Barnabé Rudge - Tome II
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Barnabé Rudge - Tome II

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Barnabé Rudge - Tome II

About this book

Barnabé Rudge - Tome II was written in the year 1841 by Charles Dickens. This book is one of the most popular novels of Charles Dickens, and has been translated into several other languages around the world.

This book is published by Booklassic which brings young readers closer to classic literature globally.

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Information

Chapitre 1

Le lendemain matin, le serrurier resta en proie aux mêmes incertitudes, et le surlendemain, et plusieurs jours de suite encore. Souvent, après la chute du jour, il entrait dans la rue et tournait ses regards vers la maison qu'il connaissait si bien ; et il était sûr d'y voir la lumière solitaire briller encore à travers les fentes du volet de la fenêtre, quand tout paraissait au dedans muet, immobile, triste comme un tombeau. Comme il ne voulait pas risquer de perdre la faveur de M. Haredale en désobéissant à ses injonctions précises, il ne s'aventurait jamais à frapper à la porte ou à trahir sa présence ; mais, chaque fois que l'attrait d'un vif intérêt et d’une curiosité non satisfaite le poussait à venir voir de ce côté, et Dieu sait s'il y venait souvent, la lumière était toujours là.
Quand il aurait su ce qui se passait au dedans, il n'en aurait guère été plus avancé ; ce n'est pas là ce qui lui aurait donné la clef de ces veilles mystérieuses. À la brune, M. Haredale se renfermait chez lui, et au point du jour il sortait. Il ne manquait jamais une seule nuit le même manège. Il entrait et sortait toujours tout seul, sans varier le moins du monde ses habitudes.
Voici comment il occupait sa veillée. Le soir, il entrait au logis, absolument comme le jour où le serrurier l'avait accompagné. Il allumait une bougie, parcourait l'appartement, l'examinant avec soin et en détail. Cela fait, il retournait dans la chambre du rez-de-chaussée, posait son épée et ses pistolets sur la table, et s'asseyait devant jusqu'au lendemain matin.
Il avait presque toujours avec lui un livre que souvent il essayait de lire, mais sans pouvoir jamais y fixer les yeux ou sa pensée cinq minutes de suite. Le plus léger bruit au dehors frappait son oreille : il semblait qu'il ne pouvait pas résonner un pas sur le trottoir qui ne lui fit bondir le cœur.
Il ne passait pas ces longues heures de solitude sans rien prendre. Il portait généralement dans sa poche un sandwich au jambon, avec un petit flacon de vin, dont il se versait quelques gouttes dans une grande quantité d'eau, et il buvait ce sobre breuvage avec une ardeur fiévreuse, comme s'il avait la gorge desséchée ; mais il était rare qu'il prit une miette de pain pour déjeuner.
S'il était vrai, comme le serrurier, après mûre réflexion, paraissait disposé à le croire, que ce sacrifice volontaire de sommeil et de bien-être dût être attribué à l'attente superstitieuse de l'accomplissement d'une vision ou d'un rêve en rapport avec l'événement qui l'avait occupé tout entier depuis tant d'années ; s'il était vrai qu'il attendit la visite de quelque revenant qui courait les champs à l'heure où les gens sont tranquillement endormis dans leur lit, il ne montrait toujours aucune trace de crainte ou d'hésitation. Ses traits sombres exprimaient une résolution inflexible ; ses sourcils froncés, ses lèvres serrées, annonçaient une décision ferme et profonde ; et, quand il tressaillait au moindre bruit, l'oreille aux aguets, ce n'était point du tout le tressaillement de la peur, c'était plutôt celui de l'espérance : car aussitôt il saisissait son épée, comme si l'heure était enfin venue ; puis il la serrait à poing fermé, et écoutait avidement, l'œil étincelant et l'air impatient, jusqu'à ce qu'il n'entendît plus rien.
Ces désappointements étaient fréquents, car ils se renouvelaient à chaque son extérieur ; mais sa constance n'en était point ébranlée. Toujours, toutes les nuits, il était là à son poste, comme une sentinelle lugubre et sans sommeil. La nuit se passait, le jour venait : il veillait toujours.
Et cela bien des semaines. Il avait pris un logement garni au Vauxhall pour y passer la journée et goûter quelque repos ; c'est de là qu'à la faveur de la marée il venait, ordinairement par eau, de Westminster à London-Bridge. pour éviter les rues populeuses.
Un soir, peu de temps avant le crépuscule, il suivait sa route accoutumée le long de la rivière, dans l'intention de passer par la salle de Westminster-Hall, puis par la cour du palais, pour aller prendre, comme d'habitude, le bateau de London-Bridge. Il y avait pas mal de gens rassemblés autour des Chambres, pour voir entrer et sortir les membres du Parlement, qu'ils accompagnaient de leurs acclamations bruyantes, d'approbations ou de sifflets, selon leurs opinions connues. En traversant la foule il entendit deux ou trois fois pousser le cri de : « Pas de papisme ! » qui n'était pas nouveau pour ses oreilles ; mais il n'y fit seulement pas attention, en voyant qu'il partait d'un attroupement de fainéants de bas étage ; et, sans en prendre aucun souci, il continua son chemin avec la plus parfaite indifférence.
Il y avait dans la salle de Westminster de petits groupes épars au milieu desquels les uns, en petit nombre, levaient les yeux vers la voûte majestueuse de l'édifice, éclairée par les derniers feux du soleil couchant, dont les rayons obliques coloraient ses vitraux, avant de s'éteindre tout à fait dans l'ombre. D'autres, des passants bruyants, des ouvriers qui retournaient chez eux en sortant de leurs ateliers, pressaient le pas, éveillant de leurs voix animées les échos sonores, et bouchant le jour de la petite porte lointaine, quand ils défilaient devant pour continuer leur route. D'autres, en conversation réglée sur des sujets politiques ou personnels, se promenaient lentement de long en large, les yeux fixés sur le sol, et semblaient être tout oreilles depuis les pieds jusqu'à la tête, pour écouter ce qui se disait. Ici une demi-douzaine de gamins se chamaillaient ensemble, de manière à faire de Westminster une vraie tour de Babel ; là un homme isolé, demi-clerc et demi-mendiant, se promenait à pas comptés, épuisé par la faim qui perçait dans le désespoir de ses traits ; coudoyé, en passant, par un petit garçon chargé de quelque commission, dandinant son panier, et fendant, de ses cris perçants, la charpente même du plafond ; pendant qu'un écolier, plus discret et surtout plus prudent, s'arrêtait à mi-chemin pour remettre sa balle dans sa poche, à la vue du bedeau qui arrivait de loin en grondant. C'était l'heure de la soirée où, rien que le temps de fermer les yeux, on trouve en les rouvrant que l'obscurité a fait des progrès. La dalle, usée par les pas qui la réduisaient en poussière, faisait un appel aux murs élevés de l'enceinte pour répéter le bruit retentissant des pieds toujours en mouvement, à moins qu'il ne fût dominé tout à coup par la chute de quelque lourde porte retombant contre le bâtiment, comme un coup de tonnerre, qui noyait tous les autres bruits dans son fracas éclatant.
M. Haredale, donnant à peine un coup d'œil à ces groupes en passant, et un coup d'œil distrait, avait déjà presque traversé la salle, lorsque son attention fut attirée par deux personnes debout devant lui. L'une d'elles, un gentleman d'une mise élégante, portait à la main une badine qu'il faisait tourner, en se promenant, de la façon la plus fashionable ; l'autre l'écoutait d'un air de chien couchant, avec des manières obséquieuses et rampantes : c'était à peine s'il se permettait de glisser un mot dans leur colloque. La tête rentrée dans les épaules jusqu'aux oreilles, il se frottait les mains avec une basse complaisance, ou répondait de temps en temps par une simple inclination de tête, qui tenait un juste milieu entre un signe d'approbation et une plate révérence.
Après tout, ces deux hommes n'offraient rien de bien remarquable : car ce n'est déjà pas si rare de voir des gens faire une cour servile à un bel habit accompagné d'une canne, sans vouloir parler ici des cannes à pommes d'or ou d'argent de nos seigneurs les lords, ni des baguettes officielles de nos magistrats. Et pourtant, dans ce monsieur bien mis, et aussi dans l'autre, il y avait quelque chose qui fit éprouver à M. Haredale une sensation désagréable. Il hésita, s'arrêta, et se disposait à se jeter de côté pour éviter leur rencontre, lorsque, au même moment, les deux autres, s'étant retournés vivement, se trouvèrent face à face avec lui avant qu'il eût pu leur échapper.
Le gentleman à la canne leva son chapeau et commençait à s'excuser de ce choc imprévu ; M. Haredale se hâtait d'accepter l'explication et de s'évader, quand le premier s'arrêta tout court et s'écria : « Tiens ! c'est Haredale ! Parbleu ! voilà qui est étrange !
– C'est vrai, répondit-il avec impatience. Oui, je…
– Mon cher ami, cria l'autre en le retenant, comme vous êtes pressé ! Une minute, Haredale, au nom de notre ancienne connaissance.
– Je suis pressé, en effet. Nous ne désirions cette rencontre ni l'un ni l'autre. Nous n'avons rien de mieux à faire que de l'abréger. Bonsoir.
– Fi ! fi ! répliqua sir John, car c'était lui, vous êtes aussi trop maussade. Justement nous parlions de vous. J'avais encore votre nom sur les lèvres ; peut-être même me l'avez-vous entendu prononcer… Non ? J'en suis fâché, j'en suis vraiment fâché. Vous reconnaissez notre ami ici présent, Haredale ? convenez que c'est une singulière rencontre. »
L'ami en question, évidemment mal à son aise, avait pris la liberté de serrer le bras de sir John et de lui faire entendre, par toute sorte d'autres signes, qu'il désirait éviter cette présentation. Mais comme cela n'entrait pas dans les vues de sir John, il n'eut pas l'air de s'apercevoir de ces supplications muettes, et le montra de la main, en même temps qu'il disait « notre ami, » pour appeler plus particulièrement sur lui l'attention.
Notre ami n'eut donc plus d'autre ressource que d'étaler sur son visage le plus brillant sourire dont il pouvait disposer, et de faire une révérence propitiatoire au moment où M. Haredale tourna sur lui ses yeux. Se voyant reconnu, il avança la main d'un air de gaucherie et d'embarras, qui ne fit qu'augmenter lorsque Haredale la rejeta d'un air de mépris, en disant froidement :
« M. Gashford ! Alors on ne m'avait pas trompé. Il paraît, monsieur, que vous avez décidément jeté le masque, et que vous poursuivez à présent avec l'ardeur amère d'un renégat ceux dont les opinions étaient autrefois les vôtres. Grand honneur pour la cause que vous embrassez, monsieur ! Je fais mon compliment à celle que vous venez d'épouser, d'avoir fait, une pareille acquisition. »
Le secrétaire se frottait les mains avec force révérences, comme pour désarmer son adversaire en s'humiliant devant lui. Sir John Chester s'écriait de l'air le plus réjoui : « Vraiment, il faut convenir que c’est une singulière rencontre ! » Et là-dessus il prenait dans sa tabatière une prise de tabac avec son calme ordinaire.
« M. Haredale, dit M. Gashford, levant les yeux en cachette et les baissant tout de suite après, quand ils eurent rencontré le regard fixe et ferme du premier, M. Haredale est trop consciencieux, trop honorable, trop sincère, assurément, pour attribuer à d'indignes motifs un changement d'opinions plein de loyauté, même quand ces opinions nouvelles ne seraient pas d'accord avec celles qu'il professe lui-même ; M. Haredale est trop juste, trop généreux, d'une intelligence trop éclairée, pour…
– Ah ! vraiment, monsieur ? reprit l'autre avec un sourire sarcastique en le voyant s'arrêter embarrassé. Vous disiez donc… ?
Gashford haussa légèrement les épaules et, baissant encore les yeux sur les dalles, garda le silence.
« Non ; mais, réellement, dit John venant alors à son aide, convenons que c’est une rencontre tout à fait singulière. Haredale, mon cher ami, pardon ; je ne crois pas que vous soyez frappé, comme il faut l'être, de ce qu'elle a de remarquable. Voyez un peu : nous voici là, sans rendez-vous préalable, trois anciens camarades de collège, réunis dans la salle de Westminster ; trois anciens pensionnaires du triste et ennuyeux séminaire de Saint-Omer, où vous deux vous étiez obligés, par votre titre de catholiques, de faire votre éducation, et où moi, l'une des espérances en herbe du parti protestant de ce temps-là, j'avais été envoyé pour prendre des leçons de français d'un Parisien pur sang.
– Vous pourriez ajouter une particularité qui rend la chose encore plus singulière, sir John, dit M. Haredale : c'est que quelques-unes de ces espérances en herbe du parti protestant sont en ce moment liguées dans l'édifice là-bas pour nous dépouiller du privilège abusif et monstrueux d'apprendre à nos enfants à lire et à écrire ; c'est que, dans ce pays de liberté prétendue, en Angleterre même, où nous entrons par milliers tous les ans dans vos troupes pour défendre votre liberté, et pour aller mourir en masse à votre service dans les sanglantes batailles du continent, vous aussi, par milliers, à ce que j'entends dire, vous vous laissez persuader par ce M. Gashford, qu'il faut nous regarder tous comme des loups et des bêtes fauves. Vous pourriez ajouter encore que cela n'empêche pas cet homme-là d'être reçu dans votre société, de se promener tranquillement par les rues en plein jour, la tête levée (pas comme en ce moment) : et je vous réponds que ce n'est pas la particularité la moins étrange de cette étrange rencontre.
– Oh ! vous êtes bien sévère pour notre ami, répliqua sir John avec un sourire engageant ; vraiment, je vous trouve bien sévère avec notre ami.
« Laissez-le continuer, sir John, dit Gashford en tripotant ses gants, laissez-le continuer, j'y mettrai de la patience, sir John. Quand on a l'honneur de votre estime, on peut se passer de celle de M. Haredale. M. Haredale est un des hommes qui se sentent atteints par nos lois pénales, et naturellement je ne dois pas m'attendre à me voir en faveur auprès de lui.
– Ma faveur ! monsieur, repartit Haredale, jetant un regard amer à l'autre interlocuteur, elle vous est au contraire si bien acquise, que je suis charmé de vous voir en si bonne compagnie. N'êtes-vous, pas à vous deux, l'essence de votre fameuse Association ?
– Je dois vous dire, reprit sir John de son air le plus doucereux, qu'ici vous faites une méprise. C'est de votre part, pour un homme aussi exact et aussi judicieux, une erreur qui m'étonne. Je n'appartiens pas à l'Association dont vous parlez ; je professe un immense respect pour ses membres, mais je n'en fais pas partie, quoique je sois, il est vrai, opposé par conscience à ce qu'on vous rende vos droits. Je regarde cela comme mon devoir, j'en ai beaucoup de regret ; mais c’est une nécessité fâcheuse, et qui me coûte plus que vous ne pensez… Voulez-vous une prise ? si vous ne voyez pas d'inconvénient à prendre cette légère infusion d'un parfum innocent, vous en trouverez l'arôme exquis, j'en suis sûr.
– Pardon, sir John, dit Haredale en faisant signe qu'il n'en usait pas, pardon de vous avoir mis au rang des humbles instruments qui travaillent au grand jour. J'aurais dû faire plus d'honneur à votre génie. Les hommes de votre capacité se contentent de comploter impunément dans l'ombre et de laisser leurs enfants perdus exposés au premier feu des mécontents.
– Comment donc ! répliqua sir John, toujours avec la même douceur, vous n'avez pas besoin de vous excuser. Ce serait bien le diable si de vieux amis comme vous et moi ne pouvaient pas se passer quelques libertés. »
Gashford, qui avait été tout ce temps-là dans une agitation perpétuelle, mais sans lever les yeux, se tourna enfin vers sir John et se hasarda à lui glisser à l'oreille qu'il était obligé de partir, pour ne pas faire attendre milord.
« Vous n'avez que faire de vous tourmenter, mon bon monsieur, lui dit M, Haredale ; je vais vous quitter pour vous mettre plus à l'aise. » Et c'est ce qu'il allait faire sans plus de cérémonie, lorsqu'il fut arrêté par un murmure et un bourdonnement qui partaient du bout de la salle ; et, jetant les yeux dans cette direction, il vit arriver lord Georges Gordon, entouré d'une foule de gens.
La figure de ses deux compagnons laissa percer, chacun à sa manière, une expression de triomphe secret, qui donna naturellement à M. Haredale l'envie de ne point se déranger devant ce chef de parti, et de l'attendre de pied ferme sur son passage. Il se redressa donc, et, croisant ses bras derrière son dos, prit une attitude fière et méprisante, pendant que lord Georges s'avançait lentement, à travers la foule qui se pressait autour de lui, juste vers l'endroit où les trois interlocuteurs étaient réunis.
Il venait de quitter à l'instant la chambre des Communes, et était venu tout droit à la salle du palais, répandant, selon sa coutume, le long de son chemin, la nouvelle de ce qui avait été dit, le soir même, relativement aux papistes, des pétitions présentées en leur faveur, des personnes qui les avaient appuyées, du jour où l'on passerait le bill, et du moment opportun qu'il faudrait choisir pour présenter à leur tour leur grande pétition protestante. Il débitait tout cela aux personnes qui l'entouraient, en élevant la voix et ne ménageant pas les gestes. Ceux qui se trouvaient le plus près de lui se communiquaient leurs commentaires, et laissaient éclater des menaces et des murmures ; ceux qui étaient en arrière de la foule criaient : « Silence, » ou bien : « Ne fermez donc pas le passage, » ou se pressaient contre les autres pour tâcher de leur prendre leurs places ; en un mot, ils avançaient péniblement, de la façon la plus irrégulière et la plus désordonnée, comme fait toujours la foule.
Quand ils furent arrivés près de l'endroit où se tenaient le secrétaire, sir John et M. Haredale, lord Georges se retourna en faisant quelques réflexions incohérentes d'une nature assez violente, finit par le cri banal de « À bas les papistes ! » et demanda aux assistants trois salves de hourras pour appuyer sa motion. Pendant qu'on s'empressait, autour de lui, d'y répondre avec une grande énergie, il se débarrassa de la multitude et s'avança auprès de Gashford. Comme ils étaient tous les deux, ainsi que sir John, bien connus de la populace, elle fit un pas en arrière pour les laisser tous quatre ensemble.
« Voici M. Haredale, lord Georges, lui dit sir John Chester, voyant que le noble lord regardait l'inconnu d'un œil scrutateur, un gentleman catholique malheureusement… je regrette beaucoup qu'il soit catholique… mais c'est une de mes connaissances que j'estime beaucoup, une ancienne connaissance aussi de M. Gashford. Mon cher Haredale, voici lord Georges Gordon.
– J'aurais reconnu tout de suite Sa Seigneurie, quand je ne l'aurais jamais vue auparavant, dit M. Haredale. J'espère qu'il n'y a pas deux gentilshommes en Angleterre qui, en s'adressant à une populace ignorante et passionnée, fussent capables de lui parler dans les termes injurieux que je viens d'entendre, d'une part considérable de leurs concitoyens. Fi ! milord, fi !
– Je n'ai rien à vous dire, monsieur, répliqua lord Georges à haute voix, en agitant la main avec un trouble visible ; il n'y a rien de commun entre nous.
– Il y a bien des choses au contraire qui devraient être communes entre nous, dit M. Haredale ; je puis dire même que Dieu nous a donné tout en commun… la charité commune à tous les hommes, le sens commun, les notions les plus communes des convenances qui devraient vous interdire une pareille conduite. Quand chacun de ces hommes que vous avez là autour de vous aurait des armes dans les mains, comme ils les portent ...

Table of contents

  1. Titre
  2. Chapitre 1
  3. Chapitre 2
  4. Chapitre 3
  5. Chapitre 4
  6. Chapitre 5
  7. Chapitre 6
  8. Chapitre 7
  9. Chapitre 8
  10. Chapitre 9
  11. Chapitre 10
  12. Chapitre 11
  13. Chapitre 12
  14. Chapitre 13
  15. Chapitre 14
  16. Chapitre 15
  17. Chapitre 16
  18. Chapitre 17
  19. Chapitre 18
  20. Chapitre 19
  21. Chapitre 20
  22. Chapitre 21
  23. Chapitre 22
  24. Chapitre 23
  25. Chapitre 24
  26. Chapitre 25
  27. Chapitre 26
  28. Chapitre 27
  29. Chapitre 28
  30. Chapitre 29
  31. Chapitre 30
  32. Chapitre 31
  33. Chapitre 32
  34. Chapitre 33
  35. Chapitre 34
  36. Chapitre 35
  37. Chapitre 36
  38. Chapitre 37
  39. Chapitre 38
  40. Chapitre 39
  41. Chapitre 40
  42. Notes de bas de page