Palmyre Veulard
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Palmyre Veulard

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Palmyre Veulard

About this book

Palmyre Veulard est entretenue par Gabriel Métivier, un multimillionnaire dont elle est la maîtresse. Mais Gabriel est phtisique. Profes, son médecin, et Palmyre s'entendent pour qu'il fasse un séjour de cure a Montreux ou ils esperent qu'il finira ses jours.

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Information

Chapitre 1

Van Sighem avait déjà parlé des théâtres, d’un concert à bénéfice et du temps qu’il faisait. Son stock de conversation était épuisé. Néanmoins, il parvint encore à raconter comment il venait de perdre cinquante louis aux courses de Nice, en jouant sur Boulotte et sur Triboulet.
À ce qu’il paraît, dit-il, Triboulet est arrivé beau dernier ; quant à Boulotte, elle a démonté son jockey.
Comme Palmyre, un peu moqueuse, lui apprenait que ces deux chevaux n’avaient jamais eu la moindre chance, il reprit :
C’est Lilas, des écuries Blamont, qui a gagné.
D’un ton de parfaite indifférence, elle répéta :
Ah ! vraiment, c’est Lilas !
Et tous deux restèrent silencieux dans la pénombre du salon. Dehors, à intervalles réguliers, le chemin de fer de Passy passait avec un sifflet aigu, et son houloulement résonnait dans le calme du boulevard presque solitaire. Palmyre, les regards perdus dans le vague, avait évidemment certain souci. Van Sighem, trouvant ce silence gênant, cherchait un thème à banalités. Mais comme il n’avait qu’une seule pensée, – une pensée qu’il n’osait exprimer, – il ne trouvait rien ; et, malgré lui, il perdait son temps à rouler dans sa tête des projets vagues et des souvenirs.
La première fois qu’il avait vu Palmyre, c’était à l’Opéra, où l’on donnait Faust. Il y était venu après un dîner délicat, en compagnie de deux crevés du high-life dont la conversation roulait exclusivement sur les femmes. La digestion, la musique, les décors, les histoires égrillardes, tout cela lui troublait un peu le cerveau. D’abord, il n’eut point une vue nette des choses qui se passaient autour de lui : les têtes des spectateurs dansèrent à ses yeux et se confondirent avec le corps de ballet, les dorures des galeries avec les grosses couleurs des décors. Néanmoins, comme Bosquin et madame Miolan-Carvalho attaquaient leur duo :
Laisse-moi contempler ton visage…
il remarqua Palmyre. Elle était appuyée au balcon d’une avant-scène. Sous les flots de lumière roulant dans la salle, sa chevelure d’un blond ardent avait des reflets de flammes. Les traits accentués, presque durs de son visage s’adoucissaient en se détachant sur le fond incertain de l’air rutilant de vapeurs. Ses moindres mouvements étaient d’une souplesse féline, pleine de séductions. Comme ses regards rencontraient toujours cette tête entre toutes les têtes, Van Sighem se mit à questionner ses compagnons. Ceux-ci, heureux d’étourdir un peu sa naïveté provinciale, lui prodiguèrent les détails vrais ou faux sur Palmyre et sur son amant, Gabriel Métivier. Après le spectacle, tous allèrent souper au Café Anglais, avec des femmes.
Là, comme on le raillait sur sa passion naissante, Van Sighem, très excité, paria qu’il aurait Palmyre ; puis il emmena une Italienne qui lui ressemblait un peu.
Or, depuis quinze jours, ayant réussi à se lier avec Métivier, il lui rendait de fréquentes visites ; mais jamais encore il ne s’était trouvé seul avec sa maîtresse. Deux ou trois fois, il avait essayé d’écrire, et couché sur le papier quelques-unes de ces phrases qui semblent toujours empruntées au « Parfait Secrétaire » : une certaine crainte l’avait empêché d’expédier ses lettres. À cette heure, une occasion unique se présentait : il pouvait parler, elle l’écouterait peut-être… Et la timidité du provincial devant la Parisienne le clouait, muet, sur sa causeuse ; et, désespérant de savoir parler ou agir, persuadé du reste qu’elle avait oublié sa présence dans une rêverie, il se mit à la contempler et à l’analyser. Elle était évidemment obsédée par une pensée secrète ; quelle pouvait être cette pensée ? Une peine, un désir, un souci ?… De l’amour peut-être ?… Non ; ses yeux clairs, brillant de ce bleu froid des anciennes faïences, ses yeux fascinateurs et indifférents comme des yeux de vipère ne trahissaient pas l’amour… Cependant, Métivier se disait heureux. Il la croyait fidèle. Elle l’était peut-être… Alors, par intérêt ; car elle ne l’aimait pas, elle ne pouvait l’aimer… Mais l’intérêt, pour les femmes comme elle, n’est point de savourer la fortune, même immense, d’un seul homme : c’est d’entraîner à leur suite une foule en rut, de dévorer les monceaux d’or entassés à leurs pieds par la concupiscence universelle, de vider ceux qui s’approchent d’elles et de conserver, de toutes les passions excitées et satisfaites, quelques cartes qui en font venir d’autres, – d’autres sans cesse… Et leur gloire est d’engloutir sans lassitude, indistinctement, les héritages des fils des preux et ceux entassés par des générations laborieuses de bourgeois économes…
Alors Van Sighem, effrayé en songeant à l’envolée des louis paternels, si Palmyre consentait à souffler dessus, se mit à regarder autour de lui, supputant ce qu’elle pouvait coûter. L’ameublement du salon, banal, incomplet, point en rapport avec la fortune de Métivier, ne lui apprit rien. À vrai dire, une table de laque japonaise, au milieu de la pièce, aux grands émaux du seizième siècle, pièces uniques, éveillaient l’idée de quelque appétit de vrai luxe ; dans un coin, un petit secrétaire Renaissance, à incrustations d’ivoire, œuvre de quelque artiste italien de la Renaissance, étonnait par sa perfection. Mais le tapis était maigre, les tentures des portes d’un goût déplorable et d’un bon marché trop évident. En revanche, la cheminée était garnie de vieilles dentelles espagnoles, à fines découpures, à dessins compliqués d’arabesques. Trois affreux tableaux, copies de copies, pastiches d’un rapin par un barbouilleur, éclataient dans de lourds cadres dorés. Le Hollandais remarqua surtout une Madeleine pénitente, comme aplatie sur une tête de mort, et dont la chair, de tons faux rose, se détachait sur un fond baroque, terre de Sienne brûlée. Moitié machinalement, moitié dans l’espoir de renouer la conversation, il demanda :
Qu’est-ce que ce tableau ?
Palmyre leva les yeux et répondit sans hésitation :
C’est un Corrège.
Puisque ses notions sur l’art étaient aussi rudimentaires, il ne fallait pas causer peinture avec elle : cela l’ennuierait certainement. Mais pour avoir acquis de semblables tableaux, Métivier devait être un imbécile, de peu récréante compagnie, ou un avare.
Ah ! dans ce dernier cas, le succès serait facile : Palmyre avait sans doute le goût des choses chères et de continuels besoins d’argent : si son amant n’avait pas la générosité de les satisfaire, il devait être possible de le supplanter… Cependant Métivier n’était pas un avare ; en mainte occasion il avait étalé son mépris de l’argent ; et non loin de ces tableaux grotesques, sur la cheminée, des deux côtés d’une pendule en bronze doré, – d’une pendule de quatre cents francs, – deux statuettes en vieux Saxe élancées, presque vivantes, avaient le charme des pièces de premier choix… Et sur tous les guéridons il y avait des fleurs : des roses venues de Nice, des seringas à peine ouverts, d’énormes touffes de violettes : de sorte que l’air était imprégné de parfums étouffants qui grisaient et rendaient la respiration difficile.
Alors Van Sighem, auquel son examen n’apprenait rien, désespéra de réussir ; à sa place, un Parisien eût déjà trouvé l’expédient juste, et une fois de plus il regretta de n’être pas Parisien. Par sa niaiserie, il allait perdre son pari. Ses amis se moqueraient de lui, et ils auraient raison. S’il était si maladroit avec une fille, comment s’y prendrait-il avec une honnête femme ?…
Un échec semblable paraissait dur à sa vanité. Puis, il s’était brûlé au jeu. Palmyre était maintenant pour lui plus qu’un caprice : il souffrirait de la voir rester aux bras d’un autre.
En calculant ainsi les voluptés convoitées en vain, en enveloppant du regard ce corps de femme qui se dessinait sous les plis du cachemire collant, il se sentit étouffer. Il se leva, fit quelques pas sans que Palmyre le regardât ; puis, irrésistiblement attiré, il revint s’asseoir auprès d’elle.
Sa gorge était sèche. Une telle ardeur de passion l’emplissait qu’il en oublia le ridicule de son silence. Renonçant à chercher encore d’introuvables paroles, il prit dans ses deux mains la petite main de Palmyre et se mit à la caresser, essayant de mettre dans son attouchement toutes sortes de tendresses. Alors Palmyre, sans retirer sa main, le regarda bien en face, avec un sourire et un léger haussement d’épaules. Mais elle ne lui dit rien ; et il restait plus embarrassé que jamais, ignorant si cette concession était pour lui un avantage, tremblant d’être pris, à cause de sa jeunesse, de son air naïf, de sa gaucherie, pour un garçon sans conséquence, auquel on ne marchande pas de légères faveurs. Il se fit petit, et sans bouger, très tranquille, il gardait la main. Ses perplexités augmentèrent quand il s’aperçut dans une glace ; il se trouva d’apparence bien lourde, avec sa grosse figure rose de poupon de cire et ses cheveux soigneusement pommadés ; puis, il paraissait beaucoup trop sérieux : ses vagues favoris blond pâle lui donnaient l’air d’un pasteur protestant.
En ce moment, on frappa deux coups à la porte. Palmyre ne prit pas la peine de répondre ; néanmoins, une minute après, la femme de chambre, Irma, entra et, avec un regard circulaire, annonça de sa voix fûtée :
M. Profès !
Palmyre se leva toute droite, brusquement tirée de sa distraction. Mais elle s’aperçut que Van Sighem l’observait, et, reprenant son sang-froid, elle accueillit l’arrivant.
Ah ! c’est vous, docteur ! Enfin !… J’avais hâte de vous voir… Gabriel a beaucoup toussé, cette nuit…
Puis, s’apercevant que les deux hommes ne se connaissaient pas, elle les présenta l’un à l’autre. Profès, après un salut, alla s’appuyer contre la cheminée. Il se tenait volontiers debout, pour faire ressortir les grâces de sa personne et pour ne gêner en rien son geste élégant. Devant lui, Van Sighem se trouva complètement effacé ...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1
  3. Chapitre 2
  4. Chapitre 3
  5. Chapitre 4
  6. Chapitre 5
  7. Chapitre 6
  8. Chapitre 7
  9. Chapitre 8
  10. Chapitre 9
  11. Chapitre 10