Théories des relations internationales
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Théories des relations internationales

Contestations et résistances

Alex Macleod, Dan O'Meara

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Contestations et résistances

Alex Macleod, Dan O'Meara

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Toutes les théories des relations internationales passées à la loupe! Une grille d'analyse comparative permettant aux lecteurs d'évaluer ces multiples approches! Qui sont et que prescrivent les réalistes et les néoréalistes? Comment se distinguent-ils des libéraux et des néolibéraux? En quoi consiste une analyse marxiste ou néogramscienne de la politique mondiale? Quelle est la contribution des féministes et des poststructuralistes ou des constructivistes et des postcolonialistes? Qui sont les empiristes, les positivistes, les fondationnalistes et les antifondationnalistes ou encore les tenants de la sociologie historique et de la Théorie critique? Qu'est-ce que l'École anglaise et l'économie politique internationale? Existe-t-il une théorie néoconservatrice des relations internationales? Quels sont les apports du sociologue Pierre Bourdieu à cette discipline? Quel est le tournant éthique en Relations Internationales? Où en sont rendues les études de la sécurité depuis le 11 septembre 2001? Encore une fois, dans cette nouvelle édition revue et augmentée du livre, chaque théorie des relations internationales est examinée à travers le prisme d'un même modèle, accompagnée d'un lexique de concepts clés. Après un bref historique de l'approche traitée sont décortiquées son ontologie (quels sont les aspects de la politique mondiale que l'approche choisit d'étudier?), son épistémologie (comment les étudie-t-elle?) et sa normativité (quelles sont les positions éthiques, politiques, sociales et idéologiques, et quels sont les intérêts qui sous-tendent chaque théorie?). De plus, l'ouvrage présente 18 lectures théoriques différentes de la guerre en Irak. En guise de conclusion, les auteurs proposent une grille d'analyse qui permet d'évaluer et de comparer toutes ces approches théoriques souvent fort différentes les unes des autres, voire contradictoires, dont la connaissance est indispensable pour saisir ce qui se passe sur la scène internationale.Alex Macleod est professeur titulaire au Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal et directeur du Centre d'études des politiques étrangères et de sécurité de l'Université du Québec à Montréal et de l'Université Concordia. Il enseigne les relations internationales depuis plus de vingt ans. Dan O'Meara est professeur titulaire au Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal. Il enseigne les théories des relations internationales depuis plus de trente ans. Ont aussi contribué à cet ouvrage: Afef Benessaieh, Anne-Marie D'Aoust, Marie-Ève Desrosiers, Evelyne Dufault, Frédérick Guillaume Dufour, Frédérick Gagnon, Frantz Gheller, David Grondin, Samuel Knafo, Thierry Lapointe, Guillaume Mascotto, Justin Massie, Frédéric Mérand, Vincent Pouliot, Stéphane Roussel, Jean-François Thibault.

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Chapitre 1

Qu’est-ce qu’une théorie des relations internationales ?

Alex Macleod et Dan O’Meara
Il n’existe aucune grande théorie unifiante des relations internationales, et il y a peu d’espoir que l’on réussisse à en construire une. Je ne suis même pas sûr de ce à quoi cette théorie ressemblerait (Schweller, 2003 : 311).
Parler de théorie dans un domaine aussi complexe et imprévisible que les Relations internationales semble une véritable gageure. Pourtant, si l’on y pense quelques instants, on se rend rapidement compte qu’au contraire, imaginer les Relations internationales sans aucun cadre de référence ou cadre théorique est aussi impensable. En fait, la théorie des relations internationales est partout. Chaque déclaration d’un dirigeant politique sur la situation internationale, chaque éditorial qui aborde la politique internationale dans nos quotidiens sous-entend une façon particulière de concevoir le monde. Par ailleurs, des livres à grand tirage traitant des relations internationales, tels que Naissance et déclin des grandes puissances de Paul Kennedy, Le choc des civilisations de Samuel Huntington ou La fin de l’histoire de Francis Fukuyama, ont eu une influence sur la vision populaire des relations internationales et ont atteint un public qui va bien au-delà de celui de leurs lecteurs en raison de la diffusion de leurs thèses dans les médias. Enfin, on retrouve dans la littérature populaire, au cinéma et à la télévision des livres, films et séries à grand succès qui confirment, quand ils ne contribuent pas à former, une image souvent assez simpliste des rapports entre les différents acteurs internationaux. On n’a qu’à penser à cette véritable industrie du livre et du cinéma que constituent l’auteur Tom Clancy et son équipe de l’Op-Center, vouée aux louanges et à la justification de la puissance américaine, pour mesurer jusqu’où vont les tentatives d’influencer notre façon de concevoir le monde, donc de faire de la théorie des relations internationales.
Jusqu’au milieu des années 1980, le monde de la théorie des relations internationales était relativement simple. Celui-ci était dominé essentiellement par ce qui se passait chez les universitaires d’un seul pays, les États-Unis, où tout le débat sur cette discipline tournait autour des visions qui distinguaient les approches néoréalistes et néolibérales1, et qui avait remplacé, dès la fin des années 1970, la domination du champ par le réalisme classique qui régnait en maître jusqu’alors. Malgré leurs différences, qui seront explorées plus en détail au chapitre 8, les tenants de ces deux approches partageaient les mêmes conceptions de ce que devait être une théorie des relations internationales, créant ainsi l’impression qu’il n’existait qu’une seule véritable théorie des relations internationales, dont le néoréalisme et le néolibéralisme n’étaient que des variantes.
La fin de la guerre froide, que l’on peut dater symboliquement à partir de la chute du mur de Berlin le 7 novembre 19892, signale le début d’une transformation dans ce domaine, un véritable décollage, qui change la nature du débat sur la théorie en Relations internationales, surtout en dehors des États-Unis. Trois facteurs distincts ont contribué à ce changement. Le premier est évidemment la fin de la guerre froide elle-même. La théorie dominante, qui mettait tellement l’accent sur la nature « scientifique » de ses recherches, a démontré les limites de sa capacité de prédiction en étant surprise par un événement qu’elle n’avait pas su prévoir (Gaddis, 1992-1993). Mais là n’était peut-être pas le plus important pour l’évolution de la théorie des Relations internationales. La fin de la guerre froide a transformé dramatiquement la façon de concevoir un monde qui ne se définissait plus par la division militaire et idéologique entre les États-Unis et l’Union soviétique.
On peut parler d’une transformation du système international, dont on ne saisissait pas nécessairement tout le sens, mais où des phénomènes négligés ou sous-estimés au cours de la guerre froide, tels que les luttes identitaires et les guerres intra-étatiques, occupaient de plus en plus les devants de la scène internationale. La fin de la guerre froide a accéléré aussi le débat sur la conception et la pratique de la sécurité, concept clé du néoréalisme, qui a mené à un renouveau total des études de sécurité. Il s’ouvrait ainsi de nouveaux champs à explorer qui entraient difficilement dans ceux que privilégiaient les approches traditionnelles.
Le deuxième facteur, l’émergence de la mondialisation, a élargi également la portée des Relations internationales pour aller au-delà des questions traditionnelles posées par les approches dominantes, notamment celles qui touchaient les causes des guerres et la coopération entre les États, et qu’elles considéraient comme formant le cœur de la discipline3. Ainsi la mondialisation a relancé les débats sur le rôle et la capacité de l’État, sur la notion de souveraineté, sur l’importance de la place occupée par d’autres acteurs internationaux et surtout sur la pertinence du maintien de la distinction entre extérieur et intérieur si fondamentale aux approches orthodoxes. Mais avant tout, la mondialisation a mis en relief l’importance des approches économiques en Relations internationales, et qui ont acquis le statut de sous-champ, sous le nom d’économie politique internationale (voir le chapitre 21).
Enfin, même si la fin de la guerre froide a créé des conditions qui ont favorisé une réflexion critique à l’égard des approches dominantes, réflexion qui puisait ses racines dans les travaux de ceux que l’on peut qualifier de pionniers de la contestation de ces approches. Ces derniers se distinguent très nettement des critiques antérieurs de la théorie dominante de l’époque, le réalisme classique, notamment les libéraux et les marxistes, dont les partisans de la théorie de la dépendance et de celle du système-monde ont été les figures de proue au cours des années 1970. Libéraux et marxistes remettaient en cause la vision plutôt réductrice des relations internationales des réalistes, en proposant de privilégier d’autres acteurs que les États, et questionnaient la normativité du réalisme, et en particulier son pessimisme et ses tendances à se satisfaire du statu quo. Les libéraux se contentaient de critiquer la conception réaliste de la matière des relations internationales du réalisme, c’est-à-dire son ontologie, et ses non-dits normatifs. Par contre, les marxistes s’attaquaient non seulement à l’ontologie et à la normativité du réalisme, mais aussi à sa façon de concevoir l’acquisition de la connaissance, son épistémologie.
Le premier coup dans cette nouvelle bataille contre l’orthodoxie naissante du début des années 1980 revient sans doute au politologue canadien Robert Cox (1986 [1981] : 207) qui déclarait, dans un article devenu célèbre, que la théorie « sert toujours quelqu’un et un objectif quelconque4 ». Cox proposait la distinction entre les théories qui cherchent essentiellement à résoudre des problèmes dans le système international (« problem-solving theories ») en vue d’en assurer un meilleur fonctionnement, et les théories qu’il a appelées « critiques » et qui remettent en cause les fondements mêmes de la pratique des relations internationales. Contre le néoréalisme, Cox a proposé un cadre théorique fondé sur la pensée du marxiste italien Antonio Gramsci, notamment sa conception d’hégémonie. Il faut noter aussi les contributions de Richard Ashley (1984) et de James Der Derian (1987) qui ont présenté des travaux influencés par le postmodernisme, celle de Charles Beitz (1979) qui s’est concentré sur les questions d’éthique en relations internationales et celle des féministes telles que Jean Bethke Elshtain (1987) et Cynthia Enloe (1989). Enfin, John Ruggie (1983) a ouvert la voie vers le constructivisme, d’abord avec un article critique du néoréalisme et puis avec un article très remarqué sur les carences du néolibéralisme, rédigé avec Friedrich Kratochwil (Kratochwil et Ruggie, 1986). L’existence de ces différentes approches et l’augmentation des publications et des communications présentées dans des conférences qui s’en sont inspirées ont mené certains observateurs à parler des débuts d’une nouvelle ère en Relations internationales (Keohane, 1988 ; Lapid, 1989).
Comme nous le verrons dans cet ouvrage, les différentes approches théoriques qui ont contesté ce que nous appelons le paradigme hégémonique des Relations internationales (voir le chapitre 2) se sont développées surtout en dehors des États-Unis, tandis qu’à l’intérieur de ce pays on peut parler d’une véritable résistance de la part des partisans de l’approche dominante pour contenir le débat sur la théorie des relations internationales à l’intérieur de limites très précises. Nous analyserons plus longuement l’évolution des approches théoriques en Relations internationales dans le chapitre suivant. Dans celui-ci, nous examinerons les divers éléments qui constituent la base de la réflexion théorique dans ce domaine.

1. La notion de théorie en Relations internationales

Jusqu’aux années 1970, les questions touchant la nature de la théorie n’étaient presque jamais posées en Relations internationales. Dans la mesure où il existait des débats théoriques, ceux-ci concernaient ou bien des questions de méthodologie ou bien la nature des acteurs internationaux et leur comportement, c’est-à-dire l’ontologie5. C’est surtout l’ouvrage fondateur du néoréalisme, Theory of International Politics de Kenneth Waltz, publié en 1979, qui a lancé le débat théorique en Relations internationales, en proposant l’esquisse de ce qui se voulait une véritable approche scientifique de l’étude des relations internationales. Ce livre est dorénavant un texte de référence de la théorie en ce domaine. Que l’on soit pour ou contre, il est indéniable que la théorie des relations internationales n’a plus jamais été tout à fait la même après sa publication. Par la suite, la théorie des relations internationales est devenue un champ d’études de plus en plus éclaté et dont les approches contemporaines s’inspirent de plusieurs branches de la philosophie, et notamment celles-ci :
  • l’épistémologie, qui réfléchit sur l’acquisition et la nature de la connaissance ;
  • la philosophie des sciences, qui se préoccupe surtout de la nature des sciences et des questions qui entourent la découverte scientifique ;
  • la philosophie du langage, qui touche les problèmes d’interprétation, de communication et de signification des mots ;
  • la philosophie politique, qui traite des grandes questions traditionnelles touchant la nature du politique et de la politique, telles que les fondements de l’autorité, de la légitimité, de l’obéissance, du pouvoir et de la puissance ;
  • la morale et l’éthique, qui posent des questions sur le bien-fondé moral des actions
Par ailleurs, certaines approches théoriques en Relations internationales empruntent leurs idées à la science économique, ou plus exactement à l’économie politique ou à la sociologie. Autrement dit, la théorie des relations internationales, au sens d’une théorie spécifique à la discipline qui couvrirait tous les domaines qu’elle touche, n’existe pas et ne peut exister. Cela n’a pas empêché certains spécialistes des Relations internationales de tenter de créer une théorie spécifique à leur discipline, notamment les néoréalistes et les néolibéraux, mais eux aussi ont dû chercher leurs concepts, leurs méthodologies et leurs méthodes ailleurs que dans cette discipline.
La théorie des relations internationales suivra dorénavant l’évolution des autres sciences, physiques et sociales qui, elles aussi, sont constamment en train de s’interroger sur la nature de leur champ d’études et sur la validité de leurs méthodes. C’est une des caractéristiques principales de la nouvelle étape dans le développement de la théorie des relations internationales. Comme dans le cas de toutes les autres sciences, naturelles ou humaines, l’ère de la certitude théorique est révolue, et les débats sur la nature même de la théorie, ce que l’on appelle la métathéorie, si longtemps absents dans les discussions en Relations internationales, y occupent aujourd’hui une place tellement importante que certains observateurs se plaignent que l’on néglige la substance même de ce champ d’études (Holsti, 2001 ; Griffiths et O’Callaghan, 2001).
On ne trouvera jamais une conception de la théorie qui satisfasse tout le monde, puisque chaque approche a sa propre idée de ce que doit être une théorie, de ce qu’elle doit étudier, de comment elle doit le faire et de l’objectif ultime qu’elle doit viser. Cela dit, la façon dont Scott Burchill nous invite à envisager le rôle des théories en Relations internationales est assez large pour rallier la plupart des théoriciens. Ainsi, selon Burchill (2001 : 13) :
Les théories fournissent un ordre intellectuel dans la matière à étudier dans les relations internationales. Elles nous permettent de conceptualiser et de contextualiser et les événements du passé et ceux du présent. Elles nous fournissent aussi une gamme de manières d’interpréter des questions complexes. Les théories nous aident à orienter et à discipliner notre esprit face aux phénomènes déconcertants qui nous entourent. Elles nous aident à penser de façon critique, logique et cohérente.

2. Les éléments constituants d’une théorie des relations internationales

Si on peut trouver un accord autour de cette conception du rôle général de la théorie, il n’en est pas de même quand il s’agit de préciser ce que la théorie doit faire – doit-elle, voire peut-elle, fournir une explication ou simplement une compréhension d’un phénomène ? Il n’existe non plus d’entente ni sur la matière même qui devrait constituer l’objet d’étude des Relations internationales, son ontologie, ni sur la manière générale d’acquérir la connaissance dans ce domaine, l’épistémologie, ni sur les valeurs, les principes et les normes qui sous-tendent toute théorie, la normativité, ni, enfin, sur la façon de mener une recherche sur les relations internationales, la méthodologie. Deuxièmement, au cœur de la division entre les approches théoriques qui font partie de ce que nous appelons le paradigme hégémonique des Relations internationales, et celles qui contestent ce dernier, on trouve une ligne de partage que plusieurs c...

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