Les Quarante-cinq - Tome III
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Les Quarante-cinq - Tome III

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Les Quarante-cinq - Tome III

About this book

La suite de «La reine Margot» et de «La dame de Monsoreau». Située entre le le 26 octobre 1585 et le 10 juin 1586, l'intrigue met en scene cette garde gasconne d'Henri III. Et nous retrouvons Chicot...

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Information

LXXXII – Ce qui arriva dans le rĂ©duit de maĂźtre Bonhomet

Lorsque le capitaine rentra dans le rĂ©duit avec un panier de douze bouteilles Ă  la main, Chicot le reçut d’un air tellement ouvert et souriant, que BorromĂ©e fut tentĂ© de prendre Chicot pour un niais.
BorromĂ©e avait hĂąte de dĂ©boucher les bouteilles qu’il Ă©tait allĂ© chercher Ă  la cave ; mais ce n’était rien, en comparaison de la hĂąte de Chicot.
Aussi les prĂ©paratifs ne furent-ils pas longs. Les deux compagnons, en buveurs expĂ©rimentĂ©s, demandĂšrent quelques salaisons, dans le but louable de ne pas laisser Ă©teindre la soif. Ces salaisons leur furent apportĂ©es par Bonhomet, auquel chacun d’eux jeta un dernier coup d’Ɠil.
Bonhomet rĂ©pondit Ă  chacun d’eux ; mais si quelqu’un eĂ»t pu juger ces deux coups d’Ɠil, il eĂ»t trouvĂ© une grande diffĂ©rence entre celui qui Ă©tait adressĂ© Ă  BorromĂ©e et celui qui Ă©tait adressĂ© Ă  Chicot.
Bonhomet sortit et les deux compagnons commencĂšrent Ă  boire.
D’abord, comme si l’occupation Ă©tait trop importante pour que rien dĂ»t l’interrompre, les deux buveurs avalĂšrent bon nombre de rasades sans Ă©changer une seule parole.
Chicot surtout était merveilleux ; sans avoir dit autre chose que :
– Par ma foi, voilà du joli bourgogne !
Et :
– Sur mon ñme, voilà d’excellent jambon !
Il avait avalĂ© deux bouteilles, c’est-Ă -dire une bouteille par phrase.
– Pardieu ! murmurait Ă  part lui BorromĂ©e, voilĂ  une singuliĂšre chance que j’ai eue de tomber sur un pareil ivrogne.
À la troisiùme bouteille, Chicot leva les yeux au ciel.
– En vĂ©ritĂ©, dit-il, nous buvons d’un train Ă  nous enivrer.
– Bon ! ce saucisson est si salĂ© ! dit BorromĂ©e.
– Ah ! cela vous va, dit Chicot, continuons, l’ami, j’ai la tĂȘte solide.
Et chacun d’eux avala encore sa bouteille.
Le vin produisait sur les deux compagnons un effet tout opposé : il déliait la langue de Chicot et nouait celle de Borromée.
– Ah ! murmura Chicot, tu te tais, l’ami ; tu doutes de toi.
– Ah ! se dit tout bas BorromĂ©e, tu bavardes, donc tu te grises.
– Combien faut-il donc de bouteilles, compĂšre ? demanda BorromĂ©e.
– Pour quoi faire ? dit Chicot.
– Pour ĂȘtre gai.
– Avec quatre, j’ai mon compte.
– Et pour ĂȘtre gris ?
– Mettons-en six.
– Et pour ĂȘtre ivre ?
– Doublons.
– Gascon ! pensa BorromĂ©e ; il balbutie et n’en est encore qu’à la quatriĂšme.
– Alors nous avons de la marge, dit BorromĂ©e, en tirant du panier une cinquiĂšme bouteille pour lui et une cinquiĂšme pour Chicot.
Seulement Chicot remarquait que des cinq bouteilles rangĂ©es Ă  la droite de BorromĂ©e, les unes Ă©taient Ă  moitiĂ©, les autres aux deux tiers, aucune n’était vide.
Cela le confirma dans cette pensĂ©e qui lui Ă©tait venue tout d’abord, que le capitaine avait de mauvaises intentions Ă  son Ă©gard.
Il se souleva pour aller au devant de la cinquiÚme bouteille que lui présentait Borromée, et oscilla sur ses jambes.
– Bon ! dit-il, avez-vous senti ?
– Quoi ?
– Une secousse de tremblement de terre.
– Bah !
– Oui, ventre de biche ! heureusement que l’hîtellerie de la Corne d’Abondance est solide, quoiqu’elle soit bñtie sur pivot.
– Comment ! elle est bĂątie sur pivot ? demanda BorromĂ©e.
– Sans doute, puisqu’elle tourne.
– C’est juste, dit BorromĂ©e en avalant son verre jusqu’à la derniĂšre goutte ; je sentais bien l’effet, mais je ne devinais pas la cause.
– Parce que vous n’ĂȘtes pas latiniste, dit Chicot, parce que vous n’avez pas lu le traitĂ© De natura rerum ; si vous l’eussiez lu, vous sauriez qu’il n’y a pas d’effet sans cause.
– Eh bien ! mon cher confrĂšre, dit BorromĂ©e, car enfin vous ĂȘtes capitaine comme moi, n’est-ce pas ?
– Capitaine depuis la plante des pieds jusqu’à la pointe des cheveux, rĂ©pondit Chicot.
– Eh bien ! mon cher capitaine, reprit BorromĂ©e, dites-moi, puisqu’il n’y a pas d’effet sans cause, Ă  ce que vous prĂ©tendez, dites-moi quelle Ă©tait la cause de votre dĂ©guisement ?
– De quel dĂ©guisement ?
– De celui que vous portiez lorsque vous ĂȘtes venu chez dom Modeste.
– Comment donc Ă©tais-je dĂ©guisĂ© ?
– En bourgeois.
– Ah ! c’est vrai.
– Dites-moi cela, et vous commencerez mon Ă©ducation de philosophe.
– Volontiers ; mais, Ă  votre tour, vous me direz, n’est-ce pas, pourquoi vous Ă©tiez dĂ©guisĂ© en moine ? confidence pour confidence.
– Tope ! dit BorromĂ©e.
– Touchez là, dit Chicot, et il tendit sa main au capitaine.
Celui-ci frappa d’aplomb dans la main de Chicot.
– À mon tour, dit Chicot.
Et il frappa à cÎté de la main de Borromée.
– Bien ! dit BorromĂ©e.
– Vous voulez donc savoir pourquoi j’étais dĂ©guisĂ© en bourgeois ? demanda Chicot d’une langue qui allait s’épaississant de plus en plus.
– Oui, cela m’intrigue.
– Et vous me direz à votre tour ?
– Parole d’honneur.
– Foi de capitaine ; d’ailleurs n’est-ce pas chose convenue ?
– C’est vrai, je l’avais oubliĂ©. Eh bien ! c’est tout simple.
– Dites alors.
– Et en deux mots vous serez au courant.
– J’écoute.
– J’espionnais pour le roi.
– Comment, vous espionniez.
– Oui.
– Vous ĂȘtes donc espion par Ă©tat ?
– Non, en amateur.
– Qu’espionniez-vous chez dom Modeste ?
– Tout. J’espionnais dom Modeste d’abord, puis frĂšre BorromĂ©e ensuite, puis le petit Jacques, puis tout le couvent.
– Et qu’avez-vous dĂ©couvert, mon digne ami ?
– J’ai d’abord dĂ©couvert que dom Modeste Ă©tait une grosse bĂȘte.
– Il ne faut pas ĂȘtre fort habile pour cela.
– Pardon, pardon, car Sa MajestĂ© Henri III, qui n’est pas un niais, le regarde comme la lumiĂšre de l’Église, et compte en faire un Ă©vĂȘque.
– Soit, je n’ai rien Ă  dire contre cette promotion, au contraire ; je rirai bien ce jour-lĂ  ; et qu’avez-vous dĂ©couvert encore ?
– J’ai dĂ©couvert que certain frĂšre BorromĂ©e n’était pas un moine, mais un capitaine.
– Ah ! vraiment ! vous avez dĂ©couvert cela ?
– Du premier coup.
– Aprùs ?
– J’ai dĂ©couvert que le petit Jacques s’exerçait avec le fleuret, en attendant qu’il s’escrimĂąt avec l’épĂ©e, et qu’il s’exerçait sur une cible, en attendant qu’il s’exerçùt sur un homme.
– Ah ! tu as dĂ©couvert cela ! dit BorromĂ©e, en fronçant le sourcil, et, aprĂšs, qu’as-tu dĂ©couvert encore ?
– Oh ! donne-moi à boire, ou sans cela je ne me souviendrai plus de rien.
– Tu remarqueras que tu entames la sixiĂšme bouteille, dit BorromĂ©e en riant.
– Aussi je me grise, dit Chicot, je ne prĂ©tends pas le contraire ; sommes-nous donc venus ici pour faire de la philosophie ?
– Non, nous sommes venus ici pour boire.
– Buvons donc !
Et Chicot remplit son verre.
– Eh bien ! demanda BorromĂ©e lorsqu’il eut fait raison Ă  Chicot, te souviens-tu ?
– De quoi ?
– De ce que tu as vu encore dans le couvent ?
– Parbleu ! dit Chicot.
– Eh bien ! qu’as-tu vu ?
– J’ai vu que les moines, au lieu d’ĂȘtre des frocards, Ă©taient des soudards, et au lieu d’obĂ©ir Ă  dom Modeste, t’obĂ©issaient Ă  toi. VoilĂ  ce que j’ai vu.
– Ah ! vraiment ; mais sans doute ce n’est pas encore tout ?
– Non ; mais Ă  boire, Ă  boire, Ă  boire, ou la mĂ©moire va m’échapper.
Et comme la bouteille de Chicot était vide, il tendit son verre à Borromée, qui lui versa de la sienne.
Chicot vida son verre sans reprendre haleine.
– Eh bien ! nous rappelons-nous ? demanda BorromĂ©e.
– Si nous nous rappelons ?
 je le crois bien !
– Qu’as-tu vu encore ?
– J’ai vu qu’il y avait un complot.
– Un complot ! dit BorromĂ©e, pĂąlissant.
– Un complot, oui, rĂ©pondit Chicot.
– Contre qui ?
– Contre le roi.
– Dans quel but ?
– Dans le but de l’enlever.
– Et quand cela ?
– Quand il reviendrait de Vincennes.
– Tonnerre !
– Plaüt-il ?
– Rien. Ah ! vous avez vu cela ?
– Je l’ai vu.
– Et vous en avez prĂ©venu le roi !
– Parbleu ! puisque j’étais venu pour cela.
– Alors c’est vous qui ĂȘtes cause que le coup a manquĂ© ?
– C’est moi, dit Chicot.
– Massacre ! murmura BorromĂ©e entre ses dents.
– Vous dites ? demanda Chicot.
– Je dis que vous avez de bons yeux, l’ami.
– Bah ! rĂ©pondit Chicot en balbutiant, j’ai vu bien autre chose encore. Passez-moi une de vos bouteilles, Ă  vous, et je vous Ă©tonnerai quand je vous dirai ce que j’ai vu.
BorromĂ©e se hĂąta d’obtempĂ©rer au dĂ©sir de Chicot.
– Voyons, dit-il, Ă©tonnez-moi.
– D’abord, dit Chicot, j’ai vu M. de Mayenne blessĂ©.
– Bah !
– La belle merveille ! il Ă©tait sur ma route. Et puis, j’ai vu la prise de Cahors.
– Comment ! la prise de Cahors ! vous venez donc de Cahors ?
– Certainement. Ah ! capitaine, c’était beau Ă  voir, en vĂ©ritĂ©, et un brave comme vous eĂ»t pris plaisir Ă  ce spectacle.
– Je n’en doute pas ; vous Ă©tiez donc prĂšs du roi de Navarre ?
– Cîte à cîte, cher ami, comme nous sommes.
– Et vous l’avez quittĂ© ?
– Pour annoncer cette nouvelle au roi de France.
– Et vous arrivez du Louvre ?
– Un quart d’heure avant vous.
– Alors, comme nous ne nous sommes pas quittĂ©s depuis ce temps-lĂ , je ne vous demande pas ce que vous avez vu depuis notre rencontre au Louvre.
– Au contraire, demandez, demandez, car, sur ma parole, c’est le plus curieux.
– Dites, alors.
– Dites, dites ! fit Chicot ; ventre de biche ! c’est bien facile à dire : Dites !
– Faites un effort.
– Encore un verre de vin pour me dĂ©lier la langue
 tout plein, bon. Eh bien ! j’ai vu, camarade, qu’en tirant la lettre de Son Altesse le duc de Guise de ta poche, tu en as laissĂ© tomber une autre.
– Une autre ! s’écria Bo...

Table of contents

  1. Titre
  2. LXIV – PrĂ©paratifs de bataille
  3. LXV – Monseigneur
  4. LXVI – Français et Flamands
  5. LXVII – Les voyageurs
  6. LXVIII – Explication
  7. LXIX – L’eau
  8. LXX – La fuite
  9. LXXI – Transfiguration
  10. LXXII – Les deux frùres
  11. LXXIII – L’expĂ©dition
  12. LXXIV – Paul-Émile
  13. LXXV – Un des souvenirs du duc d’Anjou
  14. LXXVI – SĂ©duction
  15. LXXVII – Le voyage
  16. LXXVIII – Comment le roi Henri III n’invita point Crillon Ă  dĂ©jeuner, et comment Chicot s’invita tout seul
  17. LXXIX – Comment aprùs avoir reçu des nouvelles du Midi, Henri en reçut du Nord
  18. LXXX – Les deux compùres
  19. LXXXI – La corne d’abondance
  20. LXXXII – Ce qui arriva dans le rĂ©duit de maĂźtre Bonhomet
  21. LXXXIII – Le mari et l’amant
  22. LXXXIV – Comment Chicot commença à voir clair dans la lettre de M. de Guise
  23. LXXXV – Le cardinal de Joyeuse
  24. LXXXVI – On a des nouvelles d’Aurilly
  25. LIXXVII – Doute
  26. LXXXVIII – Certitude
  27. LXXXIX – FatalitĂ©
  28. XC – Les hospitaliùres
  29. XCI – Son altesse monseigneur le duc de Guise
  30. À propos de cette Ă©dition Ă©lectronique