La chambre qui est encore appelĂ©e la chambre des enfants ; une des portes donne dans la chambre dâAnia. Lâaube ; le soleil va bientĂŽt se lever. Commencement de mai ; cerisiers dĂ©jĂ fleuris ; mais il fait encore froid ; lĂ©gĂšre gelĂ©e blanche. Les fenĂȘtres de la chambre sont fermĂ©es.

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La Cerisaie
About this book
Madame Ranievskaia revient d'un long voyage passé a Paris ou elle a dilapidé son argent. De retour a la Cerisaie, elle devrait vendre la propriété, mais les souvenirs de bonheurs passés, l'empeche de s'y résoudre... «La Cerisaie» est la derniere piece de théùtre écrite par Tchekhov.
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Information
Subtopic
DramaIndex
LiteratureACTE I
ScĂšne premiĂšre
Entrent Douniacha, avec une bougie, et Lopakhine, tenant un livre.
LOPAKHINE. â Enfin le train est arrivĂ© ! Quelle heure est-il ?
DOUNIACHA. â PrĂšs de deux heures. (Elle Ă©teint la bougie.)Il fait dĂ©jĂ jour.
LOPAKHINE. â Combien le train a-t-il de retard ? Au moins deux heures. (Il bĂąille et sâĂ©tire.) Quel imbĂ©cile je fais ! Je viens exprĂšs ici pour aller les attendre Ă la gare, et je laisse passer lâheure. Je mâendors sur une chaise ! Câest malheureux ! Tu aurais dĂ» me rĂ©veiller !
DOUNIACHA. â Je vous croyais parti. (Elle tend lâoreille.) Ah ! je crois que les voici qui arrivent.
LOPAKHINE, Ă©coutant aussi. â Non⊠Le temps de prendre les bagages, ceci, cela⊠(Un temps.) Lioubov Andréïevna vient de passer cinq ans Ă lâĂ©tranger. Comment est-elle maintenant ? Câest une excellente femme, simple, agrĂ©able Ă vivre⊠Je me rappelle, quand jâĂ©tais un blanc-bec de quinze ans, mon dĂ©funt pĂšre, qui tenait une boutique dans le village, me flanqua un coup de poing dans la figure, et mon nez se mit Ă saigner. Nous Ă©tions venus ici je ne sais pourquoi, et mon pĂšre Ă©tait un peu ivre. Lioubov Andréïevna, toute jeune encore, toute mince, me mena Ă ce lavabo, dans cette chambre des enfants, et me dit : « Ne pleure pas, mon petit moujik ; avant ton mariage il nây paraĂźtra plus. » (Un temps.) Mon petit moujik ! Câest vrai que mon pĂšre Ă©tait un paysan, et moi je porte des gilets blancs et des souliers jaunes !⊠Un groin de porc Ă portĂ©e des friandises⊠Tout nouvellement enrichi ; beaucoup dâargent !⊠Mais, Ă tout peser et considĂ©rer, rien quâun paysan. (Il feuillette un livre.) Jâai lu ce livre et nây ai rien compris ; ça mâa endormi.
Un silence.
DOUNIACHA. â Les chiens nâont pas dormi cette nuit ; ils sentent que leurs maĂźtres reviennent.
LOPAKHINE. â Quâest-ce qui tâarrive, Douniacha ?
DOUNIACHA. â Mes mains tremblent. Je vais me trouver mal.
LOPAKHINE. â Tu es trop douillette, Douniacha ! Et tu tâhabilles et te coiffes en demoiselle. Ce nâest pas bien ; il faut se souvenir de ce quâon est.
ScĂšne II
LES MĂMES, EPIKHODOV
Epikhodov entre, tenant un bouquet. Veston, bottes trÚs cirées, qui crissent. Epikhodov laisse tomber son bouquet, le ramasse, et le remet à Douniacha.
EPIKHODOV. â Le jardinier envoie ces fleurs pour la salle Ă manger.
Douniacha prend les fleurs.
LOPAKHINE, Ă Douniacha. â Apporte-moi du kvas.
DOUNIACHA. â Bien, monsieur.
Elle sort.
EPIKHODOV. â Trois degrĂ©s, de la gelĂ©e blanche, et les cerisiers en fleur ! Je ne saurais approuver notre climat ! (Il soupire.)Il ne peut rien donner Ă propos. ErmolaĂŻ Alekséïevitch, jâajouterai que jâai achetĂ© avant-hier une paire de bottes, et, jâose vous lâaffirmer, elles crissent au-delĂ de toute permission. Avec quoi pourrait-on bien les graisser ?
LOPAKHINE. â Tu mâennuies ; laisse-moi.
EPIKHODOV. â Il nâest pas de jour oĂč il ne mâarrive quelque malheur ; et je ne me plains pas ; jây suis mĂȘme habituĂ© ; je souris.
Douniacha apporte le kvas et sert Lopakhine.
EPIKHODOV. â Je mâen vais. (Il se heurte Ă une chaise qui tombe. Dâun air de triomphe.) VoilĂ ! Vous voyez ! Pardon, pour lâexpression, quelle mĂ©saventure entre autres⊠Câest vraiment remarquable !
Il sort.
DOUNIACHA. â Et moi, il faut que je vous lâavoue, ErmolaĂŻ Alekséïevitch, Epikhodov mâa fait une demande en mariage.
LOPAKHINE. â Ah !
DOUNIACHA. â Je ne sais que faire⊠Câest un homme doux, mais souvent, quand il vous parle, on ne comprend rien. Ce quâil dit est touchant et bien ; mais on ne comprend pas. Je crois quâil me plaĂźt. Il mâaime Ă la folie ; mais câest un homme Ă malheurs ; tous les jours il lui arrive quelque chose ; on lâa surnommĂ© Vingt-Deux-Malheurs.
LOPAKHINE, prĂȘtant lâoreille. â Je crois que les voici.
DOUNIACHA. â Câest eux ! Quâest-ce qui mâarrive ?⊠Je me sens toute froide.
LOPAKHINE. â Oui, câest eux ! Allons Ă leur rencontre. Va-t-elle me reconnaĂźtre ? Il y a cinq ans que nous ne nous sommes vus.
DOUNIACHA, Ă©mue. â Je dĂ©faille !⊠Ah ! je dĂ©faille !
On entend arriver deux voitures. Lopakhine et Douniacha sortent prĂ©cipitamment. La scĂšne est vide. On entend du bruit dans les piĂšces voisines. Firs, revenant de la gare oĂč il est allĂ© chercher Mme RanievskaĂŻa, traverse la scĂšne, appuyĂ© sur un bĂąton. Il porte une livrĂ©e ancienne et un chapeau haut de forme. Il marmonne quelque chose. Le bruit, derriĂšre la scĂšne, augmente. Une voix : Passons par ici. Mme RanievskaĂŻa, Ania et Charlotta Ivanovna ; cette derniĂšre mĂšne un petit chien, attachĂ© par une chaĂźnette ; toutes trois sont en costume de voyage. Varia a un manteau ; sur la tĂȘte, un mouchoir en marmotte. GaĂŻev, Simeonov-Pichtchik, Lopakhine, Douniacha tient un gros paquet enveloppĂ© dans du linge et un parapluie ; des domestiques apportent les bagages. Tous traversent la scĂšne.
ANIA. â Maman, te rappelles-tu cette chambre ?
MME RANIEVSKAĂA, joyeuse, les larmes aux yeux. â La chambre des enfants !
VARIA. â Comme il fait froid ; jâai les doigts gelĂ©s. (Ă Mme RanievskaĂŻa.) MĂšre, vos deux chambres, la blanche et la violette, nâont pas Ă©tĂ© touchĂ©es.
MME RANIEVSKAĂA. â La chambre des enfants. Comme je lâaime, comme elle est jolie ! Jây couchais quand jâĂ©tais petite⊠(Une larme.) Et encore aujourdâhui, je suis comme toute petite. (Elle embrasse son frĂšre, puis Varia, et encore son frĂšre.) Varia aussi est toujours la mĂȘme ; elle a lâair dâune religieuse⊠Jâai aussi reconnu DouniachaâŠ
Elle lâembrasse.
GAĂEV. â Le train a eu deux heures de retard, quâen pensez-vous !⊠Quel ordre !
CHARLOTTA, Ă Pichtchik. â Mon chien mange mĂȘme des noisettes[1].
PICHTCHIK, Ă©tonnĂ©. â Voyez-moi ça !
Tous sortent, sauf Ania et Douniacha.
DOUNIACHA. â Comme on vous attendait !âŠ
Elle aide Ania Ă quitter son manteau et son chapeau.
ANIA. â VoilĂ quatre nuits que je ne dors pas ; je suis toute transie.
DOUNIACHA. â Au moment du carĂȘme, quand vous ĂȘtes partie, il y avait de la neige, il gelait ; ce nâest pas comme maintenant. Ah ! chĂšre mademoiselle ! (Elle rit et lâembrasse.) Comme il me tardait de vous voir, ma joie, ma lumiĂšre, mon cĆur !⊠Il faut que je vous le dise sans perdre une secondeâŠ
ANIA, fatiguĂ©e. â Encore une histoireâŠ
DOUNIACHA. â Epikhodov, le comptable, mâa demandĂ©e en mariage aprĂšs PĂąques.
ANIA. â Tu songes toujours Ă la mĂȘme chose⊠(Elle arrange ses cheveux.) Jâai perdu toutes mes Ă©pinglesâŠ
Elle est trÚs fatiguée et vacille.
DOUNIACHA. â Je ne sais que faire. Il mâaime, il mâaime extrĂȘmement !
ANIA, regardant avec tendresse du cĂŽtĂ© de sa chambre. â Ma chambre, mes fenĂȘtres ! câest comme si je nâĂ©tais pas partie. Je suis chez moi ! Demain, je courrai au jardin⊠Ah ! si je pouvais dormir ! Toute la route je nâai pas dormi, tant jâĂ©tais inquiĂšte.
DOUNIACHA. â Avant-hier, Piotr Serguéïevitch est arrivĂ© ici.
ANIA, joyeuse⊠â Pierre[2] ?
DOUNIACHA. â Il sâest installĂ© dans le pavillon du bain ; il dort. Il a eu peur de gĂȘner. (Elle regarde sa montre.) Il faudrait le rĂ©veiller, mais Varvara MikhaĂŻlovna mâa dĂ©fendu de le faire.
Entre Varia, son trousseau de clefs Ă la ceinture.
VARIA. â Douniacha, du cafĂ©, vite ! MĂšre demande du cafĂ©.
DOUNIACHA. â Tout de suite.
Elle sort.
VARIA. â Enfin vous voilĂ arrivĂ©es, Dieu merci ! Te voici revenue. (La caressant.) Ma chĂ©rie est revenue, ma belle !
ANIA. â Ce que jâen ai vu, Varia !
VARIA. â Je me le figure.
ANIA. â Quand je suis partie, cette semaine dâavant PĂąques, il faisait trĂšs froid. Charlotta, toute la route, nâa cessĂ© de parler et de faire des tours de passe-passe⊠Pourquoi mâas-tu empĂȘtrĂ©e de cette Charlotta, Varia ?
VARIA. â Ă dix-sept ans, tu ne pouvais pourtant tâen aller toute seule Ă lâĂ©tranger.
ANIA. â Nous arrivons Ă Paris, il y faisait froid ; il y avait de la neige. Je parle atrocement le français. Maman habite le cinquiĂšme Ă©tage. Je trouve chez elle des Français, des dames, un vieux prĂȘtre, tenant un livre. Partout de la fumĂ©e de tabac ; aucun confort⊠Jâai eu soudain pitiĂ© de maman ; jâai pris sa tĂȘte dans mes mains et ne pouvais plus la lĂącher. Puis, maman mâa caressĂ©e, a pleurĂ©âŠ
VARIA, les larmes aux yeux. â Tais-toi, ne raconte plus !
ANIA. â Maman avait dĂ©jĂ vendu la villa de Menton ; il ne lui restait rien. Moi non plus, il ne me reste pas un sou. Câest tout juste si nous avons pu revenir. Et maman ne se rend compte de rien ! En voyage, nous mangeons aux buffets ; elle demande tout ce quâil y a de plus cher et donne aux garçons des roubles de pourboire ; Charlotta fait de mĂȘme ; Iacha, un domestique de maman (nous lâavons amenĂ© ici), se fait servir tout un dĂźner ; câest affreuxâŠ
VARIA. â Je lâai vu, ce flandrin.
ANIA. â Et, ici, Varia, que sâest-il passĂ© ? Les intĂ©rĂȘts sont-ils payĂ©s ?
VARIA. â Avec quoi les payer ?
ANIA. â Mon Dieu, mon Dieu !
VARIA. â On vendra la cerisaie au mois dâaoĂ»tâŠ
ANIA. â Mon Dieu !
Lopakhine entrouvre la porte, les aperçoit, fait « Hum », et sâen va.
VARIA, toujours pleurant, tendant le poing vers Lopakhine. â VoilĂ ce que je lui donnerais Ă celui-lĂ !
ANIA, elle embrasse Varia doucement. â Varia, est-ce quâil tâa demandĂ©e en mariage ? (Varia hoche la tĂȘte) Mais, voyons, il tâaime⊠Pourquoi ne vous expliquez-vous pas ? Quâattendez-vous ?
VARIA. â Je crois que cela ne se fera pas. Il e...
Table of contents
- Titre
- PERSONNAGES
- ACTE I
- ACTE II
- ACTE III
- ACTE IV
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- Notes de bas de page