'Angleterre et l'Espagne signent à Paris le 10février 1763 un traité de paix qui met fin à une guerre qui a embrasé les quatre coins de la planète. L'Amérique du Nord devient britannique. Le Canada, dont on ne connaît pas bien les limites, est officiellement cédé à l'Angleterre.1763 est l'occasion de faire le point sur l'état de la Nouvelle-France avant la guerre, de se questionner sur la portée du traité et de revisiter les lendemains de conquête.D'ailleurs, est-ce une conquête ou une cession? La France remboursera-t-elle son immense dette de guerre laissée en argent de papier? Qu'arrive-t-il à ceux qui choisissent de partir à demeure en France? Que signifie ce traité pour les Amérindiens? Quel sort attend les communautés religieuses? Desvoix se sont-elles élevées en France pour conserver le Canada? Quels choix s'offraient à la France?Le commerce, le droit, les pêches, les habitudes alimentaires, les pratiques culturelles, ou le régime seigneurial sont autant de sujets abordés par les auteurs qui apportent une contribution originale sur cette période déterminante de l'histoire. Cet événement ouvre la voie à l'indépendance des États-Unis et aux débuts du parlementarisme.Sophie Imbeault et Denis Vaugeois sont historiens et éditeurs. Laurent Veyssière est conservateur général du patrimoine et chef de la délégation des patrimoines culturels à la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (ministère de la Défense) en France.Avec la collaboration d'Alain Beaulieu, Éric Bédard, Charles-Philippe Courtois, Yvon Desloges, Michel De Waele, Marcel Fournier, Donald Fyson, Joseph Gagné, Alain Laberge, Robert Larin, Raymonde Litalien, Didier Poton, Jean-Pierre Poussou et Laurent Turcot.

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Information

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TROISIÈME PARTIE
Après le traité de Paris
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Lendemains de conquête
Charles-Philippe Courtois
Quelles sont les conséquences de la Conquête selon Lionel Groulx, tant à court terme qu’à long terme ? Quelle importance accorde-t-il spécifiquement au traité de Paris, notamment en comparaison du traité de capitulation de la Nouvelle-France signé à Montréal deux ans et demi plus tôt, le 8 septembre 1760 ? Bien que Groulx se soit intéressé à la question sur la longue durée, il paraît pertinent de se concentrer, pour répondre à ces questions, sur la monographie qu’il a consacrée à la question en 1920, Lendemains de conquête. Elle définit la vision groulxiste de cet événement et, à ce titre, représente une contribution importante à l’étude de la question, laquelle exercera une influence tout au long du XXe siècle, notamment par l’entremise de l’école de Montréal.
Ressort d’abord l’originalité de l’approche de Groulx. D’ailleurs, parmi les auteurs ayant traité de la période, il se réfère à des juristes plus qu’à des historiens dans son traité[554], souvent pour remettre en question les interprétations de ses prédécesseurs, notamment sur la sévérité du régime militaire. Contrairement à la plupart des historiens de la génération qui le précède, les Benjamin Sulte ou Thomas Chapais, qui s’intéressent peu à ces dimensions, Groulx voit dans la situation contemporaine des Canadiens français au Canada un désavantage, en particulier socioéconomique, dont les causes remontent à la Conquête. En outre, Groulx, pour qui c’est une catastrophe, prend le contre-pied de l’interprétation optimiste de la Conquête et de ses suites qui est alors en position dominante dans les milieux d’enseignement et politiques.
Même s’il affirme que la Conquête fait encore sentir ses effets négatifs sur la situation contemporaine des Canadiens français, son étude se concentre sur l’immédiat après-guerre. Il fait ressortir plusieurs lignes de forces des effets structurels de cette rupture. Groulx aborde les conséquences de la Conquête dans ses multiples dimensions : politique et religieuse, culturelle et intellectuelle, économique et sociale. À cette époque, c’est donc un ouvrage historique qui offre un nouveau point de vue à maints égards. Non seulement il y expose une interprétation nouvelle, en rupture avec une tradition plus optimiste quant aux effets du joug britannique pour la nation canadienne, mais c’est à notre connaissance le premier historien à consacrer un traité à la question des conséquences immédiates de la Conquête.
Lendemains de conquête se concentre sur la période qui va de 1760 à 1766 ; en pratique, c’est grosso modo la durée du mandat de gouverneur de James Murray aussi bien que l’interrègne entre l’épiscopat de Mgr Pontbriand, mort en 1760, et l’occupation de son siège par Mgr Briand en 1766. Groulx reconnaît dans l’ensemble une certaine bonne volonté chez Murray, y compris durant le régime militaire. Pourtant, même si l’oppression brutale est évitée – notamment grâce aux ententes de capitulation –, le sort est tout de même défavorable aux Canadiens.
L’analyse se divise en chapitres consacrés à la situation des vaincus, à la politique des vainqueurs, aux tribunaux du régime militaire, à la question religieuse et enfin fait le bilan dans « Après six ans de conquête ». Après avoir défini l’originalité de Groulx par rapport à l’interprétation traditionnelle, nous allons résumer les conséquences de la Conquête recensées dans Lendemains de conquête, avant de nous pencher sur l’importance qu’il accorde au traité de Paris en particulier.
L’interprétation traditionnelle
L’interprétation traditionnelle nourrit deux courants de pensée, un laïc et libéral au sens philosophique, l’autre clérical et conservateur. Le premier est issu d’une longue tradition de pétitions et d’adresses au roi, sans doute influencées par le désir de plaire pour obtenir l’assentiment, qui insiste sur l’importation du parlementarisme britannique. Philosophiquement libéral donc, on peut le qualifier plus précisément de « whig », en référence à une tradition historiographique et à l’adhésion aux valeurs du parlementarisme britannique[555], qui rejoint une bonne partie à la fois des libéraux et des conservateurs canadiens-français de la seconde moitié du XIXe siècle. Cette tradition historiographique britannique bien connue[556] (et en position dominante au XIXe siècle) voit dans l’histoire (anglaise d’abord, mais pas exclusivement) une suite téléologique de conquêtes de libertés menant graduellement à son terme, incarnée par la monarchie constitutionnelle britannique après les grandes réformes démocratiques du XIXe siècle. Adaptée au Canada, cette tradition décrit le régime politique instauré avec la constitution de 1867 (puis l’accroissement graduel de la souveraineté du Dominion, pourrait-on ajouter) comme l’aboutissement des luttes antérieures pour la liberté.
L’historien Thomas Chapais incarne sans doute la version la plus achevée de cette interprétation historique à l’époque où paraît Lendemains de conquête. Pour Chapais, la situation des Canadiens en 1763, conquis par leurs rivaux historiques, héréditaires même, en 1760, cédés par la France qui reconnaît le fait comme définitif par le traité de Paris en février 1763, est bien sûr ingrate. Pourtant, cette situation se redressera assez vite, sur un siècle, grâce à des victoires obtenues par la voie parlementaire, en particulier avec le gouvernement responsable puis la Confédération. Ainsi, en 1867, à peine un siècle plus tard, on peut considérer que les Canadiens français, qui contrôlent une province autonome aux institutions libres, sont émancipés. « Qui aurait pu prévoir en 1763 que les descendants des vaincus d’alors pourraient assister, en 1867, à une scène triomphale […] ?[557] » demande Chapais. La question nationale posée par leur conquête est définitivement résolue à leur avantage. C’est même sur la longue lutte et la lente émancipation obtenue durant ce siècle que se concentre son Histoire du Canada en huit volumes, étudiant la période allant de la capitulation de Montréal en 1760 à la Confédération en 1867. À bien des égards, malgré ses propos sur la libération obtenue un siècle plus tard, à ses yeux, en 1867, le récit de Chapais ne s’appesantit pas sur les effets immédiats de la Conquête, a fortiori sur ceux à long terme. Il s’attarde à cet égard sur un problème principal, le problème religieux, accentuant l’importance de l’Acte de Québec.
Dans la veine cléricale et plus conservatrice, c’est moins le développement du libéralisme anglais qui intéresse que les régimes que la Conquête a permis d’éviter. On présente la Conquête comme un événement d’abord malheureux, bien sûr, mais en fin de compte providentiel, survenu juste avant les bouleversements révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle. Dans cette optique, ce sont moins les luttes parlementaires qui importent que le plus grand conservatisme de l’État britannique comparativement à la Révolution française ou même à celle des États-Unis qui avaient tenté de s’adjoindre le Canada en 1775-1776. Mgr Plessis l’énonce clairement dans un sermon prononcé à la fin du XVIIIe siècle, au milieu des guerres révolutionnaires. Les Canadiens doivent espérer la victoire de l’Angleterre :
si elle succombe, c’en est fait de vos repos et de vos gouvernements. Le funeste arbre de la liberté sera planté au milieu de vos villes ; les droits de l’Homme y seront proclamés ; […] vous aurez en partage tous les maux qui vous font plaindre le sort de la France ; vous serez libres, mais d’une liberté oppressive, qui vous donnera pour maîtres la lie des citoyens[558].
Bref, bien qu’elle fut d’abord un malheur pour les Canadiens en 1760 et 1763, conquis puis cédés à leurs ennemis traditionnels, la Conquête les met à l’abri des malheurs de la Révolution, leur conserve un état politique décent, nonobstant tous les désavantages de vivre sous une couronne protestante. Cette thèse sera encore répercutée par le manuel « Farley-Lamarche[559] », dans les années 1930, c’est-à-dire après la parution de l’ouvrage de Groulx. Cette optique cléricale concorde avec l’interprétation précédente, « whig », en ce que la question nationale posée par la Conquête est réglée depuis l’obtention du gouvernement responsable en 1848 et l’autonomie québécoise obtenue avec la Confédération en 1867[560].
Ainsi, une interprétation optimiste, aux relents loyalistes, s’était fermement établie au point de devenir une tradition partagée par une large partie des autorités enseignantes (cléricales) et des notables libéraux et conservateurs au début du XXe siècle. En effet, ce courant centriste et bonne-ententiste deviendra dominant parmi les forces politiques après 1867, alors que les rouges et les ultramontains sont marginalisés politiquement (et les rouges, idéologiquement).
Certes, une tradition nationaliste existait en parallèle. L’historien François-Xavier Garneau présente avant tout la Conquête comme un malheur et fait le rapprochement avec l’imposition de l’Union à la suite du rapport Durham et de l’échec des rébellions, événement qui le préoccupe au premier chef. Cependant, son Histoire du Canada présente un récit des...

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