Les Fins-Hauts
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Les Fins-Hauts

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Les Fins-Hauts

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Tous ceux qui ont visité Chamonix connaissent la gorge allongée et profonde de la Tete-Noire, par laquelle on peut se rendre du pied des glaciers du Mont-Blanc a Martigny en Valais, sur la route d'Italie. Quand on en suit l'étroit chemin qui dispute le passage au Trient torrentueux, on a quelquefois l'impression de marcher entre deux murs, il est vrai, de rochers et de cimes. Le fait est pourtant que sur la gauche, en venant de Chamonix cette gorge est renflée a mi-côte par un haut plateau qui la domine et y surplombe dans presque toute sa longueur de plusieurs lieues. A part un bout de montée ou de descente a l'entrée ou a la sortie, il est presque entierement plan et uni. C'est comme une large corniche entre les sommités et le fond de la gorge, ou ses bords pendent souvent a pic.

Isolée dans sa hauteur, et ainsi peu fréquentée, cette bande de terrain n'en est pas moins a elle seule tout un charmant petit pays. On l'appelle les Fins-Hauts, du nom de celui de ses villages qui en occupe a peu pres le point central et culminant. Le chemin s'y promene de l'un a l'autre de ces hameaux parmi les prés, les bouquets d'érables et de mélezes, les cascades de rocs éboulés, et franchit lestement, sur de petits ponts, ravins et ruisseaux.

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Information

TROISIÈME PARTIE : SYLVION

I

Diane, le pied toujours endolori, mais ne voulant pas retenir Clary prisonnière, était descendue pour le déjeuner. Marianne s’y était surpassée. Elle avait fait des gaufres, dont la pâte, de crème épaisse comme on n’en voit qu’à la montagne, les rend bien supérieures à celles de la plaine ; mais elle s’était contentée de les mettre sur la table, haut empilées, avec le café, le thé, le beurre et le miel, dont Clary ne se fit pas faute, sans consentir cependant à le déclarer l’égal de celui de Morchin. Tout étant ainsi préparé de façon à ce qu’on n’eût pas besoin d’elle, Marianne ne se montrait pas. Sylvion, flairant je ne sais quoi, avait aussi disparu, sans se mettre en peine de son rôle de petit sommelier, dont il ne s’acquittait, d’ailleurs, qu’à sa façon toujours plus ou moins accidentée.
Le déjeuner n’en allait pas moins bien, même mieux suivant Bruno, qui l’eût trouvé mieux encore à deux qu’à trois, mais le trio du moins n’était gêné ni interrompu par rien. Comme il faisait cette réflexion, le trio se changea subitement en quatuor. La porte, poussée tranquillement d’une main ferme, s’ouvrit, encadrant la haute taille de Montlucar et sa figure grave, mais sans rien de plus marqué qu’à l’ordinaire. Bruno, placé en face, le vit le premier. – Montlucar ! s’écria-t-il, et il courut à lui pour l’embrasser, accolade que Montlucar lui rendit, presque en le devançant. Entré derrière les dames, il n’avait pu voir encore leur figure. – Ah ! du renfort ! fit-il simplement, d’un air plutôt d’agréable surprise. Quand elles se retournèrent, il y eut comme un instant d’arrêt, mais sans exclamation, de court silence seulement.
– Oui, balbutia Bruno, ces dames s’étaient égarées… et trop interdit pour pouvoir penser, – Mademoiselle de Breuil, dit-il en présentant Diane au nouvel arrivé. Elle fit le demi-mouvement de lui tendre la main. Montlucar s’inclina sans la prendre. – Mademoiselle Clary… Bruno s’arrêta, car il ne savait pas son nom de famille.
– Clary d’Albenne, compléta Diane, d’un ton bref, presque haut. Montlucar eut un léger froncement de sourcil, mais que Diane seule remarqua sur son front penché dans une nouvelle et plus profonde révérence.
– Ces dames s’étaient égarées, reprit Bruno, sans trop savoir qu’ajouter, voulant bien faire un prompt aveu de tout, mais non pas devant celles qui prendraient l’aventure peut-être encore plus mal que Montlucar, selon la manière dont celui-ci la prendrait. Bruno comptait sur sa politesse exquise, mais il fallait auparavant lui parler, le supplier.
Bruno restait donc près de la porte refermée, comme attendant Montlucar pour sortir ; mais celui-ci vint s’asseoir en face des deux dames, à côté de la chaise de Bruno. Il parut, même vouloir ranimer la conversation qui, évidemment, allait languir sans lui.
– À ce que me dit mon jeune ami, commença-t-il, vous vous êtes donc trompées de chemin, mesdames.
– Tout à fait, repartit Diane. Nous avions si bien perdu le fil de ces mille sentiers qui courent en tout sens sur la pente, que la nuit était venue, sans que nous eussions pu le retrouver. Heureusement nous rencontrâmes un guide.
– Assez difficile aussi à démêler, interjeta Clary.
– Mais à qui nous ne sommes pas moins redevables d’avoir passé la nuit mieux qu’à la belle étoile. Il nous conduisit à cette auberge, où nous nous trouvons fort bien.
– Mon ami et moi, nous ne nous y trouvons pas mal non plus.
– C’est ce qu’il nous a dit.
Bruno était sur les épines, mais n’osait intervenir.
– Entre nous pourtant, reprit Montlucar, avouez que l’auberge est assez médiocre.
À ce mot d’auberge, répété et confirmé par Montlucar, Bruno ne savait que penser. Marianne sans doute avait parlé ; mais Montlucar accepterait-il vraiment la situation ? cette idée le laissa respirer plus à l’aise.
– Vous vous trompez, répondit Diane, sans plus de vivacité dans le ton, mais avec quelque chose de plus appuyé ; je dis ce que je pense : c’est une bonne petite auberge.
– Si tant est qu’elle mérite ce nom.
Bruno eut de nouveau la respiration coupée.
– Oui, fit Diane, votre ami nous l’a aussi expliqué, c’est plutôt une pension d’été, une pension de montagne ; mais le nom ne fait rien à la chose.
– Assurément. Je serais même tenté de l’appeler un hôtel…
Bruno n’y tenait plus ; il allait tout avouer.
– Puisqu’on y voit de si belles dames ! ajouta Montlucar, d’un air de haute galanterie, mais qui n’avait rien d’ironique ni de suranné.
– Et de si parfaits gentlemen. Votre ami a été d’une complaisance…
– Je n’en doute pas. Vous n’aurez pas été trop mécontentes non plus de notre vieille hôtesse…
– Excellente femme !
– Et pas trop mauvaise cuisinière. Mais, à propos, poursuivit Montlucar, ne voulant pas laisser Bruno trop longtemps sur la sellette, ni risquer de mener plus loin, dans ce moment, le dialogue avec Diane, qu’il savait capable de lui rompre tout à coup en visière, si, comme il en avait l’impression, elle le reconnaissait, – à propos, et notre petit sommelier, je ne le vois pas…
– Suis là, dit Sylvion, faisant son entrée. Suis toujours là, pour servir maître et maîtresse, quand on demande, quand on commande ; vaut mieux demander que commander.
– Eh bien, je te demande mon déjeuner.
– Bon potage, bonne soupe. Vieille Marianne la coupe. Vite la chercher, vite l’apporter.
Et ne faisant guère que sortir pour rentrer, il revint avec une assiette de potage, dont Montlucar déjeunait plutôt que de thé ou de café.
Les dames se levèrent pour remonter dans leur chambre. Bruno, sous air de les reconduire, sortit aussi de son côté.
Il entra machinalement dans le jardin, et en fit deux ou trois fois le tour sans s’apercevoir qu’il y était.
– C’est singulier, dit Clary, qui venait d’y jeter un coup d’œil par la fenêtre de leur chambre, M. Bruno tout seul au jardin, quand son mentor vient d’arriver.
– M. de Montlucar, fit Diane, est sans doute fatigué.
– Mais, continua Clary, ils se sont à peine vus. C’est singulier. Et puis M. Bruno qui a plutôt l’air de courir que de se promener. Est-il drôle !…
« Fou que je suis ! pensait notre amoureux, qui avait peine à ne pas le crier tout haut : fou ! sot ! envers Montlucar et ces dames. Mais elle, elle ! Sans cela je ne l’aurais jamais revue, elle était à jamais perdue pour moi. Mais ne l’est-elle pas à présent plus que jamais ! Eh bien, je vais tout dire à Montlucar, tout, tout, et non pas seulement ce qui est arrivé !
– Bon ! poursuivait Clary, du coin de son observatoire dont le rideau était baissé, le voilà qui marche sur les plates-bandes ! il ne tient plus compte des allées ! lui qui se donne pour philosophe, il ne suit plus la ligne droite… Ah ciel ! un grand carré de légumes qu’il vient de traverser. Que dira notre hôtesse ?
– Montlucar, pensa Diane, lui aurait-il déjà parlé ?
C’est au contraire Bruno qui, pour ne pas faiblir dans sa résolution, courait s’ouvrir à lui. Mais l’entendant converser avec Sylvion, auquel il faisait sans doute subir un interrogatoire en règle, mais non pas sans les détours et les échappatoires habituels à ce dernier, il revint brusquement sur ses pas, arpenta de nouveau le jardin, cette fois plus correctement, puis tout à coup, sautant par-dessus le mur, il allait s’échapper à travers champs pour s’échapper à lui-même.
– Ah, bon ! fit Clary, en ouvrant la fenêtre : le voilà qui se sauve à présent !
Bruno retourna la tête. Clary n’était plus à la fenêtre ; mais il lui avait semblé l’entrevoir. Ce fut un charme qui l’arrêta net dans sa course effrénée. Il se laissa tomber dans l’herbe, comme si c’était à ses pieds.
– C’est donc toi, disait pendant ce temps Montlucar à Sylvion, qui nous as valu ces belles dames ?
– Fallait bien. Savaient plus où aller ni coucher. Les coucher, fallait ...

Table of contents

  1. Titre
  2. PRÉAMBULE
  3. PREMIÈRE PARTIE : LE PETIT PONT
  4. DEUXIÈME PARTIE : LA BRANCHE DE HOUX
  5. TROISIÈME PARTIE : SYLVION