La Revanche de Roger-La-Honte - T1
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La Revanche de Roger-La-Honte - T1

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La Revanche de Roger-La-Honte - T1

About this book

La Revanche de Roger-La-Honte - T1 was written in the year 1889 by Jules Mary. This book is one of the most popular novels of Jules Mary, and has been translated into several other languages around the world.

This book is published by Booklassic which brings young readers closer to classic literature globally.

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Information

Partie 1
Premier épisode

Chapitre 1

À deux kilomĂštres et demi de la station de Saint-RĂ©my, est le village de Chevreuse, qui donne son nom Ă  la vallĂ©e.
C’est un village assez irrĂ©guliĂšrement bĂąti, dont la moitiĂ© est Ă©parpillĂ©e dans le fond de la vallĂ©e, dont une partie s’allonge le long de la rive de l’Yvette, et dont les autres maisons sont accrochĂ©es au flanc du coteau que dominent les ruines intĂ©ressantes du chĂąteau de Chevreuse.
Il y a nombre de maisons de campagne autour du village, quelques-unes habitĂ©es l’hiver comme l’étĂ© – la plupart, l’étĂ© seulement.
Une de ces villas, trĂšs Ă©lĂ©gante, flanquĂ©e de deux tourelles au toit en Ă©teignoir, et perdue dans un parc de haute futaie de chĂȘnes, Ă©tait Ă  vendre depuis quelque temps quand, tout au dĂ©but du printemps 1884, dans le mois de mars, le bruit courut Ă  Chevreuse, Ă  Saint-RĂ©my et dans les environs que le « chĂąteau » Ă©tait vendu Ă  un certain William Farney, un AmĂ©ricain trĂšs riche.
Les paysans purent voir, pendant tout le mois d’avril, des ouvriers au chĂąteau, puis, vers la fin du mois, des voitures de dĂ©mĂ©nagement apportant de Paris un luxueux mobilier.
Dans les premiers jours de mai, tout Ă©tait prĂȘt ; les domestiques Ă©taient installĂ©s puis les chevaux et les voitures, un landau, un coupĂ©, un grand break et une petite charrette anglaise pour les dĂ©placements de chasse. On n’attendait plus que le maĂźtre de la maison.
Un jour, descendirent à la gare de Saint-Rémy, à deux heures trente, deux personnes, un homme et une jeune fille.
L’homme Ă©tait de haute taille, d’apparence trĂšs vigoureuse et, quoique jeune encore, il avait les cheveux blancs ; sa barbe aussi, qu’il portait tout entiĂšre, Ă©tait blanche ; il eĂ»t Ă©tĂ© difficile du reste, de lui assigner un Ăąge certain sans crainte de se tromper, car, malgrĂ© les cheveux blancs, l’allure, la façon de porter la tĂȘte, tout indiquait que cet homme n’avait guĂšre plus de quarante-cinq ans. Le front Ă©tait large, les yeux noirs semblaient doux, mais une terrible blessure donnait je ne sais quelle physionomie Ă©trange et dure au visage : tout un cĂŽtĂ© de la figure, en effet, avait Ă©tĂ© brĂ»lĂ©, et, de ce cĂŽtĂ©, la barbe avait repoussĂ© plus clairsemĂ©e.
La jeune fille pouvait avoir une vingtaine d’annĂ©es. Grande, Ă©lĂ©gante, svelte, elle Ă©tait fort jolie, non point de cette beautĂ© ordinaire qui consiste en des traits rĂ©guliers. Elle avait mieux que cela : une physionomie d’une distinction rare, des yeux magnifiques, bleus, mais d’un bleu particulier, presque de la couleur de l’ardoise, avec des cils et des sourcils noirs. Elle Ă©tait blonde, d’un blond chaud, ardent ; sa chevelure gĂȘnante tant elle Ă©tait Ă©paisse et longue, entourait comme d’une aurĂ©ole d’or, un frais et fin visage, un peu allongĂ©, au nez droit, aux lĂšvres rouges, aux tempes trĂšs aplaties et au menton lĂ©gĂšrement accusĂ© – ces deux derniers signes trahissant une grande Ă©nergie, une grande force de caractĂšre. Elle Ă©tait vĂȘtue simplement, – ainsi que l’homme qui l’accompagnait.
Lorsqu’ils descendirent de leur compartiment de premiĂšre, le chef de gare les salua. Il reconnaissait l’homme pour l’avoir vu Ă  la station plusieurs fois dĂ©jĂ  ; c’était William Farney, le nouveau propriĂ©taire du chĂąteau de Maison-Blanche ; quant Ă  la dame, le chef pensa que c’était sa fille.
Sir William connaissait son chemin, sans aucun doute, car il n’hĂ©sita pas devant les sentiers qui se croisaient devant lui.
En sortant de la gare, il laissa Saint-RĂ©my sur la droite, tourna Ă  gauche, longea le remblai du chemin de fer et gagna une avenue plantĂ©e de marronniers superbes et qui conduisait Ă  l’un des nombreux chĂąteaux de la rĂ©gion, – le chĂąteau de Coubertin. Au bout, commence le mur du parc.
Le pĂšre et la fille quittĂšrent l’avenue pour traverser une prairie et prendre une allĂ©e de peupliers. Au bout de cette avenue se voyait Maison-Blanche.
Le pĂšre et la fille s’arrĂȘtĂšrent un moment.
Il y avait un banc de pierre entre deux peupliers, Ă  l’endroit oĂč l’avenue rejoignait la route.
Ils allùrent s’y asseoir.
Puis William Farney adressa, en anglais, la parole Ă  sa fille.
– Seras-tu heureuse ici, ma chùre enfant ?
– Je le crois, mon pùre : le pays est adorable.
– Du reste, Paris est à deux pas et tu penses bien que je ne t’ai pas conduite ici pour t’exiler et t’apprendre la solitude.
– Oh ! mon cher pĂšre, partout oĂč vous ĂȘtes, l’ennui ne vient jamais. Je me passerais du monde aisĂ©ment.
– Oui, Suzanne, je le sais, mais tu as besoin de plaisirs et je ferai tout mon possible pour te procurer des distractions.
– Vous ĂȘtes bon.
Le soleil Ă©clairait ardemment le chĂąteau, plus blanc Ă  cette distance parce qu’il ressortait sur le vert sombre de la haute futaie des chĂȘnes.
– Oui, mon pùre, fit la jeune fille en s’appuyant sur le bras de William Farney, je serai heureuse ici, trùs heureuse.
William regarda sa fille tendrement, et il étouffa un soupir.

Chapitre 2

Lorsque Roger avait quittĂ© pour la seconde fois la France, emportant le prĂ©cieux fardeau de Suzanne presque endormie dans ses bras, il n’avait fait qu’un court sĂ©jour en Belgique : le temps d’acheter un peu de linge pour sa fille et pour lui.
Aprùs quoi il avait pris passage avec Suzanne à bord d’un paquebot à destination de New York.
Il resta quelques mois seulement dans cette ville ; une occasion s’offrant Ă  lui de diriger une usine importante Ă  QuĂ©bec, il alla s’installer au Canada.
Il s’était remis au travail avec une sorte d’ñpretĂ©, rĂȘvant de reconstituer sa fortune et de revenir en France la consacrer tout entiĂšre, s’il le fallait, Ă  la dĂ©couverte du mystĂšre qui enveloppait le drame de Ville-d’Avray.
Il usait ses forces Ă  des labeurs acharnĂ©s, passant ses nuits Ă  des recherches scientifiques, essayant de trouver, le premier, quelques nouvelles formes d’exploitation et qui, remplaçant les procĂ©dĂ©s vieillis, lui donneraient Ă  bref dĂ©lai la richesse.
Il avait repris, comme s’il n’avait pas quittĂ© la France, ses travaux d’autrefois, faisant, comme autrefois encore, deux parts de sa vie, l’une Ă  sa fille Suzanne, l’autre Ă  ses travaux de chimie et de mĂ©canique.
Un travail aussi énergique, soutenu par une intelligence trÚs alerte et trÚs développée, devait lui porter bonheur.
Coup sur coup, Roger fit deux ou trois dĂ©couvertes importantes qui devaient transformer la fabrication de l’acier.
Les AmĂ©ricains sont audacieux et intelligents. Roger trouva auprĂšs d’eux l’appui qu’il lui fallait, et, comme il Ă©tait lui-mĂȘme intelligent et audacieux, on ne s’enquit point de son passĂ© ni des raisons qui lui avaient fait quitter la France.
Il revint Ă  New York, oĂč on lui facilita la mise en Ɠuvre de ses procĂ©dĂ©s de fabrication. Ils rĂ©ussirent, au-delĂ  mĂȘme de ses espĂ©rances.
DĂšs lors, ce fut fini.
En quelques annĂ©es, il eut une des plus importantes aciĂ©ries de New York, qui rivalisa avec les plus connues d’Europe puis d’autres maisons s’élevĂšrent sous sa direction.
Laroque n’eut bientît plus à s’occuper de l’avenir de sa fille.
AssociĂ© toujours, – avec de gros intĂ©rĂȘts, – il ne fut jamais en nom. Il se souvenait du passĂ© et ne voulait pas attirer trop prĂšs l’attention de l’opinion.
Il craignait, non pour lui, mais pour Suzanne.
Lorsqu’il Ă©tait au Canada, alors que Suzanne n’avait encore que huit ou neuf ans, il avait pu changer son nom de Roger Laroque contre celui de William Farney.
Il avait trouvĂ© Ă  QuĂ©bec un employĂ© de l’usine dont il Ă©tait directeur et dont la douceur, la grande intelligence et la droiture l’avaient tout de suite attirĂ©.
Une amitiĂ© avait commencĂ© entre eux, – elle n’était qu’à l’état d’ébauche, – quand un Ă©vĂ©nement dramatique la resserra tout Ă  coup pour la dĂ©nouer presque aussitĂŽt.
Un incendie, – un de ces terribles sinistres comme seule l’AmĂ©rique nous en montre parfois, – Ă©clata Ă  QuĂ©bec.
La maison oĂč demeurait Laroque fut une des premiĂšres atteintes. Laroque se sauva, mit sa fille en sĂ»retĂ© et courut chez son ami, lequel portait ce nom de William Farney.
La maison de Farney Ă©tait en flammes. Farney, Ă  une fenĂȘtre, tendait dĂ©sespĂ©rĂ©ment ses bras, montrant aux spectateurs affolĂ©s sa fille, une enfant de dix ans, pour laquelle il implorait la pitiĂ© et le courage.
Des flammes les environnaient, les atteignaient, brĂ»laient leurs cheveux, leurs vĂȘtements. Des poutres se dĂ©tachaient du plafond, les escaliers Ă©taient crevĂ©s, la mort hideuse, Ă©pouvantable, approchait pour le pĂšre et la fille.
Roger Laroque vit le danger et ne réfléchit pas.
Il fit planter des Ă©chelles contre le mur et, les Ă©chelles n’arrivant pas jusqu’à la fenĂȘtre, il accrocha une corde d’incendie munie d’un solide crochet, Ă  l’une de ses extrĂ©mitĂ©s, Ă  la fenĂȘtre oĂč se trouvaient le pĂšre et la fille.
Il grimpa à cette corde jusqu’en haut :
– Donnez-moi votre fille, William, dit-il.
Le pauvre homme tendit l’enfant Ă©vanouie, que Roger retint dans ses bras, en se laissant dĂ©gringoler jusqu’à l’échelle.
Puis il descendit. L’enfant Ă©tait sauvĂ©e. Il voulut remonter. Il n’était plus temps.
Voyant sa fille hors de danger et ne craignant rien pour lui-mĂȘme, William avait profitĂ© de la corde pour descendre, mais le mur s’était effondrĂ©, la corde s’était dĂ©tachĂ©e et l’homme Ă©tait tombĂ© en bas, avec des dĂ©combres enflammĂ©s.
Il avait les deux jambes brisées.
Roger Laroque lui-mĂȘme avait eu le visage Ă©raflĂ© par une poutrelle qui n’était qu’un brasier rouge ; il Ă©tait Ă  jamais dĂ©figurĂ©. Par bonheur, les yeux avaient Ă©tĂ© prĂ©servĂ©s.
Du reste, son hĂ©roĂŻque dĂ©vouement devait ĂȘtre inutile.
La petite fille avait Ă©tĂ© si Ă©pouvantĂ©e par l’horrible danger qu’elle avait couru, qu’elle fut prise, cinq ou six jours aprĂšs, par une grosse fiĂšvre qui l’emporta.
William Farney adorait sa fille.
Il fut plongé, aprÚs cette mort, dans un sombre désespoir.
Quand il guérit, la tristesse demeura, la joie ne revint pas.
L’amitiĂ© Ă©tait devenue plus Ă©troite entre les deux hommes, si Ă©troite mĂȘme que Roger, un jour, n’hĂ©sita pas Ă  lui faire la confidence de ce qu’il Ă©tait, de ce qu’il avait Ă©tĂ©, ne lui cachant rien.
William Farney le crut.
Un jour, Farney disparut de l’usine.
Il avait Ă©crit Ă  plusieurs de ses amis que, s’ennuyant depuis la mort de sa fille, il voulait chercher aventure, et, avec les ressources dont il disposait, gagner le nord du Canada pour y faire du trafic.
À Laroque seulement, il avait Ă©crit qu’il Ă©tait rĂ©solu Ă  mourir et qu’il voulait qu’on ignorĂąt son suicide ; non point qu’il eĂ»t honte de mourir ainsi et d’en finir avec une vie qui lui Ă©tait insupportable depuis la mort de sa fille, mais il avait rĂ©solu de mourir ignorĂ© et de laisser planer une Ă©ternelle incertitude sur sa mort.
Il envoya Ă  Roger tous les papiers pouvant prouver l’identitĂ© d’un William Farney et de sa fille, et il achevait la lettre en disant :
« Gardez ces papiers, mon cher ami, je veux qu’ils deviennent les vĂŽtres, afin qu’ils vous donnent la sĂ©curitĂ©, si jamais, comme vous en avez le secret espoir, vous retournez en France. Personne ne prouvera que Farney est mort. Substituez-vous Ă  moi, substituez votre fille Ă  ma pauvre enfant. Vous ĂȘtes dĂ©sormais William Farney et non plus Roger Laroque et le hasard devait bien faire les choses puisque nos deux filles s’appelaient Suzanne
 Adieu, William, soyez heureux dans votre enfant ! »
À la lettre – lettre Ă©trange – Ă©taient joints, en effet, tous les papiers du mort, tous les papiers de sa fille.
– Eh bien, j’accepte, murmura Roger, cela me servira sans doute.
Et effectivement, lorsque Roger revint Ă  New York, il se fit appeler du nom de son ami.
Il s...

Table of contents

  1. Titre
  2. Partie 1 - Premier épisode
  3. Partie 2 - DeuxiÚme épisode
  4. Notes de bas de page