ATELIER II
mise Ă mort
Câest donc la condamnation dâun roman. Un roman qui restera inachevĂ©. Un avorton de roman. Mort-nĂ©. JâĂ©cris ce texte, jâenterre le roman. Il crie encore un peu, mais Ă peine. Il surgira de nouveau par secousses dans les textes Ă venir. Des traces de lui. Je le sais. Je le dĂ©masquerai, le dĂ©noncerai, le piĂ©gerai, le ferai retourner dans lâoubli.
scĂšnes de viol
Je passe les pages ou ne lis pas le livre. Si câest un film, je saute la scĂšne. Veux pas voir. Veux pas mâimaginer. Assez. Surdose. De scĂšnes de viol ou dâagressions sexuelles sur une femme, un homme ou un enfant. Ăa peut ĂȘtre dit, suggĂ©rĂ©, mais la mise en scĂšne, les dĂ©tails, non, ça va. Pu capable. Jâai captĂ© lâidĂ©e. Je vois câest quoi. Jâai mĂȘme une banque dâimages de viol dans la tĂȘte. Je peux piger dedans au besoin.
Le dĂ©clic sâest fait lors de la lecture dâune bande dessinĂ©e de la sĂ©rie Donjon de Joann Sfar et compagnie. JâĂ©tais libraire dans une librairie indĂ©pendante (qui nâexiste plus) sur la rue Cartier Ă QuĂ©bec quand une collĂšgue mâa initiĂ©e Ă la bande dessinĂ©e contemporaine. Ă lâĂ©poque, on avait toujours trĂšs hĂąte de lire le nouveau Donjon. Je ne me souviens plus du titre ni du tome, ce nâest pas important. Lâalbum racontait une histoire de monstres marins et le personnage principal Ă©tait fĂ©minin. Un peu stupide, mais tous les personnages le sont dans cette sĂ©rie humoristique. Au milieu de lâhistoire, elle se fait violer. Pourquoi ? CâĂ©tait tellement gratuit. Comme si les auteurs nâavaient pas su quoi faire dâautre de leur personnage fĂ©minin. Comme si le viol Ă©tait un passage obligĂ© pour lâhĂ©roĂŻne. Et puis lâillustration. Le viol en images. Le viol de trop. Jây pense. Câest un peu bizarre que le dĂ©clic se soit fait Ă partir dâune bande dessinĂ©e, alors que jâavais lu/vu des scĂšnes plus atroces par le passĂ©. Câest peut-ĂȘtre parce que je ne mây attendais pas que ça mâa littĂ©ralement Ă©cĆurĂ©e. Bref, câest Ă partir de ce moment que jâai refusĂ© de voir, lire ou dâentendre la description dâune scĂšne de viol. Que jâai commencĂ© Ă choisir les images qui mâentrent dans la tĂȘte.
lire les hommes (beaucoup)
Fin du bac en lettres. Tu te rends compte que tu as lu des textes dâauteurs masculins dans une Ă©crasante majoritĂ©. Des romans, des essais, des Ă©tudes, des articles. La pensĂ©e de lâhomme partout. Dans ta tĂȘte. Tu veux renverser la vapeur. Ăquilibrer le ratio. Tu te mets Ă lire un texte Ă©crit par une femme pour un texte dâhomme. Ă force, tu en viens Ă dĂ©laisser les Ćuvres Ă©crites par des auteurs mĂąles. FatiguĂ©e de la posture du gĂ©nie, de lâarrogant ou du feignant ne pas lâĂȘtre, du ton ironique et du sarcasme. ĂcĆurĂ©e des Ă©crivains qui lisent toujours les mĂȘmes Ă©crivains et qui ne parlent que dâeux-mĂȘmes, entre eux.
Maintenant, la pile de livres sur ta table de chevet est majoritairement Ă©crite par des femmes. Ăa sâest fait tout seul. Naturellement.
Bravo, quâon me dit.
Mais jây pense, le cinĂ©ma ! Jâai regardĂ© des milliers de films, Ă©missions de tĂ©lĂ©vision, vidĂ©os. Et combien ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s ou Ă©crits par des femmes ? Je sais, ça fait comptable. Ăa vaut ce que ça vaut. Câest que jâai lâimpression dâĂȘtre contaminĂ©e. Mon imagination falsifiĂ©e de fictions dâhommes.
Fiction : mensonge, construction de lâimagination. Propagande.
Nous sommes contaminés.
droit devant
Je nâai pas relu ce que jâai Ă©crit avant. Jâentre dans lâatelier, dĂ©pose mon sac par terre et le portable sur le bureau. Et jâĂ©cris. Jâai refusĂ© de connaĂźtre le code pour lâaccĂšs Internet. Je nâai donc rien dâautre Ă faire que ça : Ă©crire. Chaque jour. Mettre sur lâĂ©cran tous les discours que je me rĂ©pĂšte depuis des annĂ©es. En finir, pour laisser de la place aux idĂ©es neuves. Pas envie de me cogner aux phrases boiteuses des pages prĂ©cĂ©dentes, de les retravailler. Plus tard. Peut-ĂȘtre. Juste Ă©crire, mĂȘme fatiguĂ©e. MĂȘme la poitrine oppressĂ©e. Se porter jusquâici. En marche.
salope
Mon pĂšre me disait Ă moi, jeune fille de quinze ans : « Oublie jamais que les garçons, câest tout ce qui les intĂ©resse. Jâai dĂ©jĂ Ă©tĂ© jeune. Je sais de quoi je parle. »
Dommage que ce soit la seule chose Ă offrir aux jeunes filles en fleurs : la mĂ©fiance envers ses propres dĂ©sirs et ceux des garçons. Câest si bon, le dĂ©sir. Avoir le feu au ventre, mouiller pour un rien, les pores de la peau ouverts comme mille capteurs de dĂ©sir. Avoir du dĂ©sir en soi. Câest si vivant. Si crĂ©ateur. Si chaud.
Retour Ă mes quinze ans. Ă lâĂ©poque plate des annĂ©es 1990. Quand on Ă©coutait la mĂȘme musique que nos parents, mais sans la rĂ©volution des annĂ©es 1960. Une journĂ©e sans invitation Ă sortir de lâenclos familial Ă©tait une journĂ©e perdue, Ă se pendre. Peu importe si les garçons sâintĂ©ressaient seulement Ă mes fesses. Y goĂ»ter moi aussi, user les garçons. Jouir. Comme eux. Comme les garçons. MĂȘme dĂ©sir. Ne pas tomber amoureuse, câest tout. Jâaimais le masculin. Le corps diffĂ©rent. Lâodeur et la peau. Jâavais faim, soif. Quâimporte sâils nâavaient cure de mon intellect. Je nâĂ©tais pas dupe. Jâai ligotĂ© mon cĆur et me suis lancĂ©e dans des expĂ©riences relationnelles plus ou moins tordues. Me suis abĂźmĂ©e. Drogue et sexe. Passer le temps. Jusquâau jour oĂč je pourrai enfin quitter le village.
Ce qui reste de ces quinze ans. Aujourdâhui. Ătrangement. Devant un film, une scĂšne ou une histoire mettant en scĂšne des adolescentes, je fige. Jâai peur pour elles.
la compagnie des garçons
Avec les filles, jâĂ©tais mal Ă lâaise. Je mâennuyais. Je les trouvais superficielles. Jâai mĂ©prisĂ© ma mĂšre, ma sĆur, les filles en gĂ©nĂ©ral. Elles se sont dĂ©tournĂ©es de moi. Fair enough.
Je prĂ©fĂ©rais la compagnie des garçons. Avec eux, il y avait de lâaction (certains avaient une voiture), du danger, des risques, des expĂ©riences, des discussions aussi, autres que sur lâapparence et lâamour. Jâai cru faire partie de la gang. Erreur.
La schtroumpfette parmi la gang de gars. Jâentendais ce quâils se disaient entre eux sur les autres filles. Jâavais les deux versions. Les gars insultaient les filles (des castrantes, des salopes, des pas dĂ©niaisĂ©es). Les filles, elles, se tricotaient de lâamour et des couples.
Je me suis convaincue que lâamour, câĂ©tait juste des histoires dans la tĂȘte des filles. Surtout faire en sorte de ne pas ĂȘtre comme elles, les filles dans la bouche des garçons. Quâils me respectent, moi. DiffĂ©rente. Je ne disais rien quand les gars dĂ©nigraient les filles. Certaine de ne pas faire partie de ces salopes, idiotes, prĂȘtes Ă tout pour un de leurs regards. Mais la salope, idiote, prĂȘte Ă tout pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e par eux, câĂ©tait bien moi.
rechute
Jâai remis ça. Jây suis retournĂ©e. Le manuscrit du roman abandonnĂ©. Me suis acharnĂ©e. Jâai rĂ©Ă©crit. EnlevĂ©.
AprĂšs avoir annoncĂ© Ă mes trois lecteurs que je laissais tomber le roman Fleuve malin, jâai remis ça. Jâai ouvert le texte. Ăcrit un chapitre au dĂ©but et lâidĂ©e de trois nouveaux Ă la fin. RapatriĂ© dâanciens chapitres. Je suis certaine de la forme, mais hĂ©site Ă Ă©crire le rĂ©cit. Trop de maĂźtres dans ma tĂȘte dont les critiques me dĂ©routent.
PersĂ©vĂ©rance ? EntĂȘtement ? Inconscience ? Folie ? Et pour quoi ? Finir cette histoire ? Publier ? Agitation dâune seule journĂ©e. Rechute. Jâai de nouveau fait disparaĂźtre le roman du bureau.
porno soft
La porno vivait Ă lâĂ©poque de ma jeunesse son Ăąge dâor. Je me souviens de Bleu nuit. Les scĂ©narios maladroits et clichĂ©s. Lâimage jaune et sale. Rien Ă voir avec le blanc cru des vignettes pornographiques quâon trouve sur le Web. Et les femmes Ă©taient poilues !
MĂȘme si jâen ai peu visionnĂ©, ces quelques scĂšnes de films pornos sont restĂ©es collĂ©es dans ma mĂ©moire Ă dĂ©sir. Quel pouvoir adhĂ©sif ! Jâimagine le cerveau Ă©rotique de ceux qui se foutent de la porn plein les yeux tous les jours, plusieurs fois par jour. Du lavage de cerveau, en somme. Destruction massive de lâespace fantasme. Corps coupĂ©s en morceaux piĂ©gĂ©s ici et lĂ par la camĂ©ra. ConsommĂ©s. Produit avec lequel quelquâun sâenrichit, un homme forcĂ©ment. En se foutant bien de ta gueule de masturbateur-payeur. En nâayant rien Ă foutre de toi non plus, lâactrice interchangeable.
Gros pĂ©nis, gros seins, gros toute. PolluĂ©s dâimages.
Nous sommes pollués.
féministe
Les autres filles se faisaient traiter de chienne, de salope, de vache, de conne, de pute. Toi, câĂ©tait fĂ©ministe.
la rousse
Je la voyais au fumoir de la polyvalente. (Ă lâĂ©poque, il existait un endroit dans lâĂ©cole secondaire oĂč lâon pouvait fumer. HĂ© oui.) Rousse. Elle nâĂ©tait pas de mon annĂ©e. Plus vieille. Secondaire 5. Belle. Dâune beautĂ© triste. Qui jamais ne sourit. Elle nâĂ©tait pas agressive comme les autres filles de sa gang lâĂ©taient. La gang du village de Saint-Urbain. Non, elle Ă©tait plus du genre : Je me fous du monde, foutez-moi la paix.
Une vraie salope, quâon disait. Sa rĂ©putation. On racontait quâelle avait passĂ© toute une soirĂ©e enfermĂ©e dans les toilettes Ă sucer des queues. Reste quâon en disait pas mal, de choses, dans ce petit village du bout du monde. On en racontait aussi sur moi. Jâavais appris Ă me mĂ©fier. CâĂ©tait quand mĂȘme trop tard. Lâimage avait fait son chemin. Lorsque je voyais la fille rousse, je ne pouvais pas mâempĂȘcher de lâimaginer Ă genoux, la bouche pleine, le mouvement de tĂȘte. Et de me demander : Est-ce quâelle aime ça ? Pour vrai ? Elle fait ça par plaisir ? Sinon pourquoi ? Pourquoi elle fait ça ?
Des annĂ©es plus tard. JâĂ©tudiais au cĂ©gep Ă QuĂ©bec. Je revenais travailler lâĂ©tĂ© Ă Baie-Saint-Paul dans un restaurant. Un des amis de mon chum Ă lâĂ©poque Ă©tait seul dans la maison de ses parents. On sâest tous retrouvĂ©s chez lui. La gang de gars et les filles qui gravitent autour. De toute cette jeunesse, il y en a un qui se suicidera, le quart quittera le village, les autres y resteront.
Au sous-sol, jouait un film porno. Cassette VHS. Un film porno avec des filles de QuĂ©bec. Je crois que câĂ©tait leur buzz publicitaire : Avec des salopes de QuĂ©bec ! Un des gars avait louĂ© la vidĂ©o parce que la fille, la rousse, jouait dedans.
JâĂ©tais lĂ . Je regardais. La seule fille dans la gang de gars, les autres Ă©tant restĂ©es en haut. Changement de scĂšne, dâacteurs. Les gars se sont exclamĂ©s, câest elle ! Oui, câĂ©tait elle. Nue. Avec une autre fille et un gars. En trio. Ils baisaient sur un divan. La rousse, elle ne souriait pas, tandis que lâautre fille semblait crever de plaisir. Elle, la rousse, la fille quâon connaissait, avait lâair ailleurs, Ă des milliers de kilomĂštres de ce quâelle Ă©tait en train de faire. Une automate. Je la comparais. Je jugeais sa performance. Quelque chose clochait. Elle nâavait pas lâair de prendre son pied. En tout cas, pas comme lâautre fille.
Ăa ne parlait pas beaucoup dans le sous-sol. Ăa regardait. Des sourires complices entre les gars. De lâexcitation contenue. Et un certain malaise, aussi. Peut-ĂȘtre parce que jâĂ©tais lĂ .
on te nommera
Artiste, Ă©crivaine, intellectuelle. Ces titres, je les ai dâabord entendus de la bouche des autres. Des hommes pour la plupart.
Je commençais le bac en lettres, jâĂ©tais au CafĂ© des artistes Ă Baie-Saint-Paul et lâhomme (je ne le connaissais pas) a dit : « Ah, tu es une intellectuelle ! » Comme chaque fois quâon me jette une burqa sur le dos, jâĂ©tais prĂȘte Ă nier, Ă contredire. Qui Ă©tait-il pour me nommer de la sorte ? Et puis, quâest-ce que ça pouvait bien dire, ĂȘtre une « intellectuelle » ?
Une autre fois, jâĂ©tais entourĂ©e dâamis et de collĂšgues de la librairie oĂč jâai travaillĂ© durant la maĂźtrise. Un soir, il y a eu ces trois hommes venus se joindre Ă notre table au bar Le SacrilĂšge, rue Saint-Jean Ă QuĂ©bec. Des avocats. Du moins, lâun dâeux lâĂ©tait. Je ne sais pas si câĂ©tait une tactique de sĂ©duction. Il ne semblait pas faire dâavances ni Ă moi ni aux autres filles. Il avait dit ne pas cĂŽtoyer dâartistes et que cela lui manquait. Artiste. Je lâaime bien, ce titre. Plus libre, plus large. Un fourre-tout quand on ne sait pas trop oĂč mettre la personne. Actrice, on me croyait aussi parfois. Quand jâavais la grande forme, le verbe dĂ©liĂ© et lâenvie de me donner en spectacle. « Tâes effrontĂ©e, toi ! », sorti de la bouche dâun amant français. ComplĂštement oubliĂ© ce que jâavais pu dire pour dĂ©clencher une telle rĂ©action. Mais je me souviens dâavoir ressenti une certaine fiertĂ© Ă ĂȘtre effrontĂ©e. Lesbienne aussi, selon certains, quand je ne cadrais pas avec la notion ordinaire du genre fĂ©minin. Le nom dâĂ©crivaine est venu plus tard. Il a fallu des preuves. Une publication. Et il y en a eu dâautres. Bien dâautres. Des noms, des titres, des rĂŽles, des identitĂ©s, des boĂźtes, des insultes.
« Maman ? »
Un petit garçon cette fois-ci.
singe nu
Quâest-ce que je cherche comme ça, Ă ouvrir des livres et des livres ? Trouver quelque chose de solide sur lequel je peux me tenir, des fondements sacrĂ©s. Peut-ĂȘtre. Voir le monde selon tous les points de vue possibles. Aussi. Et lâaimer. Oui. Nous aimer. Et pouvoir offrir quelque chose au petit singe nu sans devoir nous excuser.
ĂȘtre autre
Surtout les jours qui annoncent le sang et les crampes. Jâaimerais ĂȘtre plus une Patty Smith quâune Virginia Woolf. Ătre une artiste tranquille. CrĂ©er avec constance. Ne pas trembler comme la noyĂ©e. Aller dans la vie sans Ă©gard pour mon apparence. Ătre une Patty Smith qui vieillit. Qui remplit des cahiers de notes. Qui se fout de la cĂ©lĂ©britĂ© (vraiment ?). Qui a connu des gens hors du commun, extraordinairement crĂ©atifs. Qui a eu des enfants. Qui ressemble Ă un homme. (Se rase-t-elle ? Question ridicule.) Une Patty Smith plutĂŽt quâune Nelly Arcan. Moins dâĂ©vitements, dâheures tuĂ©es Ă me vider le cerveau devant les Ă©crans, Ă attendre quâun courriel me sauve de moi-mĂȘme. Courageuse plutĂŽt quâen quĂȘte dâapplaudissement. Ăcrire sans lâĂ©ternelle question de la lĂ©gitimitĂ©, le tremblement qui abat Ă la hache les mots fragiles qui viennent Ă peine dâĂȘtre formĂ©s Ă lâĂ©cran.
condamnée
Entendre une femme mĂ©decin parler de sa patiente, de nombreuses fois abusĂ©e dans lâenfance, dire : « Câest trop tard pour elle. Elle est trop amochĂ©e. »
naissances
FĂ©ministe, Ă©crivaine. Ces deux identitĂ©s se confondent souvent. Jumelles dans leur naissance. Enfant, je regardais mes parents et la relation entre eux Ă©tait loin dâĂȘtre juste. Assez classique dans son genre. Ma mĂšre est restĂ©e Ă la maison jusquâĂ ce quâon entre au secondaire. Mon pĂšre, jeune mĂ©decin, travaillait soixante-dix heures par semaine. MalgrĂ© tout, je nâai pas eu un pĂšre absent. Au contraire, Ă la maison, câest lui qui avait la parole. Ă ma mĂšre le silence, les char...