L'Homme au masque de fer
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L'Homme au masque de fer

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Les médecins sont formels. Si Anne d'Autriche n'a pas encore donné d'héritier au trÎne de France, ce n'est pas de son fait, mais de celui de Louis XIII. Cette situation ne satisfait pas Richelieu qui redoute que son plus grand ennemi, Gaston d'Orléans, frere du roi, ne puisse accéder au trÎne. Or, un jour, un émissaire de Richelieu, M. Durbec, lui apprend que la reine est partie du Val-de-Grùce ou elle s'était retirée pour quelques semaines. M. Durbec en connaßt la raison: la reine va etre mere. Richelieu comprend immédiatement que le pere de l'enfant a naßtre ne peut etre que Mazarin, alors confident de la reine. L'enfant naßt et est secretement confié au chevalier Gaëtan de Castel-Rajac, amant de Mme de Chevreuse, confidente de Mazarin et de la reine. Gaëtan n'aura de cesse de protéger cet enfant contre tous les complots visant a le faire disparaßtre, derriere lesquels on retrouve Richelieu, puis, bien des années apres, Colbert, et toujours M. Durbec...

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Information

Partie 1
L’ENFANT DU MYSTÈRE

Chapitre 1 LA SURPRISE DU CARDINAL

À l’époque oĂč commence cette histoire, c’est-Ă -dire au dĂ©but du printemps de l’annĂ©e 1637, le cardinal de Richelieu avait atteint l’apogĂ©e de sa puissance.
DĂ©jĂ  gravement atteint par la maladie qui devait quelques annĂ©es plus tard le conduire au tombeau, on eĂ»t dit qu’il n’avait plus qu’à se reposer sur ses lauriers encore rouges du sang des victimes qu’il avait cru devoir immoler pour le triomphe de ses idĂ©es et de sa cause.
Il n’en Ă©tait rien. Jamais encore le grand cardinal n’avait dĂ©ployĂ©, mais en secret cette fois, une activitĂ© plus fĂ©brile ; car jamais encore, peut-ĂȘtre, aucun problĂšme aussi troublant ne s’était posĂ© Ă  son esprit, sous la forme de cette question :
– Que va devenir la couronne de France ?
La reine Anne d’Autriche, en effet, n’avait pas encore donnĂ© d’hĂ©ritier Ă  la couronne. Or les mĂ©decins avaient dĂ©clarĂ© qu’elle n’était point stĂ©rile et qu’elle Ă©tait, au contraire, capable d’avoir de beaux et nombreux enfants.
C’était donc le roi, qu’il fallait rendre responsable de cette non-paternitĂ© qui prĂ©occupait si vivement l’homme rouge, tant il redoutait, faute d’hĂ©ritier direct de la couronne, de voir son ennemi le plus acharnĂ©, Gaston d’OrlĂ©ans, succĂ©der Ă  son frĂšre.
Richelieu avait beau imaginer les projets les plus divers, il ne trouvait aucune solution à un état de choses qui ne pouvait que se résoudre par sa propre perte, et par la ruine de toute sa politique.
Ce jour-là, Richelieu, suivant son habitude, se promenait, aprÚs son frugal repas de midi, dans les splendides jardins de sa résidence de Rueil située à deux lieues environ de Paris.
Toujours escortĂ© de ses gardes, car, depuis qu’il avait failli, un soir, sur la route de Saint-Germain, ĂȘtre enlevĂ© de vive force par un groupe de cavaliers masquĂ©s, Richelieu, mĂȘme dans son parc, ne sortait jamais sans escorte, tant il craignait un nouveau coup de force de la part d’adversaires qui n’avaient point dĂ©sarmĂ©. Ses gardes le suivaient Ă  une distance respectueuse, mais suffisante pour qu’ils pussent l’entourer Ă  la moindre alerte.
AprĂšs s’ĂȘtre assis quelques instants sur un banc, Ă  l’ombre de grands tilleuls qui Ă©tendaient au-dessus de son front l’ombre de leurs larges feuilles, vĂȘtu comme toujours de son camail rouge, sur lequel tranchait la blancheur d’un large col en dentelles fermĂ© par deux glands d’or et le bleu moirĂ© du large ruban de la croix du Saint-Esprit, coiffĂ© de la barrette, d’oĂč s’échappaient ses longs cheveux grisonnants, le cardinal se leva pour continuer sa promenade mĂ©ditative.
Il s’arrĂȘta tout Ă  coup et dit au capitaine de ses gardes, un reĂźtre au visage balafrĂ©, abritĂ© par un large chapeau de feutre ornĂ© d’une immense plume rouge :
– Quel est ce gentilhomme qui s’avance là-bas ?
– Éminence, c’est M. de Durbec.
– C’est juste ! fit le cardinal, je ne l’avais pas reconnu. DĂ©cidĂ©ment, ma vue baisse

Et il soupira :
– Qu’il est donc pĂ©nible de vieillir, quand on aurait encore tant besoin de sa jeunesse !
M. de Durbec, gentilhomme de mise fort Ă©lĂ©gante, au profil aristocratique, au regard tout brĂ»lant d’une flamme qui n’exprimait pas la bontĂ©, s’immobilisa Ă  quelques pas du cardinal et, s’inclinant devant le maĂźtre, il attendit que celui-ci lui donnĂąt l’ordre d’approcher.
Richelieu le toisa un instant, comme s’il Ă©prouvait envers ce personnage une mĂ©fiance doublĂ©e d’un certain mĂ©pris. Enfin, il l’invita de la main Ă  s’avancer vers lui.
M. de Durbec obĂ©it ; il allait adresser au cardinal un nouveau salut, quand celui-ci, d’un ton impĂ©rieux, lui dit :
– Sans doute, monsieur, pour vous ĂȘtre permis d’interrompre ma promenade, m’apportez-vous d’importantes nouvelles ?
– Oui, Éminence ! Des nouvelles que je ne puis communiquer à nul autre.
Le ministre secoua la tĂȘte et dit Ă  son interlocuteur :
– Soit ! monsieur ! suivez-moi.
Il se dirigea vers un petit pavillon, au centre d’une pelouse fleurie. Il poussa une porte qui donnait accĂšs Ă  une piĂšce octogonale pauvrement dĂ©corĂ©e et uniquement meublĂ©e d’une table, d’un grand fauteuil et de quelques siĂšges.
Le cardinal fit passer devant lui M. de Durbec. Tandis que les gardes de son escorte entouraient le pavillon, Richelieu, refermant la porte, prit place dans le fauteuil et dit :
– Maintenant, monsieur, parlez !
– Éminence, conformĂ©ment Ă  la mission que vous m’aviez donnĂ©e de surveiller discrĂštement Sa MajestĂ© la reine, j’ai Ă©tabli autour du couvent du Val-de-GrĂące, oĂč Sa MajestĂ© vient de se rendre pour y faire une retraite de plusieurs semaines, tout un rĂ©seau d’informateurs par lequel je viens d’apprendre que Sa MajestĂ© ne se trouvait plus dans ce couvent.
MalgrĂ© toute sa maĂźtrise de lui-mĂȘme, Richelieu ne put rĂ©primer un tressaillement.
– Sa MajestĂ© n’est plus au Val-de-GrĂące ?
– Non, Éminence, elle en est partie depuis plusieurs jours avec la complicitĂ© de la mĂšre abbesse qui, dans toute cette affaire, a jouĂ© un rĂŽle des plus suspects.
D’un geste nerveux, Richelieu coupa la parole à M. de Durbec.
– Avez-vous pu connaĂźtre l’endroit oĂč s’était retirĂ©e la reine ?
– Oui, Éminence ! Dans une gentilhommiùre qui se trouve à un quart de lieue du chñteau de Chevreuse.
– Avez-vous pu dĂ©couvrir le motif de cette fugue ?
– Oui, Éminence ! Sa MajestĂ© est sur le point de devenir mĂšre.
La foudre fĂ»t tombĂ©e aux pieds du cardinal qu’elle n’eĂ»t sans doute pas produit sur lui un effet aussi impressionnant.
D’un bond, il se leva et, les mains crispĂ©es sur les bras de son fauteuil, il s’exclama :
– Que me dites-vous là ?
– La vĂ©ritĂ©, Éminence.
Richelieu, qui devait avoir de bonnes raisons pour ne point mettre en doute la parole de son interlocuteur, reprit, comme s’il se parlait Ă  lui-mĂȘme :
– Il me paraĂźt invraisemblable que depuis si longtemps la reine ait pu dissimuler sa grossesse aux yeux de tous
 Je sais bien que, depuis quelque temps, elle se plaignait d’ĂȘtre malade et qu’elle Ă©vitait de paraĂźtre Ă  toutes les rĂ©ceptions de la Cour

» Enfin, monsieur Durbec, continuez votre surveillance, tenez-moi au courant de tout ce qui se passera, tĂąchez de connaĂźtre les intentions de la reine au sujet de cet enfant mystĂ©rieux, et faites en sorte de savoir, dĂšs qu’il sera venu au monde, Ă  qui on l’aura confiĂ© et Ă  quel endroit on l’aura conduit.
» Je n’ajouterai qu’un mot : vous ĂȘtes dĂ©positaire, monsieur de Durbec, d’un des plus graves secrets qui aient jamais existĂ©. Votre tĂȘte rĂ©pond de votre silence.
– Votre Éminence peut compter entiĂšrement sur moi. D’ailleurs, elle m’a mis assez souvent Ă  l’épreuve pour qu’elle soit tranquille Ă  ce sujet.
Richelieu regarda son Ă©missaire s’éloigner et, lourdement, comme accablĂ©, se laissa retomber sur son fauteuil.
De qui peut bien ĂȘtre cet enfant se demandait-il. Pour que la reine s’en aille accoucher aussi clandestinement, avec la complicitĂ© certaine de son amie la duchesse de Chevreuse, il faut qu’il lui soit impossible de faire accepter au roi la paternitĂ© de ce rejeton qui ne peut donc ĂȘtre que le fruit d’un adultĂšre. Cherchons quel peut bien en ĂȘtre le pĂšre.
Le front du cardinal se plissa. Dans ses yeux flamba une lueur étrange ; un sourire indéfinissable entrouvrit ses lÚvres minces et décolorées, puis un nom lui échappa :
– Mazarin !
Quel était donc cet homme sur lequel venait de se fixer la conviction du grand ministre ?
C’était un jeune Italien, trĂšs souple, trĂšs fin, fort Ă©lĂ©gant cavalier, Ă  la voix chaude, insinuante, Ă  l’esprit endiablĂ©, Ă  l’intelligence remarquable, que Richelieu avait remarquĂ© quelque temps auparavant parmi les seigneurs Ă©trangers qui rĂ©ussissaient, grĂące Ă  leur adresse, Ă  se faufiler en si grand nombre Ă  la Cour de France.
Tout d’abord, il signore Mazarini n’avait guĂšre plu au cardinal. Il trouvait qu’il se vantait un peu trop bruyamment de prouesses qu’il avait soi-disant accomplies en Italie, ainsi que des services plus ou moins illusoires que, dans ce pays, il avait rendus Ă  la France. Richelieu avait d’abord eu l’impression que ce Mazarin n’était qu’un aventurier banal, capable de beaucoup plus de bruit que de besogne.
L’Italien ne s’était point tenu pour battu, car il Ă©tait d’une opiniĂątretĂ© rare. Diplomate dans le fond de l’ñme, il se dit qu’il ne pourrait rien s’il ne conquĂ©rait les bonnes grĂąces du cardinal. Il s’y employa de son mieux, Ă©vitant les moyens trop directs, prenant des chemins dĂ©tournĂ©s, rendant çà et lĂ  de menus services, faisant parvenir Ă  celui dont il faisait le siĂšge des renseignements qui, sous leurs apparences insignifiantes, n’en Ă©taient pas moins d’une qualitĂ© et d’une importance rares, si bien que Richelieu l’attacha Ă  ses services, dans lesquels il ne tarda pas Ă  se distinguer avec la discrĂ©tion, l’habiletĂ©, le doigtĂ© d’un vĂ©ritable prestidigitateur de la politique.
Richelieu ne tarda point Ă  s’apercevoir que Mazarin avait produit sur la reine Anne d’Autriche une impression considĂ©rable. N’ignorant point que la reine, si outrageusement dĂ©laissĂ©e par le roi Louis XIII, Ă©tait au fond une grande amoureuse, l’homme rouge s’était vite persuadĂ© qu’Anne d’Autriche Ă©tait amoureuse du jeune Italien et, pour des motifs demeurĂ©s obscurs, au lieu de chercher Ă  briser cette galante intrigue, l’avait favorisĂ©e, non point en l’encourageant d’une façon directe qui n’eĂ»t point manquĂ© d’ĂȘtre choquante, mais en rendant chaque jour de plus en plus importante la situation qu’il avait faite Ă  Mazarin auprĂšs de lui.
Il n’avait pourtant pas prĂ©vu que cette liaison, qui lui permettait de se tenir au courant de tout ce qui se disait chez la reine, aboutirait au rĂ©sultat que l’on venait de lui annoncer.
Maintenant que son premier mouvement de surprise Ă©tait passĂ©, il semblait non point s’en affliger, mais, au contraire, on eĂ»t dit qu’il s’en rĂ©jouissait intĂ©rieurement.
En effet, depuis longtemps, ses yeux n’avaient pas exprimĂ© de satisfaction aussi vive ; ses traits tirĂ©s se dĂ©tendaient et, chose qui ne lui Ă©tait pas arrivĂ©e depuis dĂ©jĂ  plusieurs annĂ©es, il se mit Ă  frotter l’une contre l’autre les paumes de ses mains longues et soignĂ©es.
– Allons, murmura-t-il, je crois que ce faquin de Mazarini est dĂ©cidĂ©ment appelĂ© Ă  jouer un rĂŽle dans l’histoire de la France !

Chapitre 2 LE CHEVALIER GASCON

Le mĂȘme jour, vers sept heures du soir, la salle principale de l’hostellerie du Plat d’Étain, situĂ©e au cƓur du charmant village de Dampierre, Ă©tait remplie d’une foule de voyageurs qui s’apprĂȘtaient Ă  faire honneur Ă  la cuisine de maĂźtre Eustache Collin, dont la renommĂ©e s’était rĂ©pandue Ă  plusieurs lieues Ă  la ronde.
Devant une cheminĂ©e dans laquelle flambait un grand feu de bois, maĂźtre Collin, Ă©norme gaillard coiffĂ© d’un bonnet blanc qui touchait presque au plafond, une louche Ă  la main, imposant et quasi sacerdotal, surveillait les volailles dodues et dĂ©jĂ  Ă  moitiĂ© dorĂ©es qui rĂŽtissaient au rythme rĂ©gulier d’un colossal tournebroche.
Sa femme, dame Jeanne, encore plus corpulente que lui, s’agitait, suant, soufflant, et s’évertuant Ă  placer de son mieux ses chalands qui, en attendant les meilleurs morceaux, se disputaient les meilleures places !
Tout son monde Ă©tant casĂ©, elle se dirigeait vers son comptoir, afin d’y lamper le verre de vin clairet qu’elle avait si bien mĂ©ritĂ©, lorsqu’une voix juvĂ©nile s’éleva sur le seuil, claironnant avec un accent gascon plein de bonne humeur :
– Bonsoir, tout le monde !
Tous les yeux se dirigĂšrent vers le nouvel arrivant. C’était un beau garçon de vingt-cinq ans Ă  peine, Ă  la figure Ă  la fois souriante et Ă©nergique, Ă  la bouche bien dessinĂ©e sous une petite moustache, au menton volontaire que marquait Ă  peine la virgule d’une barbichette. Ses yeux pĂ©tillants de malice, sans la moindre mĂ©chancetĂ©, prov...

Table of contents

  1. Titre
  2. Partie 1 - L’ENFANT DU MYSTÈRE
  3. Partie 2 - L’ÉPOPÉE DE LA HAINE
  4. Partie 3 - LE PRISONNIER DE L’ÎLE SAINTE-MARGUERITE