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About this book

Jaurès, avant d'être homme politique, fut professeur de philosophie. Plus que de véritables poèmes, ce sont des rêveries philosophiques qui nous sont ici proposées. L'édition, posthume (1921), ne nous permet pas de connaître la période de composition. Jaurès est né en 1859 dans un département, le Tarn, encore très rural. Il en garde une sensibilité réelle à la nature: nuages, oiseaux, soleil, étoiles, jeux de lumières, ciel bleu, terre, rochers, nuit. La philosophie fait intervenir Pascal, Copernic, Kant, Bossuet... et apporte les notions d'infini, d'espace, d'âme, de Dieu... Pour autant, l'homme n'est pas oublié: c'est un homme prométhéen, acteur de son progrès, qui apparaît dans «le blé». Derrière le tribun socialiste, nous voyons apparaître un homme complexe et sensible.

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Information

Publisher
Booklassic
eBook ISBN
9789635247097
Subtopic
Poetry

Ivresses panthéistes

I. – Il y a des heures où nous éprouvons à fouler la terre une joie tranquille et profonde comme la terre elle-même. Si nous l’enveloppions seulement d’un regard, elle ne serait pas à nous ; mais nous pesons sur elle et elle réagit sur nous ; mais nous pouvons nous coucher sur son sein et nous faire porter par elle, et sentir je ne sais quelles palpitations profondes qui répondent à celles de notre cœur. Que de fois, en cheminant dans les sentiers, à travers champs, je me suis dit tout à coup que c’était la terre que je foulais, que j’étais à elle et qu’elle était à moi ! Et, sans y songer, je ralentissais le pas, parce que ce n’était point la peine de se hâter à sa surface, parce qu’à chaque pas je la sentais et je la possédais tout entière, et que mon âme, si je puis dire, marchait en profondeur. Que de fois aussi, couché au revers d’un fossé, tourné, au déclin du jour, vers l’Orient d’un bleu si doux, je songeais tout à coup que la terre voyageait, que, fuyant la fatigue du jour et les horizons limités du soleil, elle allait d’un élan prodigieux vers la nuit sereine et les horizons illimités, et qu’elle m’y portait avec elle ! Et je sentais dans ma chair aussi bien que dans mon âme, et dans la terre même comme dans ma chair, le frisson de cette course, et je trouvais une douceur étrange à ces espaces bleus qui s’ouvraient devant nous, sans un froissement, sans un pli, sans un murmure. Oh ! combien est plus profonde et plus poignante cette amitié de notre chair et de la terre que l’amitié errante et vague de notre regard et du ciel constellé ! Et comme la nuit étoilée serait moins belle à nos yeux, si nous ne nous sentions pas en même temps liés à la terre, s’il n’y avait pas une sorte de contradiction troublante entre la liberté vague du regard et du rêve, et cette liaison à la terre, dont le cœur déconcerté ne peut dire si elle est dépendance ou amitié !
II. – Quand on dit que la lumière est la joie des yeux, on veut dire qu’elle est la joie du cerveau. La lumière se mêle à cette activité organique vaguement aperçue qui accompagne la pensée, et par suite elle se mêle, d’une manière intime et en quelque sorte organique, avec la pensée elle-même à l’état naissant. Ce n’est pas quand la pensée s’est développée en forme distincte d’idée que la lumière vient à s’unir à elle ; elle la surprend et la pénètre à l’état organique, et elle constitue par là même, dans notre cerveau, un milieu subtil et joyeux où toutes les idées quelles qu’elles soient, où toutes les formes quelles qu’elles soient, se meuvent plus heureuses et plus belles. À la lettre, nos pensées, dans leur milieu cérébral, baignent dans la lumière, et il peut arriver que l’action prolongée de la lumière radieuse et immense, abolissant le sentiment organique spécial à notre cerveau, élargisse un moment notre conscience jusqu’à la confondre avec l’horizon plein de clarté. Il m’est arrivé, après avoir marché longtemps dans la lumière enivrante de l’été, de ne plus me sentir moi-même que comme un lieu de passage de la lumière ; mes yeux me faisaient l’effet de deux arches étranges par où un fleuve de lumière, se développant en moi, submergeait et effaçait peu à peu les limites organiques de ma conscience.
III. – Tous les êtres cherchent leur voie en chantant ou en gémissant. Et les grands souffles qui, le soir, semblent hésiter sous le ciel et demander leur chemin à la forêt sombre sont bien le symbole de toute vie. Au contraire, les astres ont beau être suspendus de proche en proche à un centre idéal et mystérieux ; ils ont beau, subissant des actions et des réactions illimitées, décrire des courbes riches d’infini qu’aucune formule mathématique n’épuisera complètement, ils ne cherchent pas, ils ne tâtonnent pas. Il y a dans leur mouvement une certitude impeccable. Leur aspiration éternelle est éternellement réalisée par la précision des évolutions géométriques. Qu’ont-ils dès lors à raconter ? et qu’ont-ils à nous dire, à nous qui cherchons sans cesse notre voie ? Non, les astres sacrés n’ont pas un frémissement de feuilles inquiètes, et ce n’est pas d’un frisson de forêt que doit s’emplir la nuit étoilée, mais bien de la sérénité de la lumière étern...

Table of contents

  1. Titre
  2. Comme un rêve
  3. Étude de nuages
  4. Le blé
  5. Le nuage et l’oiseau
  6. La couleur fille de la lumière
  7. Dans le bleu
  8. Sous les étoiles
  9. La musique éternelle
  10. Tambour et violoncelle
  11. La voix des choses
  12. L’âme de la terre
  13. Rêve étoilé
  14. Dans l’espace
  15. Le secret de l’univers
  16. Descente dans l’infini
  17. L’étonnement éternel
  18. Ivresses panthéistes
  19. L’âme et Dieu
  20. À propos de cette édition électronique