Aventures de Radisson, t.2 (Les)
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Aventures de Radisson, t.2 (Les)

Sauver les Français

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Aventures de Radisson, t.2 (Les)

Sauver les Français

About this book

«Des dizaines d'Iroquois pĂ©nĂštrent dans le fort, tous sur le qui-vive. Ils se dispersent par groupes de dix ou quinze pour inspecter les lieux. Aucun ne trouve de Français, ni la moindre trace de leur passage. Les canots ont disparu, comme envolĂ©s. Les Français se sont en apparence volatilisĂ©s. Comment ont-ils fait? Par oĂč sont-ils passĂ©s?»GrĂące Ă  son excellente connaissance de la culture iroquoise, Radisson est recrutĂ© par les jĂ©suites pour les aider Ă  mener Ă  bien leur nouvelle mission d'Ă©vangĂ©lisation en Nouvelle-France. Mais rien ne se passe comme prĂ©vu. Radisson devra faire preuve d'astuce et de ruse pour dĂ©jouer le mauvais sort qui guette les Français vivant en territoire hostile.Dans cette deuxiĂšme aventure du cĂ©lĂšbre coureur des bois, le lecteur retrouvera l'ardeur, la dĂ©termination et la dĂ©brouillardise du jeune hĂ©ros, animĂ© par la plume habile de Martin Fournier.SpĂ©cialiste de la Nouvelle-France, Martin Fournier a enseignĂ© l'histoire Ă  l'UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  Rimouski. Il coordonne depuis 2007 la rĂ©alisation de l'EncyclopĂ©die du patrimoine culturel de l'AmĂ©rique française, un important ouvrage multimĂ©dia diffusĂ© sur Internet. Il a publiĂ© plusieurs essaishistoriques aux Ă©ditions du Septentrion.

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QUATRIÈME PARTIE
En Iroquoisie
CHAPITRE 10
Réveil brutal
«Ils arrivent ! » s’écrie Radisson en voyant une centaine d’Iroquois torses nus, sans coiffe ni couleur de guerre, Ă©chouer leurs canots en face de MontrĂ©al. Le pĂšre Ragueneau le rejoint en courant.
— Mon Dieu ! Pourquoi sont-ils si nombreux ? demande-t-il en agitant les bras pour attirer leur attention.
Les Hurons du camp, douze hommes et quelque quatre-vingts femmes et enfants, les observent d’un air soucieux.
— Ici ! Ici ! crie le pùre Ragueneau. C’est avec moi que vous avez rendez-vous !
Quelques minutes plus tard, une poignĂ©e de chefs iroquois de fort mauvaise humeur discutent avec le jĂ©suite et Radisson. Ils viennent de franchir les rapides de Lachine en canot et l’un d’eux a chavirĂ©. Cinq Iroquois ont pĂ©ri noyĂ©s.
Ragueneau tente de savoir pourquoi ils arrivent tellement en retard par rapport au rendez-vous fixĂ© mais n’obtient pas de rĂ©ponse. Radisson ne voit Andoura nulle part, ni aucun des autres chefs qui sont venus nĂ©gocier Ă  Trois-RiviĂšres l’hiver dernier. Étrange. L’un des Iroquois remet Ă  Ragueneau une lettre rĂ©digĂ©e par le pĂšre Le Moyne qui confirme que le fort français est presque terminĂ©. L’expĂ©dition pourra donc se mettre en branle comme prĂ©vu.
Mais les Iroquois ne l’entendent pas ainsi. Ils se rassemblent en conseil en exigeant que tous les Ă©trangers se tiennent Ă  l’écart. Ragueneau commence par protester, mĂ©content de ne pas savoir ce qu’ils trament ainsi, mais comme il y a mort d’hommes, il prĂ©fĂšre cĂ©der Ă  leur demande pour ne pas les offenser.
Leur conciliabule dure un long moment. AprĂšs quoi, ils ne fournissent aucune information sur la teneur de leurs discussions.
Quand les pourparlers touchant l’organisation du voyage dĂ©butent, le lendemain, sous les regards attentifs des MontrĂ©alais qui surveillent de loin cet imposant groupe d’Iroquois, leur porte-parole communique au pĂšre Ragueneau la dĂ©cision qu’ils ont prise la veille. Il explique qu’aprĂšs avoir longtemps retardĂ© leur dĂ©part, ils ont voyagĂ© trĂšs rapidement, sans chasser ni pĂȘcher, se nourrissant seulement de farine de maĂŻs, pour rattraper le temps perdu. C’est pourquoi ils ont sautĂ© les rapides de Lachine au lieu de faire un portage. Ils estiment donc que c’est la faute des Français et des Hurons si cinq d’entre eux sont morts et s’attendent Ă  recevoir une compensation, qui doit ĂȘtre nĂ©gociĂ©e avant le dĂ©part. Radisson, qui agit Ă  titre d’interprĂšte, transmet cette demande Ă  Ragueneau qui en avait compris l’essentiel. Il rĂ©plique sĂšchement, en français :
— Je les trouve bien effrontĂ©s ! RĂ©ponds-lui que nous sommes prĂȘts Ă  discuter de cette question s’ils acceptent de transporter une partie de nos bagages. Nos canots seront tellement chargĂ©s qu’il faut trouver une solution

Le jĂ©suite prĂ©fĂšre cacher qu’il maĂźtrise de mieux en mieux la langue iroquoise, jugeant que ce secret leur confĂšre un avantage.
— Sois bien clair, ajoute-t-il. Les Français ne peuvent en aucun cas ĂȘtre tenus responsables de leur maladresse, ni de leur imprudence, ni surtout de leur retard ! Ils exagĂšrent. Nous en discuterons seulement pour les amadouer. Et demande-leur encore pourquoi ils ont tant tardĂ© !
— C’est dĂ©jĂ  fait, mon pĂšre. Ils ne rĂ©pondent pas.
Les nĂ©gociations achoppent Ă©galement sur la place qu’occuperont les Hurons dans les canots. Les Iroquois demandent de les disperser parmi eux, alors que Ragueneau exige qu’ils voyagent tous ensemble dans leurs propres embarcations, avec les onze Français.
À plusieurs reprises au cours des trois longues journĂ©es que durent les Ă©changes, Radisson attĂ©nue les mots durs qu’emploient Ragueneau et son supĂ©rieur Jean de Quen, qui participe aussi aux discussions. Il fait la mĂȘme chose en traduisant les paroles de certains chefs iroquois qui sont tout aussi agressifs. Deux clans semblent en prĂ©sence. Quelques chefs sont clairement rĂ©ticents Ă  ramener des Français avec eux. D’autres font des efforts Ă©vidents pour ĂȘtre agrĂ©ables aux Français et se montrer invitants. Radisson a du mal Ă  s’y retrouver.
— Avez-vous remarquĂ© qu’ils ne sont pas tous du mĂȘme avis ? demande Radisson au jĂ©suite, lorsqu’ils font le point ensemble.
— On dirait qu’une partie d’entre eux est venue à reculons, alors que d’autres cherchent à nous mettre en confiance. Comprends-tu pourquoi ?
— Non, mon pĂšre. Ça m’échappe.
— Il faudra surveiller de prùs les chefs qui ne nous aiment pas et tout faire pour donner satisfaction aux autres.
Le quatriĂšme jour, ils parviennent Ă  un accord. Les Français et les Hurons – qui se sont joint aux nĂ©gociations – acceptent d’offrir des prĂ©sents aux Iroquois pour compenser la mort de cinq des leurs, puisque l’accident s’est produit en venant les chercher. En Ă©change, les Iroquois acceptent de transporter une partie des bagages qui sont en surcharge et de laisser les Hurons et les Français voyager ensemble.
Le lendemain, dernier dimanche de juillet, un grand branle-bas prĂ©cĂšde le dĂ©part des quelque deux cents personnes rĂ©unies sur la berge. À la derniĂšre minute, il faut mobiliser une douzaine de charrettes pour transporter les marchandises les plus lourdes jusqu’en haut des rapides de Lachine, pendant que les Français, Hurons et Iroquois traĂźnent leurs vingt-neuf canots Ă  demi chargĂ©s, Ă  partir de la rive. Le lendemain, la flottille se met finalement en route Ă  partir de la pointe ouest de l’üle de MontrĂ©al.
* * *
Comme un ours sortant de sa taniĂšre au printemps, les sens de Radisson se raniment au contact du voyage. Enfin, la vĂ©ritable aventure commence, la grande, l’excitante, vers un territoire inconnu qu’il est impatient de dĂ©couvrir.
Il occupe la position de pointe Ă  l’avant de son canot. Deux solides gaillards qui n’ont pas froid aux yeux, rĂ©cemment arrivĂ©s de France, sont placĂ©s au centre et Atahonra, un chef huron de grande expĂ©rience, dirige l’embarcation de l’arriĂšre. Ils triment dur pour suivre le rythme imposĂ© par les Iroquois qui, sept ou huit par canot, transportent moins de bagages. Ils ont facilement pris la tĂȘte de l’expĂ©dition. Tous les canots qui suivent sont lourdement chargĂ©s et comptent moins de pagayeurs. Plusieurs Ă©tant des femmes, le trajet s’annonce difficile.
Le pĂšre Ragueneau a Ă©tĂ© formel, il veut que Radisson reste toujours prĂšs des Iroquois pour scruter leur comportement et tenter de percer leur Ă©tat d’ñme. Il espĂšre ainsi dĂ©jouer le danger latent qu’il perçoit, Ă  tort ou Ă  raison.
MĂȘme les deux pĂšres jĂ©suites pagaient pour soutenir la cadence. Ils se tiennent au centre des embarcations oĂč la manƓuvre est plus facile. Robert Racine, un vieux de la vieille qui n’a rien perdu de son endurance, dirige le canot dans lequel Ragueneau a pris place.
Il leur faut presque deux jours pour franchir le lac Saint-Louis et remonter le fleuve jusqu’au premier grand portage. Radisson a constatĂ© que l’excĂšs de bagages rend son embarcation vulnĂ©rable dans les flots agitĂ©s. Aussi, une fois qu’ils ont tous mis pied Ă  terre, il est dĂ©contenancĂ© d’entendre les Iroquois dĂ©clarer qu’ils refusent de transporter plus loin leur part de bagages. Ragueneau est outrĂ© par cette volte-face. Il exige le respect des conditions fixĂ©es au dĂ©part mais les Iroquois rĂ©pliquent qu’il est impossible de faire le voyage dans ces conditions sans courir de grands risques. Le jĂ©suite ordonne aux Français de bloquer le sentier du portage afin d’empĂȘcher les Iroquois de s’y engager. C’est l’impasse. Il faut renĂ©gocier.
Cette fois, Ragueneau participe directement aux discussions en baragouinant quelques mots d’iroquois, cherchant toujours Ă  masquer sa rĂ©elle maĂźtrise de la langue. Radisson traduit le reste de ses propos. La position des Iroquois est claire : la situation est trop dangereuse ; d’autres accidents vont inĂ©vitablement se produire et ils veulent les Ă©viter. Ragueneau a beau insister sur le besoin qu’ont les Français de toutes ces marchandises – dont une partie reviendra aux Iroquois par le biais de la traite – rien ne justifie Ă  leurs yeux de risquer des vies humaines pour des marchandises.
Sans le dire ouvertement, Radisson est d’accord avec eux. Un grand nombre d’articles se sont ajoutĂ©s pendant leur longue attente Ă  MontrĂ©al, au point de dĂ©passer les bornes. Lui-mĂȘme s’est achetĂ© quelques marchandises de traite en cachette. Le chef huron Atahonra appuie les Iroquois : il n’est pas sage de naviguer dans des canots aussi chargĂ©s.
La nuit tombe. Les Français, Hurons et Iroquois ont allumĂ© leurs feux Ă  courte distance les uns des autres. Mais chacun reste avec les siens. Seuls les maringouins et les Ă©pineuses questions en suspens perturbent la magnifique soirĂ©e d’étĂ©.
— C’est trĂšs grave ! se plaint Ragueneau qui s’est retirĂ© Ă  l’écart avec Radisson et le pĂšre Jean de Quen.
— Tu as raison Paul, confirme de Quen. Ces marchandises nous ont coĂ»tĂ© une fortune et il n’est pas question de les abandonner ici. N’importe qui pourrait s’en emparer et nous causer un grand prĂ©judice. S’il le faut, je les ramĂšnerai moi-mĂȘme Ă  MontrĂ©al !
— Je me mĂ©fie de plus en plus de ces intraitables Iroquois, ajoute Ragueneau. Ils font tout pour nous nuire. Je me demande si nous pouvons encore nous entendre avec eux

Radisson voit des signes de renoncement sur les visages de ses supĂ©rieurs qui se taisent pendant un long moment. Seuls les murmures lointains des voyageurs et les crĂ©pitements des feux se font entendre. Il juge qu’il est le temps d’ajouter son grain de sel.
— C’est vrai que nous sommes trop chargĂ©s, mon pĂšre. Atahonra et les Iroquois ont raison. Si on en perd une partie en chemin et qu’on sacrifie des vies humaines en plus, qu’est-ce qu’on y gagne ?
Ragueneau ne répond pas.
— Je crains de devoir retourner Ă  MontrĂ©al, soupire de Quen. Tu es mieux prĂ©parĂ© que moi pour servir en Iroquoisie. Vas-y seul, Paul. Je ne vois pas comment nous sortir de ce pĂ©trin autrement. Je ramĂšnerai une partie des marchandises avec deux ou trois de nos Français. Garde les hommes les plus expĂ©rimentĂ©s
 À moins que tu trouves une autre solution ?
Ragueneau aimerait ne pas acquiescer Ă  cette dĂ©cevante proposition. Mais lui non plus ne voit pas d’autre issue. Ils sont encore proches de MontrĂ©al et la navigation jusqu’à Lachine est assez facile pour que quatre hommes y ramĂšnent deux grands canots chargĂ©s au maximum, sans danger. En sĂ©lectionnant des marchandises de moindre importance et des Ă©quipiers peu expĂ©rimentĂ©s, l’expĂ©dition n’en souffrira guĂšre.
— D’accord, conclut Ragueneau. Retournons nĂ©gocier ce compromis avec les Iroquois. Mais en contrepartie, exigeons d’eux qu’ils tiennent parole et reprennent une part de bagages. Sois convaincant, Radisson, nous n’avons plus de marge de manƓuvre.
* * *
TĂŽt le lendemain, Radisson supervise le tri des bagages en s’assurant de garder ses marchandises de traite avec lui. Le superflu est chargĂ© dans deux grands canots appartenant aux Français. Ceux qui poursuivent le voyage disent adieu au pĂšre de Quen et Ă  ses trois Ă©quipiers. Un moment d’abattement suit leur dĂ©part. Mais ce n’est pas le moment de baisser les bras. Ils se ressaisissent et portagent tout le matĂ©riel jusqu’en haut des rapides oĂč une nouvelle dĂ©ception les attend.
Les Iroquois acceptent de prendre des marchandises à condition que des Français embarquent avec eu...

Table of contents

  1. Les Aventures de Radisson, t. 2
  2. PREMIÈRE PARTIE ‱ En mer
  3. DEUXIÈME PARTIE ‱ En France
  4. TROISIÈME PARTIE ‱ En Nouvelle-France
  5. QUATRIÈME PARTIE ‱ En Iroquoisie
  6. D’historien à romancier
  7. Le premier tome des Aventures de Radisson a fait parler de lui

  8. CRÉDIT