Téléroman québécois (Le)
eBook - ePub

Téléroman québécois (Le)

1953-2008

Renée Legris

Share book
  1. 440 pages
  2. French
  3. ePUB (mobile friendly)
  4. Available on iOS & Android
eBook - ePub

Téléroman québécois (Le)

1953-2008

Renée Legris

Book details
Book preview
Table of contents
Citations

About This Book

Reflet d'une époque, les téléromans et les téléséries font partie de l'imaginaire collectif québécois. Les Belles Histoires des pays d'en haut, Le temps d'une paix, Quelle famille!, L'or du temps, Lance et compte, Shehaweh et bien d'autres ont tous, chacun à leur façon, marqué les téléspectateurs. Renée Legris propose un regard critique sur la production depuis ses origines et présente une analyse des grandes oeuvres de ce genre télévisuel qui tient du théâtre et du feuilleton et nous fait ainsi revivre une partie de notre passé. L'auteure se penche sur les transformations apportées aux représentations sociales dans les téléromans, tant rurales qu'urbaines, ouvrières ou bourgeoises, marquées par une vision de la modernité. Elle traite aussi de la culture de mort et de violence, de l'hédonisme et du fétichisme sexuel devenu plus explicite au fil des ans. Une grande place est faite aux représentations des rôles attribués aux femmes et le volet religieux n'est pas non plus en reste. Finalement, Renée Legris pose la question de l'éthique dans le traitement de ces thèmes, car la diffusion des images n'est pas innocente pour une société.Professeure titulaire de l'UQAM et chercheure en histoire du théâtre radiophonique et télévisé, Renée Legris a publié de nombreux ouvrages, dont Robert Choquette, romancier et dramaturge de la radio-télévision (Fides, 1977), Hubert Aquin et la radio. Une quête d'écriture (Médiapaul, 2004) et Histoire des genres dramatiques à la radio québécoise (Septentrion, 2011). Elle aété réalisatrice et animatrice de huit séries d'émissions à CIRA-FM, 91, 3/Radio Ville-Marie, de 1995 à 2002.

Frequently asked questions

How do I cancel my subscription?
Simply head over to the account section in settings and click on “Cancel Subscription” - it’s as simple as that. After you cancel, your membership will stay active for the remainder of the time you’ve paid for. Learn more here.
Can/how do I download books?
At the moment all of our mobile-responsive ePub books are available to download via the app. Most of our PDFs are also available to download and we're working on making the final remaining ones downloadable now. Learn more here.
What is the difference between the pricing plans?
Both plans give you full access to the library and all of Perlego’s features. The only differences are the price and subscription period: With the annual plan you’ll save around 30% compared to 12 months on the monthly plan.
What is Perlego?
We are an online textbook subscription service, where you can get access to an entire online library for less than the price of a single book per month. With over 1 million books across 1000+ topics, we’ve got you covered! Learn more here.
Do you support text-to-speech?
Look out for the read-aloud symbol on your next book to see if you can listen to it. The read-aloud tool reads text aloud for you, highlighting the text as it is being read. You can pause it, speed it up and slow it down. Learn more here.
Is Téléroman québécois (Le) an online PDF/ePUB?
Yes, you can access Téléroman québécois (Le) by Renée Legris in PDF and/or ePUB format, as well as other popular books in History & North American History. We have over one million books available in our catalogue for you to explore.

Information

Year
2013
ISBN
9782896648016
Partie IV
Perspectives sociales dans les téléromans et les téléséries
Chapitre I
Milieux urbains et régionaux dans les téléromans
Si les premiers téléromans ont marqué l’imaginaire québécois par la mise en perspective d’univers familiaux et sociaux en milieu urbain, très tôt la production propose aussi une variété de points de vue sur les nombreuses régions du Québec et fait connaître les paysages géographiques servant de cadre aux espaces quotidiens et aux intrigues. Au cours des trois époques que nous avons définies, soit de 1953 à 1960, de 1961 à 1982 et de 1983 à 2003, les actions dramatiques mettent en relief les groupes sociaux dans leur rapport de classes, ouvrières ou bourgeoises, et les valeurs héritées d’une tradition rurale en transformation. Puis la modernité s’affirme et la postmodernité s’impose de plus en plus vers la fin du XXe siècle. Dans quelques téléromans, les espaces urbains et régionaux sont occasionnellement modelés par des événements internationaux. La Première Guerre mondiale de 1914-1918 et la Deuxième Guerre mondiale de 1939-1945 ont eu des conséquences économiques et sociales sur certains aspects de la vie québécoise. Nous verrons que quelques auteurs en traduisent l’importance dans le contexte de la vie urbaine et régionale du Québec.
Dans ce chapitre sur les milieux urbains et régionaux, nous examinons aussi les régions rurales et les principales villes du Québec qui ont été privilégiées au cours des décennies dans la production téléromanesque. Le contexte géographique et spatial donne un relief particulier à la peinture des classes sociales depuis les années 1950.
Des régions typiques du Québec
Alors que les premiers téléromans urbains, La Famille Plouffe (1953-1957) de Roger Lemelin et 14, rue de Gallais (1954-1957) d’André Giroux, mettent en scène quelques milieux sociaux des villes de Québec et Montréal, dès la seconde année de diffusion des téléromans, CBFT introduit dans sa programmation une vision de la vie régionale des environs de Sorel, marquée par la vie agricole et villageoise dans une adaptation du roman Le Survenant (1954-1960) de Germaine Guèvremont. Autre contraste avec la vie urbaine, l’année suivante, la vie en bordure du Saint-Laurent est explorée de façon magistrale dans Cap-aux-Sorciers (1955-1958) de Guy Dufresne et, dans sa suite, par Je vous ai tant aimé (1958-1959) de Jovette Bernier. Un autre milieu régional est mis en scène dans Les Belles Histoires des pays d’en haut (1956-1970) de Claude-Henri Grignon. Les Laurentides, particulièrement autour de Sainte-Adèle et de Saint-Jérôme, polarisent toute l’action des personnages, tant des villageois que des agriculteurs. À compter de 1960, après la diffusion de La Pension Velder (1957-1960) dont l’action se déroule au centre de Montréal, Sous le signe du lion (1961-1962) de Françoise Loranger met en scène la grande bourgeoisie montréalaise et la puissance financière de Jérémie Martin en rupture totale avec ses origines rurales. Dans La Côte de sable (1960-1962) de Marcel Dubé, une famille francophone de la moyenne bourgeoisie d’Ottawa vit dans l’inquiétude d’avoir un fils militaire en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ces premières œuvres seront suivies de plusieurs téléromans historiques dont les thématiques permettront des mises en scène de divers milieux urbains et régionaux, tant de l’Outaouais, de la Malbaie, du Bas-Saint-Laurent que des Laurentides. Après avoir créé des représentations exceptionnelles de la vie sociale québécoise, les téléromans ont donné au grand public du Québec des images exceptionnelles des régions entre Montréal, Trois-Rivières, Charlevoix et le Bas-Saint-Laurent, mais aussi entre Québec, Lanaudière et l’Estrie.
Les milieux régionaux en contexte fluvial et en Gaspésie
Entre 1954 et 1960, plusieurs téléromans ont eu pour cadre spatial des régions en contexte fluvial pour rendre compte des activités des personnages. Dès 1954, la production du téléroman Le Survenant (1954-1960) met en valeur la région de Sorel au bord du fleuve et présente quelques aspects de la vie agricole et des activités villageoises de ce coin de pays où le passage de Survenant polarise le désir amoureux des femmes fascinées par ce personnage. Une vision du monde régional aux abords du fleuve sera plus largement explorée entre 1954 et 1958 dans Cap-aux-Sorciers et Je vous ai tant aimé. Quelques décennies plus tard, dans Le Temps d’une paix et dans Cormoran de Pierre Gauvreau, mais aussi dans L’Ombre de l’épervier de Noël Audet et L’Héritage de Victor-Lévy Beaulieu, diverses facettes de la vie régionale entre Charlevoix, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie sont proposées.
Cap-aux-Sorciers explore quelques aspects de la vie maritime du Bas-Saint-Laurent et du commerce pratiqué par le capitaine Aubert[140] et le capitaine Thivierge, dont les bateaux sur le fleuve sont des lieux de tournage innovateur. L’étude de ce téléroman permet de voir que ce milieu régional favorise une interaction entre la vie agricole, maritime et commerciale. L’action dramatique met en scène diverses activités sociales et professionnelles et des quêtes amoureuses dans lesquelles les jeunes femmes sont impliquées tout autant que les hommes. Et parce qu’elles travaillent hors de la vie domestique et familiale, les jeunes filles sont aux prises avec des aventures amoureuses inusitées qui génèrent des conflits intergénérationnels et quelques affrontements, particulièrement avec leur père. Outre les espaces maritimes des deux capitaines, l’auberge du village est aussi un lieu de rencontres important, tout comme dans Les Belles histoires des pays d’en haut ou dans L’Héritage. La vie sociale s’y déroule selon des modalités propres aux régions et favorise les rencontres des gens.
Dans Je vous ai tant aimé (1958-1959) de Jovette Bernier, le milieu agricole et la vie villageoise aux abords de la Gaspésie servent de cadre aux actions dramatiques tout comme dans Rue de l’Anse (1963-1965). À Belle-Rivière en Gaspésie, s’est installée la famille Joli. Ce téléroman donne une part importante à la vie marine de cabotage entre la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent, tout autant qu’au magasin général et au restaurant, où passent les villageois. Dans Je vous ai tant aimé, la volonté de modifier les fonctions sociales dévolues aux femmes est assurée par la jeune enseignante Colombe Chardonnel. Mais, dans cette petite société loin des centres urbains, il faudra plusieurs décennies pour que se réalise le désir de s’affranchir des modèles de vie régionaux traditionnels.
Dans Cap-aux-Sorciers et Je vous ai tant aimé, des centres d’activités hôtelières et commerciales permettent aux jeunes filles de travailler et d’être en contact avec des gens du milieu urbain, souvent de passage dans leur région. Elles y rencontrent des hommes, touristes ou travailleurs saisonniers, prêts à profiter de leur naïveté et à les séduire pour le plaisir du moment, sans égard aux valeurs et aux engagements amoureux dont leurs gestes seraient l’expression. Ce contexte est l’occasion de soucis pour le capitaine Aubert concernant les fréquentations de ses filles, tout comme pour Médée Chardonnel, le père de Colombe. Dans ces téléromans, les valeurs nouvelles de la modernité manifestent une évolution du Québec, tant urbain que régional, et modifient peu à peu les espaces culturels et les activités autour d’un nouveau profil des personnages. L’évolution des milieux ruraux et régionaux ouvre à de nouvelles sensibilités.
Nous verrons plus en détail que L’Héritage construit une vision différente du milieu familial et du paysage agricole, déjà moderne, dans la mesure où Xavier Galarneau[141] délaisse en partie la fonction de cultivateur au profit de sa passion, les courses de chevaux. Ce téléroman met aussi les personnages en contact avec le milieu urbain. La vie champêtre du Bas-Saint-Laurent, comme lieu de villégiature pour Philippe Couture, originaire de la région, donne un relief particulier à la beauté des paysages.
Trois régions périphériques des grandes villes : Laurentides, Lanaudière et Estrie
Au nord de Montréal, deux régions importantes, les Laurentides et Lanaudière, s’imposent au cours des premières années du téléroman. En 1970, au sud de Montréal, l’Estrie apporte de nouvelles perspectives sur la vie québécoise de cette région. Les Laurentides sont au cœur du téléroman Les Belles Histoires des pays d’en haut (1956-1970), alors que Terre humaine (1978-1984) et Le Grand Remous (1988-1991) ont pour centre la région de Lanaudière. Si ces espaces servent de cadre à la vie régionale, ils font état du contexte montagneux de ces régions et des routes de terre d’une époque où l’on voit les personnages se déplacer à cheval, en cabriolet ou boghey, chariot et charrette, et parfois en calèche. Les situations dramatiques dans leur élaboration se développent généralement à l’intérieur des habitations et tout particulièrement du magasin général.
Dans Les Belles Histoires des pays d’en haut et Terre humaine, des maisons de fermes et le domaine de quelques riches personnages, de même que les bureaux du diocèse de Saint-Jérôme ou de la paroisse du curé de Sainte-Adèle servent de contexte pour rendre compte de la vie sociale ou religieuse de cette époque. En effet, si le téléroman Les Belles Histoires des pays d’en haut propose une peinture sociale des milieux villageois et agricoles qui se développent entre Saint-Jérôme et Sainte-Adèle, au cœur des Laurentides, on y trouve aussi à l’occasion des interventions du curé Labelle, devenu monseigneur, sur les thèmes de la colonisation du Nord et du prolongement du train vers Sainte-Agathe et les pays d’en haut. La vie urbaine y est aussi évoquée à propos de Saint-Jérôme, de Montréal et des villes américaines. Elle est présente surtout par les personnages qui y ont vécu ou qui sont de passage dans la région rurale. La diffusion de ce téléroman pendant plus d’une décennie permet aussi un certain relief sur les liens établis entre la vie urbaine et ce milieu régional.
Des espaces québécois de la région de Lanaudière sont aussi présentés dans les téléromans Terre humaine (1978-1984) et Le Grand Remous (1988-1991) de Mia Riddez-Morisset. Le Grand Remous place ses personnages dans un village aux limites des Basses-Laurentides où la vie se transforme, alors que les bûcherons d’une génération se sont affranchis de leurs fonctions et sont sortis pour ainsi dire des bois environnants pour exploiter d’autres espaces de travail en rapport avec le milieu villageois et urbain. Les commerces qui se développent ont pour centre technologique une usine. Et si Terre humaine s’enracine dans la vie villageoise de la région de Lanaudière, il définit des espaces de travail, autres que les fermes elles-mêmes, donnant à la boulangerie, à l’église du village et aux espaces commerciaux une couleur propre à celle de la modernité qui se construit.
De même, Mont-Joye (1970-1975) de Réginald Boisvert et Providence (1998-2010) de Chantal Cadieux, créés à quelques décennies de distance, posent un nouveau regard sur le monde régional de l’Estrie, l’un agricole, l’autre davantage commercial, relié pour l’un au développement du monde sportif et pour l’autre aux petits commerces et aux travaux des cultures agricoles. Le téléroman Providence montre aussi l’importance de l’administration d’un grand domaine agricole et d’autres activités pour le développement et l’enrichissement de cette famille élargie et pour les gens de la région. Une femme en est l’instigatrice et elle trouve dans sa mission socioéconomique un prestige qu’elle souhaiterait transmettre à ses enfants. Dans les téléromans régionaux de la fin des années 1970, dont Terre humaine et Mont-Joye, se crée un espace de contrastes par le fait que les femmes assument des rôles à la fois comme critiques ou comme analystes des situations complexes de la vie familiale et villageoise. Elles y trouvent une nouvelle visibilité et ouvrent leurs milieux à la postmodernité.
Par la diversité des milieux sociaux en région déjà explorés par les émissions à la radio, les téléromans Les Belles Histoires des pays d’en haut et Je vous ai tant aimé établissent une continuité dans l’imaginaire des téléspectateurs, sollicités désormais par la télévision. Les images du Québec rural sont renouvelées par les mises en scène multiples de décors qui jusque-là n’étaient que sonores.
Une ouverture sur les milieux urbains
Dans les téléromans produits au cours des années 1950, deux tendances sont manifestes concernant les espaces sociaux dans lesquels évoluent les personnages. Si les milieux urbains sont le lieu choisi pour explorer les facettes de la vie sociale dans laquelle s’inscrivent les personnages des milieux ouvriers et bourgeois, les espaces de travail révèlent aussi des personnalités originales dans des activités intérieures et extérieures à la famille. Dans les premiers téléromans de Roger Lemelin, La Famille Plouffe (1953-1957) et En haut de la pente douce (1959-1960), l’auteur investigue quelques aspects de la vie ouvrière de la ville de Québec, alors que La Pension Velder (1957-1960) met en scène des personnages appartenant aux milieux des petite et moyenne bourgeoisies de Montréal, gravitant autour du plateau Cherrier, avant de s’ouvrir au milieu bourgeois outremontais. Le téléroman d’André Giroux 14, rue de Gallais (1954-1957), précise encore davantage les traits de la vie bourgeoise par la profession d’ingénieur du père, les études universitaires du fils aîné Louis et les études collégiales de Paul qui espère devenir prêtre à la fin de ses études. L’oncle Albert habite avec cette famille, comme il était fréquent de loger un parent à l’époque des années 1940-1950, et il apporte une vision élargie des participations à la vie familiale en milieu urbain.
La Famille Plouffe favorise une mise en contraste avec le téléroman 14, rue de Gallais par le fait qu’elle raconte la vie au quotidien d’une famille du milieu ouvrier, à la fin des années 1940 à Québec, alors que la Sec...

Table of contents