Henri IV
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Henri IV

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About this book

Ce drame en trois actes explore le thĂšme de la folie et se dĂ©roule sur une journĂ©e. Il met en scĂšne un personnage (jamais nommĂ©) qui se prend pour l'empereur Henri IV du Saint-Empire depuis une chute de cheval survenue vingt ans auparavant. À l'instigation de son neveu le Comte de Nolli, son entourage se prĂȘte Ă  sa folie et joue la cour de l'empereur. Lorsque la piĂšce commence, la soeur du personnage central, mourante, a fait venir un dernier docteur pour tenter de soigner son frĂšre. Le docteur est accompagnĂ© de Frida, la fiancĂ©e de Nolli, de Matilda, la mĂšre de Frida, ancien amour du personnage central, et de Belcredi, vieil ami du personnage central et amant de Matilda. L'intrigue se dĂ©veloppe entre les scĂšnes de cour, oĂč chacun s'efforce de jouer plus ou moins bien son rĂŽle, et les interrogations des personnages «sains d'esprit»...

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Information

Publisher
Booklassic
eBook ISBN
9789635246144
Subtopic
Drama

ACTE PREMIER

Le salon d’une villa amĂ©nagĂ© de façon Ă  reprĂ©senter ce que pouvait ĂȘtre la salle du trĂŽne du palais impĂ©rial de Goslar, au temps d’Henri IV. Mais, tranchant sur le mobilier ancien, deux tableaux modernes, deux portraits de grandeur naturelle, se dĂ©tachent sur le mur du fond, placĂ©s Ă  peu de hauteur du parquet, au-dessus d’un entablement de bois sculptĂ© qui court le long du mur, large et saillant, de façon Ă  ce qu’on puisse s’y asseoir comme sur une banquette. L’un de ces tableaux est Ă  droite, l’autre Ă  gauche du trĂŽne, qui interrompt l’entablement au milieu du mur, pour y insĂ©rer le siĂšge impĂ©rial sous son baldaquin bas. Les deux tableaux reprĂ©sentent l’un, un homme, l’autre, une femme, jeunes, chacun revĂȘtu d’un travesti de carnaval : l’homme est dĂ©guisĂ© en Henri IV, la femme en Mathilde de Toscane. Portes Ă  droite et Ă  gauche.
Au lever du rideau, deux hommes d’armes, comme surpris en faute, bondissent de l’entablement oĂč ils Ă©taient Ă©tendus et vont s’immobiliser de part et d’autre du trĂŽne, avec leurs hallebardes. Peu aprĂšs, par la seconde porte Ă  droite entrent : Ariald, Landolf, Ordulf et Berthold, jeunes gens payĂ©s par le marquis Carlo di Molli pour jouer le rĂŽle de « conseillers secrets », seigneurs appartenant Ă  la petite noblesse et appelĂ©s Ă  la cour de Henri IV. Ils revĂȘtent le costume des chevaliers du XIe siĂšcle. Le dernier, Berthold, de son vrai nom Fino, prend son service pour la premiĂšre fois. Ses trois camarades lui donnent des dĂ©tails tout en se moquant de lui. La scĂšne sera jouĂ©e avec un grand brio.
LANDOLF, à Berthold, poursuivant ses explications. – Et maintenant, voilà la salle du trîne !
ARIALD. – À Goslar !
ORDULF. – Ou, si tu prĂ©fĂšres, au chĂąteau du Hartz !
ARIALD. – Ou encore, à Worms.
LANDOLF. – C’est selon l’épisode que nous reprĂ©sentons
 La salle se dĂ©place avec nous.
ORDULF. – De Saxe en Lombardie.
ARIALD. – Et de Lombardie

LANDOLF. – Sur le Rhin !
UN DES HOMMES D’ARMES, sans bouger remuant seulement les lùvres. – Psst ! Psst !
ARIALD, se retournant à cet appel. – Qu’est-ce qu’il y a ?
PREMIER HOMME D’ARMES, toujours immobile comme une statue, à mi-voix. – Il entre ou non ?
Il fait allusion Ă  Henri IV.
ORDULF. – Non, non, il dort ; prenez vos aises.
DEUXIÈME HOMME D’ARMES, quittant sa position en mĂȘme temps que le premier et allant de nouveau s’étendre sur l’entablement. – Eh, bon Dieu ! vous auriez pu le dire tout de suite !
PREMIER HOMME D’ARMES, s’approchant d’Ariald. – S’il vous plaüt, vous n’auriez pas une allumette ?
LANDOLF. – HĂ© lĂ  ! pas de pipes ici !
PREMIER HOMME D’ARMES, tandis qu’Ariald lui tend une allumette enflammĂ©e. – Non, non, je vais fumer une cigarette

Il allume et va s’étendre Ă  son tour, en fumant, sur l’entablement.
BERTHOLD, qui observe la scĂšne d’un air stupĂ©fait et perplexe, promĂšne son regard autour de la salle, puis, examinant son costume et celui de ses camarades. – Mais pardon
 cette salle
 ces costumes
 de quel Henri IV s’agit-il ? Je ne m’y retrouve pas du tout
 D’Henri IV de France ou d’un autre ?
À cette question, Landolf, Ariald et Ordulf Ă©clatent d’un rire bruyant.
LANDOLF, riant toujours et montrant du doigt Berthold à ses camarades, qui continuent à rire, comme pour les inviter à se moquer encore de lui. – Henri IV de France !
ORDULF, de mĂȘme. – Il croyait que c’était celui de France !
ARIALD. – C’est d’Henri IV d’Allemagne qu’il s’agit, mon cher
 Dynastie des Saliens !
ORDULF. – Le grand empereur tragique !
LANDOLF. – L’homme de Canossa ! Nous menons ici, jour aprùs jour, la plus impitoyable des guerres, entre l’État et l’Église, comprends-tu ?
ORDULF. – L’Empire contre la PapautĂ© ! As-tu compris ?
ARIALD. – Les antipapes contre les papes !
LANDOLF. – Les rois contre les antirois !
ORDULF. – Et guerre au Saxon !
ARIALD. – Et guerre à tous les princes rebelles !
LANDOLF. – Guerre aux fils de l’Empereur eux-mĂȘmes !
BERTHOLD, sous cette avalanche, plongeant sa tĂȘte dans ses mains. – J’ai compris ! J’ai compris ! VoilĂ  pourquoi je ne m’y retrouvais plus du tout, quand vous m’avez donnĂ© ce costume et m’avez fait entrer dans cette salle ! Je me disais aussi : ce ne sont pourtant pas des costumes du XVIe siĂšcle !
ARIALD. – Il n’y a pas plus de XVIe siùcle que sur ma main !
ORDULF. – Nous sommes ici entre l’an 1000 et l’an 1100 !
LANDOLF. – Tu peux calculer toi-mĂȘme : c’est aujourd’hui le 25 janvier 1071, nous sommes devant Canossa

BERTHOLD, de plus en plus affolĂ©. – Mais alors, bon Dieu ! je suis fichu !
ORDULF. – Ah ! ça
 Si tu te croyais à la cour de France !
BERTHOLD. – Toute ma prĂ©paration historique

LANDOLF. – Nous sommes, mon cher, plus ĂągĂ©s de quatre cents ans ! Tu nous fais l’effet d’un enfant au maillot !
BERTHOLD, en colĂšre. – Mais, sapristi, on aurait pu me dire qu’il s’agissait d’Henri IV d’Allemagne et non pas d’Henri IV de France ! Dans les quinze jours qu’on m’a donnĂ©s pour ma prĂ©paration, j’ai peut-ĂȘtre lu cent bouquins !
ARIALD. – Mais pardon, ne savais-tu pas que ce pauvre Tito reprĂ©sentait ici Adalbert de BrĂȘme ?
BERTHOLD. – Qu’est-ce que tu me chantes avec ton Adalbert ? Je ne savais rien du tout !
LANDOLF. – Écoute : voici comment les choses se sont passĂ©es : aprĂšs la mort de Tito, le petit marquis di Nolli

BERTHOLD. – PrĂ©cisĂ©ment, c’est la faute du marquis ! C’était Ă  lui de me prĂ©venir !

ARIALD. – Mais il te croyait sans doute au courant !

LANDOLF. – Eh bien, voici : il ne voulait pas remplacer Tito. Nous restions trois, le marquis trouvait que c’était suffisant. Mais Lui a commencĂ© Ă  crier : « Adalbert a Ă©tĂ© chassĂ© ! » Ce pauvre Tito, comprends-tu, il ne le croyait pas mort. Il s’imaginait que les Ă©vĂȘques de Cologne et de Mayence, les rivaux de l’évĂȘque Adalbert, l’avaient chassĂ© de sa cour.
BERTHOLD, se prenant la tĂȘte Ă  deux mains. – Mais je ne sais pas le premier mot de toute cette histoire, moi !
ORDULF. – Eh bien, alors, mon pauvre, te voilà frais !
ARIALD. – Le malheur, c’est que nous ne savons pas nous-mĂȘmes qui tu es !
BERTHOLD. – Vous ne savez pas quel rîle je dois jouer ?
ORDULF. – Hum ! Le rĂŽle de « Berthold ».
BERTHOLD. – Mais Berthold, qui est-ce ? Pourquoi Berthold ?
LANDOLF, – Est-ce qu’on sait ! Il s’est mis Ă  crier : « Ils m’ont chassĂ© Adalbert ! Alors qu’on m’amĂšne Berthold ! Je veux Berthold ! »
ARIALD. – Nous nous sommes regardĂ©s tous les trois dans les yeux : qui diable Ă©tait ce Berthold ?
ORDULF. – VoilĂ , mon cher, comment tu as Ă©tĂ© transformĂ© en Berthold.
LANDOLF. – Tu vas jouer ce rîle à ravir !
BERTHOLD, rĂ©voltĂ© et faisant mine de s’en aller. – Oh ! mais je ne le jouerai pas ! Merci beaucoup ! Je m’en vais ! Je m’en vais !
ARIALD, le retenant, aidĂ© d’Ordulf, en riant. – Allons, calme-toi, calme-toi !
ORDULF. – Tu ne seras pas le Berthold stupide de la fable.
LANDOLF. – Tranquillise-toi : nous ne savons pas plus que toi qui nous sommes. Voici HĂ©rold, voilĂ  Ordulf, moi, je suis Landolf
 Il nous a donnĂ© ces noms
 Nous en avons pris l’habitude, mais qui sommes-nous ? Ce sont des noms de l’époque
 Berthold doit ĂȘtre aussi un nom de l’époque. Seul, le pauvre Tito jouait un rĂŽle vraiment historique, celui de l’évĂȘque de BrĂȘme. Et on aurait dit pour de bon un Ă©vĂȘque ! Il Ă©tait magnifique, ce pauvre Tito !
ARIALD. – Dame ! il avait pu Ă©tudier son rĂŽle dans les livres, lui !
LANDOLF. – Il donnait des ordres Ă  tout le monde, mĂȘme Ă  Sa MajestĂ© : il tranchait de tout, il s’érigeait en mentor et en grand conseiller. Nous sommes aussi « des conseillers secrets », mais
 c’est pour faire nombre. L’histoire dit qu’Henri IV Ă©tait dĂ©testĂ© par la haute aristocratie, parce qu’il s’était entourĂ© de jeunes gens de la petite noblesse.
ORDULF. – La petite noblesse, c’est nous.
LANDOLF. – Oui, nous sommes les petits vassaux du roi : dĂ©vouĂ©s, un peu dissolus, boute-en-train surtout

BERTHOLD. – Il faudra aussi que je sois boute-en-train ?
LANDOLF. – Mais oui, comme nous !
ORDULF. – Et je te prĂ©viens que ce n’est pas facile !
LANDOLF. – Mais quel dommage ! Tu vois, le cadre est parfait : nous pourrions, avec ces costumes, figurer dans un de ces drames historiques qui ont tant de succĂšs aujourd’hui au théùtre. Et ce n’est pas la matiĂšre qui fait dĂ©faut. L’histoire d’Henri IV ne contient pas une tragĂ©die, elle en contient dix
 Nous quatre et ces deux malheureux-lĂ  (il montre les deux hommes d’armes) quand ils se tiennent immobiles au pied du trĂŽne, raides comme des piquets, nous sommes comme des personnages qui n’ont pas rencontrĂ© un auteur, comme des acteurs Ă  qui on ne donne pas de piĂšce Ă  reprĂ©senter
 Comment dire ? La forme existe, c’est le contenu qui manque ! Ah ! nous sommes beaucoup moins favorisĂ©s que les vĂ©ritables conseillers d’Henri IV ; eux, personne ne leur donnait de rĂŽle Ă  jouer. Ils ignoraient mĂȘme qu’ils avaient un rĂŽle Ă  jouer ! Ils le jouaient au naturel, sans le savoir
 Pour eux, ce n’était pas un rĂŽle, c’était la vie, leur vie. Ils faisaient leurs affaires aux dĂ©pens d’autrui : ils vendaient les investitures, touchaient des pots-de-vin, toute la lyre
 Tandis que nous, nous voilĂ  habillĂ©s comme ils l’étaient, dans cet admirable cadre impĂ©rial
 Pour faire quoi ? Rien du tout
 Nous sommes pareils Ă  six marionnettes accrochĂ©es au mur, qui attendent un montreur qui se saisira d’elles, les mettra en mouvement et leur fera prononcer quelques phrases.
ARIALD. – Non, mon cher, pardon. Il nous faut rĂ©pondre dans le ton ! S’il te parle et que tu ne sois pas prĂȘt Ă  lui rĂ©pondre comme il veut, tu es perdu !
LANDOLF. – Oui, c’est vrai, c’est vrai !
BERTHOLD. – PrĂ©cisĂ©ment ! Comment pourrais-je lui rĂ©pondre dans le ton, moi, qui me suis prĂ©parĂ© pour un Henri IV de France et qui me trouve, Ă  prĂ©sent, en face d’un Henri IV d’Allemagne ?
Landolf, Ordulf et Ariald recommencent Ă  rire.
ARIALD. – Eh ! il faut te prĂ©parer sans retard !
ORDULF. – Ne t’inquiùte pas ! Nous allons t’aider.
ARIALD. – Si tu savais tous les livres que nous avons à notre disposition ! Tu n’auras qu’à en feuilleter quelques-uns.
ORDULF. – Mais oui, pour prendre une teinture

ARIALD. – Regarde ! (Il le fait tourner et lui montre, sur le mur du fond, le portrait de la marquise Mathilde.) Voyons, celle-là, qui est-ce ?
BERTHOLD, regardant. – Qui c’est ? Mais avant tout, quelqu’un qui n’est guùre dans le ton ! Deux tableaux modernes ici, au milieu de toutes ces antiquailles !
ARIALD. – Tu as parfaitement raison. Ils n’y Ă©taient pas au dĂ©but. Il y a deux niches derriĂšre ces tableaux. On devait y placer deux statues, sculptĂ©es dans le style de l’époque ; mais les niches sont restĂ©es vides et on les a dissimulĂ©es sous les deux portraits que tu vois

LANDOLF, l’interrompant et continuant. – 
 qui dĂ©tonneraient tout Ă  fait si c’étaient vĂ©ritablement des tableaux.
BERTHOLD. – Comment, ce ne sont pas des tableaux ?
LANDOLF. – Si, si, tu peux les toucher, ce sont des toiles peintes, mais, pour lui (il montre mystĂ©rieusement sa droite faisant allusion Ă  Henri IV) qui ne les touche pas

BERTHOLD. – Que sont-elles donc, pour lui ?
LANDOLF. – Simple interprĂ©tation de ma part
 tu sais, mais, au fond, je la crois juste. Pour lui, eh bien ! ce sont des images, des images comme
 voyons
 comme un miroir peut les offrir. Comprends-tu ? Celle ci (il montre le portrait d’Henri IV) le reprĂ©sente lui-mĂȘme vivant, tel qu’il est, dans cette salle du t...

Table of contents

  1. Titre
  2. PERSONNAGES
  3. ACTE PREMIER
  4. ACTE DEUXIÈME
  5. ACTE TROISIÈME
  6. À propos de cette Ă©dition Ă©lectronique