La Cerisaie
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La Cerisaie

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About this book

Madame Ranievskaia revient d'un long voyage passé a Paris ou elle a dilapidé son argent. De retour a la Cerisaie, elle devrait vendre la propriété, mais les souvenirs de bonheurs passés, l'empeche de s'y résoudre... «La Cerisaie» est la derniere piece de théùtre écrite par Tchekhov.

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Information

Publisher
Booklassic
eBook ISBN
9789635256556
Subtopic
Drama

ACTE I

La chambre qui est encore appelĂ©e la chambre des enfants ; une des portes donne dans la chambre d’Ania. L’aube ; le soleil va bientĂŽt se lever. Commencement de mai ; cerisiers dĂ©jĂ  fleuris ; mais il fait encore froid ; lĂ©gĂšre gelĂ©e blanche. Les fenĂȘtres de la chambre sont fermĂ©es.

ScĂšne premiĂšre

Entrent Douniacha, avec une bougie, et Lopakhine, tenant un livre.
LOPAKHINE. – Enfin le train est arrivĂ© ! Quelle heure est-il ?
DOUNIACHA. – PrĂšs de deux heures. (Elle Ă©teint la bougie.)Il fait dĂ©jĂ  jour.
LOPAKHINE. – Combien le train a-t-il de retard ? Au moins deux heures. (Il bĂąille et s’étire.) Quel imbĂ©cile je fais ! Je viens exprĂšs ici pour aller les attendre Ă  la gare, et je laisse passer l’heure. Je m’endors sur une chaise ! C’est malheureux ! Tu aurais dĂ» me rĂ©veiller !
DOUNIACHA. – Je vous croyais parti. (Elle tend l’oreille.) Ah ! je crois que les voici qui arrivent.
LOPAKHINE, Ă©coutant aussi. – Non
 Le temps de prendre les bagages, ceci, cela
 (Un temps.) Lioubov Andréïevna vient de passer cinq ans Ă  l’étranger. Comment est-elle maintenant ? C’est une excellente femme, simple, agrĂ©able Ă  vivre
 Je me rappelle, quand j’étais un blanc-bec de quinze ans, mon dĂ©funt pĂšre, qui tenait une boutique dans le village, me flanqua un coup de poing dans la figure, et mon nez se mit Ă  saigner. Nous Ă©tions venus ici je ne sais pourquoi, et mon pĂšre Ă©tait un peu ivre. Lioubov Andréïevna, toute jeune encore, toute mince, me mena Ă  ce lavabo, dans cette chambre des enfants, et me dit : « Ne pleure pas, mon petit moujik ; avant ton mariage il n’y paraĂźtra plus. » (Un temps.) Mon petit moujik ! C’est vrai que mon pĂšre Ă©tait un paysan, et moi je porte des gilets blancs et des souliers jaunes !
 Un groin de porc Ă  portĂ©e des friandises
 Tout nouvellement enrichi ; beaucoup d’argent !
 Mais, Ă  tout peser et considĂ©rer, rien qu’un paysan. (Il feuillette un livre.) J’ai lu ce livre et n’y ai rien compris ; ça m’a endormi.
Un silence.
DOUNIACHA. – Les chiens n’ont pas dormi cette nuit ; ils sentent que leurs maütres reviennent.
LOPAKHINE. – Qu’est-ce qui t’arrive, Douniacha ?
DOUNIACHA. – Mes mains tremblent. Je vais me trouver mal.
LOPAKHINE. – Tu es trop douillette, Douniacha ! Et tu t’habilles et te coiffes en demoiselle. Ce n’est pas bien ; il faut se souvenir de ce qu’on est.

ScĂšne II

LES MÊMES, EPIKHODOV
Epikhodov entre, tenant un bouquet. Veston, bottes trÚs cirées, qui crissent. Epikhodov laisse tomber son bouquet, le ramasse, et le remet à Douniacha.
EPIKHODOV. – Le jardinier envoie ces fleurs pour la salle à manger.
Douniacha prend les fleurs.
LOPAKHINE, à Douniacha. – Apporte-moi du kvas.
DOUNIACHA. – Bien, monsieur.
Elle sort.
EPIKHODOV. – Trois degrĂ©s, de la gelĂ©e blanche, et les cerisiers en fleur ! Je ne saurais approuver notre climat ! (Il soupire.)Il ne peut rien donner Ă  propos. ErmolaĂŻ Alekséïevitch, j’ajouterai que j’ai achetĂ© avant-hier une paire de bottes, et, j’ose vous l’affirmer, elles crissent au-delĂ  de toute permission. Avec quoi pourrait-on bien les graisser ?
LOPAKHINE. – Tu m’ennuies ; laisse-moi.
EPIKHODOV. – Il n’est pas de jour oĂč il ne m’arrive quelque malheur ; et je ne me plains pas ; j’y suis mĂȘme habituĂ© ; je souris.
Douniacha apporte le kvas et sert Lopakhine.
EPIKHODOV. – Je m’en vais. (Il se heurte Ă  une chaise qui tombe. D’un air de triomphe.) VoilĂ  ! Vous voyez ! Pardon, pour l’expression, quelle mĂ©saventure entre autres
 C’est vraiment remarquable !
Il sort.
DOUNIACHA. – Et moi, il faut que je vous l’avoue, ErmolaĂŻ Alekséïevitch, Epikhodov m’a fait une demande en mariage.
LOPAKHINE. – Ah !
DOUNIACHA. – Je ne sais que faire
 C’est un homme doux, mais souvent, quand il vous parle, on ne comprend rien. Ce qu’il dit est touchant et bien ; mais on ne comprend pas. Je crois qu’il me plaĂźt. Il m’aime Ă  la folie ; mais c’est un homme Ă  malheurs ; tous les jours il lui arrive quelque chose ; on l’a surnommĂ© Vingt-Deux-Malheurs.
LOPAKHINE, prĂȘtant l’oreille. – Je crois que les voici.
DOUNIACHA. – C’est eux ! Qu’est-ce qui m’arrive ?
 Je me sens toute froide.
LOPAKHINE. – Oui, c’est eux ! Allons à leur rencontre. Va-t-elle me reconnaütre ? Il y a cinq ans que nous ne nous sommes vus.
DOUNIACHA, Ă©mue. – Je dĂ©faille !
 Ah ! je dĂ©faille !
On entend arriver deux voitures. Lopakhine et Douniacha sortent prĂ©cipitamment. La scĂšne est vide. On entend du bruit dans les piĂšces voisines. Firs, revenant de la gare oĂč il est allĂ© chercher Mme RanievskaĂŻa, traverse la scĂšne, appuyĂ© sur un bĂąton. Il porte une livrĂ©e ancienne et un chapeau haut de forme. Il marmonne quelque chose. Le bruit, derriĂšre la scĂšne, augmente. Une voix : Passons par ici. Mme RanievskaĂŻa, Ania et Charlotta Ivanovna ; cette derniĂšre mĂšne un petit chien, attachĂ© par une chaĂźnette ; toutes trois sont en costume de voyage. Varia a un manteau ; sur la tĂȘte, un mouchoir en marmotte. GaĂŻev, Simeonov-Pichtchik, Lopakhine, Douniacha tient un gros paquet enveloppĂ© dans du linge et un parapluie ; des domestiques apportent les bagages. Tous traversent la scĂšne.
ANIA. – Maman, te rappelles-tu cette chambre ?
MME RANIEVSKAÏA, joyeuse, les larmes aux yeux. – La chambre des enfants !
VARIA. – Comme il fait froid ; j’ai les doigts gelĂ©s. (Ă  Mme RanievskaĂŻa.) MĂšre, vos deux chambres, la blanche et la violette, n’ont pas Ă©tĂ© touchĂ©es.
MME RANIEVSKAÏA. – La chambre des enfants. Comme je l’aime, comme elle est jolie ! J’y couchais quand j’étais petite
 (Une larme.) Et encore aujourd’hui, je suis comme toute petite. (Elle embrasse son frĂšre, puis Varia, et encore son frĂšre.) Varia aussi est toujours la mĂȘme ; elle a l’air d’une religieuse
 J’ai aussi reconnu Douniacha

Elle l’embrasse.
GAÏEV. – Le train a eu deux heures de retard, qu’en pensez-vous !
 Quel ordre !
CHARLOTTA, Ă  Pichtchik. – Mon chien mange mĂȘme des noisettes[1].
PICHTCHIK, Ă©tonnĂ©. – Voyez-moi ça !
Tous sortent, sauf Ania et Douniacha.
DOUNIACHA. – Comme on vous attendait !

Elle aide Ania Ă  quitter son manteau et son chapeau.
ANIA. – Voilà quatre nuits que je ne dors pas ; je suis toute transie.
DOUNIACHA. – Au moment du carĂȘme, quand vous ĂȘtes partie, il y avait de la neige, il gelait ; ce n’est pas comme maintenant. Ah ! chĂšre mademoiselle ! (Elle rit et l’embrasse.) Comme il me tardait de vous voir, ma joie, ma lumiĂšre, mon cƓur !
 Il faut que je vous le dise sans perdre une seconde

ANIA, fatiguĂ©e. – Encore une histoire

DOUNIACHA. – Epikhodov, le comptable, m’a demandĂ©e en mariage aprĂšs PĂąques.
ANIA. – Tu songes toujours Ă  la mĂȘme chose
 (Elle arrange ses cheveux.) J’ai perdu toutes mes Ă©pingles

Elle est trÚs fatiguée et vacille.
DOUNIACHA. – Je ne sais que faire. Il m’aime, il m’aime extrĂȘmement !
ANIA, regardant avec tendresse du cĂŽtĂ© de sa chambre. – Ma chambre, mes fenĂȘtres ! c’est comme si je n’étais pas partie. Je suis chez moi ! Demain, je courrai au jardin
 Ah ! si je pouvais dormir ! Toute la route je n’ai pas dormi, tant j’étais inquiĂšte.
DOUNIACHA. – Avant-hier, Piotr Serguéïevitch est arrivĂ© ici.
ANIA, joyeuse
 – Pierre[2] ?
DOUNIACHA. – Il s’est installĂ© dans le pavillon du bain ; il dort. Il a eu peur de gĂȘner. (Elle regarde sa montre.) Il faudrait le rĂ©veiller, mais Varvara MikhaĂŻlovna m’a dĂ©fendu de le faire.
Entre Varia, son trousseau de clefs Ă  la ceinture.
VARIA. – Douniacha, du cafĂ©, vite ! MĂšre demande du cafĂ©.
DOUNIACHA. – Tout de suite.
Elle sort.
VARIA. – Enfin vous voilĂ  arrivĂ©es, Dieu merci ! Te voici revenue. (La caressant.) Ma chĂ©rie est revenue, ma belle !
ANIA. – Ce que j’en ai vu, Varia !
VARIA. – Je me le figure.
ANIA. – Quand je suis partie, cette semaine d’avant PĂąques, il faisait trĂšs froid. Charlotta, toute la route, n’a cessĂ© de parler et de faire des tours de passe-passe
 Pourquoi m’as-tu empĂȘtrĂ©e de cette Charlotta, Varia ?
VARIA. – À dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant t’en aller toute seule Ă  l’étranger.
ANIA. – Nous arrivons Ă  Paris, il y faisait froid ; il y avait de la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquiĂšme Ă©tage. Je trouve chez elle des Français, des dames, un vieux prĂȘtre, tenant un livre. Partout de la fumĂ©e de tabac ; aucun confort
 J’ai eu soudain pitiĂ© de maman ; j’ai pris sa tĂȘte dans mes mains et ne pouvais plus la lĂącher. Puis, maman m’a caressĂ©e, a pleuré 
VARIA, les larmes aux yeux. – Tais-toi, ne raconte plus !
ANIA. – Maman avait dĂ©jĂ  vendu la villa de Menton ; il ne lui restait rien. Moi non plus, il ne me reste pas un sou. C’est tout juste si nous avons pu revenir. Et maman ne se rend compte de rien ! En voyage, nous mangeons aux buffets ; elle demande tout ce qu’il y a de plus cher et donne aux garçons des roubles de pourboire ; Charlotta fait de mĂȘme ; Iacha, un domestique de maman (nous l’avons amenĂ© ici), se fait servir tout un dĂźner ; c’est affreux

VARIA. – Je l’ai vu, ce flandrin.
ANIA. – Et, ici, Varia, que s’est-il passĂ© ? Les intĂ©rĂȘts sont-ils payĂ©s ?
VARIA. – Avec quoi les payer ?
ANIA. – Mon Dieu, mon Dieu !
VARIA. – On vendra la cerisaie au mois d’aoĂ»t

ANIA. – Mon Dieu !
Lopakhine entrouvre la porte, les aperçoit, fait « Hum », et s’en va.
VARIA, toujours pleurant, tendant le poing vers Lopakhine. – Voilà ce que je lui donnerais à celui-là !
ANIA, elle embrasse Varia doucement. – Varia, est-ce qu’il t’a demandĂ©e en mariage ? (Varia hoche la tĂȘte) Mais, voyons, il t’aime
 Pourquoi ne vous expliquez-vous pas ? Qu’attendez-vous ?
VARIA. – Je crois que cela ne se fera pas. Il e...

Table of contents

  1. Titre
  2. PERSONNAGES
  3. ACTE I
  4. ACTE II
  5. ACTE III
  6. ACTE IV
  7. À propos de cette Ă©dition Ă©lectronique
  8. Notes de bas de page