L'Enfer
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L'Enfer

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About this book

Un homme las, blasé de tout, fatigué de la vie et de l'amour, qui n'a plus gout a rien, échoue dans un hÎtel de province. On ne sait rien de lui, si ce n'est qu'il est ùgé d'une trentaine d'années. Des bruits venant de la chambre voisine, attirent son attention. Il se leve, intrigué, et remarque en hauteur, sous le plafond, un trou qui lui permet de voir... Et il regardera... fasciné, les épisodes de la vie humaine qui se déroulent de l'autre coté. Le sexe, bien sur, tient une place importante, chambre d'hÎtel oblige. Par le prisme du héros, qui reprend gout a la vie, tout en se perdant, nous devenons également voyeurs. Le réalisme cru, mais empreint de lyrisme, et le sujet meme de ce roman paru en 1908, n'ont probablement pas été du gout de tout le monde a l'époque...

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Information

Chapitre 1

 
 
L’hĂŽtesse, Mme Lemercier, me laissa seul dans ma chambre, aprĂšs m’avoir rappelĂ© en quelques mots tous les avantages matĂ©riels et moraux de la pension de famille Lemercier.
Je m’arrĂȘtai, debout, en face de la glace, au milieu de cette chambre oĂč j’allais habiter quelque temps. Je regardai la chambre et me regardai moi-mĂȘme.
La piĂšce Ă©tait grise et renfermait une odeur de poussiĂšre. Je vis deux chaises dont l’une supportait ma valise, deux fauteuils aux maigres Ă©paules et Ă  l’étoffe grasse, une table avec un dessus de laine verte, un tapis oriental dont l’arabesque, rĂ©pĂ©tĂ©e sans cesse, cherchait Ă  attirer les regards. Mais Ă  ce moment du soir, ce tapis avait la couleur de la terre.
Tout cela m’était inconnu ; comme je connaissais tout cela, pourtant : ce lit de faux acajou, cette table de toilette, froide, cette disposition inĂ©vitable des meubles, et ce vide entre ces quatre murs

* * *
La chambre est usĂ©e ; il semble qu’on y soit dĂ©jĂ  infiniment venu. Depuis la porte jusqu’à la fenĂȘtre, le tapis laisse voir la corde : il a Ă©tĂ© piĂ©tinĂ©, de jour en jour, par une foule. Les moulures sont, Ă  hauteur des mains, dĂ©formĂ©es, creusĂ©es, tremblĂ©es, et le marbre de la cheminĂ©e s’est adouci aux angles. Au contact des hommes, les choses s’effacent, avec une lenteur dĂ©sespĂ©rante.
Elles s’obscurcissent aussi. Peu Ă  peu, le plafond s’est assombri comme un ciel d’orage. Sur les panneaux blanchĂątres et le papier rose, les endroits les plus touchĂ©s sont devenus noirs : le battant de la porte, le tour de la serrure peinte du placard et, Ă  droite de la fenĂȘtre, le mur, Ă  la place oĂč l’on tire les cordons des rideaux. Toute une humanitĂ© est passĂ©e ici comme de la fumĂ©e. Il n’y a que la fenĂȘtre qui soit blanche.

 Et moi ? Moi, je suis un homme comme les autres, de mĂȘme que ce soir est un soir comme les autres.
* * *
Depuis ce matin, je voyage ; la hùte, les formalités, les bagages, le train, les souffles des diverses villes.
Un fauteuil est là ; j’y tombe ; tout devient plus tranquille et plus doux.
Ma venue dĂ©finitive de province Ă  Paris marque une grande phase dans ma vie. J’ai trouvĂ© une situation dans une banque. Mes jours vont changer. C’est Ă  cause de ce changement que, ce soir, je m’arrache Ă  mes pensĂ©es courantes et que je pense Ă  moi.
J’ai trente ans ; ils sonneront le premier jour du mois prochain. J’ai perdu mon pĂšre et ma mĂšre il y a dix-huit ou vingt ans. L’évĂ©nement est si lointain qu’il est insignifiant. Je ne me suis pas marié ; je n’ai pas d’enfants et n’en aurai pas. Il y a des moments oĂč cela me trouble : lorsque je rĂ©flĂ©chis qu’avec moi finira une lignĂ©e qui dure depuis l’humanitĂ©.
Suis-je heureux ? Oui ; je n’ai ni deuil, ni regrets, ni dĂ©sir compliqué ; donc, je suis heureux. Je me souviens que, du temps oĂč j’étais enfant, j’avais des illuminations de sentiments, des attendrissements mystiques, un amour maladif Ă  m’enfermer en tĂȘte Ă  tĂȘte avec mon passĂ©. Je m’accordais Ă  moi-mĂȘme une importance exceptionnelle ; j’en arrivais Ă  penser que j’étais plus qu’un autre ! Mais tout cela s’est peu Ă  peu noyĂ© dans le nĂ©ant positif des jours.
* * *
Me voici maintenant.
Je me penche de mon fauteuil pour ĂȘtre plus prĂšs de la glace, et je me regarde bien.
PlutĂŽt petit, l’air rĂ©servĂ© (quoique je sois exubĂ©rant Ă  mes heures) ; la mise trĂšs correcte ; il n’y a, dans mon personnage extĂ©rieur, rien Ă  reprendre, rien Ă  remarquer.
Je considĂšre de prĂšs mes yeux qui sont verts, et qu’on dit gĂ©nĂ©ralement noirs, par une aberration inexplicable.
Je crois confusĂ©ment Ă  beaucoup de choses ; par dessus tout, Ă  l’existence de Dieu, sinon aux dogmes de la religion ; celle-ci prĂ©sente cependant des avantages pour les humbles et les femmes, qui ont un cerveau moindre que celui des hommes.
Quant aux discussions philosophiques, je pense qu’elles sont absolument vaines. On ne peut rien contrĂŽler, rien vĂ©rifier. La vĂ©ritĂ©, qu’est-ce que cela veut dire ?
J’ai le sens du bien et du mal ; je ne commettrais pas d’indĂ©licatesse, mĂȘme certain de l’impunitĂ©. Je ne saurais non plus admettre la moindre exagĂ©ration en quoi que ce soit.
Si chacun était comme moi, tout irait bien.
* * *
Il est dĂ©jĂ  tard. Je ne ferai plus rien aujourd’hui. Je reste assis lĂ , dans le jour perdu, vis-Ă -vis d’un coin de la glace. J’aperçois, dans le dĂ©cor que la pĂ©nombre commence Ă  envahir, le modelĂ© de mon front, l’ovale de mon visage et, sous ma paupiĂšre clignante, mon regard par lequel j’entre en moi comme dans un tombeau.
La fatigue, le temps morne (j’entends de la pluie dans le soir), l’ombre qui augmente ma solitude et m’agrandit malgrĂ© tous mes efforts et puis quelque chose d’autre, je ne sais quoi, m’attristent. Cela m’ennuie d’ĂȘtre triste. Je me secoue. Qu’y a-t-il donc ? Il n’y a rien. Il n’y a que moi.
* * *
Je ne suis pas seul dans la vie comme je suis seul ce soir. L’amour a pris pour moi la figure et les gestes de ma petite Josette. Il y a longtemps que nous sommes ensemble ; il y a longtemps que, dans l’arriĂšre-boutique de la maison de modes oĂč elle travaille, Ă  Tours, voyant qu’elle me souriait avec une persistance singuliĂšre, je lui ai saisi la tĂȘte et l’ai embrassĂ©e sur la bouche, – et ai trouvĂ© brusquement que je l’aimais.
Je ne me rappelle plus bien maintenant le bonheur Ă©trange que nous avions Ă  nous dĂ©shabiller. Il y a, il est vrai, des moments oĂč je la dĂ©sire aussi follement que la premiĂšre fois ; c’est surtout quand elle n’est pas lĂ . Quand elle est lĂ , il y a des moments oĂč elle me dĂ©goĂ»te.
Nous nous retrouverons lĂ -bas, aux vacances. Les jours oĂč nous nous reverrons avant de mourir, nous pourrions les compter
 si nous osions.
Mourir ! L’idĂ©e de la mort est dĂ©cidĂ©ment la plus importante de toutes les idĂ©es.
Je mourrai un jour. Y ai-je jamais pensé ? Je cherche. Non, je n’y ai jamais pensĂ©. Je ne peux pas. On ne peut pas plus regarder face Ă  face la destinĂ©e que le soleil, et pourtant, elle est grise.
Et le soir vient comme viendront tous les soirs, jusqu’à celui qui sera trop grand.
* * *
Mais voilĂ  que, tout d’un coup, je me suis dressĂ©, chancelant, dans un grand battement de mon cƓur comme dans un battement d’ailes

Quoi donc ? Dans la rue, un son de cor a Ă©clatĂ©, un air de chasse
 Apparemment, quelque piqueur de grande maison, debout prĂšs d’un comptoir de cabaret, les joues gonflĂ©es, la bouche impĂ©rieusement serrĂ©e, l’air fĂ©roce, Ă©merveille et fait taire l’assistance.
Mais ce n’est pas seulement cela, cette fanfare qui retentit dans les pierres de la ville
 Quand j’étais petit, Ă  la campagne oĂč j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ©, j’entendais cette sonnerie, au loin, sur les chemins des bois et du chĂąteau. Le mĂȘme air, la mĂȘme chose exactement ; comment cela peut-il ĂȘtre si infiniment pareil ?
Et malgrĂ© moi, ma main est venue sur mon cƓur avec un geste lent et tremblant.
Autrefois
 aujourd’hui
 ma vie
 mon cƓur
 moi ! Je pense Ă  tout cela, tout d’un coup, sans raison, comme si j’étais devenu fou.
* * *

 Depuis autrefois, depuis toujours, qu’ai-je fait de moi ? Rien, et je suis dĂ©jĂ  sur la pente. Ah ! parce que ce refrain m’a rappelĂ© le temps passĂ©, il me semble que c’est fini de moi, que je n’ai pas vĂ©cu, et j’ai envie d’une espĂšce de paradis perdu.
Mais, j’aurai beau supplier, j’aurai beau me rĂ©volter, il n’y aura plus rien pour moi ; je ne serai, dĂ©sormais, ni heureux, ni malheureux. Je ne peux pas ressusciter. Je vieillirai aussi tranquille que je le suis aujourd’hui dans cette chambre oĂč tant d’ĂȘtres ont laissĂ© leur trace, oĂč aucun ĂȘtre n’a laissĂ© la sienne.
Cette chambre, on la retrouve Ă  chaque pas. C’est la chambre de tout le monde. On croit qu’elle est fermĂ©e, non : elle est ouverte aux quatre vents de l’espace. Elle est perdue au milieu des chambres semblables, comme de la lumiĂšre dans le ciel, comme un jour dans les jours, comme moi partout.
Moi, moi ! Je ne vois plus maintenant que la pĂąleur de ma figure, aux orbites profondes, enterrĂ©e dans le soir, et ma bouche pleine d’un silence qui doucement, mais sĂ»rement, m’étouffe et m’anĂ©antit.
Je me soulùve sur mon coude comme sur un moignon d’aile. Je voudrais qu’il m’arrivñt quelque chose d’infini !
* * *
Je n’ai pas de gĂ©nie, de mission Ă  remplir, de grand cƓur Ă  donner. Je n’ai rien et je ne mĂ©rite rien. Mais je voudrais, malgrĂ© tout, une sorte de rĂ©compense

De l’amour ; je rĂȘve une idylle inouĂŻe, unique, avec une femme loin de laquelle j’ai jusqu’ici perdu tout mon temps, dont je ne vois pas les traits, mais dont je me figure l’ombre, Ă  cĂŽtĂ© de la mienne, sur la route.
De l’infini, du nouveau ! Un voyage, un voyage extraordinaire oĂč me jeter, oĂč me multiplier. Des dĂ©parts luxueux et affairĂ©s au milieu de l’empressement des humbles, des poses lentes dans des wagons roulant de toute leur force comme le tonnerre, parmi les paysages Ă©chevelĂ©s et les citĂ©s brusquement grandissantes comme du vent.
Des bateaux, des mĂąts, des manƓuvres commandĂ©es en langues barbares, des dĂ©barquements sur des quais d’or, puis des faces exotiques et curieuses au soleil, et, vertigineusement ressemblants, des monuments dont on connaissait les images et qui, Ă  ce qu’il semble dans l’orgueil du voyage, sont venus prĂšs de vous.
Mon cerveau est vide ; mon cƓur est tari ; je n’ai personne qui m’entoure, je n’ai jamais rien trouvĂ©, pas mĂȘme un ami ; je suis un pauvre homme Ă©chouĂ© pour un jour sur le plancher d’une chambre d’hĂŽtel oĂč tout le monde vient, d’oĂč tout le monde s’en va, et pourtant, je voudrais de la gloire ! De la gloire mĂȘlĂ©e Ă  moi comme une Ă©tonnante et merveilleuse blessure que je sentirais et dont tous parleraient ; je voudrais une foule oĂč je serais le premier, acclamĂ© par mon nom comme par un cri nouveau sous la face du ciel.
Mais je sens retomber ma grandeur. Mon imagination puĂ©rile joue en vain avec ces images dĂ©mesurĂ©es. Il n’y a rien pour moi : il n’y a que moi, qui, dĂ©pouillĂ© par le soir, monte comme un cri.
L’heure m’a rendu presque aveugle. Je me devine dans la glace plus que je ne me vois. Je vois ma faiblesse et ma captivitĂ©. Je tends en avant, du cĂŽtĂ© de la fenĂȘtre, mes mains aux doigts tendus, mes mains, avec leur aspect de choses dĂ©chirĂ©es. De mon coin d’ombre, je lĂšve ma figure jusqu’au ciel. Je m’affaisse en arriĂšre et m’appuie sur le lit, ce grand objet qui a une vague forme vivante, comme un mort. Mon Dieu, je suis perdu. Ayez pitiĂ© de moi ! Je me croyais sage et content de mon sort ; je disais que j’étais exempt de l’instinct du vol ; hĂ©las, hĂ©las, ce n’est pas vrai, puisque je voudrais prendre tout ce qui n’est pas Ă  moi.

Chapitre 2

Le son du cor a cessĂ© depuis longtemps. La rue, les maisons, se sont calmĂ©es. Silence. Je passe ma main sur mon front. Cet accĂšs d’attendrissement est fini. Tant mieux. Je reprends mon Ă©quilibre par un effort de volontĂ©.
Je m’assois Ă  ma table, et tire de ma serviette, qu’on y a dĂ©posĂ©e, des papiers. Il faut les lire, les ranger.
Quelque chose m’aiguillonne ; je vais gagner un peu d’argent. Je pourrai en envoyer Ă  ma tante, qui m’a Ă©levĂ© et qui m’attend toujours dans la salle basse oĂč, l’aprĂšs-midi, le bruit de sa machine Ă  coudre est monotone et tuant comme celui d’une horloge, et oĂč, le soir, auprĂšs d’elle, il y a une lampe qui, je ne sais pourquoi, lui ressemble.
Les papiers
 Les Ă©lĂ©ments du rapport qui doit faire juger de mes aptitudes, et rendre dĂ©finitive mon admission dans la banque Berton
 M. Berton, celui qui peut tout pour moi, qui n’a qu’un mot Ă  dire, M. Berton, le dieu de ma vie actuelle

Je m’apprĂȘte Ă  allumer la lampe. Je frotte une allumette. Elle ne prend pas, le phosphore s’écaille, elle se casse. Je la jette, et, un peu las, j’attends

Alors j’entends un chant murmurĂ© tout prĂšs de mon oreille.
Il me semble que quelqu’un, penchĂ© sur mon Ă©paule, chante pour moi, pour moi seul, confidentiellement.
Ah ! une hallucination
 VoilĂ  que j’ai le cerveau malade
 C’est la punition d’avoir trop pensĂ© tout Ă  l’heure.
Je suis debout, la main crispée sur le bord de la table, étreint par une impression de surnaturel ; je flaire au hasard, la paupiÚre battante, attentif et soupçonneux.
Le chantonnement est lĂ , toujours ; je ne m’en dĂ©barrasse pas. Ma tĂȘte se tourne
 Il vient de la chambre d’à cĂŽté  Pourquoi est-il si pur, si Ă©trangement proche, pourquoi me touche-t-il ainsi ? Je regarde le mur qui me sĂ©pare de la chambre voisine, et j’étouffe un cri de surprise.
En haut, prÚs du plafond, au-dessus de la porte condamnée, il y a une lumiÚre scintillante. Le chant tombe de cette étoile.
La cloison est trouée là, et par ce trou, la lumiÚre de la chambre voisine vient dans la nuit de la mienne.
Je monte sur mon lit. Je m’y dresse, les mains au mur, j’atteins le trou avec ma figure. Une boiserie pourrie, deux briques disjointes ; du plĂątre s’est dĂ©tachĂ© ; une ouverture se prĂ©sente Ă  mes yeux, large comme la main, mais invisible d’en bas, Ă  cause des moulures.
Je regarde
 je vois
 La chambre voisine s’offre à moi, toute nue.
Elle s’étend devant moi, cette chambre qui n’est pas Ă  moi
 La voix qui chantait s’en est allĂ©e ; ce dĂ©part a laissĂ© la porte ouverte, presque encore remuante. Il n’y a dans la chambre qu’une bougie allumĂ©e qui tremble sur la cheminĂ©e.
Dans le lointain, la table semble une Ăźle. Les meubles bleuĂątres, rougeĂątres, m’apparaissent de vagues organes, obscurĂ©ment vivants, disposĂ©s lĂ .
Je contemple l’armoire, confuses lignes brillantes et dressĂ©es, les pieds dans l’ombre ; le plafond, le reflet du plafond dans la glace, et la fenĂȘtre pĂąle qui est sur le ciel comme une figure.
Je suis rentrĂ© dans ma chambre, – comme si, en vĂ©ritĂ©, j’en Ă©tais sorti, – Ă©tonnĂ© d’abord, toutes les idĂ©es brouillĂ©es, jusqu’à oublier qui je suis.
Je m’assois sur mon lit, je rĂ©flĂ©chis Ă  la hĂąte, un peu tremblant, oppressĂ© par l’avenir

Je domine et je possĂšde cette chambre
 Mon regard y entre. J’y suis prĂ©...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1
  3. Chapitre 2
  4. Chapitre 3
  5. Chapitre 4
  6. Chapitre 5
  7. Chapitre 6
  8. Chapitre 7
  9. Chapitre 8
  10. Chapitre 9
  11. Chapitre 10
  12. Chapitre 11
  13. Chapitre 12
  14. Chapitre 13
  15. Chapitre 14
  16. Chapitre 15
  17. Chapitre 16
  18. Chapitre 17