Inconquis
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Deux retraites françaises vers la Louisiane après 1760

Joseph Gagné

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Deux retraites françaises vers la Louisiane après 1760

Joseph Gagné

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Le 8 septembre 1760, le gouverneur de la Nouvelle-France signe la capitulation de Montréal. L'événement marque la conquête du Canada par les armes. Les forces françaises sont sommées de se rendre à l'ennemi britannique. Pourtant, deux factions des troupes de la Marine du Canada, l'une de Michillimakinac et l'autre du fort Détroit, feront fi de ces ordres et se replieront en Louisiane, encore sous le contrôle des Français. En insistant sur les deux officiers à la tête de ces hommes, Pierre Passerat de La Chapelle et Louis Liénard de Beaujeu, c'est tout un pan oublié de l'histoire de la Conquête qui est raconté, celui d'hommes qui ont refusé d'êtreconquis.Joseph Gagné est un historien originaire du Nouvel-Ontario qui étudie au doctorat à l'Université Laval. Actif au Québec, en Ontario et aux États-Unis, il a un intérêt particulier pour le Régime français dans la région des Grands Lacs. Il a fondé et administre le portail Internet Nouvelle-France électronique et le blogue Curieuse Nouvelle-France.

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Information

ANNEXE A
Documents de La Chapelle
Ces pages reproduisent les pièces justificatives transcrites dans le livre du baron Passerat de La Chapelle. Nous n’y reproduisons que les textes ayant rapport au passage de Pierre Passerat de La Chapelle au Canada et en Louisiane. Nous avons respecté la typographie originale des mots, sauf exception de nos notes entre crochets, et nous avons recopié les textes en ordre chronologique. Nous y ajoutons également quelques notes de bas de page. S’il persiste des erreurs de transcriptions, nous en acceptons l’entière responsabilité.
Notons enfin que le dossier d’archive no 24.051 sur La Chapelle contient des documents identifiés par des nombres entre 5 à 13. Nous observons que deux documents différents sont pareillement identifiés par le nombre 11. En ce qui concerne les documents 1 à 4, outre la possibilité qu’ils soient réellement absents dans le dossier original, nous avançons l’hypothèse que ces quatre pièces sont simplement des lettres déjà reproduites par La Chapelle dans son rapport. Le baron aurait donc choisi de ne pas les recopier inutilement. Une vérification éventuelle à Paris devra être faite pour éclairer cette question.
Pièce 5
Conseil d’Etat du Roi, Chambre des Comptes, année 1767.
Liquidation des dépenses du Canada.
DOSSIER no 24051 [sic]. Passerat de la Chapelle. Capitaine des compagnies de la marine détachées au Canada.
Pièce 5. (Copie) Rapport du sieur Passerat de la Chapelle, écuyer, Capitaine des compagnies de la marine detachées au Canada, à M. de Kerlerec, Gouverneur de la Nouvelle Orléans en date du 21 avril 1761.
Je vous ai, Monsieur, remis hier la copie collationnée et certifiée du carnet de route, tenu jour par jour, au cours de la retraite que je viens d’effectuer, du Canada à la Nouvelle Orléans, avec un détachement de deux cents soldats des troupes royales détachés au Canada et dont j’avais reçu le commandement.
Vous avez bien voulu me demander de résumer la teneur de ce carnet de Route, et de vous faire rapport des principaux événements survenus au cours de cette retraite. Déférant à votre désir je vous rends compte :
Etant en service au Fort Détroit, commandé par M. de Bellestre, je fus chargé par cet officier (lettre de service du 2 septembre 1760) de prendre le commandement d’un détachement de deux cents hommes de troupes royales, dont cinq sergents et six caporaux, prélevés sur la garnison du Fort Détroit, avec ordre de me porter à marche forcée au secours de Montréal, défendue par M. le Chevalier de Lévis et assiégée par les Anglais.
Après une marche forcée d’environ cent lieues, dans la direction de Montréal. J’appris d’abord par les fuyards et ensuite par les R.P. Jésuites que Montréal avait capitulé le 8 septembre, que les troupes était prisonnières sans condition, et que tous les Forts du Canada et leurs garnisons étaient compris dans la capitulation.
En présence de cette situation, je décidais d’opérer une retraite vers la Nouvelle Orléans pour conserver ma troupe au Service du Roi, plutôt que de me rendre aux Anglais.
Je pus, grâce à l’obligeance des R. P. Jésuites, acheter à très bon compte – les gens vendaient tout ce qu’ils possédaient pour ne pas être pillés par les anglais – des chevaux, mulets, des vivres, du matériel, et divers articles de traite, ces dernières pour faire des échanges avec les sauvages ou payer leurs services, pour une somme de 43.131 livres, laquelle somme fut payée par moi en plusieurs traites tirées sur mon père, au Château de Montville paroisse de Contrevoz en Bugey, administrateur de mes biens. Les R. P. Jésuites avalisèrent le paiement de ces traites.
Le sergent Balleydier fut constitué comptable gestionnaire de ces approvisionnements. Toutes les justifications des achats et de l’emploi de ces marchandises vous ont été remises hier par moi.
Je pris avec mon détachement, la route par terre vers l’ouest, pour gagner le nord du Lac Saint Clair. Après avoir dépassé ce point j’obliquais vers le sud, pour me rapprocher du Fort-Détroit, où j’envoyais une reconnaissance commandée par le sergent Berthier, avec ordre de parvenir si possible jusqu’au Fort Détroit, pour s’enquérir du sort de M. de Bellestre et de sa garnison et s’il le pouvait de remettre à cet officier une lettre par laquelle je lui narrais la situation, et de mon intention de conduire mon détachement à la Nouvelle Orléans, lui mandant son approbation, ou des instructions contraires.
Le sergent Berthier avait pu parvenir jusqu’à M. de Bellestre, cet officier me fit tenir la lettre suivante :
« J’approuve entièrement, monsieur, votre détermination de conduire le détachement dont je vous ai confié le commandement, à la Nouvelle-Orléans, pour ne pas être contraint de vous rendre aux Anglais, et pour conserver cette troupe au service de Sa Majesté. Vous entreprenez là une bien pénible tâche, plaine de périls et de dangers. Je vous says brave, hardy, énergique et homme de grande ressource dans l’adversité, vous savés commander et vous faire obéir. Mais la conduite d’un détachement de 200 hommes vers une destination aussy lointaine, à travers un pays peu hospitalier et inconnu de vous, sans guide et sans être secondé par aucun officier n’est pas une chose facile, vous aurez à vaincre bien des difficultés l’hiver approche. Mes meilleurs vœux vous accompagnent, malgré les misères que vous allez avoir à supporter, votre sort est plus heureux que le mien. Car je vays avoir honte de rendre le Fort et sa garnison aux anglais et de me constituer leur prisonnier. Triste fin de carrière !… Plaignez-moi, bon courage et à la grâce de Dieu.
« BELLESTRE »
Le sergent Berthier me rendit compte que M. de Bellestre avait licencié la compagnie de milice d’Ottawa, en garnison au Fort Pontchartrain, pour éviter leur reddition aux Anglais ; qu’à peu de distance de mon campement, il venait de rencontrer une troupe assez importante de cette compagnie, en débandade, se dirigeant vers la Louisiane, pour y attendre dans ce pays, que les événements permettent à ces hommes de retourner au Canada, sans y être inquiétés.
J’avais eu sous mes ordres les hommes de cette compagnie, j’estimais qu’il était préférable de les réunir sous mon commandement et de les conduire en ordre en Louisiane, plutôt que de les laisser errer à l’aventure.
Je les fis chercher, par le sergent Berthier. Celui-ci revint avec 110 hommes dont 32 canadiens et 78 métys Ottawais, presque tous ces derniers « coureurs des bois ». Ces hommes avaient trois jours de vivres et leurs armes. Je leur fis la proposition de les prendre sous mon commandement à la condition qu’ils seraient soumis à la même discipline et au même service que les hommes de mon détachement, dont ils partageraient le sort, jusqu’au jour de leur arrivée en Louisiane, dans un lieu où ils pourraient s’installer en toute sécurité pour y attendre les événements. Ils acceptèrent ma proposition, je les embrigadais et ils élirent pour chef le sieur Gauvin ancien sergent du régiment de Nassau. L’état nominatif des miliciens est inscrit sur le carnet de route.
Je fis route dans la direction ouest légérement sud, pour atteindre le Lac Michingan, point de repère, car je n’avais pu me procurer de carte, je dus souvent changer de direction à cause des obstacles naturels du pays et de l’hostilité permanente des sauvages qui nous harcelaient sans cesse et nous attaquaient presque toutes les nuits, j’eux à déplorer au cours de ces attaques, les blessures reçues par quelques soldats et miliciens. Je devais la nuit me tenir toujours en alerte, poster des sentinelles autour des campements, et faire éclairer le gros de ma troupe pendant les marches de jour. Ce service de garde était très pénible pour les hommes. Les miliciens métys habitués à courir les bois et habiles à déjouer les ruses des sauvages furent d’un grand secours pour ce service de sentinelles et d’éclaireurs, dont je les avais plus particulièrement chargés, ils nous évitèrent bien des embuscades.
Arrivé sur la rive « est » du Lac Michingan, je fis reposer mes hommes, quelques jours, que je mis à profit pour faire construire des barges et des radeaux, pour transporter mes hommes, mes bêtes et mes bagages ; je navigais jusqu’à l’extrême sud du Lac, en évitant de trop déborder les rives pour pouvoir y camper la nuit.
Du sud du Lac, je repris la route terrestre, direction sud-ouest pour rejoindre la Rivière des Illinois sur les bords de laquelle je pensais trouver le Fort Saint-Louis, où je comptais prendre mes quartiers d’hiver, la saison commençant à devenir rigoureuse.
Lorsque le détachement arriva sur l’emplacement du Fort Saint-Louis, le découragement fut grand parmi mes hommes. Il n’y avait plus de fort, il avait été incendié depuis longtemps. Mes hommes étaient à bout de forces ; ils avaient grand besoin de repos ; leurs uniformes et leurs chaussures étaient en très mauvais état ; la mauvaise saison aidant, la maladie et le découragement ne tarderaient pas à faire leur apparition, si je continuais la route. Il me fallait absolument hiverner.
L’emplacement de l’ancien Fort Saint-Louis, situé sur la rive gauche de la Rivière des Illinois, n’offrait aucun moyen naturel de défense, contre une attaque possible des anglais, venant de l’est. Je fis une reconnaissance sur la rive droite de la Rivière et je fixais mon choix sur un emplacement légèrement élevé, situé un peu en aval de la Rivière des Renards, presque en face de l’ancien Fort Saint-Louis. Les deux rivières constituaient des obstacles naturels, contre les attaques venant de l’est ou du Nord, les seules que nous avions à redouter des anglais, et nous offraient un moyen de retraite au sud ou vers l’ouest.
Les sauvages de la région ne nous montraient aucune hostilité, au contraire, moyennant quelques cadeaux, ils nous aidèrent pour les travaux de notre installation et pour notre ravitaillement.
Je mis immédiatement tout mon monde au travail, le pays était bien boisé, ce qui me permit de faire construire un Fort, lequel fut solidement cabané et fortifié, les miliciens, très habiles dans la construction des cabanes canadiennes en bois, étaient plus spécialement chargés de ces constructions, de l’abatage des arbres et de leur façonnage. Les sauvages les aidèrent pour le transport des bois, les soldats étaient employés au terrassement et aux travaux de fortification, les corvées du camp et le service de garde, de jour et de nuit. Je profitais de ce que la neige n’avait pas encore fait son apparition, pour faire une ample provision de fourrage pour la nourriture des bêtes pendant l’hivernage. Ces travaux furent très rapidement exécutés, avant les premières neiges, je pus loger mes hommes, mes bêtes et mes bagages à l’abri des rigueurs de la saison dans des grandes cabanes en bois bien calfatées, pourvues de cheminées permettant le chauffage. Le Fort, suffisamment retranché et fortifié, il ne nous manquait que des canons pour résister à une attaque des Anglais.
Pour manifester mes remerciements aux miliciens, pour le concours qu’ils avaient apporté à la construction du Fort, particulièrement pour la construction des cabanes qui étaient entièrement leur œuvre et aussi du concours précieux qu’ils nous avaient apporté pendant cette première partie de la retraite, tant pour la garde, que pour le ravitaillement en gibier du détachement. Il fut décidé de nommer le fort « FORT OTTAWA », du nom de la compagnie de la milice à laquelle les miliciens avaient appartenu. Ce nom fut inscrit au feu sur le linteau de la porte du Fort.
Les miliciens étant rendus en Louisiane exprimèrent l’intention de rester dans le Fort, après le départ du détachement pour la Nouvelle Orléans. Leur demande était légitime, je lui donnai mon approbation. Je leur promis en outre de leur donner les bêtes dont je n’aurais plus besoin pour faire la route, devant descendre en barque la Rivière des Illinois et le Mississippi, jusqu’à la Nouvelle Orléans.
Le pays était très giboyeux, les rivières très poissonneuses, le ravitaillement en vivres frais était abondamment assuré par les miliciens et par les sauvages, j’avais économisé le plus possible de vivres que j’avais achetés à mon départ au Canada, sauf la farine ...

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