Essai sur le libre arbitre
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Arthur Schopenhauer

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Essai sur le libre arbitre

Arthur Schopenhauer

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La philosophie, telle que la comprend et la pratique Schopenhauer, est une chasse aux illusions. Dans l'Essai sur le libre arbitre, traduit en 1877 et jamais réédité depuis, il démontre que l'homme est incapable d'agir par lui-même et il relègue au rang de mirage cette mystérieuse faculté appelée libre arbitre. L'homme est prisonnier de lui-même. La seule liberté dont il puisse disposer est une connaissance approfondie de soi. Leçon que Freud, qui avait bien lu Schopenhauer, retiendra et qu'il appliquera sur un plan thérapeutique. Vision aussi très moderne de la condition humaine. Les hommes sont responsables de ce qu'ils font mais innocents de ce qu'ils sont. A l'homme d'assumer le hasard de ce qu'il est. Le caractère est un destin.A la question sommes-nous libres? L'homme ordinaire répond sans ambiguïté oui puisque nous pouvons faire ce que nous voulons. Si l'homme peut faire ce qu'il veut mais sa volonté est-elle libre? Peut-il choisir indifféremment en toute objectivité quand deux choix se présentent à lui? De quoi dépend la volonté elle-même? « Ma volonté ne dépend absolument que de moi seul! Je peux vouloir ce que je veux: ce que je veux, c'est moi qui le veux ». Schopenhauer décrit ainsi l'esprit naïf qui se contente de regarder les choses à la surface. « Mais de quoi dépend la volonté elle-même? », demande le philosophe. Dans son Essai sur le libre arbitre, le penseur de Francfort pose d'entrée de jeu comme solution à l'énigme du libre arbitre que « l'homme est un être déterminé une fois pour toutes par son essence, possédant comme tous les autres êtres de la nature des qualités individuelles fixes, persistantes, qui déterminent nécessairement ses diverses réactions en présence des excitations extérieures.»Ainsi, Schopenhauer montre que l'action de chacun est régie à la fois par des motifs (qui sont extérieurs à l'homme et dont il n'a aucun contrôle) et par son moi c'est à dire son essence (inchangeable et fixée préalablement). [schopenhauer.fr]

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Información

Año
2020
ISBN
9782322196913

Chapitre III : La volonté devant la perception extérieure

Si maintenant nous demandons à la perception extérieure des éclaircissements sur notre problème, nous savons d’avance que puisque cette faculté est par essence dirigée vers le dehors, la volonté ne peut pas être pour elle un objet de connaissance immédiate, comme elle paraissait l’être tout à l’heure pour la conscience, qui pourtant a été trouvée un juge incompétent en cette matière. Ce que l’on peut considérer ici, ce sont les êtres doués de volonté qui se présentent à l’entendement en tant que phénomènes objectifs et extérieurs, c’est-à-dire en tant qu’objets de l’expérience, et doivent être examinés et jugés comme tels, en partie d’après des règles générales, certaines à priori, relatives à la possibilité même de l’expérience, en partis d’après les faits que fournit l’expérience réelle, et que chacun peut constater. Ce n’est donc plus comme auparavant sur la volonté même, telle qu’elle n’est accessible qu’à la conscience, mais sur les êtres capables de vouloir, c’est-à-dire sur des objets tombant sous les sens, que notre examen va se porter. Si par là nous sommes condamnés à ne pouvoir considérer l’objet propre de nos recherches que médiatement et à une plus grande distance, c’est là un inconvénient racheté par un précieux avantage ; car nous pouvons maintenant faire usage dans nos recherches d’un instrument beaucoup plus pariait que le sens intime, cette conscience si obscure, si sourde, n’ayant vue sur la réalité que d’un seul côté. Notre nouvel instrument d’investigation sera l’intelligence, accompagnée de tous les sens et de toutes les forces cognitives, armées, si j’ose dire, pour la compréhension de l’objectif.
La forme la plus générale et la plus essentielle de notre entendement est le principe de causalité : ce n’est même que grâce à ce principe, toujours présent à notre esprit, que le spectacle du monde réel peut s’offrir à nos regards comme un ensemble harmonieux, car il nous fait concevoir immédiatement comme des effets les affections et les modifications survenues dans les organes de nos sens(1). Aussitôt la sensation éprouvée, sans qu’il soit besoin d’aucune éducation ni d’aucune expérience préalable, nous passons immédiatement de ces modifications à leurs causes, lesquelles, par l’effet même de cette opération de l’intelligence, se présentent alors à nous comme des objets situés dans l’espace. Il suit de là incontestablement que le principe de causalité nous est connu à priori, c’est-à-dire comme un principe nécessaire relativement à la possibilité de toute expérience en général ; et il n’est pas besoin, à ce qu’il semble, de la preuve indirecte, pénible, je dirai même insuffisante, que Kant a donnée de cette importante vérité. Le principe de causalité est établi solidement à priori, comme la règle générale à laquelle sont soumis sans exception tous les objets réels du monde extérieur. Le caractère absolu de ce principe est une conséquence même de son a priorité. Il se rapporte essentiellement et exclusivement aux modifications phénoménales ; lorsqu’en quelque endroit ou en quelque moment, dans le monde objectif, réel et matériel, une chose quelconque, grande ou petite, éprouve une modification, le principe de causalité nous fait comprendre qu’immédiatement avant ce phénomène, un autre objet a dû nécessairement éprouver une modification, de même qu’enfin que ce dernier pût se modifier, un autre objet a dû se modifier antérieurement, – et ainsi de suite à l’infini. Dans cette série régressive de modifications sans fin, qui remplissent le temps comme la matière remplit l’espace, aucun point initial ne peut être découvert, ni même seulement pensé comme possible, bien loin qu’il puisse être supposé comme existant. En vain l’intelligence, reculant toujours plus haut, se fatigue à poursuivre le point fixe qui lui échappe : elle ne peut se soustraire à la question incessamment renouvelée : « Quelle est la cause de ce changement ? » C’est pourquoi une cause première est absolument aussi impensable que le commencement du temps ou la limite de l’espace.
La loi de causalité atteste non moins sûrement que lorsque la modification antécédente, – la cause – est entrée en jeu, la modification conséquente qui est amenée par elle – l’effet – doit se produire immanquablement, et avec une nécessité absolue. Par ce caractère de nécessité, le principe de causalité révèle son identité avec le principe de raison suffisante, dont il n’est qu’un aspect particulier. On sait que ce dernier principe, qui constitue la forme la plus générale de notre entendement pris dans son ensemble, se présente dans le monde extérieur comme principe de causalité, dans le monde de la pensée comme loi logique du principe de la connaissance, et même dans l’espace vide, considéré à priori, comme loi de la dépendance rigoureuse de la position des parties les unes à l’égard des autres ; dépendance nécessaire, dont l’étude spéciale et développée est l’unique objet de la géométrie. C’est précisément pour cela, comme je l’ai déjà établi en commençant, que le concept de la nécessité et celui de conséquence d’une raison déterminée, sont des notions identiques et convertibles.
Toutes les modifications qui ont pour théâtre le monde extérieur sont donc soumises à la loi de causalité, et, par conséquent, chaque fois qu’elles se produisent, elles sont revêtues du caractère de la plus stricte nécessité. À cela il ne peut pas y avoir d’exception, puisque la règle est établie à priori pour toute expérience possible. En ce qui concerne son application à un cas déterminé, il suffit de se demander chaque fois s’il s’agit d’une modification survenue à un objet réel donné dans l’expérience externe : aussitôt que cette condition est remplie, les modifications de cet objet sont soumises au principe de causalité, c’est-à-dire qu’elles doivent être amenées par une cause, et, partant, qu’elles se produisent d’une façon nécessaire.
Maintenant, armés de cette règle à priori, considérons non plus la simple possibilité de l’expérience en général, mais les objets réels qu’elle offre à nos regards, dont les modifications actuelles ou possibles sont soumises au principe général établi plus haut. Tout d’abord nous observons entre ces objets un certain nombre de différences fondamentales profondément marquées, d’après lesquelles, du reste, on les a classés depuis longtemps : on distingue en effet les corps inorganiques, c’est-à-dire dépourvus de vie, des corps organiques, c’est-à-dire vivants, et ceux-ci à leur tour se divisent en végétaux et en animaux. Ces derniers, bien que présentant des traits de ressemblance essentiels, et répondant à une même idée générale, nous paraissent former une chaîne continue extrêmement variée et finement nuancée (sic), qui monte par degrés jusqu’à la perfection, depuis l’animal rudimentaire qui se distingue à peine de la plante, jusqu’aux êtres les plus capables et les plus achevés, qui répondent le mieux à l’idée de l’animalité : au haut terme de cette progression nous trouvons l’homme – nous-mêmes.
Envisageons à présent, sans nous laisser égarer par cette diversité infinie, l’ensemble de toutes les créatures en tant qu’objets réels de l’expérience externe, et essayons d’appliquer notre principe général de causalité aux modifications de toute espèce dont de pareils êtres peuvent être l’objet. Nous trouverons alors que sans doute l’expérience vérifie partout la loi certaine, à priori, que nous avons posée ; mais en même temps, qu’à la grande différence signalée plus haut entre la nature des objets de l’expérience, correspond aussi une certaine variété dans la manière dont la causalité s’exerce, lorsqu’elle régit les changements divers dont les trois règnes sont le théâtre. Je m’explique. Le principe de causalité, qui régit toutes les modifications des êtres, se présente sous trois aspects, correspondants à la triple division des corps en corps inorganiques, en plantes, et en animaux ; à savoir : 1° La Cause, dans le sens le plus étroit du mot ; 2° l’Excitation (Reiz) ; 3° enfin la Motivation. Il est bien entendu que sous ces trois formes différentes, le principe de causalité conserve sa valeur à priori, et que la nécessité de la liaison causale subsiste dans toute sa rigueur.
1° La cause, entendue dans le sens le plus étroit du mot, est la loi selon laquelle se produisent tous les changements mécaniques, physiques et chimiques dans les objets de l’expérience. Elle est toujours caractérisée par deux signes essentiels ; en premier lieu, que là où elle agit la troisième loi fondamentale de Newton (l’égalité de l’action et de la réaction) trouve son application : c’est-à-dire que l’état antécédent, appelé la cause, subit une modification égale à celle de l’état conséquent, qui se nomme l’effet ; en second lieu, que, conformément à la seconde loi de Newton, le degré d’intensité de l’effet est toujours exactement proportionné au degré d’intensité de la cause, et que par suite une augmentation d’intensité dans l’un, entraîne une augmentation égale dans l’autre. Il en résulte que lorsque la manière dont l’effet se produit est connue une fois pour toutes, on peut aussitôt savoir, mesurer, et calculer, d’après le degré d’intensité de l’effet, le degré d’intensité de la cause, et réciproquement. Toutefois, dans l’application empirique de ce second critérium, on ne doit pas confondre l’effet proprement dit avec l’effet apparent [sensible], tel que nous le voyons se produire. Par exemple, il ne faut pas s’attendre à ce que le volume d’un corps soumis à la compression diminue indéfiniment, et dans la proportion même où s’accroît la force comprimante. Car l’espace dans lequel on comprime le corps diminuant toujours, il s’en suit que la résistance augmente : et si, dans ce cas encore, l’effet réel, qui est l’augmentation de densité, s’accroît véritablement en proportion directe de la cause (comme le montre, dans le cas des gaz, la loi de Mariotte), on voit cependant qu’il n’en est pas de même de l’effet apparent, auquel on pourrait vouloir à tort appliquer cette loi. De même, une quantité croissante de chaleur agissant sur l’eau produit jusqu’à un certain degré un échauffement progressif, mais au delà de ce point un excès de chaleur ne provoque plus qu’une évaporation rapide. Ici encore, comme dans un grand nombre d’autres cas, la même relation existe entre l’intensité de la cause et l’intensité réelle de l’effet. C’est uniquement sous la loi d’une pareille cause (dans le sens le plus étroit du mot), que s’opèrent les changements de tous les corps privés de vie, c’est-à-dire inorganiques. La connaissance et la prévision de causes de cette espèce éclairent l’étude de tous les phénomènes qui sont l’objet de la mécanique, de l’hydrostatique, de la physique et de la chimie. La possibilité exclusive d’être déterminé par des causes agissant de la sorte est, par conséquent, le caractère distinctif, essentiel, d’un corps inorganique.
2° La seconde forme de la causalité est l’excitation, caractérisée par deux particularités : 1° Il n’y a pas proportionnalité exacte entre l’action et la réaction correspondante ; 2° On ne peut établir aucune équation entre l’intensité de la cause et l’intensité de l’effet. Par suite, le degré d’intensité de l’effet ne peut pas être mesuré et déterminé d’avance lorsqu’on connaît le degré d’intensité de la cause : bien plus, une très-petite augmentation dans la cause excitatrice peut provoquer une augmentation très grande dans l’effet, ou au contraire annuler complètement l’effet obtenu par une force moindre, et même en amener un tout opposé. Par exemple, on sait que la croissance des plantes peut être activée d’une façon extraordinaire par l’influence de la chaleur, ou de la chaux mélangée à la terre, agissant comme stimulants de leur force vitale : mais pour peu que l’on dépasse la juste mesure dans le degré de l’excitation, il en résultera non plus un accroissement d’activité et une maturité précoce, mais la mort de la plante. C’est ainsi que nous pouvons par l’usage du vin ou da l’opium tendre les énergies de notre esprit, et les exalter d’une façon notable ; mais si nous dépassons une certaine limite, le résultat est tout à fait opposé. – C’est cette forme de la causalité, désignée sous le nom d’excitation, qui détermine toutes les modifications des organismes, considérés comme tels. Toutes les métamorphoses successives et tous les développements des plantes, ainsi que toutes les modifications uniquement organiques et végétatives, ou fonctions des corps animés, se produisent sous l’influence d’excitations. C’est de cette façon qu’agissent sur eux la lumière, la chaleur, l’air, la nourriture, – qu’opèrent les attouchements, la fécondation, etc. – Tandis que la vie des animaux, outre ce qu’elle a de commun avec la vie végétative, se meut encore dans une sphère toute différente, dont je vais parler à l’instant, la vie des plantes, au contraire, se développe tout entière sous l’influence de l’excitation. Tous leurs phénomènes d’assimilation, leur croissance, la tendance de leurs tiges vers la lumière, de leurs racines vers un terrain plus propice, leur fécondation, leur germination, etc., ne sont que des modifications dues à l’excitation. Dans quelques espèces, d’ailleurs fort rares, on constate, outre les qualités énumérées plus haut, la production d’un mouvement particulier et rapide, qui lui-même n’est que la conséquence d’une excitation, et qui leur a fait donner cependant le nom de plantes sensitives. Ce sont principalement, comme on sait, la Mimosa, pudica, le Hedysarum gyrans et la Dioncea muscipula. La détermination exclusive et absolument générale par l’excitation est le caractère distinctif des plantes. On peut donc considérer comme appartenant au règne végétal tout corps, dont les mouvements et modifications particulières et conformes à sa nature se produisent toujours et exclusivement sous l’influence de l’excitation.
3° La troisième forme de la causalité motrice est particulière au règne animal, et le caractérise : c’est la motivation, c’est-à-dire la causalité agissait par l’intermédiaire de l’entendement. Elle intervient dans l’échelle naturelle des êtres au point où la créature ayant des besoins plus compliqués et par suite fort variés, ne peut plus les satisfaire uniquement sous l’impulsion des excitations, qu’elle devrait toujours attendre du dehors ; il faut alors qu’elle soit en état de choisir, de saisir, de rechercher même, les moyens de donner satisfaction à ces nouveaux besoins. Voilà pourquoi, dans les êtres de cette espèce, on voit se substituer à la simple réceptivité des excitations, et aux mouvements qui en sont la conséquence, la réceptivité des motifs, c’est-à-dire une faculté de représentation, un intellect, offrant d’innombrables degrés de perfection, et se présentant matériellement sous la forme d’un système nerveux et d’un cerveau, avec le privilège de la connaissance. On sait d’ailleurs qu’à la base de la vie animale est une vie purement végétative, qui en cette qualité ne procède que sous l’influence de l’excitation. Mais tous ces mouvements d’un ordre supérieur que l’animal accomplit en tant qu’animal, et qui pour cette raison dépendent de ce que la physiologie désigne sous le nom de fonctions animales, se produisent à la suite de la perception d’un objet, par conséquent sous l’influence de motifs. On comprendra donc sous l’appellation d’animaux tous les êtres dont les mouvements et modifications caractéristiques et conformes à leur nature, s’accomplissent sous l’impulsion des motifs, c’est à-dire de certaines représentations présentes à leur entendement, dont l’existence est déjà présupposée par elles. Quelques innombrables degrés de perfection que présentent dans la série animale la puissance de la faculté représentative, et le développement de l’intelligence, chaque animal en possède pourtant une quantité suffisante pour que les objets extérieurs puissent agir sur lui, et provoquer ses mouvements, en tant que motifs. C’est cette force motrice intérieure, dont chaque manifestation individuelle est provoquée par un motif, que la conscience perçoit intérieurement, et que nous désignons sous le nom de volonté.
Savoir si un corps donné se meut d’après des excitations ou d’après des motifs, c’est ce qui ne peut jamais faire de doute même pour l’observation externe (et c’est à ce point de vue que nous nous sommes placés ici). L’excitation et les motifs agissent en effet de deux manières si complètement différentes, qu’un examen même superficiel ne saurait les confondre. Car l’excitation agit toujours par contact immédiat, ou même par intussusception, et là où le contact n’est pas apparent, comme dans les cas où la cause excitatrice est l’air, la lumière, ou la chaleur, ce mode d’action se trahit néanmoins parce que l’effet est dans une proportionnalité manifeste avec la durée et l’intensité de l’excitation, quand même cette proportionnalité ne reste pas constante à tous les degrés. Dans le cas, au contraire, où c’est un motif qui provoque le mouvement, ces rapports caractéristiques disparaissent complètement. Car ici l’intermédiaire propre entre la cause et l’effet n’est pas l’atmosphère, mais seulement l’entendement. L’objet agissant comme motif n’a absolument besoin, pour exercer son influence, que d’être perçu et connu ; il n’importe plus de savoir pendant combien de temps, avec quel degré de clarté, et à quelle distance (du sujet), l’objet perçu est tombé sous les sens. Toutes ces particularités ne changent rien ici à l’intensité de l’effet ; dès que l’objet a été seulement perçu, il agit d’une façon tout à fait constante ; – à supposer toutefois qu’il paisse être tin principe de détermination pour la volonté individuelle qu’il s’agit d’émouvoir. Sous ce rapport, d’ailleurs, il en est de même des causes physiques et chimiques, parmi lesquelles on range toutes les excitations, et qui ne produisent leur effet que si le corps à affecter présente à leur action une réceptivité propice. Je disais tout à l’heure : « de la volonté qu’il s’agit d’émouvoir, » car, comme je l’ai déjà indiqué, ce qui est désigné ici sous le nom de volonté, force immédiatement et intérieurement présente à la conscience des êtres animés, est cela même qui, à proprement parler, communique au motif la force d’action, et le ressort caché du mouvement qu’il sollicite. Dans les corps qui se meuvent exclusivement sous l’influence de l’excitation, les végétaux, nous appelons cette condition intérieure et permanente d’activité, la force vitale – dans les corps qui ne se meuvent que sous l’influence de motifs (dans le sens le plus étroit du mot), nous l’appelons force naturelle, ou l’ensemble de leurs qualités. Cette énergie intérieure doit toujours être posée d’avance, et antérieurement à toute explication (des phénomènes), comme quelque chose d’inexplicable, parce qu’il n’est dans le sombre intérieur des êtres aucune conscience aux regards de laquelle elle puisse être immédiatement accessible, Maintenant, laissant de côté le monde phénoménal, pour diriger nos recherches sur ce que Kant appelle la chose en soi, nous pourrions nous demander si cette condition intérieure de la réaction de tous les êtres sous l’influence de motifs extérieurs, subsistant même dans le domaine de l’inconscient et de l’inanimé, ne serait peut-être pas essentiellement identique à ce que nous désignons en nous-mêmes sous le nom de volonté, comme un philosophe contemporain a prétendu le démontrer ; – mais c’est là une hypothèse que...

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