Madame Thérese ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu
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Madame Thérese ou Les Volontaires de 92 - Pourquoi Hunebourg ne fut pas rendu

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Madame Thérese, ou les Volontaires de 92, est l'histoire d'une vivandiere de l'armée de la Moselle, laissée pour morte sur le champ de bataille d'Anstatt, recueillie et sauvée par un brave docteur allemand. Ce roman ressuscite des temps glorieux, la lutte de trente mille volontaires de Hoche contre les quatre-vingt mille soldats de Brunswick et de Wurmser. Un souffle patriotique l'anime d'un bout a l'autre. On croirait, en le lisant, vivre au milieu de ces hommes intrépides, de ces immortels volontaires en guenilles, qui fonderent pour tous l'égalité des droits, et sauverent la France de l'invasion. Madame Thérese, apres le Conscrit, c'est la guerre sainte de la liberté, apres les inutiles batailles de la conquete.

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Information

MADAME THÉRÈSE – ou – LES VOLONTAIRES DE 92

I

Nous vivions dans une paix profonde au village d’Anstatt, au milieu des Vosges allemandes, mon oncle le Dr Jacob Wagner, sa vieille servante Lisbeth et moi. Depuis la mort de sa sœur Christine, l’oncle Jacob m’avait recueilli chez lui.
J’approchais de mes dix ans ; j’étais blond, rose et frais comme un chérubin. J’avais un bonnet de coton, une petite veste de velours brun, provenant d’une ancienne culotte de mon oncle, des pantalons de toile grise et des sabots garnis au-dessus d’un flocon de laine. On m’appelait le petit Fritzel au village, et chaque soir, en rentrant de ses courses, l’oncle Jacob me faisait asseoir sur ses genoux pour m’apprendre à lire en français dans l’Histoire naturelle de M. de Buffon.
Il me semble encore être dans notre chambre basse, le plafond rayé de poutres enfumées. Je vois, à gauche, la petite porte de l’allée et l’armoire de chêne ; à droite, l’alcôve fermée d’un rideau de serge verte ; au fond, l’entrée de la cuisine, près du poêle de fonte aux grosses moulures représentant les douze mois de l’année, – le Cerf, les Poissons, le Capricorne, le Verseau, la Gerbe, etc., – et, du côté de la rue, les deux petites fenêtres qui regardent à travers les feuilles de vigne sur la place de la Fontaine.
Je vois aussi l’oncle Jacob, élancé, le front haut, surmonté de sa belle chevelure blonde dessinant ses larges tempes avec grâce, le nez légèrement aquilin, les yeux bleus, le menton arrondi, les lèvres tendres et bonnes. Il est en culotte de ratine noire, habit bleu de ciel à boutons de cuivre, et bottes molles à retroussis jaune clair, devant lesquelles pend un gland de soie. Assis dans son fauteuil de cuir, les bras sur la table, il lit, et le soleil fait trembloter l’ombre des feuilles de vigne sur sa figure un peu longue et hâlée par le grand air.
C’était un homme sentimental, amateur de la paix ; il approchait de la quarantaine et passait pour être le meilleur médecin du pays. J’ai su depuis qu’il se plaisait à faire des théories sur la fraternité universelle, et que les paquets de livres que lui apportait de temps en temps le messager Fritz concernaient cet objet important.
Tout cela je le vois, sans oublier notre Lisbeth, une bonne vieille, souriante et ridée, en casaquin et jupe de toile bleue, qui file dans un coin ; ni le chat Roller, qui rêve, assis sur sa queue, derrière le fourneau, ses gros yeux dorés ouverts dans l’ombre comme un hibou.
Il me semble que je n’ai qu’à traverser l’allée pour me glisser dans le fruitier aux bonnes odeurs, que je n’ai qu’à grimper l’escalier de bois de la cuisine pour monter dans ma chambre, où je lâchais les mésanges que le petit Hans Aden, le fils du sabotier, et moi, nous allions prendre à la pipée. Il y en avait de bleues et de vertes. La petite Elisa Meyer, la fille du bourgmestre, venait souvent les voir et m’en demander ; et quand Hans Aden, Ludwig, Franz Sépel, Karl Stenger et moi nous conduisions ensemble les vaches et les chèvres à la pâture, sur la côte du Birkenwald, elle s’accrochait toujours à ma veste en me disant :
– Fritzel, laisse-moi conduire votre vache… ne me chasse pas !
Et je lui donnais mon fouet : nous allions faire du feu dans le gazon et cuire des pommes de terre sous la cendre.
Oh ! le bon temps ! comme tout était calme, paisible autour de nous ! Comme tout se faisait régulièrement ! Jamais le moindre trouble : le lundi, le mardi, le mercredi, tous les jours de la semaine se suivaient exactement pareils.
Chaque jour on se levait à la même heure, on s’habillait, on s’asseyait devant la bonne soupe à la farine apprêtée par Lisbeth. L’oncle partait à cheval ; moi, j’allais faire des trébuchets et des lacets pour les grives, les moineaux ou les verdiers, selon la saison.
À midi nous étions de retour. On mangeait du lard aux choux, des noudels ou des knœpfels. Puis j’allais pâturer, ou visiter mes lacets, ou bien me baigner dans la Queich quand il faisait chaud.
Le soir, j’avais bon appétit, l’oncle et Lisbeth aussi, et nous louions à table le Seigneur de ses grâces.
Tous les jours, vers la fin du souper, au moment où la nuit grisâtre commençait à s’étendre dans la salle, un pas lourd traversait l’allée, la porte s’ouvrait, et sur le seuil apparaissait un homme trapu, carré, large des épaules, coiffé d’un grand feutre, et qui disait :
– Bonsoir, monsieur le docteur.
– Asseyez-vous, mauser [1], répondait l’oncle. Lisbeth, ouvre la cuisine.
Lisbeth poussait la porte, et la flamme rouge, dansant sur l’âtre, nous montrait le taupier en face de notre table, regardant de ses petits yeux gris ce que nous mangions. C’était une véritable mine de rat des champs : le nez long, la bouche petite, le menton rentrant, les oreilles droites, quatre poils de moustache jaunes ébouriffés. Sa souquenille de toile grise lui descendait à peine au bas de l’échine ; son grand gilet rouge, aux poches profondes, ballottait sur ses cuisses, et ses énormes souliers, tout jaunes de glèbe, avaient de gros clous qui luisaient sur le devant, en forme de griffes, jusqu’au haut des épaisses semelles.
Le mauser pouvait avoir cinquante ans ; ses cheveux grisonnaient, de grosses rides sillonnaient son front rougeâtre, et des sourcils blancs à reflets d’or lui tombaient jusque sur le globe de l’œil.
On le voyait toujours aux champs en train de poser ses attrapes, ou bien à la porte de son rucher à mi-côte, dans les bruyères du Birkenwald, avec son masque de fil de fer, ses grosses moufles de toile et sa grande cuiller tranchante pour dénicher le miel des ruches.
À la fin de l’automne, durant un mois, il quittait le village, son bissac en travers du dos, d’un côté le grand pot à miel, de l’autre la cire jaune en briques, qu’il allait vendre aux curés des environs pour faire des cierges.
Tel était le mauser.
Après avoir bien regardé sur la table, il disait :
– Ça, c’est du fromage… ça, ce sont des noisettes.
– Oui, répondait l’oncle ; à votre service.
– Merci ; j’aime mieux fumer une pipe maintenant. Alors il tirait de sa poche une pipe noire, garnie d’un couvercle de cuivre à petite chaînette. Il la bourrait avec soin, continuant de regarder, puis il entrait dans la cuisine, prenait une braise dans le creux de sa main calleuse et la plaçait sur le tabac. Je crois encore le voir, avec sa mine de rat, le nez en l’air, tirer de grosses bouffées en face de l’âtre pourpre, puis rentrer et s’asseoir dans l’ombre, au coin du fourneau, les jambes repliées.
En dehors des taupes et des abeilles, du miel et de la cire, le mauser avait encore une autre occupation grave : il prédisait l’avenir moyennant le passage des oiseaux, l’abondance des sauterelles et des chenilles, et certaines traditions inscrites dans un gros livre à couvercle de bois, qu’il avait hérité d’une vieille tante de Héming, et qui l’éclairait sur les choses futures.
Mais pour entamer le chapitre de ses prédictions, il lui fallait la présence de son ami Koffel, le menuisier, le tourneur, l’horloger, le tondeur de chiens, le guérisseur de bêtes, bref, le plus beau génie d’Anstatt et des environs.
Koffel faisait de tout : il rafistolait la vaisselle fêlée avec du fil de fer, il étamait les casseroles, il réparait les vieux meubles détraqués, il remettait l’orgue en bon état quand les flûtes ou les soufflets étaient dérangés ; l’oncle Jacob avait même dû lui défendre de redresser les jambes et les bras cassés, car il se sentait aussi du talent pour la médecine. Le mauser l’admirait beaucoup et disait quelquefois :
– Quel dommage que Koffel n’ait pas étudié !… quel dommage !
Et toutes les commères du pays le regardaient comme un être universel.
Mais tout cela ne faisait pas bouillir sa marmite, et le plus clair de ses ressources était encore d’aller couper de la choucroute en automne, son tiroir à rabots sur le dos en forme de hotte, criant de porte en porte :
– Pas de choux ? pas de choux ?
Voilà pourtant comment les grands esprits sont récompensés.
Koffel, petit, maigre, noir de barbe et de cheveux, le nez effilé, descendant tout droit en pointe comme le bec d’une sarcelle, ne tardait pas à paraître, les poings dans les poches de sa petite veste ronde, le bonnet de coton sur la nuque, la pointe entre les épaules, sa culotte et ses gros bas bleus, tachés de colle-forte, flottant sur ses jambes minces comme des fils d’archal, et ses savates découpées en plusieurs endroits pour faire place à ses oignons. Il entrait quelques instants après le mauser et, s’avançant à petits pas, il disait d’un air grave :
– Bon appétit, monsieur le docteur.
– Si le cœur vous en dit ? répondait l’oncle.
– Bien des remerciements ; nous avons mangé ce soir de la salade ; c’est ce que j’aime le mieux.
Après ces paroles, Koffel allait s’asseoir derrière le fourneau et ne bougeait pas jusqu’au moment où l’oncle disait :
– Allons, Lisbeth, allume la chandelle et lève la nappe.
Alors, à son tour, l’oncle bourrait sa pipe et se rapprochait du fourneau. On se mettait à causer de la pluie et du beau temps, des récoltes, etc. ; le taupier avait posé tant d’attrapes pendant la journée, il avait détourné l’eau de tel pré durant l’orage ; ou bien il venait de retirer tant de miel de ses ruches ; ses abeilles devaient bientôt essaimer, elles formaient barbe, et d’avance le mauser préparait des paniers pour recevoir les jeunes.
Koffel, lui, ruminait toujours quelque invention ; il parlait de son horloge sans poids où les douze apôtres devaient paraître au coup de midi, pendant que le coq chanterait et que la mort faucherait ; ou bien de sa charrue, qui devait marcher toute seule, en la remontant comme une pendule, ou de telle autre découverte merveilleuse.
L’oncle écoutait gravement ; il approuvait d’un signe de tête, en rêvant à ses malades.
En été, les voisines, assises sur le banc de pierre, devant nos fenêtres ouvertes, s’entretenaient avec Lisbeth des choses de leurs ménages : l’une avait filé tant d’aunes de toile l’hiver dernier ; les poules d’une autre avaient pondu tant d’œufs dans la journée.
Moi, je profitais d’un bon moment pour courir à la forge de Klipfel, dont la flamme brillait de loin, dans la nuit, au bout du village. Hans Aden, Frantz Sépel et plusieurs autres s’y trouvaient déjà réunis. Nous regardions les étincelles partir comme des éclairs sous les coups de marteau ; nous sifflions au bruit de l’enclume. Se présentait-il une vieille rosse à ferrer, nous aidions à lui lever la jambe. Les plus vieux d’entre nous essayaient de fumer des feuilles de noyer, ce qui leur retournait l’estomac ; quelques autres se glorifiaient d’aller déjà tous les dimanches à la danse, c’étaient ceux de quinze à seize ans. Ils se plantaient le chapeau sur l’oreille et fumaient d’un air d’importance, les mains dans les poches.
Enfin, à dix heures, toute la bande se dispersait ; chacun rentrait chez soi.
Ainsi se passaient les jours ordinaires de la semaine ; mais les lundis et les vendredis l’oncle recevait la Gazette de Francfort, et ces jours-là les réunions étaient plus nombreuses à la maison. Outre le mauser et Koffel, nous voyions arriver notre bourgmestre Christian Meyer et M. Karolus Richter, le petit-fils d’un ancien valet du comte de Salm-Salm. Ni l’un ni l’autre ne voulait s’abonner à la gazette, mais ils aimaient d’en entendre la lecture pour rien.
Que de fois je me suis rappelé depuis notre gros bourgmestre aux oreilles écarlates, avec sa camisole de laine et son bonnet de coton blanc, assis dans le fauteuil, à la place ordinaire de l’oncle ! Il semblait songer à des choses profondes ; mais sa grande préoccupation était de retenir les nouvelles pour en faire part à sa femme, la vertueuse Barbara, qui gouvernait la commune sous son nom.
Et le grand Karolus donc, cette espèce de lévrier en habit de chasse et casquette de cuir bouilli, le plus grand usurier du pays, qui regardait les paysans du haut de sa grandeur, parce que son grand-père avait été laquais de Salm-Salm, qui s’imaginait vous faire des grâces en fumant votre tabac, et qui parlait sans cesse de parcs, de faisanderies, de grandes chasses à courre, des droits et des privilèges de monseigneur de Salm-Salm. Combien de fois je l’ai revu en rêve, allant, venant dans notre chambre basse, écoutant, fronçant le sourcil, plongeant tout à coup la main dans la grande poche de l’habit de l’oncle, pour lui prendre son paquet de tabac, bourrant sa pipe et l’allumant à la chandelle en disant :
– Permettez !
Oui, toutes ces choses, je les revois.
Pauvre oncle Jacob, qu’il était bonhomme de se laisser fumer son tabac, mais il n’y prenait pas même garde ; il lisait avec tant d’attention les nouvelles du jour. Les Républicains envahissaient le Palatinat, ils descendaient le Rhin, ils osaient regarder en face les trois électeurs, le roi Wilhelm de Prusse et l’empereur Joseph.
Tous les assistants s’étonnaient de leur audace.
M. Richter disait que cela ne pouvait durer, et que tous ces mauvais gueux seraient exterminés jusqu’au dernier.
L’oncle finissait toujours sa lecture par quelque réflexion judicieuse ; tout en repliant la gazette, il disait :
– Louons le Seigneur de vivre au milieu des bois, plutôt que dans les vignobles, dans la montagne aride, plutôt que dans la plaine féconde. Ces Républicains n’espèrent rien pouvoir happer ici ; voilà ce qui fait notre sécurité, nous pouvons dormir en paix sur les deux oreilles. Mais que d’autres sont exposés à leurs rapines ! Ces gens-là veulent tout par la force ; or, la force n’a jamais rien produit de bon. Ils nous parlent d’amour, d’égalité, de liberté, mais ils n’appliquent point ces principes ; ils se fient à leur bras et non à la justice de leur cause. Avant eux, et bien longtemps, d’autres sont venus pour délivrer le monde ; ceux-là ne frappaient point, ils n’immolaient point, ils périssaient par milliers et furent représentés dans la suite des siècles par l’agneau que les loups dévorent. On aurait cru que de ces hommes il ne devait plus même rester un souvenir ; eh bien ! ils ont conquis le monde ; ils n’ont pas conquis la chair, mais ils ont conquis l’âme du genre humain, et l’âme, c’est tout ! – Pourquoi ceux-ci ne suivent-ils pas le même exemple ?
Aussitôt Karolus Richter s’écriait d’un air dédaigneux :
– Pourquoi ? C’est parce qu’ils se moquent bien des âmes, et qu’ils envient les puissants de la terre. Et d’abord tous ces Républicains sont des athées, depuis le premier jusqu’au dernier ; ils ne respectent ni le trône ni l’autel ; ils ont renversé des choses établies depuis l’origine des temps ; ils ne ...

Table of contents

  1. Titre
  2. MADAME THÉRÈSE – ou – LES VOLONTAIRES DE 92
  3. POURQUOI HUNEBOURG NE FUT PAS RENDU
  4. À propos de cette édition électronique
  5. Notes de bas de page