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Les hommes doivent travailler
je suis un homme donquedonc
il faut imaginer Sisyphe Rioux
attendre l’autobus matin de printemps
entendre lointain le chant des scies rondes
voir le bus bleu descendre la butte
sur fond de ciel essence
la lumière soyeuse les jours de smog
je sors ma carte bip et monte vite
et bip et le monde ça ne se tasse pas trop
pas la mer Rouge ouverte pour Moïse
heille toi lâche pas ta roche sur mon pied
mais ô belle jolie jeune à l’air bête regarde
à côté froc de cuir sur un gars ordinaire gros beat
évidemment il faut toujours un fatigant
au moins c’est pas chez nous chez moi
tard le soir le voisin d’en haut s’invite par son
beat son bruit on ne contrôle rien
enfin sans l’air bête cette fille me fait penser à qui
arrêt rue Louis-Hémon Maria Chapdelaine
tiens faudrait voir le film Carole Laure
beat
bientôt de Lor’mier comme dit Plume
on n’est pas rendus à Papineau lire relire Bovary un jour qu’il était allé au marché d’Argeuil Argueil pour y vendre son cheval il rencontra Rodolphe gentleman-farmer
ils pâlirent en s’apercevant Rodolphe balbutia et même poussa l’aplomb jusqu’à l’inviter à prendre une bouteille de bière au cabaret
téléphone
que peut-on se dire à neuf heures du matin
du beat différent il mâchait son cigare tout en causant et Charles se perdait en rêveries devant cette figure qu’elle avait aimée c’était un émerveillement
beat
il aurait voulu être cet homme oh pas moi pauvre Charles l’autre continuait à parler culture et il ne faudrait pas que j’oublie de dire à Christine que
le passage des souvenirs s’empourprait peu à peu les narines battaient vite
le bel air bête lit aussi un Folio quel titre je ne vois pas
les lèvres frémissaient je ne vous en veux pas dit-il Rodolphe était resté muet et Charles reprit d’une voix éteinte et avec l’accent des douleurs infinies non je ne vous en veux plus c’est la faute de la fatalité Rodolphe qui avait conduit cette fatalité le trouva bien débonnaire pour un homme dans sa situation Rodolphe doit être gros j’ai oublié
arrêt Christophe-Colomb on est presque rendus
le lendemain Charles alla s’asseoir sur le banc dans la tonnelle c’est quoi déjà une tonnelle et Charles suffoquait comme un adolescent sous les vagues effluves amoureux qui gonflaient son cœur chagrin wô c’est beau Gustave on a compris
à sept heures et demie la petite Berthe sa fille il tenait dans sa main une longue mèche de cheveux noirs
il était mort il est Charbovari chagrinvari chaviré c’est lui le vrai héros romantique ha ha ha
(j’ai l’œil le cœur secs
sans alcool puis-je pleurer)
trois médecins se sont succédé Homais les a battus en brèche il vient de recevoir la croix d’honneur fin en capitales désuètes
justement je vois le carré bleu du métro Rosemont
je fraye parmi les lents les lents les lents
l’enfer descendre parmi les lents les lents
la fille Folio file vers Berri ne se retourne pas
carte bip trop tard le train s’en va
pas besoin de courir.
/ ii
Alors j’attends encore assis sur le banc
de ciment dans la grosse lumière blanche
dans le bruit léger de l’eau
qui ruisselle dans le mur gris
rivière souterraine on ne sait pas
on ne sait pas grand-chose on sait
qu’on attend matin midi soir
des années à ne rien faire faudrait calculer
quelqu’un a dû le faire dans un sous-sol
histoire de planer sur le désordre
et la fille qui lit debout
de l’autre côté de la ville
s’ennuie-t-elle a-t-elle un nom
belle comme une toune dans la tête
j’allai dans le désert sur un chfal anonyme
il y avait des roches des truites des trucs
par exemple le temps est bon le ciel est bleu
la jeune fille dévore des forêts
passion perdue je dors par terre
dans le désert pas d...