Chapitre 1
Découvrir les technologies du Nikon Z6
Attendu avec (im)patience depuis des années, l’hybride Nikon est enfin entre nos mains ! Il ne s’agit pas vraiment du premier système de ce genre, puisque la marque avait proposé à partir de 2011 une gamme hybride appelée « 1 » (« one »), qui était plus portée vers le grand public. La gamme Z quant à elle s’adresse d’emblée aux photographes pros et experts, avec des performances et des fonctionnalités au niveau des reflex les plus avancés. Nous allons, dans ce premier chapitre, introduire les principaux aspects de ce nouveau système, notamment sa monture qui est l’un de ses piliers, conçue pour garantir les évolutions des 60 prochaines années (la longévité de la monture reflex, qui existe toujours !)…
Une nouvelle monture
Partant d’une page blanche pour la conception de leur nouvelle gamme, Nikon a cherché à s’affranchir au maximum des contraintes que leur imposait leur monture « F », qui avait été imaginée en 1959 au bon vieux temps de la photographie argentique : petit diamètre et grand tirage mécanique (distance entre la monture et le capteur).
Le Z6 gagne en finesse par rapport aux reflex par la disparition du miroir de visée.
Ces deux facteurs généraient un « cône utile émergent » assez restreint, autrement dit l’angle avec lequel la lumière arrivait sur le capteur était très faible : le capteur était au fond d’un puits profond et étroit, et réaliser des objectifs lumineux dans ces conditions était plus compliqué. C’est pourquoi les objectifs Nikon F proposaient très rarement des ouvertures supérieures à f/1,4. En raccourcissant le tirage et en élargissant le diamètre, Nikon a doté la monture Z d’un angle démultiplié, passant de 54° pour les reflex à 120° pour les Z (pour les lecteurs qui s’intéressent aux valeurs précises…). Ainsi ils se donnent la possibilité de produire des objectifs plus lumineux, ce qu’ils prouvent avec l’arrivée prévue d’un 58 mm f/0,95, ouverture extrêmement rare. On gagne plus d’une valeur de diaphragme par rapport aux objectifs les plus lumineux f/1,4 actuels. L’objectif de cette monture, évolution majeure pour Nikon, est de tirer profit au maximum de l’absence de miroir pour permettre à un maximum de lumière de passer.
Par ailleurs, le nombre de connecteurs entre la baïonnette et l’objectif augmente de 8 pour les reflex à 11 pour les Z, afin d’assurer une meilleure communication entre les deux. Elle est ainsi plus rapide et plus riche en informations, se montrant apte à intégrer de potentielles nouvelles technologies futures (intelligence artificielle, reconnaissance de forme), à assurer d’ores et déjà des performances élevées (suivi de mise au point en vidéo par exemple), et à opérer des corrections pour affiner la qualité optique (correction de la distorsion et de la diffraction notamment).
Le « cône utile émergent » est élargi avec la nouvelle monture Z.
La nouvelle monture Nikon Z
La nouvelle monture permet d’envisager la création d’objectifs très lumineux comme ce 58 mm f/0,95 « Noct ».
La gamme Z va s’étoffer rapidement pour couvrir tous les usages du photographe professionnel.
À toute création d’une nouvelle monture, répond la conception d’une nouvelle gamme optique, dont les premières références ont été disponibles dès la sortie du boîtier sous la forme de deux focales fixes et un zoom : 35 mm f/1,8, 50 mm f/1,8 et 24-70 mm f/4. Les ouvertures quelque peu « modestes » de ces objectifs sont à relativiser : elles correspondaient chez les objectifs F à des gammes plus légères en qualité optique que les versions « F1,4 », privilégiées par les professionnels. Mais la gamme « F » ne correspond pas à la gamme « Z », et ces objectifs sont bien supérieurs à leurs équivalents dans la famille reflex ! Nikon a d’emblée annoncé un plan de développement des optiques Z courant jusqu’en 2020, et la qualité est à chaque fois étonnante… En avril 2019, le 14-30 mm f/4 S recevait la récompense TIPA du meilleur objectif grand-angle pour appareil hybride.
Saluons également la simplification de la nomenclature pour désigner le nom de l’objectif. Alors qu’il fallait énumérer une suite de lettres correspondant aux différentes étapes technologiques qui se sont succédé durant 60 ans pour la monture F, la gamme Z se contente de la focale, de l’ouverture et de la gamme : « S » pour « Silver », gamme supérieure (désignée aussi par le discret liseré argenté à l’arrière de la bague de mise au point), sachant que tous les objectifs annoncés par Nikon à ce jour appartiennent à la gamme S.
De conception professionnelle, les objectifs de gamme S comme les boîtiers sont munis de joints d’étanchéité.
Le châssis du Z6 est en alliage de magnésium, assurant solidité et (relative) légèreté au boîtier, de 600 grammes environ.
L’ensemble des objectifs F restent compatibles avec le Z6, via l’adaptateur FTZ (« F to Z »), qui est transparent pour la qualité, la focale et la luminosité des objectifs. Comme il ne s’agit pas d’un système optique mais juste d’un ajout du tirage mécanique manquant à la monture Z et pour lequel sont conçus les objectifs F, il n’y a aucune modification des caractéristiques de l’objectif : un 50 mm f/1,4 reste un 50 mm f/1,4. Notons toutefois que les objectifs autofocus d’ancienne génération non motorisés (non « AF-S ») perdent leur autofocus via l’adaptateur FTZ puisque celui-ci n’intègre pas de mécanique de mise au point.
L’adaptateur FTZ assure la compatibilité et la transition entre la gamme reflex en monture F et la gamme hybride en monture Z.
Un nouveau capteur
Bien qu’il soit proche en résolution du capteur équipant le D750, celui du Z6 est inédit, et conçu par Nikon : de format 24 × 36 mm (format « FX » chez Nikon), et avec une résolution d’un peu plus de 24 Mpix, il est capable de délivrer des images dotées d’une grande dynamique et d’un potentiel de retouche en post-production élevé… De type CMOS, il reprend le principe du « rétroéclairage » qui optimise la surface utile de chaque photosite, rendant le capteur plus sensible et moins sujet à la montée de bruit. Un revêtement en fluorine en facilite le nettoyage, ce qui est essentiel car le capteur n’est pas protégé lorsque l’on change d’objectif : les poussières sont d’autant plus redoutables qu’avec les systèmes reflex…
Le capteur est par ailleurs stabilisé, ce qui est également une première assez logique puisque la visée est dorénavant en provenance directe de celui-ci. Dans le système reflex, c’étaient les objectifs que l’on stabilisait pour que le photographe en bénéficie également durant la visée. On gagne au passage 3 axes de stabilisation supplémentaires, ce qui la rend encore plus performante que sur les objectifs F.
Le nouveau capteur CMOS rétroéclairé de 24 Mpix
Une visée proche du reflex
L’un des arguments de la marque pour justifier l’attente qu’elle a imposée à ses clients avant la sortie de son système hybride repose en partie sur la qualité de la visée : le but était de proposer un appareil dont l’expérience de visée se rapproche le plus possible de celle du reflex, afin qu’un photographe ayant son œil collé au viseur de longues heures ne soit pas pénalisé par rapport à ce qu’il connaît avec son reflex pro.
Or, c’est l’une des remarques que l’on se fait aux premiers tests des Z6 et Z7 : le viseur est vraiment de très bonne qualité. Celle-ci repose moins sur sa définition (3,7 Mpix), assez classique pour une visée électronique, que sur son grossissement très élevé (×0,8) qui donne une impression d’immersion dans l’image, sa grande dynamique qui est capable de restituer des détails à la fois dans les ombres et les hautes lumières même dans des conditions de fort contraste (ce qui évite que le ciel soit tout blanc quand vous cadrez un paysage par exemple), et sur le taux de rafraîchissement vidéo élevé qui ne génère pas de saccades lorsqu’il y a du mouvement, et enfin la qualité des verres Nikon qui constituent le bloc optique de visée, et le rendent aussi très clair et très précis… Tous ces facteurs concourent à produire une impression de visée purement optique et font oublier assez vite son caractère électronique.
La qualité du viseur repose aussi sur des aspects optiques, notamment la qualité des verres utilisés.
Notez qu’il est possible de régler la dioptrie du viseur à l’aide de la molette située à droite du bloc de visée, ce qui permettra d’optimiser sa netteté et éventuellement aux porteurs de lunettes de pouvoir l’utiliser sans celles-ci (voir fiche n° 4 page 24). De même, il est possible d’en ajuster la luminosité et la couleur si l’on constate des écarts entre ce que l’on voit dans le viseur et le résultat final des images dans le menu Configuration>Luminosité du viseur et Équilibre couleur du viseur. Pour le réglage ...