Émergence de Montréal dans le système urbain nord-américain (L')
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Émergence de Montréal dans le système urbain nord-américain (L')

1642-1776

Luc-Normand Tellier

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Émergence de Montréal dans le système urbain nord-américain (L')

1642-1776

Luc-Normand Tellier

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Il aura fallu un peu plus d'un siècle pour que le petit établissement de Ville-Marie devienne la ville de Montréal. Quels sont les facteurs qui ont joué en sa faveur? L'étude de l'émergence de Montréal dans la formation du système urbain nord-américain pose plusieurs questions. Pourquoi le Saint-Laurent ne s'est-il pas imposé comme l'axeprincipal de diffusion de l'urbanisation sur le continent? Pourquoi l'axe naturel NewYork-Albany-Montréal n'a-t-il pas été exploité? Pourquoi la conquête de l'intérieur du continent, après avoir favorisé Montréal, l'a-t-elle finalement marginalisé? Pourquoi la cour de Versailles, contrairement à celle de Londres, a-t-elle failli à ses responsabilités face au peuplement de ses colonies nord-américaines? Luc-Normand Tellier aborde toutes ces questions dans une approche passionnante et originale de l'histoire des débuts de la métropole québécoise.Luc-Normand Tellier est professeur émérite à l'Université du Québec à Montréal où il a fondé le Département d'études urbaines et touristiques. Il est l'auteur de Face aux Colbert (PUQ, 1987), un ouvrage classique sur le siècle de Louis XIV, ainsi que de Urban World History (PUQ, 2009).

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Information

Year
2017
ISBN
9782894482483
Chapitre I
Les premières implantations européennes au nord du Rio Grande (1537-1642)
La naissance de Montréal s’inscrit dans un processus embryonnaire d’aménagement au nord des Amériques qui est le prolongement d’un mouvement d’urbanisation lancé par la découverte de l’Amérique et fondé en partie, au Mexique et au Pérou, sur les bases de l’urbanisation précolombienne.
Il est d’usage de souligner que la plus vieille ville située au nord du Mexique est, selon les versions, St. Augustine (nord de la Floride), Jamestown (Virginie), Port-Royal–Annapolis Royal (Nouvelle-Écosse) ou Québec. St. Augustine a été fondée par les Espagnols en 1565 sous le nom de San Agustín ; Port-Royal a été fondée par les Français en 1605 ; Jamestown, par les Anglais en 1607 et Québec, par les Français en 1608.
Tout cela est à la fois vrai et faux. Fondée une première fois en 1605, Port-Royal a été abandonnée en 1607, fut occupée à nouveau en 1610, détruite en 1613 par Samuel Argall et refondée en 1614. De même, fondée en 1607, Jamestown a été incendiée par des rebelles en 1676, puis abandonnée à compter de 1699 au profit de la ville de Williamsburg. Il ne reste donc plus que deux candidates au titre de plus vieil établissement européen permanent au nord du Rio Grande : St. Augustine et Québec, la première méritant le titre, mais la seconde méritant celui de plus vieille ville ayant actuellement plus de 20 000 habitants, la population de St. Augustine n’ayant jamais excédé 15 000 habitants.
Il faut se rendre compte que la naissance d’une ville est un grand événement que l’on crée a posteriori, en ce sens que tout embryon de hameau est un début possible de village, puis de ville, mais qu’on ne sait qu’après un certain temps si, oui ou non, l’embryon a survécu et s’il a donné naissance à un village, puis à une ville. Cela dit, il est clair que six nations européennes se sont implantées en Amérique du Nord avec l’intention d’y faire naître des villes leur permettant de contrôler le territoire qu’elles comptaient coloniser.
La pénétration espagnole
La première de ces nations est l’Espagne, qui partait avec un avantage incontestable, mais aussi un important handicap. D’une part, c’est elle qui avait découvert l’Amérique en 1492 et qui, au cours du siècle qui avait suivi, y avait créé des villes importantes (Saint-Domingue en 1492, La Havane de Cuba en 1514, Mexico en 1521 à partir de Tenochtitlan, Puebla du Mexique en 1531, Cartagena de Indias en 1533, Lima du Pérou en 1535, Buenos Aires en 1536, Bogotá en 1538, Santiago du Chili en 1541, Mérida du Venezuela en 1560, Caracas en 1567, etc.) et même des universités (celle de Saint-Domingue en 1538, celle de Mexico en 1551 et celle de Puebla en 1587). Par contre, cette avance comportait un revers du fait même que la forte présence de l’Espagne au sud du Rio Grande réduisait l’incitation pour ce pays à prendre le contrôle de territoires encore plus vastes au nord.
Malgré cela, une poussée hispanique se fit sentir en Géorgie actuelle (avec la fondation éphémère de San Miguel de Gualdape en 1526 et de San Pedro de Mocama vers 1580), en Floride (avec la fondation de San Agustín, Fort Matanzas, Santa Lucia, Tegesta, San Antonio, Tocobaga et San Pedro) et jusque dans la péninsule de Virginie où les jésuites espagnols ont fondé la mission Santa Maria de Ajacán en 1570. Cela dit, aucun établissement espagnol ne constituait encore une véritable ville au nord du Rio Grande en 1640. On aura remarqué que le mouvement de pénétration des Espagnols allait nettement du sud vers le nord et se limitait alors aux côtes. Il avait comme point d’origine le Mexique, ce qui ne veut pas dire que les navires espagnols qui accostaient sur les côtes de la Floride et d’ailleurs venaient forcément de la Nouvelle-Espagne.
La pénétration française
La deuxième nation européenne à avoir tenté de s’implanter dans le nord des Amériques est la France. Dès 1524, Giovanni da Verrazzano explora la côte du continent pour le compte de François Ier. Il atteignit la Caroline du Nord actuelle, longea la côte vers le nord, découvrit la baie de New York (qu’il nomma « Nouvelle-Angoulême » en l’honneur de François Ier, ancien comte d’Angoulême) et gagna le Maine, puis Terre-Neuve. Dix ans plus tard, en 1534, Jacques Cartier, lui aussi au service de François Ier, suivit les traces de Verrazzano, mais en s’engageant dans le golfe du Saint-Laurent.
Le premier Français qui tenta de fonder un établissement en Amérique du Nord fut le baron de Léry et de Saint-Just, vicomte de Gueu, qui, en 1538 ou 1539, établit un groupe de Portugais sur l’île de Sable, dans la Nouvelle-Écosse actuelle, dans le but d’y développer l’agriculture et l’élevage. Il arriva avec du matériel et des animaux de ferme, des bœufs, des vaches, des pourceaux et des chevaux19. Ces animaux s’adaptèrent merveilleusement bien à ce nouvel environnement et leurs descendants vivent toujours sur l’île à l’état sauvage. Par contre, la colonie s’éteignit bientôt, à une date indéterminée.
C’est en 1541 qu’une première expérience française fut tentée à l’intérieur même du continent nord-américain. Jacques Cartier fonda Charlesbourg-Royal, située dans l’arrondissement actuel de Cap-Rouge de la ville de Québec, là où la rivière Cap-Rouge se jette dans le Saint-Laurent. Cartier laissa sur place environ 400 colons français avant de retourner en France. Il revint un an plus tard avec Jean-François de La Roque, sieur de Roberval qui prit le commandement de la colonie. En 1543, la maladie, les rigueurs du climat et l’hostilité des Amérindiens vinrent à bout du jeune établissement, dont le site même finit par être oublié. Ce n’est qu’en août 2006 que des fouilles permirent de mettre à jour l’emplacement précis de ce premier établissement français des Amériques qui présagea le rôle éminent que le Saint-Laurent allait jouer dans la stratégie d’implantation de la France en Amérique du Nord.
Treize ans après l’échec de Charlesbourg-Royal, la France tenta une expérience de colonisation radicalement différente, non pas en Amérique du Nord, mais bien en Amérique du Sud. Dans une tentative d’apaiser les tensions grandissantes entre catholiques et protestants en France, Henri II mit une flotte commandée par l’amiral protestant Nicolas Durand de Villegagnon à la disposition de Gaspard de Châtillon, sire de Coligny, afin de créer une colonie de protestants français dans la baie de Guanabara, dans le Brésil actuel. Fondé le 10 novembre 1555, l’établissement fut nommé Fort Coligny et sa région, « France antarctique ». Villegagnon et ses 600 colons voyaient dans Fort Coligny l’embryon d’une future ville devant porter le nom d’Henryville. Au cours des deux années qui suivirent, Villegagnon revint au catholicisme et les disputes déchirèrent la colonie française, surtout après que Jean Calvin eut envoyé des renforts protestants. En 1559, Villegagnon rentra en France. Plusieurs colons français restèrent sur place jusqu’à ce que, le 20 janvier 1567, les Portugais détruisent ce qui restait de la colonie française et fondent Rio de Janeiro dans cette baie de Guanabara que les Français avaient été les premiers Européens à coloniser.
Dès avant la destruction de Fort Coligny par les Portugais, une autre tentative de fonder une colonie protestante française avait été amorcée en 1562, beaucoup plus au nord, sur l’île Parris dans l’actuelle Caroline du Sud. Henri II étant mort en 1559, puis son fils François II (l’époux de Marie Stuart) en 1560, le roi de France était alors Charles IX (frère de François II). Aussi la nouvelle implantation reçut-elle le nom de Charlesfort. Cet établissement fondé par Jean Ribault, assisté de René Goulaine de Laudonnière, eut une vie encore plus brève que celle de Fort Coligny. Au bout d’un an seulement, il dut être abandonné. Il faut dire que, le 11 juin 1562, Ribault n’avait laissé que vingt-sept hommes sur place en leur promettant de revenir un an plus tard. Cette promesse n’a pu être tenue à cause de la guerre de religion qui faisait rage en France, si bien qu’après avoir épuisé leurs provisions les Français qui restaient à Charlesfort n’eurent d’autre choix que de tenter de retourner en Europe. Ils furent secourus au large des côtes anglaises à la fin d’octobre 1563.
Pendant ce temps, les heurts entre catholiques et protestants se calmaient en France à la suite de la trêve signée le 19 mars 1563. Cependant, le projet de trouver un exutoire colonial pour les minorités religieuses survivait, projet dont s’inspireront les puritains de la Mayflower en 1620. Le 22 avril 1564, l’ancien lieutenant de Jean Ribault (lequel avait, depuis, trouvé refuge en Angleterre où Élisabeth Ire l’avait fait enfermer dans la tour de Londres), René Goulaine de Laudonnière, quitta Le Havre avec trois bateaux et près de trois cents hommes, et mit le cap sur la Floride. Le 24 juin, l’expédition arriva à ce qu’on a appelé depuis « River of May » (près de l’actuelle Jacksonville) et y fonda une nouvelle colonie franco-protestante sous le nom de Fort Caroline (une nouvelle fois en l’honneur de Charles IX).
Le scénario de Charlesfort sembla devoir se reproduire à Fort Caroline. Après avoir fondé la nouvelle colonie, le 28 juillet 1564, Laudonnière ordonna à ses navires de retourner en France afin d’y obtenir des renforts. Bientôt, soixante-six Français de Fort Caroline se rebellèrent contre Laudonnière, s’emparèrent de deux embarcations et voguèrent vers la Caraïbe espagnole pour y commettre des actes de piraterie. Cela alerta les Espagnols qui décidèrent de tuer dans l’œuf cette nouvelle tentative de la France de s’établir en Floride.
Au même moment, Jean Ribault, ayant été libéré de la tour de Londres et ayant regagné la France, tenta de voler au secours de Fort Caroline aux prises avec une famine et l’agressivité des populations amérindiennes environnantes. Il monta une nouvelle expédition rassemblant cinq cents soldats, deux cents marins et trois cents colons. Sa traversée de l’Atlantique débuta le 14 juin 1565. Le 29 juin suivant, l’Espagne envoya une flotte commandée par Pedro Menéndez intercepter celle de Ribault.
Le 24 août 1565, alors même que le capitaine Laudonnière s’apprêtait à abandonner Fort Caroline, la flotte de Ribault débarqua avec des munitions, du bétail, de l’équipement et des provisions. Le 4 septembre, les cinq navires de Menéndez arrivèrent à la « River of May » et y rencontrèrent les bateaux de Ribault. Incapable de mettre pied à terre, Menéndez décida de voguer plus au sud et fonda San Agustín. Ribault poursuivit Menéndez jusqu’à cette nouvelle colonie espagnole et faillit vaincre ce dernier, mais, peu après, une terrible tempête décima la flotte franç...

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