Waterloo
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About this book

Voici la suite de l'histoire de Joseph Bertha. Guéri de sa terrible maladie, le «Conscrit de 1813» est en congé «dans ses foyers» apres la chute de l'Empereur. Il attend avec impatience du ministre de la Guerre de Louis XVIII la permission de se marier, qui finit par arriver. Mais la royauté restaurée déçoit tellement l'opinion, avec les émigrés de retour qui réclament tous leurs anciens privileges et qui se comportent comme si la Révolution n'avait jamais eu lieu, que Napoléon revient de son exil de l'ßle d'Elbe, entraßnant dans son sillage tous ses anciens soldats mis au rebut par le nouveau pouvoir et tous les patriotes autour du drapeau tricolore, qui voient en lui le Jacobin adversaire des Bourbons et du cléricalisme. Joseph Bertha est rappelé a son régiment et doit partir pour la campagne de Belgique ou la France affronte une coalition de toute l'Europe. Survivant aux terribles combats (victoire de Ligny, désastre de Waterloo), il suit l'armée impériale qui tente d'empecher l'invasion de la patrie jusque sous Paris. La seconde abdication de l'empereur le pousse a déserter et, en compagnie de quelques camarades, a revenir a pied au pays ou il menera une vie paisible avec sa femme.

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Information

Chapitre 1

Je n’ai jamais rien vu d’aussi joyeux que le retour de Louis XVIII, en 1814. C’était au printemps, quand les haies, les jardins et les vergers refleurissent. On avait eu tant de misĂšres depuis des annĂ©es, on avait craint tant de fois d’ĂȘtre pris par la conscription et de ne plus revenir, on Ă©tait si las de toutes ces batailles, de toute cette gloire, de tous ces canons enlevĂ©s, de tous ces Te Deum, qu’on ne pensait plus qu’à vivre en paix, Ă  jouir du repos, Ă  tĂącher d’acquĂ©rir un peu d’aisance et d’élever honnĂȘtement sa famille par le travail et la bonne conduite.
Oui, tout le monde Ă©tait content, exceptĂ© les vieux soldats et les maĂźtres d’armes. Je me rappelle que, le 3 mai, quand l’ordre arriva de monter le drapeau blanc sur l’église, toute la ville en tremblait, Ă  cause des soldats de la garnison, et qu’il fallut donner six louis Ă  Nicolas Passauf, le couvreur, pour accomplir cette action courageuse. On le voyait de toutes les rues avec son drapeau de soie blanche, la fleur de lis au bout, et de toutes les fenĂȘtres des deux casernes les canonniers de marine tiraient sur lui. Passauf planta le drapeau tout de mĂȘme, et descendit ensuite se cacher dans la grange des Trois-Maisons, pendant que les marins le cherchaient en ville pour le massacrer.
C’est ainsi que ces gens se conduisaient. Mais les ouvriers, les paysans et les bourgeois en masse criaient : « Vive la paix ! À bas la conscription et les droits rĂ©unis ! » parce que tout le monde Ă©tait las de vivre comme l’oiseau sur la branche, et de se faire casser les os pour des choses qui ne nous regardaient pas.
On pense bien qu’au milieu de cette grande joie, le plus heureux c’était moi ; les autres n’avaient pas eu le bonheur de rĂ©chapper des terribles batailles de Weissenfelz, de Lutzen, de Leipzig, et du typhus ; moi, je connaissais la gloire, et cela me donnait encore plus l’amour de la paix et l’horreur de la conscription.
J’étais revenu chez le pĂšre Goulden, et toute ma vie je me rappellerai la maniĂšre dont il m’avait reçu, toute ma vie je l’entendrai crier en me tendant les bras : « C’est toi, Joseph !
 Ah ! mon cher enfant, je te croyais perdu ! » Nous pleurions en nous embrassant. Et depuis nous vivions ensemble comme deux vĂ©ritables amis ; il me faisait raconter mille et mille fois nos batailles, et m’appelait en riant : le vieux soldat.
Ensuite, c’est lui qui me racontait le blocus de Phalsbourg ; comment les ennemis Ă©taient arrivĂ©s devant la ville en janvier, comment les anciens de la RĂ©publique, restĂ©s seuls avec quelques centaines de canonniers de marine, s’étaient dĂ©pĂȘchĂ©s de monter nos canons sur les remparts ; comment il avait fallu manger du cheval Ă  cause de la disette, et casser les fourneaux des bourgeois pour faire de la mitraille. Le pĂšre Goulden, malgrĂ© ses soixante ans, avait Ă©tĂ© pointeur sur le bastion de la poudriĂšre, du cĂŽtĂ© de Bichelberg, et je me le figurais toujours avec son bonnet de soie noire et ses besicles, en train de pointer une grande piĂšce de vingt-quatre ; cela nous faisait rire tous les deux et nous aidait Ă  passer le temps.
Nous avions repris toutes nos vieilles habitudes ; c’est moi qui dressais la table et qui faisais le pot-au-feu. J’étais aussi rentrĂ© dans ma petite chambre, et je rĂȘvais Ă  Catherine jour et nuit. Seulement, au lieu d’avoir peur de la conscription, comme en 1813, alors c’était autre chose. Les hommes ne sont jamais tout Ă  fait heureux ; il faut toujours des misĂšres qui les tracassent ; combien de fois n’ai-je pas vu cela dans ma vie ! Enfin, voici ce qui me donnait du chagrin :
Vous saurez que je devais me marier avec Catherine ; nous Ă©tions d’accord, et la tante GrĂ©del ne demandait pas mieux. Malheureusement, on avait bien licenciĂ© les conscrits de 1815, mais ceux de 1813 restaient toujours soldats. Ce n’était plus aussi dangereux d’ĂȘtre soldat que sous l’Empire. Beaucoup d’entre ceux qui s’étaient retirĂ©s dans leur village vivaient tranquillement sans voir arriver les gendarmes ; mais cela n’empĂȘchait pas que, pour me marier, il fallait une permission. Le nouveau maire, M. Jourdan, n’aurait jamais voulu m’inscrire sur les registres, sans avoir cette permission, et voilĂ  ce qui me troublait.
Tout de suite Ă  l’ouverture des portes, le pĂšre Goulden avait Ă©crit au ministre de la guerre, qui s’appelait Dupont, que je me trouvais Ă  Phalsbourg, encore un peu malade, et que je boitais, depuis ma naissance, comme un malheureux, mais qu’on m’avait pris tout de mĂȘme dans la presse ; – que j’étais un mauvais soldat, qui ferait un trĂšs-bon pĂšre de famille, et que ce serait un vĂ©ritable meurtre de m’empĂȘcher de me marier, parce qu’on n’avait jamais vu d’homme plus mal bĂąti ni plus criblĂ© de dĂ©fauts ; qu’il faudrait me mettre dans un hĂŽpital, etc., etc.
C’était une trĂšs-belle lettre et qui disait aussi la vĂ©ritĂ©. Rien que l’idĂ©e de repartir m’aurait rendu malade.
Enfin, de jour en jour, nous attendions la rĂ©ponse du ministre, la tante GrĂ©del, le pĂšre Goulden, Catherine et moi. J’avais une impatience qu’on ne peut pas se figurer ; quand le facteur Brainstein, le fils du sonneur de cloches, passait dans la rue, je l’entendais venir d’une demi-lieue ; cela me troublait, je ne pouvais plus rien faire et je me penchais Ă  la fenĂȘtre. Je le regardais entrer dans toutes les maisons, et quand il s’arrĂȘtait un peu trop, je m’écriais en moi-mĂȘme : « Qu’est-ce qu’il a donc Ă  bavarder si longtemps ? Est-ce qu’il ne pourrait pas donner sa lettre tout de suite et ressortir ? C’est une vĂ©ritable commĂšre, ce fils Brainstein ! » Je le prenais en grippe, quelquefois mĂȘme je descendais et je courais Ă  sa rencontre en lui disant :
« Vous n’avez rien pour moi ?
– Non, monsieur Joseph, non, je n’ai rien, » disait-il en regardant ses lettres.
Alors je revenais bien triste, et le pùre Goulden, qui m’avait vu, criait :
« Enfant ! enfant ! voyons, un peu de patience, que diable ! cela viendra
 cela viendra
nous ne sommes plus en temps de guerre.
– Mais il aurait dĂ©jĂ  pu rĂ©pondre dix fois, monsieur Goulden. !
– Est-ce que tu crois qu’il n’a d’affaire que la tienne ? Il lui arrive des centaines de lettres pareilles tous les jours ; chacun reçoit la rĂ©ponse Ă  son tour, Joseph. Et puis, tout est bouleversĂ© maintenant de fond en comble. Allons, allons, nous ne sommes pas seuls au monde ; beaucoup d’autres braves garçons, qui veulent se marier, attendent leur permission. » Je trouvais ses raisons bien bonnes, mais je m’écriais en moi-mĂȘme : « Ah ! si ce ministre savait le plaisir qu’il peut nous faire en Ă©crivant deux mots, je suis sĂ»r qu’il Ă©crirait tout de suite. Comme nous le bĂ©nirions, Catherine et moi, et la tante GrĂ©del et tout le monde ! » Enfin, il fallait toujours attendre.
Les dimanches, on pense bien aussi que j’avais repris mon habitude d’aller aux Quatre-Vents, et ces jours-lĂ  je m’éveillais de grand matin. Je ne sais quoi me rĂ©veillait. Dans les premiers temps, je croyais encore ĂȘtre soldat ; cela me donnait froid. Ensuite j’ouvrais les yeux, je regardais le plafond et je pensais : « Tu es chez le pĂšre Goulden, Ă  Phalsbourg, dans la petite chambre. C’est aujourd’hui dimanche et tu vas chez Catherine ! » Cette idĂ©e me rĂ©veillait tout Ă  fait ; je voyais Catherine d’avance, avec ses bonnes joues roses et ses yeux bleus. J’aurais voulu me lever tout de suite, m’habiller et partir ; mais l’horloge sonnait quatre heures, les portes de la ville Ă©taient encore fermĂ©es.
Il fallait rester ; ce retard m’ennuyait beaucoup. Pour prendre patience, je recommençais depuis le commencement toutes nos amours ; je me figurais les premiers temps : la peur de la conscription, le mauvais numĂ©ro, le Bon pour le service ! du vieux gendarme Werner Ă  la mairie ; le dĂ©part, la route, Mayence, la grande rue de Capougnerstrasse, la bonne femme qui m’avait fait un bain de pieds ; plus loin, Francfort, Erfurt, oĂč j’avais reçu la premiĂšre lettre, deux jours avant la bataille ; les Russes, les Prussiens, enfin tout
 Et je pleurais en moi-mĂȘme. – Mon idĂ©e de Catherine revenait toujours. Cinq heures sonnaient, alors je sautais du lit, je me lavais, je me faisais la barbe, je m’habillais, et le pĂšre Goulden, encore sous ses grands rideaux, le nez en l’air, me disait :
« HĂ© ! je t’entends, je t’entends. ...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1
  3. Chapitre 2
  4. Chapitre 3
  5. Chapitre 4
  6. Chapitre 5
  7. Chapitre 6
  8. Chapitre 7
  9. Chapitre 8
  10. Chapitre 9
  11. Chapitre 10
  12. Chapitre 11
  13. Chapitre 12
  14. Chapitre 13
  15. Chapitre 14
  16. Chapitre 15
  17. Chapitre 16
  18. Chapitre 17
  19. Chapitre 18
  20. Chapitre 19
  21. Chapitre 20
  22. Chapitre 21
  23. Chapitre 22
  24. À propos de cette Ă©dition Ă©lectronique
  25. Notes de bas de page