L'esprit de grandeur
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L'esprit de grandeur

Charles Péguy, l'héroïsme et nous

  1. 178 Seiten
  2. French
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L'esprit de grandeur

Charles Péguy, l'héroïsme et nous

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Face au terrorisme, le surgissement de l'héroïsme convie notre pays et notre République à renouer avec l'esprit de grandeur.C'est la leçon du sacrifice du colonel Arnaud Beltrame, cet officier de gendarmerie qui s'est volontairement substitué à une otage au cours de l'attaque terroriste du 23 mars 2018. Mais c'est en méditant sur l'exemple de Charles Péguy que nous pourrons mieux mesurer en quoi il fait date. Pourtant la tùche sera rude tant l'emprise orléaniste est forte actuellement. Nous trouvons néanmoins des motifs d'espérance en nous souvenant que, réguliÚrement, des esprits courageux et vivants se tournÚrent vers Péguy et nous lancÚrent des appels à la mobilisation contre la tentation du renoncement. Ce fut, en 1931, Emmanuel Mounier: «Péguy fend l'air devant nous», en 1943, Georges Bernanos: «Son heure sonnera», ou encore, en 1973, Maurice Clavel: «Et vous verrez comme il envahit l'avenir».Nous y sommes et les menaces des intégrismes sont autant d'invitations à les écouter de nouveau. L'avertissement est clair: la France et la République se doivent de répondre héroïquement et donc non fanatiquement au fanatisme, notamment religieux. Toutefois, avant d'agir, il convient de prendre le temps de lire Péguy en mesurant combien il est actuel.

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Information

PĂ©guy philosophe

Chapitre I
Le « moment Péguy »

Romain Rolland Ă©crit Ă  une amie, le 10 avril 1900, qu’il connaĂźt un jeune homme nommĂ© Charles PĂ©guy « qui vient de se sĂ©parer brusquement du Parti socialiste » ; ce parti venait d’imposer une discipline absolue Ă  toute sa presse. L’écrivain poursuit que PĂ©guy avait dĂ©cidĂ© « de fonder une Revue Ă  lui tout seul oĂč il dit les choses les plus Ă©loquentes, oĂč il ose dire les vĂ©ritĂ©s les plus audacieuses Ă  tous les puissants, de quelque parti que ce soit. Il a entrepris de travailler Ă  Ă©purer le sens public, de fonder la RĂ©volution sociale sur une rĂ©forme des mƓurs et de l’intelligence ».
LES CONSTATS INQUIETS DE PÉGUY
Comment PĂ©guy en est-il arrivĂ© lĂ , lui qui durant toute l’affaire Dreyfus Ă©crivit dans de nombreux journaux et revues ? N’était-il pas lui aussi un intellectuel quasi officiel dans les cercles dreyfusards ? Or il se rebiffe car l’Affaire passĂ©e, les intellectuels, rĂ©cemment encore vigilants, commencent Ă  s’endormir : les journalistes reviennent dans le tourbillon artificiel du prĂ©sent, les parlementaires se remettent Ă  parler leur Ă©trange langage qui les Ă©loigne des mots du peuple ; les universitaires retournent Ă  leurs rituels de promotion et d’autopromotion. Restait la base dreyfusiste, tous ces professeurs du Primaire et du Secondaire et quelques esprits libres, qui entendait rĂ©sister Ă  la perversion propagandiste et parlementariste de l’Affaire. AprĂšs de grandes difficultĂ©s, le 5 janvier 1900, PĂ©guy publie le premier numĂ©ro des Cahiers de la Quinzaine qui allaient animer la vie intellectuelle française pendant quatorze ans.
PĂ©guy ne voulait pas en rester Ă  l’ambigĂŒitĂ© du mot « intellectuel » qui rĂ©sultait de la passe d’armes de janvier 1898 entre BarrĂšs (le dĂ©nigrant) et les dreyfusards (le valorisant), Ă  l’occasion du J’accuse de Zola2. Peu Ă  peu, le mot « intellectuel » renvoyait Ă  une posture alors que durant la lutte ce terme affirmait une exigence rationnelle et gĂ©nĂ©reuse de vĂ©ritĂ© et de justice : il fallait tout reprendre. PĂ©guy s’oppose « Ă  tous ceux qui formulent pour se dispenser de penser, tous ceux qui amassent des fiches pour se dispenser de travailler, tous les pourvus et tous les casĂ©s me tombĂšrent dessus3 » (Nrf, p. 62).
POURQUOI CETTE DÉCISION ?
PĂ©guy prend au sĂ©rieux sa propre formule : « quand il y a une Ă©clipse, tout le monde est Ă  l’ombre ». Quasiment tous les esprits qui s’étaient mobilisĂ©s avec Ă©nergie au service de la justice et de la vĂ©ritĂ© Ă©taient en train de (se) trahir
 et de s’éclipser. Pour reprendre une formule de Sartre, ils avaient eu le courage de « se mĂȘler de ce qui ne les regarde pas » ; et cela, en les grandissant, faisait grandir la RĂ©publique et la France. PĂ©guy nomme tout ce mouvement « la dĂ©composition du dreyfusisme » ; il prĂ©cise que la conscience de cette dĂ©composition allait « commander toute notre vie » (II, p. 1281). Il sera donc un intellectuel non intellectualiste et se refusera d’intĂ©grer le parti intellectuel, qui regroupant les experts du savoir, refusait dĂ©sormais de « parler au peuple au nom de l’IdĂ©e » (formule de Jean-Pierre Rioux). PĂ©guy refuse de transformer sa maĂźtrise des savoirs, des mots et des argumentations en autoritĂ© de commandement au profit d’une autoritĂ© de compĂ©tence, qu’il met au service du peuple qui souffre. La RĂ©publique allait-elle se retrouver Ă  l’üle du Diable Ă  son tour ? La tĂąche devient simple : « refaire un public ami de la vĂ©ritĂ© ; un public peuple » (I, p. 922). Les Cahiers se veulent une « amitiĂ© » et une « citĂ© » et PĂ©guy prĂ©cise le 20 juin 1909 « une fĂ©dĂ©ration des consciences ». Mais comment ne pas se trahir dans la durĂ©e et conserver le sens de la grandeur ?
L’AVENTURE DES CAHIERS DE LA QUINZAINE (1900-1914)
Contre l’exploitation Ă©lectoraliste du dreyfusisme, il convient de mettre en place une revue originale et libre ; cette publication est le triomphe de ce que RĂ©gis Debray nomme la graphosphĂšre oĂč s’affirme la force dĂ©monstrative de l’imprimĂ© et de l’écrit et oĂč l’on solennise l’acte de publier ; PĂ©guy revendique le beau nom d’« ouvrier typographe » dans un monde moderne oĂč commencent Ă  triompher Ă  la fois la sĂ©duction des images de la publicitĂ© et le charme trompeur des joutes faussement Ă©loquentes. Il entend donner une tribune « Ă  tous ceux qui n’ont pas de tribune ». Il chĂ©rira toujours ceux qui, discrĂštement, devant leurs Ă©lĂšves ou dans leurs publications font partager la culture humaniste hĂ©ritĂ©e. Pour cela, PĂ©guy met en place un dispositif Ă©ditorial inĂ©dit destinĂ© Ă  instituer une vie intellectuelle intense. Le 19 janvier 1904, il prĂ©cise son intention philosophique : « il s’agit de suivre les sophismes Ă  mesure qu’ils se produisent » ; car un sophisme recouvre toujours une injustice. Pour les anticiper, il s’agit de crĂ©er un contentieux intellectuel constructif, en suscitant des controverses qui nous aideront Ă  grandir ensemble ; en effet, les controverses obligent chacun Ă  ĂȘtre fidĂšle Ă  soi et Ă  retrouver la force des mots. PĂ©guy nomme cela arrĂȘter de « faire le malin ». En fait, il s’agit de conjurer le risque du retour du paradoxe de l’ignorant : je ne me sais ignorant que lorsque je m’instruis et me cultive. PĂ©guy est sans pitiĂ© : « Il ne faut pas que le peuple non plus veuille tout savoir sans jamais avoir rien appris [
] Jamais on n’aurait l’idĂ©e de faire du pain sans avoir appris l...

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