La Comtesse de Charny - Tome II - (Les Mémoires d'un médecin)
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La Comtesse de Charny - Tome II - (Les Mémoires d'un médecin)

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La Comtesse de Charny - Tome II - (Les Mémoires d'un médecin)

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Voici la fin du cycle «Les mémoires d'un médecin». Suite à la révolte du peuple du 6 octobre 1789, la famille royale est ramenée de force de Versailles à Paris et installée aux Tuileries. La reine Marie-Antoinette est de plus en plus injuste envers Andrée (la comtesse de Charny) parce qu'elle se rend compte que son mariage arrangé avec le comte (qu'elle aime passionnément), peut devenir un mariage d'amour. Quittant alors le service de la reine, Andrée découvre enfin la joie de connaître son fils Sébastien, fruit de son viol par Gilbert lequel avait enlevé cet enfant à sa naissance. Connaissant la place de Gilbert en tant que conseiller du roi, Sébastien a donc quitté Villers-Cotterêts, où il faisait ses études, pour Paris dans la crainte de ce qui pourrait arriver à son père et a effectué le trajet en compagnie d'Isidore de Charny, appelé par son frère (le comte de Charny) auprès de la reine, laissant en proie au désespoir sa maîtresse Catherine, fille du fermier Billot, ce héros de la prise de la Bastille (voir Ange Pitou) devenu député de Villers-Cotterêts. Le roi, plein d'espérance dans ses partisans qui ont émigrés, essaye de gagner du temps en ayant l'air de coopérer avec l'assemblée constituante tout en organisant sa fuite et celle de sa famille vers Montmédy. Mais une succession de fatalités fait échouer cette tentative à Varennes où Isidore de Charny meurt, laissant alors seuls la pauvre Catherine et leur fils. Ange Pitou, jeune capitaine de la garde nationale, qui aime depuis longtemps Catherine, les prendra tous les deux sous sa protection, Billot ne pouvant pardonner à sa fille d'avoir été déshonorée par un noble...

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Information

Chapitre 1 Où il est démontré qu’il y a véritablement un Dieu pour les ivrognes

Le même jour, vers huit heures du soir, un homme vêtu en ouvrier, et appuyant avec précaution la main sur la poche de sa veste, comme si cette poche contenait, ce soir-là, une somme plus considérable que n’en contient d’habitude la poche d’un ouvrier, un homme, disons-nous, sortait des Tuileries par le pont Tournant, inclinait à gauche, et suivait d’un bout à l’autre la grande allée d’arbres qui prolonge, du côté de la Seine, cette portion des Champs-Elysées qu’on appelait autrefois le port au Marbre ou le port aux Pierres, et qu’on nomme aujourd’hui le Cours-la-Reine.
À l’extrémité de cette allée, il se trouva sur le quai de la Savonnerie.
Le quai de la Savonnerie était, à cette époque, fort égayé le jour, fort éclairé le soir par une foule de petites guinguettes où, le dimanche, les bons bourgeois achetaient les provisions liquides et solides qu’ils embarquaient avec eux sur des bateaux nolisés au prix de deux sous par personne, pour aller passer la journée dans l’île des Cygnes – île, où, sans cette précaution, ils eussent risqué de mourir de faim, les jours ordinaires de la semaine parce qu’elle était parfaitement déserte, les jours de fête et les dimanches parce qu’elle était trop peuplée.
Au premier cabaret qu’il rencontra sur sa route, l’homme vêtu en ouvrier parut se livrer à lui-même un violent combat – combat duquel il sortit vainqueur – pour savoir s’il entrerait ou n’entrerait pas dans ce cabaret.
Il n’entra point et passa outre.
Au second, la même tentation se renouvela, et, cette fois, un autre homme qui le suivait comme son ombre sans qu’il s’en aperçût, depuis la hauteur de la patache, put croire qu’il allait y céder ; car, déviant de la ligne droite, il inclina tellement devant cette succursale du temple de Bacchus, comme on disait alors, qu’il en effleura le seuil.
Néanmoins, cette fois encore, la tempérance triompha, et il est probable que, si un troisième cabaret ne se fût pas trouvé sur son chemin et qu’il lui eût fallu revenir sur ses pas pour manquer au serment qu’il semblait s’être fait à lui-même, il eût continué sa route – non pas à jeun, car le voyageur paraissait avoir déjà pris une honnête dose de ce liquide qui réjouit le cœur de l’homme –, mais dans un état de puissance sur lui-même qui eût permis à sa tête de conduire ses jambes dans une ligne suffisamment droite, pendant la route qu’il avait à faire.
Par malheur, il y avait, non seulement un troisième, mais encore un dixième, mais encore un vingtième cabaret sur cette route ; il en résulta que, les tentations étant trop souvent renouvelées, la force de résistance ne se trouva point en harmonie avec la puissance de tentation, et succomba à la troisième épreuve.
Il est vrai de dire que, par une espèce de transaction avec lui-même, l’ouvrier qui avait si bien et si malheureusement combattu le démon du vin, tout en entrant dans le cabaret, demeura debout près du comptoir et ne demanda qu’une chopine.
Au reste, le démon du vin contre lequel il luttait semblait être victorieusement représenté par cet inconnu qui le suivait à distance, ayant soin de demeurer dans l’obscurité, mais qui, en restant hors de sa vue, ne le perdait cependant pas des yeux.
Ce fut sans doute pour jouir de cette perspective, qui semblait lui être particulièrement agréable, qu’il s’assit sur le parapet, juste en face de la porte du bouchon où l’ouvrier buvait sa chopine, et qu’il se remit en route cinq secondes après que celui-ci, l’ayant achevée, franchissait le seuil de la porte pour reprendre son chemin.
Mais qui peut dire où s’arrêteront les lèvres qui se sont une fois humectées à la fatale coupe de l’ivresse, et qui se sont aperçues, avec cet étonnement mêlé de satisfaction tout particulier aux ivrognes, que rien n’altère comme de boire ? À peine l’ouvrier eut-il fait cent pas, que sa soif était telle qu’il lui fallut s’arrêter de nouveau pour l’étancher ; seulement, cette fois, il comprit que c’était trop peu d’une chopine, et demanda une demi-bouteille.
L’ombre qui semblait s’être attachée à lui ne parut nullement mécontente des retards que ce besoin de se rafraîchir apportait dans l’accomplissement de sa route. Elle s’arrêta à l’angle même du cabaret ; et, quoique le buveur se fût assis pour être plus à son aise, et eût mis un bon quart d’heure à siroter sa demi-bouteille, l’ombre bénévole ne donna aucun signe d’impatience, se contentant, au moment de la sortie, de le suivre du même pas qu’elle avait fait jusqu’à l’entrée.
Au bout de cent autres pas, cette longanimité fut mise à une nouvelle et plus rude épreuve ; l’ouvrier fit une troisième halte, et, cette fois, comme sa soif allait augmentant, il demanda une bouteille entière.
Ce fut encore une demi-heure d’attente pour le patient argus qui s’était attaché à ses pas.
Sans doute, ces cinq minutes, ce quart d’heure, cette demi-heure, successivement perdus, soulevèrent une espèce de remords dans le cœur du buveur ; car, ne voulant plus s’arrêter, à ce qu’il paraît, mais désirant continuer de boire, il passa avec lui-même une espèce de transaction qui consista à se munir, au moment du départ, d’une bouteille de vin toute débouchée dont il résolut de faire la compagne de sa route.
C’était une résolution sage et qui ne retardait celui qui l’avait prise qu’en raison des courbes de plus en plus étendues, et des zigzags de plus en plus réitérés qui furent le résultat de chaque rapprochement qui se fit entre le goulot de la bouteille et les lèvres altérées du buveur.
Dans une de ces courbes adroitement combinées, il franchit la barrière de Passy, sans empêchement aucun – les liquides, comme on sait, étant affranchis de tout droit d’octroi à la sortie de la capitale.
L’inconnu qui le suivait sortit derrière lui, et avec le même bonheur que lui.
Ce fut à cent pas de la barrière que notre homme dut se féliciter de l’ingénieuse précaution qu’il avait prise ; car, à partir de là, les cabarets devinrent de plus en plus rares, jusqu’à ce qu’enfin ils disparussent tout à fait.
Mais qu’importait à notre philosophe ? Comme le sage antique, il portait avec lui, non seulement sa fortune, mais encore sa joie.
Nous disons sa joie, attendu que, vers la moitié de la bouteille, notre buveur se mit à chanter, et personne ne contestera que le chant ne soit, avec le rire, un des moyens donnés à l’homme de manifester sa joie.
L’ombre du buveur paraissait fort sensible à l’harmonie de ce chant, qu’elle avait l’air de répéter tout bas, et à l’expression de cette joie, dont elle suivait les phases avec un intérêt tout particulier. Mais, par malheur, la joie fut éphémère, et le chant de courte durée. La joie ne dura que juste le temps que dura le vin dans la bouteille, et, la bouteille vide et inutilement pressée à plusieurs reprises entre les deux mains du buveur, le chant se changea en grognements, qui, s’accentuant de plus en plus, finirent par dégénérer en imprécations.
Ces imprécations s’adressaient à des persécuteurs inconnus dont se plaignait en trébuchant notre infortuné voyageur.
– Oh ! le malheureux ! disait-il ; oh ! la malheureuse !… à un ancien ami, à un maître, donner du vin frelaté… pouah ! Aussi, qu’il me renvoie chercher pour lui repasser ses serrures ; qu’il me renvoie chercher par son traître de compagnon qui m’abandonne, et je lui dirai « Bonsoir, sire ! que Ta Majesté repasse ses serrures elle-même. » Et nous verrons si, une serrure, ça se fait comme un décret… Ah ! je t’en donnerai, des serrures à trois barbes… Ah ! je t’en donnerai des pênes à gâchette… Ah ! je t’en donnerai… des clefs forées, avec un panneton… entaillé, entail… Oh ! le malheureux !… Oh ! la malheureuse ! décidément, ils m’ont empoisonné !
Et, en disant ces mots, vaincu par la force du poison, sans doute, la malheureuse victime se laissa aller tout de son long pour la troisième fois sur le pavé de la route, moelleusement recouvert d’une épaisse couche de boue.
Les deux premières fois, notre homme s’était relevé seul ; l’opération avait été difficile, mais, enfin, il l’avait accomplie à son honneur ; la troisième fois, après des efforts désespérés, il fut obligé de s’avouer à lui-même que la tâche était au-dessus de ses forces ; et, avec un soupir qui ressemblait à un gémissement, il parut se décider à prendre pour couche, cette nuit-là, le sein de notre mère commune, la terre.
C’était sans doute à ce point de découragement et de faiblesse que l’attendait l’inconnu qui, depuis la place Louis-XV, le suivait avec tant de persévérance ; car, après lui avoir laissé tenter, en se tenant à distance, les efforts infructueux que nous avons essayé de peindre, il s’approcha de lui avec précaution, fit le tour de sa grandeur écroulée, et, appelant un fiacre qui passait :
– Tenez, mon ami, dit-il au cocher, voici mon compagnon qui vient de se trouver mal ; prenez cet écu de six livres, mettez le pauvre diable dans l’intérieur de votre voiture, et conduisez-le au cabaret du pont de Sèvres. Je monterai près de vous.
Il n’y avait rien d’étonnant dans cette proposition que celui des deux compagnons resté debout faisait au cocher, de partager son siège, attendu qu’il paraissait lui-même un homme de condition assez vulgaire. Aussi, avec la touchante confiance que les hommes de cette condition ont les uns pour les autres :
– Six francs ! répondit le cocher ; et où sont-ils, tes six francs ?
– Les voilà, mon ami, dit sans paraître formalisé le moins du monde, et en présentant un écu au cocher, celui qui avait offert cette somme.
– Et, arrivé là-bas, notre bourgeois, dit l’automédon adouci par la vue de la royale effigie, il n’y aura pas un petit pourboire ?
– C’est selon comme nous aurons marché. Charge ce pauvre diable dans ta voiture, ferme consciencieusement les portières, tâche de faire tenir jusque-là tes deux rosses sur leurs quatre pieds, et, arrivés au pont de Sèvres, nous verrons… selon que tu te seras conduit, on se conduira.
– À la bonne heure, dit le cocher, voilà ce qui s’appelle répondre. Soyez tranquille, notre bourgeois, on sait ce que parler veut dire. Montez sur le siège, et empêchez les poulets d’Inde de faire des bêtises – dame ! à cette heure-ci, ils sentent l’écurie, et sont pressés de rentrer – je me charge du reste.
Le généreux inconnu suivit sans observation aucune l’instruction qui lui était donnée ; de son côté, le cocher, avec toute la délicatesse dont il était susceptible, souleva l’ivrogne entre ses bras, le coucha mollement entre les deux banquettes de son fiacre, referma la portière, remonta sur son siège, où il trouva l’inconnu établi, fit tourner sa voiture, et fouetta ses chevaux, qui, avec la mélancolique allure familière à ces infortunés quadrupèdes, traversèrent bientôt le hameau du Point-du-Jour, et, au bout d’une heure de marche, arrivèrent au cabaret du pont de Sèvres.
C’est dans l’intérieur de ce cabaret qu’après dix minutes consacrées au déballage du citoyen Gamain, que le lecteur a sans doute reconnu depuis longtemps, nous retrouverons le digne maître sur maître, maître sur tous, assis à la même table, et en face du même ouvrier armurier, que nous l’avons vu assis au premier chapitre de cette histoire.

Chapitre 2 Ce que c’est que le hasard

Maintenant, comment ce déballage s’est-il opéré, et comment maître Gamain était-il passé, de l’état presque cataleptique où nous l’avons laissé, à l’état presque naturel où nous le revoyons ?
L’hôte du cabaret du pont de Sèvres était couché, et pas le moindre filon de lumière ne filtrait par la gerçure de ses contrevents, lorsque les premiers coups de poing du philanthrope qui avait recueilli maître Gamain retentirent sur sa porte. Ces coups de poing étaient appliqués de telle façon qu’ils ne permettaient pas de croire que les hôtes de la maison, si adonnés qu’ils fussent au sommeil, dussent jouir d’un long repos en face d’une pareille attaque.
Aussi, tout endormi, tout trébuchant, tout grommelant, le cabaretier vint-il ouvrir lui-même à ceux qui le réveillaient ainsi, se promettant de leur administrer une récompense digne du dérangement, si, comme il le disait lui-même, le jeu n’en valait pas la chandelle.
Il paraît que le jeu contrebalança au moins la valeur de la chandelle ; car, au premier mot que l’homme qui frappait de si irrévérente manière glissa tout bas à l’hôte du cabaret du pont de Sèvres, celui-ci ôta son bonnet de coton, et, tirant des révérences que son costume rendait singulièrement grotesques, il introduisit maître Gamain et son conducteur dans le petit cabinet où nous l’avons déjà vu, dégustant le bourgogne, sa liqueur favorite.
Mais, cette fois-ci, pour en avoir trop dégusté, maître Gamain était à peu près sans connaissance.
D’abord, comme cocher et chevaux avaient fait chacun ce qu’ils avaient pu, l’un de son fouet, les autres de leurs jambes, l’inconnu commença par s’acquitter envers eux en ajoutant une pièce de vingt-quatre sous, à titre de pourboire, à celle de six livres déjà donnée à titre de paiement.
Puis, voyant maître Gamain carrément assis sur une chaise, la tête appuyée au lambris avec une table devant sa personne, il s’était hâté de faire apporter par l’hôte deux bouteilles de vin et une carafe d’eau, et d’ouvrir lui-même la croisée et les volets pour changer l’air méphitique que l’on respirait à l’intérieur du cabaret.
Cette dernière précaution, dans une autre circonstance, eût été assez compromettante. En effet, tout observateur sait qu’il n’y a que les gens d’un certain monde qui aient besoin de respirer l’air dans les conditions où la nature le fait, c’est-à-dire composé de soixante et dix parties d’oxygène, de vingt et une parties d’azote, et de deux parties d’eau – tandis que les gens du vulgaire, habitués à leurs habitations infectes, l’absorbent sans difficulté aucune, si chargé qu’il soit de carbone ou d’azote.
Par bonheur, personne n’était là pour faire une semblable observation. L’hôte lui-même, après avoir apporté avec assez d’empressement les deux bouteilles de vin et avec lenteur la carafe d’eau, l’hôte lui-même s’était respectueusement retiré, et avait laissé l’inconnu en tête à tête avec maître Gamain.
Le premier, comme nous l’avons vu, avait, tout d’abord, eu soin de renouveler l’air ; puis, avant même que la fenêtre fût refermée, il avait approché un flacon des narines dilatées et sifflantes du maître serrurier, en proie à ce dégoûtant sommeil de l’ivresse qui guérirait bien certainement les ivrognes de l’amour du vin, si, par un miracle de la puissance du Très-Haut, il était une seule fois donné aux ivrognes de se voir dormir.
En respirant l’odeur pénétrante de la liqueur contenue dans le flacon, maître Gamain avait rouvert les yeux tout grands, et avait immédiatement éternué avec fureur, puis il avait murmuré quelques paroles inintelligibles pour tout autre sans doute que le philosophe exercé qui, en les écoutant avec une profonde attention, parvint à distinguer ces trois ou quatre mots :
– Le malheureux… il m’a empoisonné… empoisonné !…
L’armurier parut reconnaître avec satisfaction que maître Gamain était toujours sous l’empire de la même idée ; il approcha le flacon de ses narines ; ce qui, rendant quelque force au digne fils de Noé, lui permit de compléter le sens de sa phrase, en ajoutant aux paroles déjà prononcées ces deux dernières paroles, accusation d’autant plus terrible qu’elle dénotait à la fois un abus de confiance et un oubli de cœur.
– Empoisonner un ami !… un ami !…
– Le fait est que c’est horrible, observa l’armurier.
– Horrible !… balbutia Gamain.
– Infâme ! reprit le numéro 1.
– Infâme ! répéta le numéro 2.
– Par bonheur, dit l’armurier, j’étais là, moi, pour vous donner du contrepoison.
– ...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1 - Où il est démontré qu’il y a véritablement un Dieu pour les ivrognes
  3. Chapitre 2 - Ce que c’est que le hasard
  4. Chapitre 3 - La machine de M. Guillotin
  5. Chapitre 4 - Une soirée au pavillon de Flore
  6. Chapitre 5 - Ce que la reine avait vu dans une carafe, vingt ans auparavant au château de Taverney
  7. Chapitre 6 - Le médecin du corps et le médecin de l’âme
  8. Chapitre 7 - Monsieur désavoue Favras, et le roi prête serment à la Constitution
  9. Chapitre 8 - Un gentilhomme
  10. Chapitre 9 - Où la prédiction de Cagliostro s’accomplit
  11. Chapitre 10 - La place de Grève
  12. Chapitre 11 - La monarchie est sauvée
  13. Chapitre 12 - Retour à la ferme
  14. Chapitre 13 - Pitou garde-malade
  15. Chapitre 14 - Pitou confident
  16. Chapitre 15 - Pitou géographe
  17. Chapitre 16 - Pitou capitaine d’habillement
  18. Chapitre 17 - Où l’abbé Fortier donne une nouvelle preuve de son esprit contre-révolutionnaire
  19. Chapitre 18 - La Déclaration des droits de l’homme
  20. Chapitre 19 - Sous la fenêtre
  21. Chapitre 20 - Le père Clouïs reparaît sur la scène
  22. Chapitre 21 - Le jeu de barres
  23. Chapitre 22 - L’affût au loup
  24. Chapitre 23 - Où l’orage a passé
  25. Chapitre 24 - La grande trahison de M. de Mirabeau
  26. Chapitre 25 - L’élixir de vie
  27. Chapitre 26 - Au-dessous de quatre degrés il n’y a plus de parents
  28. Chapitre 27 - Une femme qui ressemble à la reine
  29. Chapitre 28 - Où l’influence de la dame inconnue commence à se faire sentir
  30. Chapitre 29 - Le Champ-de-Mars
  31. Chapitre 30 - Où l’on voit ce qu’était devenue Catherine, mais où l’on ignore ce qu’elle deviendra
  32. Chapitre 31 - Le 14 juillet 1790
  33. Chapitre 32 - Ici l’on danse
  34. Chapitre 33 - Le rendez-vous
  35. Chapitre 34 - La loge de la rue Plâtrière
  36. Chapitre 35 - Compte rendu
  37. Chapitre 36 - Liberté ! Egalité ! Fraternité !
  38. Chapitre 37 - Les femmes et les fleurs
  39. À propos de cette édition électronique
  40. Notes de bas de page