La Prospective stratégique en action
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La Prospective stratégique en action

Philippe Durance

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  1. 400 Seiten
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La Prospective stratégique en action

Philippe Durance

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Über dieses Buch

Le rayonnement international de l'école française de prospective n'est plus à démontrer; depuis sa création, cette indiscipline intellectuelle a connu un essor intensif dans les organisations, tant en France qu'à l'international. En élargissant son champ de la stratégie au développement durable, son essor marque aujourd'hui une nouvelle étape, sans pour autant oublier sa mission d'origine: «Éclairer l'action présente à la lumière des futurs possibles et souhaitables.» À l'occasion du passage de témoin entre les chaires de prospective stratégique et de développement durable au sein du Conservatoire national des arts et métiers, cet ouvrage collectif poursuit quatre objectifs: faire le bilan de quarante ans de pratique de prospective, approfondir certains fondements, montrer l'actualité des méthodes et esquisser quelques pistes pour l'avenir. Sous la direction de Philippe Durance, il rassemble les contributions de près de vingt-cinq spécialistes reconnus. Il est publié avec le concours du Cercle des Entrepreneurs du Futur. Le Cercle a pour principal objectif de penser et d'agir autrement en contribuant à la société de la connaissance et en soutenant l'entrepreneuriat, ainsi que les initiatives locales de développement.

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Information

Jahr
2014
ISBN
9782738172174
DEUXIÈME PARTIE
LES CONCEPTS DE LA PROSPECTIVE REVISITÉS


CHAPITRE 6
Les lectures scientifiques du changement et de l’incertitude : une perspective historique

Loïc Petitgirard
La prospective met l’homme, par ses projets et sa volonté, au cœur des différences et des évolutions. Cette vision volontariste, où les acteurs entendent maîtriser leur destin, semble aujourd’hui entrer en résonance avec les thèses modernes de l’évolution des systèmes, héritées de la physique et des mathématiques. Si les explications classiques du changement (déterminisme religieux, historique, technologique, évolutionnisme, destruction créatrice, etc.) ont fait évoluer les attitudes face à l’avenir dans un sens de moins en moins déterministe, il apparaît depuis l’intronisation des théories des systèmes, la théorie du chaos ou encore la biologie de l’évolution, que la dynamique des systèmes est plus que jamais le fruit de déterminations et de hasards. Ce néodétermisme n’est pas simplement transposable dans les systèmes sociaux, mais la prospective, qui n’évacue pas le poids des déterminismes et reconnaît l’importance du hasard, a déjà matière à en tirer des leçons. En tout état de cause, il convient de situer la démarche prospective et de l’enrichir par les principales visions du monde passées et présentes.
Car la question de l’explication du changement n’est pas nouvelle, et elle a une épaisseur historique et culturelle importante. La volonté humaine de connaître l’avenir a, selon les époques, trouvé des formes diverses. Dans notre ère culturelle, les lectures du changement ont d’abord été construites par les philosophes-savants et les théologiens. À l’ère moderne et contemporaine, cette pensée du changement a été considérablement renouvelée parallèlement aux outils qui permettent d’analyser, de prévoir, d’anticiper. En la matière, ce sont les mathématiques qui ont apporté des bouleversements considérables et les outils principaux s’appellent probabilités, statistiques, théorie des équations différentielles et des systèmes dynamiques. À l’inverse, les développements mathématiques sont complètement connectés aux modes de pensée et à la vision du monde d’une époque donnée. À l’ère des déterminismes religieux, point de théorie des probabilités ! Au contraire, la naissance du capitalisme moderne a appelé le développement des techniques comptables, statistiques pour la prévision.
Il ne faudrait cependant pas laisser croire que la pensée déterministe a été chassée purement et simplement par la pensée scientifique. Toute notre histoire montre que déterminisme et hasard, mécanismes et aléas, certitudes et risques sont les deux facettes d’une pensée du changement, qui se renouvelle perpétuellement en revisitant l’articulation entre les termes de ces oppositions.
Dissuasion nucléaire, changement climatique, théorie des systèmes dynamiques, complexité, auto-organisation, risque et gestion du risque : les ingrédients qui participent à la définition de notre vision du changement aujourd’hui sont extrêmement divers. Ce sont autant d’acquis de la seconde moitié du XXe siècle, qui n’ont pas fini de bouleverser notre vision du monde et de son évolution, au point de se demander : a-t-on vraiment digéré tous ces bouleversements dans notre vision de l’évolution du monde ? Et en a-t-on réellement fini avec le changement tel qu’il était pensé au XIXe siècle ?
Pour trouver des réponses et clarifier la situation, il s’agit de retracer les lectures du changement depuis l’Antiquité (panorama circonscrit à l’ère culturelle occidentale) : à la fois pour montrer les grandes évolutions, les principales mutations qui sont profondément culturelles, et les continuités qui montrent que ces mutations ne sont pas toujours radicales et ne produisent leurs effets que sur des temps longs.
De l’Antiquité à la Renaissance, apprendre à penser le risque
DANS L’ANTIQUITÉ
Tant que les conditions de vie des hommes ont été subordonnées aux caprices de la nature, l’homme a difficilement éprouvé le besoin de maîtriser sa propre destinée. De l’Antiquité à la Renaissance, dans sa vision du monde, l’ordre et le changement sont des éléments venus du ciel : l’homme ne pense pas pouvoir déterminer sa propre issue. Il ne peut, et ne doit, que respecter des faits sur lesquels il n’a pas prise. Cette attitude de passivité face à la nature a dominé durant des siècles, marqués par un fatalisme profond, souvent en résonance avec la religion. Dans cette conception du monde, le futur n’est pas accessible au commun des mortels. Pour l’entrevoir, il faut passer par des oracles, devins et autres sibylles et le résultat, quel qu’il soit, s’impose sans possibilité d’y échapper. La prévision n’est pas nécessaire. Elle se confond avec la prédiction et la prophétie. En 1739, dans son dictionnaire, Richelet définit la prévision comme un « terme de théologie ; il se dit de Dieu et signifie connaissance de ce qui adviendra ».
Dans ce système de pensée, le hasard a sa place. On se confronte au hasard à travers le jeu, comme le jeu de dés. Mais c’est pour tester sa bonne fortune, une recherche d’indice sur ce destin inéluctable. Chose la plus remarquable et paradoxale, dans l’Antiquité grecque qui a vu la naissance conjointe de la philosophie et des mathématiques, les questions du hasard et du risque sont absentes des préoccupations des penseurs. Signe des temps, l’aléa n’est pas un sujet d’étude. Jouer le jeu et penser le jeu sont deux activités séparées, jusqu’au renouvellement de la vision du monde et de l’homme au cours de la Renaissance.
Tout ce contexte fut propice à l’épanouissement des religions : c’est notamment la période d’expansion du christianisme en Occident, sur le terreau favorable du monde figé par les déterminismes. La religion apporte les réponses aux questions essentielles, le futur est une question de foi et de morale, première préoccupation des institutions religieuses. Ainsi, pour saint Augustin, Dieu sait tout et a tout programmé d’avance. Ce déterminisme absolu, à visage divin, est celui de la prédestination. L’homme n’est même pas libre de choisir entre le bien et le mal ; pour échapper au péché sur terre, il faut le don de la grâce divine. Saint Thomas d’Aquin au XIe siècle ouvrira une brèche en avançant que la prédestination des fins laisse une plage de liberté sur les moyens. Mais le monde de Ptolémée, la physique d’Aristote, constitue bien l’ossature de la scolastique médiévale : le monde est clos, aux dimensions finies, avec la Terre en son centre et l’homme contemple la création. Les intentions de la puissance créatrice sont à la portée de tout le monde, c’est une question de foi.
UNE SUCCESSION DE NOUVEAUTÉS
On mesure le chemin parcouru dans l’évolution de la pensée depuis cette époque. Fondamentalement, il est le fruit de plus quatre siècles de bouleversements entre le XIIe et le XVIIe siècle. Le premier choc culturel vient des croisades et du spectacle offert par des cultures orientales, plus sophistiquées que celle de l’ère chrétienne. Le raffinement intellectuel des mathématiques et de l’astronomie arabes, les techniques de navigation, du commerce ont surpris les Occidentaux. La circulation de ces savoirs a permis leur imprégnation dans notre culture, au prix d’une découverte, et parfois d’une redécouverte, de traités de mathématiques et de philosophie hérités de l’Antiquité grecque, mis de côté pendant si longtemps. L’arithmétique et les prémisses des probabilités sont les promesses d’une future mathématique du risque. Mais il faudra encore écarter l’omnipotence de Dieu avant de parvenir à élaborer cette branche de la science.
Le second choc est interne à la chrétienté, fruit d’une critique à l’égard de l’Église : la Réforme. Les protestants imposent un changement dans les relations à Dieu, responsabilisant davantage l’homme dans ses décisions. L’éthique protestante appelle à moins de passivité. Max Weber en a fait une analyse sociologique célèbre, associant l’éthique protestante et l’esprit qui a présidé à la naissance du capitalisme1. Prendre des risques, faire face aux dangers, affronter les changements, prendre des décisions avec des temporalités longues : la fortune est au bout.
La Renaissance, souvent décrite comme un âge d’or de l’humanisme, est un temps d’innovation et d’aventures nouvelles. À l’image des grandes explorations, qui font découvrir le globe entre 1450 et 1600. L’époque est celle d’une prise de risque croissante et d’une pensée naissante du risque. Ce sont les germes essentiels de l’essor du capitalisme, mais qui ne se seraient pas développés sans les techniques adaptées : les techniques de la comptabilité, de la finance et les outils pour la prévision, c’est-à-dire la quantification des résultats attendus rapportés au risque engagé dans une opération commerciale. Dans la recherche d’une nouvelle route commerciale vers les Indes, avec la perspective de devenir riche en prenant un gros risque, Christophe Colomb s’est engagé à travers l’océan, et a découvert l’Amérique. Auparavant, être riche était synonyme d’exploitation par le servage ; devenir riche es...

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